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Revue Annales historiques de la Révolution française Mir@bel
Numéro no 402, octobre-décembre 2020
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Rumeurs et Révolution : la saison des massacres de septembre 1792 - Côme Simien p. 3-31 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le couple « rumeur/Révolution » est bien connu des historiens depuis les travaux pionniers de Georges Lefebvre sur la Grande Peur de 1789. La place des fausses nouvelles dans le déclenchement des Massacres de Septembre 1792 à Paris a elle-même depuis longtemps été mise à jour par Pierre Caron, et plus récemment par Timothy Tackett. Dans le sillage de ces réflexions, le présent article se propose d'étudier la « crise rumorale » de l'été 1792, l'une des plus importantes de la Révolution : natures des bruits en circulation, formes de leur diffusion dans l'espace géographique comme dans l'espace social, vecteurs de leur amplification, conséquences de la quête d'informations qu'ils révèlent... En confrontant la situation parisienne (la mieux connue) à la « saison » de massacres que connaît alors la France, de la mi-juillet au début du mois d'octobre 1792 (moins connue), il en ressort le portrait d'un pays travaillé par des bruits multiples quoique sans articulation directe entre eux (sinon par la peur des complots qu'ils véhiculent), leur large degré d'acceptation dans le corps social là où la geste violente éclate, leur prise avec le réel aussi, comme le caractère non inéluctable du lien rumeur-violence collective.
      The pairing of « rumor/Revolution » has been well known to historians since the pioneering work by Georges Lefebvre on the Great Fear of 1789. The role of unverified information or « fake news » in the outbreak of the September Massacres of 1792 in Paris itself has been established by Pierre Caron, and more recently, by Timothy Tackett. In the wake of these reflections, this article studies the « rumor crisis » of the summer of 1792, among the most important of the Revolution : the nature of the hearsay in circulation, the means of its dissemination geographically and socially, its magnification, the consequences of the search for such information... By confronting the Parisian situation (the best known) with the « season » of massacres that France experienced from mid-July to the beginning of October 1792 (less well known), a portrait of a country emerges, one affected by multiple rumors, even though no direct articulation between them necessarily existed (except for a fear of plots), their broad degree of credibility in society, where violent acts erupted, their connection with reality, and the non-negligible nature of the link between rumor and collective violence.
    • La guillotine révolutionnaire : de l'incarnation de l'humanisme pénal à une machine effroyable ? (1789-1794) - Guillaume Debat p. 33-57 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article entend interroger la constitution de la légende noire de la guillotine et, tout particulièrement, la place importante accordée au tournant thermidorien. Par une comparaison entre les représentations et les émotions face à la guillotine à Paris et dans certains espaces provinciaux, l'article souligne l'existence d'une gêne face à la machine à décapiter. Cette gêne est perceptible dès les premiers mois de l'exercice de la guillotine. Elle trahit la volonté des autorités de maintenir l'ordre. La peur de la guillotine est avant tout une peur sociale, celle que la foule des spectateurs des exécutions ne devienne féroce à trop contempler la machine. Si cette dernière est facilement identifiable à la « terreur » au cours de la réaction thermidorienne, c'est qu'existaient une sensibilité et une peur pré-thermidoriennes qui constituèrent le terreau favorable à la constitution de la légende noire de la guillotine.
      This article examines the construction of the « Black Legend » of the guillotine and, particularly, the important place it occupied in the Thermidorian period. By comparing the depictions and emotions produced by the guillotine in Paris and in certain provincial regions, the article underscores the widespread malaise in the face of this decapitating machine. This unease was perceptible from the first months of the guillotine's operation. It reveals the authorities' aim to maintain order. The fear of the guillotine was above all a social fear, a fear that the public spectacle of violence would itself induce violence in the crowd. If the image of the guillotine was readily identified with the « Terror » during the Thermidorian Reaction, it was because of the sensibility and fear that already predated Thermidor, which favored the later development of the « Black Legend » of the guillotine.
    • Valmy, la victoire à contretemps - Élise Meyer p. 59-81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Contrairement à une idée répandue, la bataille de Valmy n'a pas toujours été célèbre ni célébrée comme une victoire militaire française. Lorsque les armées révolutionnaires l'emportent sur les Prussiens le 20 septembre 1792 en Argonne, peu de monde semble en effet s'intéresser à l'événement qui a pourtant repoussé l'invasion étrangère. Si l'affrontement apparaît bel et bien dans la presse et dans les discussions à l'Assemblée nationale, il est simplement perçu comme les prémices d'une bataille de plus grande envergure. Les troupes prussiennes battant en retraite, ce n'est qu'un mois plus tard que la bataille gagne en reconnaissance. Toutefois, celle-ci est éphémère : à peine la victoire de Jemappes est-elle proclamée le 6 novembre que celle de Valmy s'efface. Cet article se propose d'analyser ce « quasi-anonymat » de la bataille de Valmy au cours de la Première République et d'examiner les raisons pour lesquelles une mémoire a finalement réussi à émerger.
