Contenu du sommaire : Femmes engagées
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1331, octobre-novembre-décembre 2020 |
Titre du numéro | Femmes engagées |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- En marche ! - Marie Poinsot p. 1
Le point sur
- Migrantes et engagées - Camille Schmoll p. 9-14 Étudier les migrations au féminin sous le prisme de l'engagement porté par les études de genre permet de sortir des représentations stéréotypées accolées aux femmes migrantes d'aujourd'hui. Ni héroïnes, ni victimes, elles sont pleinement actrices de leur migration. Leurs trajectoires migratoires diversifiées recouvrent un mouvement d'autonomisation qui se traduit à la fois, sur le plan politique, par des revendications pour la reconnaissance de leurs droits et, sur le plan personnel, par le développement de leur capacité d'action.
- De l'invisibilité à la valorisation de l'engagement : Les femmes dans les recherches sur l'immigration en France (1970-2020) - Linda Guerry p. 17-23 Longtemps ignorées par les sciences humaines et sociales, les femmes immigrées sont désormais rarement oubliées dans les recherches, même si certains points aveugles et stéréotypes perdurent. Attentive à l'articulation de la recherche scientifique et des mobilisations politiques dans le contexte français, l'analyse du chemin parcouru depuis les années 1970 révèle une succession de figures féminines de l'immigration, parfois concomitantes : les mères de famille, les femmes discriminées et les femmes engagées.
- « La nécessité d'un combat spécifique pour les femmes étrangères » : Entretien avec Geneviève Jacques, ancienne présidente de la Cimade - Violaine Husson p. 24-27 La Cimade porte depuis les années 1970 une attention particulière aux réalités et aux enjeux de la migration au féminin. Organisation d'ateliers et de formations pour favoriser leur insertion dans la société, permanence de soutien aux victimes de violences, développement de collaborations avec des associations de femmes étrangère, etc., la Cimade multiplie ses actions de solidarité active avec les femmes immigrées.
- Les femmes et l'islam dans la décennie 2000 : L'espace de mobilisation des migrantes et descendantes d'immigrés - Alexandra Poli, Giulia Fabbiano p. 29-36 La place grandissante occupée, en France, par l'islam dans le débat public et les sciences sociales dessine de nombreuses figures des femmes dites musulmanes. L'entremêlement des dimensions du genre, de l'origine et de la religion favorise depuis longtemps une production foisonnante d'expressions et d'approches, non exemptes de clichés, pour évoquer et étudier les femmes migrantes et descendantes de parents immigrés. Une recherche, menée entre 2007 et 2010, permet d'interroger plusieurs profils de ces femmes sur leur rapport à l'islam et leur participation à la sphère civique et politique.
- Femmes migrantes dans le secteur hospitalier dans la région Sud en période de pandémie de Covid-19 - Francesca Sirna p. 39-47 La crise sanitaire actuelle a mis en lumière les conditions de travail précaires et discriminatoires des professionnels de santé à diplôme étranger, en première ligne dans la lutte contre le virus de la Covid-19. Dans un secteur hospitalier caractérisé par une pénurie de main-d'œuvre à l'échelle mondiale, l'origine du diplôme demeure la clé des carrières. Une enquête qualitative en cours, dont les résultats présentés ici sont centrés sur les personnels féminins, permet d'approfondir la connaissance des liens entre parcours migratoires et professionnels au sein de l'hôpital.
- Les concierges d'origine portugaise à Paris et l'épidémie de coronavirus - Dominique Vidal p. 49-55 Les concierges des immeubles du parc privé parisien, en majorité des femmes d'origine portugaise, ont été profondément affectées par l'épidémie de coronavirus. Au-delà des affres d'un confinement de près de trois mois vécu dans un logement exigu et des risques d'exposition au virus inhérents à leurs multiples tâches d'entretien au sein des immeubles, la Covid-19 a bouleversé le cœur de leur métier : le contact avec les résidents. Emplies d'amertume devant le manque de reconnaissance de leur travail en temps de crise, les concierges se sentent oubliées parmi les premiers de corvées.
