Contenu du sommaire : L'accueil des mineurs non accompagnés à l'épreuve de la communication

Revue Migrations société Mir@bel
Numéro vol. 32, no 181, juillet-septembre 2020
Titre du numéro L'accueil des mineurs non accompagnés à l'épreuve de la communication
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • L'accueil des mineurs non accompagnés à l'épreuve de la communication coordonné par Juliette Delahaie et Emmanuelle Canut

    • Accompagner les jeunes étrangers isolés en France : enjeux de communication et d'intercompréhension - Juliette Delahaie, Emmanuelle Canut p. 15-22 accès libre avec résumé
      Ce dossier a pour objectif de réunir un ensemble de contributions autour des problématiques de communication et d'intercompréhension auxquelles sont confrontés les jeunes étrangers isolés en France. Dès leur arrivée sur le sol français et jusqu'à leur majorité, pour ceux qui ont obtenu le statut de mineur non accompagné (mna), ces jeunes étrangers participent à divers types d'interactions langagières et sociales au cours des différentes étapes du processus d'intégration (entretien d'évaluation de minorité, entrée à l'école, etc.). Dans ces échanges entre pairs et avec les professionnels (éducateurs, enseignants, personnels administratifs, de santé, etc.) émergent ou se cristallisent des difficultés de compréhension et de production à l'oral et/ou à l'écrit. Il s'agira ici de mettre en valeur, quelle que soit la discipline du chercheur, les recherches consacrées à l'analyse de situations de communication auxquelles les mna sont confrontés dans leur quotidien ou en situation d'apprentissage, et qui apportent des éclairages sur les implications sociales de l'utilisation de la langue.
    • La mise à l'épreuve de la légitimité narrative comme contrepartie de l'accès à la protection des mineurs non accompagnés - Noémie Paté p. 23-38 accès libre avec résumé
      Quand les mineurs non accompagnés arrivent sur le territoire français, ils peuvent bénéficier de la protection de l'enfance sous réserve de passer par une procédure d'évaluation. Ils sont alors soumis à une épreuve de crédibilité narrative : ils doivent se raconter, mettre à nu leur histoire, leurs souvenirs, et ce tout en ayant le langage corporel d'un enfant aux yeux de ceux et celles qui les évaluent. À partir d'une enquête de terrain réalisée auprès des acteurs de cette sélection, cet article cherche à analyser cette interaction durant laquelle la légitimité narrative est mise à l'épreuve, et au terme de laquelle c'est la légitimité de l'évaluation qui peut être invalidée.
    • Les entretiens d'évaluation de minorité pour les jeunes migrants : le rôle de l'évaluateur dans la construction du récit de vie - Juliette Delahaie, Emmanuelle Canut p. 39-52 accès libre avec résumé
      À partir de données issues d'une enquête de terrain au service d'évaluation du département du Nord, cet article propose une analyse linguistique et interactionnelle de l'entretien d'évaluation auquel sont soumis les jeunes migrants en demande du statut de mineur non accompagné (mna). Nous montrerons que le récit de vie auquel l'entretien doit aboutir sous forme de rapport écrit est autant le reflet des paroles du jeune que le produit d'un encadrement strict de l'entretien par les évaluateurs.
    • L'accompagnement solidaire des mineurs non accompagnés « francophones » sans solution scolaire - Catherine Mendonça Dias, Isabelle Rigoni p. 53-69 accès libre avec résumé
      De nombreux jeunes originaires de pays francophones d'Afrique subsaharienne arrivent seuls, chaque année, en France. Dans l'attente de la reconnaissance de leur minorité, ils ne bénéficient pas encore des droits dédiés aux mineurs et se retrouvent souvent, durant cette phase de latence, sans domicile ni scolarisation. Le tissu associatif local supplée alors les carences institutionnelles. Les bénévoles poursuivent auprès d'eux des démarches socioéducatives de façon structurée dans des cours ou informellement dans des espaces de vie partagés. Comment se co-construit, entre les jeunes et leurs accompagnants, cette phase éducative en dehors de toute prise en charge institutionnelle et dans une langue asymétriquement maîtrisée entre les interlocuteurs ? À partir d'entretiens menés avec des bénévoles, les deux auteures (l'une sociologue, l'autre linguiste) analysent leur rôle éducatif.
    • L'évaluation scolaire et linguistique des mineurs non accompagnés : modalités, difficultés et enjeux - Céline Beaugrand p. 71-84 accès libre avec résumé
      Cet article se propose d'étudier la procédure d'évaluation initiale des élèves allophones qui ouvre leur parcours de scolarisation en déterminant leurs acquis scolaires et leur degré de maîtrise du français. Dans l'académie de Lille, un protocole a été établi pour tous les jeunes en âge d'être scolarisés au lycée, qui sont, pour une grande majorité, des mineurs non accompagnés (mna). En l'absence d'interprète, différentes ressources et stratégies sont mobilisées pour parvenir à dépasser les difficultés d'intercompréhension avec les jeunes et ainsi établir un profil linguistique et scolaire, essentiel pour mettre en place un projet de scolarisation adapté. Dans le cas des mna, cette phase d'évaluation revêt des enjeux particuliers et pose des problèmes spécifiques, en partie liés à leur parcours migratoire chaotique. Toutefois, des leviers existent, du côté de l'institution comme du côté des jeunes, pour permettre une meilleure communication avec l'évaluateur et, consécutivement, obtenir les informations nécessaires, y compris avec les plus débutants.
    • La socialisation langagière des mineurs non accompagnés en formation professionnelle - Chloé Metzger, Clara Mortamet p. 85-102 accès libre avec résumé
      Cet article présente les résultats d'un travail de recherche en cours qui porte sur la socialisation langagière des mineurs non accompagnés (mna) intégrés dans des formations professionnelles, et sur leur apprentissage de la langue française. Nous examinons plus particulièrement les formes langagières auxquelles ils sont exposés dans ces situations, l'usage qu'ils y font de la langue française, et les évaluations dont ils font l'objet de la part de leurs maîtres de stage et patrons. Nous nous appuyons principalement sur des entretiens réalisés avec des mna et avec leurs employeurs. Notre analyse est également nourrie par notre expérience de ce public et sur celle que nous rapportent des adultes qui les côtoient (hébergeants, éducateurs, enseignants, associations), ainsi que sur des observations de jeunes en appartements autonomes.
    • Apprendre le français quand on brûle les frontières : Questions et approche d'une recherche collaborative à la Protection judiciaire de la jeunesse - Michelle Auzanneau p. 103-120 accès libre avec résumé
      Parmi les mineurs migrants parvenus illégalement en France certains ont commis un ou des délits sur le sol français. Le juge pour enfant a pu alors décider pour eux d'une mesure éducative ou probatoire confiée à la Protection judiciaire de la jeunesse (pjj), et parfois, parallèlement, à l'Aide sociale à l'enfance (ase). Ces mineurs non accompagnés (mna) ont alors droit à une formation en français langue étrangère. Mais que signifie apprendre le français pour ces jeunes compte tenu de leur itinérance, de l'incertitude de leur avenir sur le sol français à leur majorité et du décalage entre temps pédagogique et temps juridique ? Quelles sont les particularités du contexte d'enseignement-apprentissage et comment accompagner au mieux ces jeunes migrants ? Cet article traite de la façon dont ces questions ont été posées au cours d'une recherche collaborative menée au sein d'un service d'insertion de la Protection judiciaire de la jeunesse. Il rend compte de l'approche développée en tentant de comprendre le contexte politique, institutionnel, éducatif et pédagogique de cet accompagnement des jeunes migrants tout en cernant leur espace vécu, passé et présent des jeunes migrants.
    • Comment favoriser la communication thérapeutique avec une population vulnérable ? : Des approches et des outils pour les professionnels prenant en charge les mineurs non accompagnés - Lara Gautier, Jessica Spagnolo, Amélie Quesnel-Vallée p. 121-134 accès libre avec résumé
      En France, les mineurs non accompagnés (mna) rencontrent de multiples obstacles qui peuvent avoir des effets négatifs sur leur santé mentale. Les professionnels de la santé et du social qui participent à leur prise en charge doivent développer et mettre en œuvre des approches et outils adaptés aux réalités des mna et qui leur offrent un espace d'interactions le plus ouvert possible. À partir d'une revue de littérature, nous proposons dans cet article de dresser un état des lieux de la santé mentale des mna et d'identifier les approches ainsi que les outils développés et mis en œuvre par les professionnels qui visent à favoriser la communication et l'expression des mna (notamment l'approche interculturelle, le travail en interdisciplinarité, l'art-thérapie). Nous formulons en conclusion plusieurs pistes de réflexion à l'endroit des professionnels et des pouvoirs publics qui travaillent avec ce jeune public migrant.
    • Bibliographie sélective - p. 135-142 accès libre
  • Varia