      Contrary to popular belief, the Battle of Valmy was not always famous, nor celebrated as a French military victory. When the revolutionary armies defeated the Prussians on September 20, 1792 in the Argonne, few people seemed to be interested in the event that repelled the foreign invasion. While the battle does appear in the press and in discussions in the National Assembly, it is simply perceived as the beginning of a larger-scale conflict. With the Prussian troops retreating, it was only a month before the battle acquired recognition. However, this renown was short-lived : no sooner was the Jemappes victory proclaimed on November 6 than Valmy's was eclipsed. This article analyzes the « quasi-anonymity » of the battle of Valmy during the First Republic, and examines the reasons why its memory finally managed to emerge.
    • Les populations fidèles et valeureuses. Restauration de la monarchie et politisation populaire après la fin de la république napolitaine - Luca Di Mauro p. 83-107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La reconquête du Royaume de Naples par l'armée paysanne du cardinal Ruffo en 1799 devient, pour Ferdinand IV de Bourbon, non seulement l'occasion de se rétablir sur le trône et de purger toute trace de républicanisme, mais aussi de moderniser l'État dans le sens d'une centralisation monarchique, menant finalement à bien les réformes limitant le pouvoir de la noblesse initiées lors de la décennie précédente et jusque-là restées inachevées. L'action punitive de la noblesse et de la bourgeoisie par les structures provisoires de gouvernement ainsi que la conscience du rôle joué, dans cette entreprise, par la Santa Fede (l'armée paysanne de la Sainte Foi, organisée et guidée par le cardinal Ruffo) amènent, cependant, le peuple du royaume à vouloir intervenir dans la sphère publique bien au-delà de ce que la monarchie n'aurait pu prévoir ou souhaiter. En effet, la déception populaire quant à l'issue de cette Première Restauration éloigne, de facto, le programme politique de la Couronne des instances politiques du bas peuple, contribuant ainsi, dans le sillage de la révolte de 1647, à faire de ce dernier un acteur autonome sur la scène napolitaine.
      The reconquest of the Kingdom of Naples by the peasant army of Cardinal Ruffo in 1799 became an opportunity for Ferdinand IV of Bourbon to reestablish himself on the throne and to purge all traces of republicanism. It was also an occasion to modernize the State in favor of monarchical centralization in a way that finally realized the reforms of limiting the power of the nobility, a power initiated in the previous decade that had remained largely unfinished. The punitive action of the nobility and the bourgeoisie through the provisional structures of government and the awareness of the role played in this undertaking by the Santa Fede (the peasant army of the Holy Faith, organized and guided by Cardinal Ruffo) inspired the people in the kingdom to intervene in the public sphere well beyond what the monarchy could have foreseen or desired. In fact, popular disappointment with the outcome of the First Restoration distanced de facto the political program of the Crown from the political authorities of the lower classes, thus contributing, in the wake of the 1647 revolt, to the latter becoming an autonomous actor on the Neapolitan scene.
    • Les deux déclarations des droits de Condorcet en 1789 et la physiocratie - Jean-Claude Gaudebout p. 109-129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1789, Condorcet a été l'auteur de deux déclarations des droits. Dans la première, comme dans tous ses écrits politiques antérieurs à la Révolution, il reprend toutes les mesures du programme physiocratique tel qu'il avait été exposé dans les années 1760 : liberté illimitée du commerce et primauté de la propriété (foncière) parmi les droits naturels de l'homme. Toute son argumentation se base sur les justifications des auteurs de la physiocratie, pour imposer le droit exclusif de propriété. Dans la seconde, toute l'argumentation physiocratique est absente quoique la plupart des revendications physiocratiques subsistent.Inspiré du Mémoire sur les municipalités, il préconise le droit de cité pour les propriétaires exclusivement dans la première déclaration, mais pas dans la seconde. Condorcet s'est-il alors rallié au suffrage universel dès cette date, comme Léon Cahen en était convaincu ? Pour autant, peut-on dire que cela était aussi un abandon des thèses physiocratiques ?
      In 1789, Condorcet was the author of two declarations of rights. In the first, as in all his political writings before the Revolution, he took up the measures of the physiocratic program as these had been laid out in the 1760s: unlimited freedom of trade and the primacy of (land) ownership included among the natural rights of man. His entire argumentation is based on the physiocrat's justification for imposing the exclusive right of ownership. In the second declaration, the physiocratic argumentation is absent, even if most of the physiocratic claims remain. Inspired by the Memoire on Municipalities, he advocated the right of citizenship for owners exclusively in the first declaration, and not in the second. Did Condorcet, then, embrace universal suffrage from that date onwards, as Léon Cahen suggested ? And is it possible that this also represents an abandonment of the physiocratic theses ?
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