Contenu du sommaire : Des classes populaires et des associations : quelles redéfinitions des rapports au politique ?

Revue Sociétés contemporaines Mir@bel
Numéro no 118, 2020/2
Titre du numéro Des classes populaires et des associations : quelles redéfinitions des rapports au politique ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Des classes populaires et des associations : quelles redéfinitions des rapports au politique ?

    • Des classes populaires et des associations : quelles redéfinitions des rapports au politique ? - Camille Hamidi, Arnaud Trenta p. 5-24 accès libre
    • Une conscientisation « pratique » : Les mobilisations culturelles des habitants d'un quartier populaire de Fort-de-France entre autonomisation et politisation - Lionel Arnaud p. 25-49 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Fondée par de jeunes habitants d'un des quartiers les plus défavorisés de Fort-de-France, l'association Tanbou Bô Kannal (TBK) entreprend depuis 50 ans de requalifier les musiques et les danses héritées de l'ancienne société d'habitation martiniquaise, depuis le statut de « folklore » à celui d'instruments de reconquête spatiale, sociale et culturelle. À partir d'une enquête ethnographique débutée en 2011, cet article s'intéresse aux ressorts sociaux et spatiaux qui ont présidé à l'engagement culturel des habitants d'un quartier qui fut longtemps stigmatisé. En distinguant la notion de conscientisation de celle de politisation, il souligne le rôle joué par le travail d'imitation et de création que les membres de TBK ont mis en  uvre pour préserver certaines pratiques culturelles locales telles que le tambour et les danses bèlè et danmyé, et la façon dont ces activités leur ont permis d'approfondir leur compréhension de soi, d'autrui mais aussi de leur environnement politique, social et culturel.
      Founded by the young inhabitants of one of the most deprived area of Fort-de-France, the Tanbou Bô Kannal (TBK) association has been working for nearly 50 years to requalify the music and dances inherited from the former Plantation House society of Martinique, from the status of ‟folklore” to that of instruments of spatial, social and cultural reconquest. Based on an ethnographic survey that began in 2011, this article focuses on the social and spatial forces that have presided over the cultural engagement of the inhabitants of this long-stigmatized neighbourhood. By distinguishing the notion of ‟conscientisation” from that of politicisation, the author highlights the role played by the creative work that the members of this TBK have implemented to preserve some local cultural practices such as bèlè and danmyé music and dance, but also how these activities have enabled them to deepen their understanding of themselves, of the others, and of their political, social and cultural environment.
    • « De petits refus » : Conflits associatifs avec la municipalité et engagement électoral dans les cités - Samir Hadj Belgacem p. 51-78 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objet de cet article est de montrer le rôle des conflits associatifs dans les logiques d'engagement électoral dans les cités d'habitat social. À partir d'une enquête sociohistorique dans une ville anciennement communiste, il s'agit d'étudier comment les relations conflictuelles avec les élus (et plus largement l'administration municipale) contribuent à la politisation des responsables d'associations s'occupant de l'encadrement de la jeunesse des cités. Les contentieux concernent principalement l'attribution de subventions et de locaux, et l'absence de reconnaissance du travail des éducateurs investis dans l'animation associative. Les interactions avec la municipalité et les élus structurent la vision des militants associatifs et sont souvent à l'origine de leur mobilisation électorale. Ces « petits refus », pour reprendre le terme des enquêtés sont à l'origine de conflits qui peuvent mener à un engagement électoral local allant de la simple défiance de l'autorité municipale à l'opposition au sein d'autres listes. L'article s'appuie sur des monographies d'associations (proposant des activités sportives, artistiques et culturelles en direction de la jeunesse des quartiers) créées au cours des années 1980 et 1990, ainsi que sur les archives électorales des élections municipales en 1995 et 2001. Il mobilise également les témoignages des dirigeants associatifs comme des élus communistes. Alors que les militants de la gauche municipale considèrent les problèmes avec ces associations et leurs dirigeants comme mineurs et infrapolitiques, ces derniers participent pourtant activement à la politisation des acteurs associatifs, qui font souvent figure de porte-parole. Il s'agira d'envisager d'abord la politisation des acteurs associatifs à travers les conflits avec la municipalité puis les logiques d'engagement électoral dans une visée contestataire.
      This article shows how conflicts between community associations and local power lead to electoral commitment in underprivileged neighborhoods. This work is based on historic and ethnographic investigations in a former communist city. Through the studies of three community associations, created between the 1980s and the 1990s and involved in sport and theater activities, the author identifies different difficulties that voluntary leaders have experienced. Some of these leaders explained their commitment in local elections, during the 2000s, is due to the lack of grants and premises for their association or the absence of recognition of volunteer work in the poor neighborhoods. The role of ‟small rejections” is central to understand their electoral commitment. In particular, because of the councilors did not detect these problems as political even if they strongly contribute in the process of politicization of volunteers. Firstly, this article deals with the perception of social injustice and discrimination experienced by the voluntary leaders, it then analyses their electoral mobilization.
    • L'économie morale de la révolution : Échanges politiques entre l'administration et les associations populaires au Venezuela - Yoletty Bracho p. 79-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le texte analyse les processus sociaux à l' uvre dans l'intégration de militants associatifs populaires au sein des administrations publiques au temps des gouvernements chavistes au Venezuela. Au c ur de ce processus, l'économie morale articulée autour de la notion de révolution détermine les échanges politiques producteurs de l'action publique, que ce soit par la production de l'administration elle-même ou par la construction du rôle public de l'administration.L'analyse des échanges politiques articulée à la notion d'économie morale nous permet de comprendre comment l'intégration de militants associatifs populaires au sein des administrations publiques retravaille le rapport à la fois moral et pratique des classes populaires à l'État et au politique, tout en reproduisant la conditionnalité de leur accès à l'action publique.
      This article analyzes the social dynamics that sustain the integration of grassroots activists to public administrations in the context of chavista governments in Venezuela. At the core of this process, the moral economy built around the idea of the revolution determines the political exchanges that actually shape public action, whether they get materialized within the design of public institutions, or through the theorical and practical definition of the administration's public function.The analysis of political exchanges forged around to the concept of moral economy, allows us to understand how the integration of grassroots activists into public administrations redefines the moral and practical relationships of working classes with the State and with politics, at the same time as it reproduces the conditionality of their access to public policies.
  • Varia