- La lutte contre les mutilations sexuelles féminines en France : L'engagement des femmes issues de l'immigration au cours de la dernière décennie - Fatoumata Sylla, Armelle Andro p. 57-65 Longtemps essentialisées dans des représentations stéréotypées dans les espaces publics, les femmes issues de l'immigration paraissaient invisibles dans la mobilisation contre les mutilations sexuelles féminines en France. Pourtant, depuis des décennies, elles multiplient des actions de prévention au sein d'associations qui prennent en compte la spécificité de l'expérience migratoire dans la promotion des droits et de la santé des femmes et des filles. Leurs actions tentent ainsi de s'adapter au profil de chaque survivante de MSF afin de proposer un accompagnement spécifique.
- Créer des liens pour lutter contre l'isolement et les violences : Mobilisation de femmes chinoises migrantes se prostituant à Paris - Ting Chen, Hélène Le Bail p. 67-73 L'association Les Roses d'Acier, créée en 2014 par des travailleuses du sexe chinoises du quartier de Belleville dans le 11e arrondissement de Paris, a pour mission première de lutter contre les violences multiples qu'elles subissent. Les interventions de l'association au niveau national, local et communautaire visent à créer du lien, d'une part avec le reste de la société (voisins, représentants politiques), d'autre part entre elles, afin de les sortir de l'isolement créé par leur activité, cible de toutes les stigmatisations. L'étude de leur prise de parole dans un recueil écrit par les travailleuses et travailleurs du sexe permet de suivre l'élargissement des actions de l'association.
- La division sexuelle du travail militant dans les mobilisations antiracistes franciliennes - Pauline Picot p. 75-83 L'enquête ethnographique dans des associations dédiées à la lutte autonome des racisé·e·s contre le racisme permet de questionner les rapports sociaux de sexe dans le travail militant, à la fois dans la répartition des tâches et dans la définition des objectifs de ces mobilisations. L'engagement des militantes éclaire la prise en compte des discriminations croisées dans l'élaboration de leur participation politique. Dépositaires d'un fort capital culturel, ces militantes défendent leur autonomie en tant que femmes tout en affirmant leur solidarité avec les hommes, fondée sur une expérience commune du racisme.
- La mobilisation politique des femmes mexicaines à Paris - Larisa Lara-Guerrero p. 85-91 Les femmes mexicaines migrantes à Paris développent des projets dans lesquels elles expriment leur créativité et leurs revendications politiques. Des résultats empiriques portant sur trois types d'activités – la création d'initiatives artistiques, le développement de mouvements communautaires et de solidarité, et la création d'associations non gouvernementales – permettent de mieux comprendre leurs processus individuels de subjectivation à travers de telles mobilisations car ces femmes construisent une identité transnationale en se distanciant des normes et des organisations politiques largement dominées par les hommes, dans leur pays d'origine comme dans leur pays de résidence.
- Une cage de rouille et d'or : Eloisa Taméz, le mur et les luttes contre la militarisation de la région frontalière américano-mexicaine - Josselyn Guillarmou p. 93-99 Dans le lieu-dit d'El Calaboz, au sud du Texas, en avril 2009, le département de la sécurité intérieure des États-Unis a fait construire, à l'arrière de la maison d'Eloisa Taméz, l'une des vingt parcelles du mur frontalier érigé dans la vallée du Rio Grande. Surnommée « la cage dorée », cette région située face au Mexique se caractérise par une pauvreté extrême et une militarisation du quotidien. Eloisa est devenue malgré elle une figure reconnue de la résistance communautaire contre le mur dont la construction était un enjeu central de la campagne électorale de Donald Trump en 2016. Dans la perspective des élections présidentielles de novembre 2020, de nouvelles barrières frontalières sont érigées à la hâte et la résistance continue.