    • « Ça fait quarante ans qu'on est des “gilets jaunes”, nous ! » : Le mouvement des « gilets jaunes » vu par les habitants des quartiers populaires - Éric Marlière p. 141-155 accès libre avec résumé
      Cet article a pour objectif la restitution d'une enquête effectuée dans un quartier populaire urbain sur les liens qui peuvent unir les « gilets jaunes » et les « cités » à la fin de l'année 2018. Dans nos précédents travaux, nous avions constaté l'isolement des habitants des quartiers populaires urbains sur le plan politique depuis plusieurs décennies. Il en résulte une méfiance envers les mouvements contestataires émanant d'autres groupes sociaux. Si le mouvement des « gilets jaunes » bénéficie d'une certaine sympathie envers les habitants, nous avons relevé dans les propos de certaines personnes des réticences à participer directement au mouvement. Des militants du quartier étudié ont certes participé aux marches du samedi après-midi en tenant compte de leurs intérêts communs autour de la question sociale avec les autres classes populaires en faisant abstraction des différences en matière de représentations sociales et culturelles. Cette enquête de terrain peut-elle nous laisser entrevoir une possibilité de convergences de luttes entre les classes populaires évoluant dans les grands ensembles et les classes populaires de manière générale ? Ou bien, au contraire, révèle-t-elle au contraire une fragmentation réelle au sein des mondes populaires ? Questions que pose au final cet article en conclusion.
  • Note de lecture

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