    • Des coopératives dans la mondialisation : L'ancrage local comme légitimation de la propriété collective - Anne Catherine Wagner p. 103-131 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article porte sur les différentes dimensions de l'ancrage local mobilisées par des salariés d'entreprises coopératives pour faire valoir la légitimité du maintien d'une production sur place dans des secteurs économiques marqués par des délocalisations. En reconstituant le système de ressources des coopérateurs, il analyse les modes de construction d'un sens de la propriété spécifique, qui se forge dans la confrontation avec une conception internationalisée et financiarisée de la propriété du capital. L'article prend appui sur une enquête auprès de trois entreprises qui ont fait ou font toujours partie de groupes internationaux : les deux premières résultent d'une reprise d'entreprise en coopératives par les salariés à la suite d'un conflit avec une multinationale, la troisième est au contraire une coopérative qui a connu un développement important jusqu'à implanter des filiales à l'étranger. Dans les trois cas, l'ancrage local n'est pas un donné mais une construction, dont le contenu varie selon les positions sociales et les dispositions des coopérateurs.
      The article focuses on the different dimensions of local roots mobilized by employees of cooperative companies to assert the legitimacy of maintaining local production in economic sectors marked by relocation. It analyzes the ways in which a specific sense of ownership is constructed, which is forged in confrontation with a financialized conception of the ownership of capital. The article is based on a survey of three companies that have been or still are part of international groups : the first two result from the takeover of a company in cooperative by employees, the third is, on the contrary, a cooperative that has grown internationally. In all three cases, local roots are not a given but a construction, the content of which varies according to the social positions and the dispositions of the cooperative members.
    • La « vérité », l'ADN et l'avocat pénaliste : La mise en scène de la crédibilité dans le champ juridique - Julien Larregue p. 133-165 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objet de cet article est de combiner la sociologie des sciences à la sociologie du droit afin d'approfondir notre compréhension du rôle de l'expertise judiciaire dans la construction des jugements pénaux. Plus précisément, il s'agit d'étudier la façon dont les expertises biologiques consistant à identifier l'origine de traces ADN sont mobilisées dans le cadre de procédures pénales et pèsent sur la décision finale des juges, lorsqu'aucun autre élément de preuve n'a été découvert. À partir de données ethnographiques ou documentaires et d'entretiens semi-directifs réalisés avec des avocats, il est démontré que les effets de pouvoir accordés aux expertises ne peuvent se comprendre séparément des mécanismes institutionnels qui contraignent les avocats à protéger leur crédibilité vis-à-vis des magistrats.
      This article combines the sociology of science with the sociology of law to deepen our understanding of the role of forensics in the construction of criminal judgments. More specifically, the aim is to study how biological knowledge, including the identification of DNA traces, is mobilized in the context of criminal proceedings and influence the court's final decision when no other piece of evidence is available. Mobilizing ethnographic and documentary data and semi-directive interviews with lawyers, it is shown that the power attributed to DNA cannot be understood separately from the institutional mechanisms that lead lawyers to protect their credibility vis-à-vis judges.
  • En lutte