- Migrantes et engagées - Camille Schmoll p. 9-14
Au musée
- Les clichés sur l'expérience féminine de la migration dans un patrimoine en négatifs - Kidi Bebey, Marie Poinsot p. 102-107
- « Ce cœur de silence étouffant ses cris » : Les femmes artistes dans la collection d'art contemporain du MNHI - Emmanuelle Lequeux p. 154-169 La part des artistes féminines dans la collection d'art contemporain du Musée national de l'histoire de l'immigration est importante au regard de la jeunesse de ce musée. Originaires des quatre coins du monde, ces artistes traitent des déplacements migratoires et de la mémoire des migrations comme autant de géographies intimes qui déploient, par-delà l'exil, des territoires intérieurs.
- Ghazel : identités imparfaites : Entretien avec Ghazel - Isabelle Renard p. 161-169 Née à Téhéran en 1966, Ghazel quitte l'Iran en 1986 pour venir étudier en France. « Nomade hybride » comme elle s'est longtemps qualifiée, elle se considère davantage aujourd'hui comme une artiste en « transit permanent ». Son œuvre examine les questions de déracinement, d'appartenance et d'hybridité. Les notions de migrations contemporaines, de circulations, mais aussi la guerre et ses effets irriguent sa démarche. En « suspension entre deux mondes », chacun « tenant lieu de référence et de maison », Ghazel explore son identité multiple tout en réinventant son univers. « Je suis une “étrangère” dans ces deux mondes – l'Occident et l'Iran – et c'est mon monde à moi que je révèle. »`renvoi id="re1no1" idref="no1" typeref="note"b1`/renvoib. Ghazel a participé à de nombreuses manifestations internationales telles que la 50e Biennale de Venise (2003), la 8e Biennale de La Havane (2003), la 3e Biennale de Tirana (2005), la 7e Biennale de Sharjah (2005), la 15e Biennale de Sydney (2006), la 14e Biennale Donna à Ferrare (2010) et la 13e Biennale de La Havane (2019). Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques : Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, Paris (France), Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig (Mumok), Vienne (Autriche), Musée national de l'histoire de l'immigration (MNHI), Paris (France). En 2018, elle est nommée au grade de Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture français. Ghazel choisit le Musée national de l'histoire de l'immigration, Palais de la Porte Dorée, pour recevoir sa décoration.
- Panthéon au féminin : Les personnalités immigrées mémorables de la société française - Marie-Cécile Farges p. 170-185
- La rentrée littéraire au féminin - Marie Poinsot p. 186-187
- Laakri Chérifi, "Les chanteuses kabyles. Graines de la douleur" : Paris, L'Harmattan, 2020, 276 p., 27 €. - Mustapha Harzoune p. 188
- Olivia Elkaim, `ibLe tailleur de Relizane`/ib : Paris, Stock, 2020, 352 p., 20,90 €. - Mustapha Harzoune p. 189
- Maylis Adhémar, `ibBénie soit Sixtine`/ib : Paris, Julliard, 2020, 298 p., 19 € - Mustapha Harzoune
- Rosine Mbakam à propos de son film `ibChez Jolie Coiffure`/ib - Joséphine Jouannais p. 191-194
Champs libres
- L'engagement au féminin : retour sur l'expérience scientifique de deux chercheures : Entretien avec Nancy L. Green et Mirjana Morokvasic, directrice de recherches au CNRS émérite - Marie Poinsot p. 198-205 Du milieu des années 1980 à aujourd'hui, les femmes ont conquis progressivement leur place dans l'histoire des migrations. Les croisements entre migration, genre et militantisme conduisent à renouveler les études du champ, des politiques migratoires aux enjeux économiques, sociaux et culturels. Deux chercheures d'origine étrangère, pionnières des études sur les migrations, revisitent 40 ans de travaux.
