Contenu du sommaire : La gauche en ruines
Revue | La Revue Nouvelle |
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Numéro | no 2016/4 |
Titre du numéro | La gauche en ruines |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Quel récit collectif ? - Christophe Mincke p. 2-4
Le mois
- Lutte contre la fraude : l'éternelle asymétrie entre riches et pauvres - Jonathan Dehoust p. 5-6
- Services publics, un levier pour les droits de tous ? - Magali Plovie, Veerle Stroobants p. 6-9
- L'Argentine et le démon de la corruption - Xavier Dupret p. 9-12
- Sociétopie - Benjamin Roux p. 13-16
Billet d'humeur
- Libéralisme carcéral - Anathème p. 17-18
Dossier. La gauche en ruines
- Introduction - Christophe Mincke p. 20-22
- Il n'y aura pas de miracle à gauche - Paul Aimant p. 23-30 La condamnation classique des partis de gauche qui, parvenus au pouvoir, seraient incapables d'appliquer leur programme ou deviendraient des « traitres » est démentie par une analyse des effets structurels du jeu politique. Ainsi, en Belgique, comme en France, les partis de gauche se sont ralliés depuis longtemps aux thèses néolibérales. La structure des partis s'est elle-même modifiée, se professionnalisant au détriment de la filière militante. Comme d'autres institutions, ils n'échappent pas aux évolutions sociales, notamment la généralisation du modèle entrepreneurial. Enfin, c'est une illusion de croire que l'on pourrait élaborer une voie médiane entre la logique social-démocrate et la logique néolibérale puisque le néolibéralisme, projet cohérent et indivisible, concerne tous les aspects de la vie sociale et de la vie quotidienne.
- What's left ? ou quand des CŒURS saignent - Olivier Derruine p. 31-43 Dans l'Union européenne, la gauche n'a été majoritaire qu'entre 1995 et 2002 et elle a largement contribué à détricoter le projet européen en intégrant les idées de la droite dans les domaines sécuritaires et socioéconomiques. Plusieurs facteurs expliquent la transformation des partis de gauche, notamment leur attachement à la croissance et au modèle productiviste, et leur volonté de donner une image de partis responsables face à une mondialisation à laquelle ils n'ont pas pu apporter de réponse satisfaisante. Au Parlement européen, les votes traduisent une collusion entre la droite et une partie de la gauche, montrant le fossé abyssal entre les programmes et les pratiques. Plus fondamentalement, la majorité de la gauche a cessé de s'investir dans le projet européen. Quel sera le futur de la construction européenne ?
- Frontières, souverainisme et vacuité - François Gemenne p. 44-49 La manière dont la gauche et la droite ont pris position sur l'accueil des réfugiés révèle un déplacement : désormais les seules réponses à la hauteur de l'enjeu viennent de la droite, la gauche persistant, pour des raisons électorales, à rivaliser avec l'extrême droite. La gauche semble avoir renoncé à ses idéaux universalistes au profit d'un souverainisme qui se traduit par une logique de gestion. Quant aux mouvements citoyens censés incarner la « vraie gauche », leur volonté de lutte contre la mondialisation les amène à défendre le protectionnisme et un monde immobile où chacun resterait chez soi, niant ainsi que les migrations sont une donnée structurelle.
- L'anémie intellectuelle et morale de la gauche - Albert Bastenier p. 50-54 Au `np pagenum="50"/bsein du « petit monde » des professionnels de la politique, l'argument de la realpolitik a bon dos. Aujourd'hui, même au sein des partis progressistes, il finit par l'emporter. Face à l'urgent besoin d'une politique migratoire conséquente au sein de l'Union européenne, la congélation intellectuelle et morale ronge la gauche. De renoncement en renoncement, elle finira par y perdre sa raison d'exister.
Un livre
- Le tsar, c'est moi : L'imposture permanente d'Ivan le Terrible à Vladimir Poutine, par Claudio Ingerflom - Bernard De Backer p. 55-62
Articles
- Une réalité inéluctable ? - Iria Galván Castaño p. 63-69 En 2014, Lire et Écrire Bruxelles a réalisé une étude sur l'expérience de travail des personnes analphabètes, « Face à l'emploi : Regards de personnes analphabètes sur leur travail ». Georges, Moussa, Paul, Marina, Silas et Fatoumata ont raconté leur parcours professionnel. Même s'ils ont travaillé dans des secteurs professionnels différents, même s'ils ont changé de travail, leurs emplois ont été toujours pénibles. Coïncidence ou fait systémique ? Les personnes analphabètes sont-elles contraintes d'accepter un emploi pénible pour s'insérer dans le marché du travail ?
- Qui a tué Driss ? La trêve ou le sacrifice du bouc émissaire - John Pitseys p. 70-74 Qui a tué Driss ? Qui lui a fait la peau bleue ? Footballeur professionnel pour le club de Heiderfeld, situé quelque part en Gaume, Driss Assani a été retrouvé mort dans la Semois, atteint d'une balle, les os brisés, le crâne défoncé. Récemment muté au village de Heiderfeld où il a vécu une partie de son adolescence, l'inspecteur Yoann Peeters conclut rapidement à un crime et est chargé de mener l'enquête. Toutefois, l'assassin n'est pas forcément le seul coupable. Si le bourreau est celui qui actionne la guillotine, c'est bien la foule qui amène l'agneau pantelant à l'abattoir : la dissection télévisuelle du petit village de Heiderfeld nous parle aussi de politique.
- Quelle place pour les jeux vidéo ? - Baptiste Campion p. 75-80 Les jeux vidéo sont très souvent vilipendés et certains vont même jusqu'à réclamer leur interdiction. Or ces critiques méconnaissent la réalité de ces jeux qui, contrairement aux idées reçues, ne séduisent pas que des adolescents, mais aussi un public adulte large et varié. Comme la littérature et le cinéma, les jeux peuvent être appropriés de manière créative et différente par chacun. Objets culturels qui impliquent des pratiques spécifiques, les jeux sont à l'image du monde, divers, mais surement pas condamnable en bloc.
- Une réalité inéluctable ? - Iria Galván Castaño p. 63-69