- Hors d'atteinte, une maison d'édition fondée par des femmes engagées : Entretien avec Marie Hermann, éditrice et co-fondatrice de Hors d'atteinte - Charlotte Perdriau p. 206-209 Fondée en 2018 et localisée à Marseille, la maison d'édition Hors d'atteinte, créée par Ingrid Balazard et Marie Hermann, a déjà une identité et une ligne éditoriale très fortes. Le Musée national de l'histoire de l'immigration a suivi attentivement la naissance de cette jeune structure et le développement de son catalogue. Le premier titre publié, Rue des pâquerettes de Mehdi Charef, premier tome d'une trilogie revenant sur l'enfance et la jeunesse de son auteur, dans les années 1960-1970, dans le bidonville de Nanterre, en cité de transit, puis en HLM, a été récompensé en juin 2020 par le Prix littéraire de la Porte Dorée. Marie Hermann, éditrice de 37 ans au parcours personnel déjà riche – en tant que responsable du domaine français au sein de deux maisons d'édition allemandes, puis directrice éditoriale chez Agone entre 2013 et 2017 –, revient dans cet entretien sur l'aventure de Hors d'atteinte depuis 2018.
- « Notre lutte est intimement liée au mouvement social » : Entretien avec Ana Azaria, présidente de l'Organisation de Femmes Égalité - Marie Poinsot p. 210-213 L'Organisation de Femmes Égalité est mobilisée aux côtés des femmes des quartiers populaires, et parmi elles des femmes immigrées ou d'origine étrangère, dans la lutte pour la reconnaissance de leurs droits dans les domaines du travail, du logement ou de la santé.
- Betty Lachgar, la féministe qui ne s'arrêtait pas aux frontières : Rencontre avec la militante marocaine Betty Lachgar, co-fondatrice du Mouvement de désobéissance civile féministe, universaliste et laïque Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles). - Thadée Mougin p. 213-214
- Bintou Mariam Traoré, le combat pour un féminisme africain : Rencontre avec Bintou Mariam Traoré, journaliste et membre de la Ligue ivoirienne des droits des femmes et militante féministe à l'origine de l'hashtag #VraieFemmeAfricaine - Thadée Mougin p. 215-216
- « Mourir les yeux ouverts » - Thadée Mougin p. 217-220
- Les représentations des femmes maghrébines dans le cinéma français postcolonial - Julie Scheibling p. 220-224
- Celles qui chantent : Film de Jafar Panahi, Sergei Loznitsa, Karim Moussaoui et Julie Deliquet (France, 2020). - Mouloud Mimoun p. 225-226
- The Perfect Candidate : Film de Haifaa Al-Mansour (Allemagne, Arabie saoudite, 2020) - Mouloud Mimoun p. 226
- Tout simplement noir : Film de Jean-Pascal Zadi et John Wax (France, 2020) - Mouloud Mimoun p. 227
- Mignonnes : Film de Maïmouna Doucouré (France, 2020) - Mouloud Mimoun
- Partir ? : Documentaire de Mary-Noël Niba (France, 2019) - Mouloud Mimoun p. 229-230
- "Corps étranger" : Film de Raja Amari (2016) : de l'exil au désir - Mouloud Mimoun p. 230
- Robert Gildea, "L'esprit impérial. Passé colonial et politiques du présent" : Paris, Passés composés, 2020, 496 p., 25 €. - Mustapha Harzoune p. 231
- Arezki Idjerouidene, "Monsieur Arezki. Un destin à tire d'aile" : Paris, Paris-Méditerranée, 2018, 286 p., 21,90 €. - Mustapha Harzoune p. 232-233
- Saïd Mohamed (texte), Annie Courtiaud (illustrations), Karinn Helbert (direction artistique), "Un Toit d'étoiles" : Saint-Junien, éd. Apeiron, 2019, 36 €. - Mustapha Harzoune p. 233-234
- Angélique Kidjo - François Bensignor p. 235-241
- L'engagement au féminin : retour sur l'expérience scientifique de deux chercheures : Entretien avec Nancy L. Green et Mirjana Morokvasic, directrice de recherches au CNRS émérite - Marie Poinsot p. 198-205