Contenu du sommaire : Perspectives économiques 2020-2021

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 168, octobre 2020
Titre du numéro Perspectives économiques 2020-2021
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation générale - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 5-7 accès libre
  • Prévision

    • Partie I. L'épargne masque la relance : Perspectives 2020-2021 pour l'économie mondiale et la zone euro - , Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 9-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce travail de prévision a été réalisé sur la base d'un retour progressif à une situation sanitaire moins contrainte (i.e. des mesures prophylactiques proches de celles de l'été 2020) à partir du deuxième trimestre 2021.Dans le monde, la valeur ajoutée ne retrouvera son niveau de fin 2019 qu'à la fin 2021, après une chute de plus de 10 % au deuxième trimestre 2020, impliquant ainsi la perte de deux années de croissance du fait de la crise sanitaire. En partant de notre prévision réalisée en octobre 2019, l'évaluation de cette perte d'activité liée à la crise de la Covid-19 fin 2021 se situe entre -2 points (Allemagne et Italie) et -6 points de PIB (Espagne). Pour la Chine, la perte serait de 2,3 points de PIB.Dans les principaux pays développés, une épargne « forcée » s'est constituée durant la crise sanitaire. À la mi-2020, nous l'évaluons à près de 90 milliards de livres sterling pour les ménages britanniques soit 12 points de leur revenu disponible (RdB), à plus de 60 milliards d'euros en France et en Allemagne (respectivement 8,6 et 7,6 points de RdB) et à près de 40 milliards d'euros en Espagne et en Italie (respectivement 10 et 6,4 points de RdB). Cette épargne moyenne cache la dynamique de hausse de la pauvreté.
      This forecasting work was carried out on the basis of a gradual return to a less constrained health situation (i.e. prophylactic measures close to those of summer 2020) from the second quarter of 2021.Worldwide, value added will not return to its end-2019 level until the end of 2021, after falling by more than 10% in the second quarter of 2020, thus implying the loss of two years of growth due to the health crisis. Based on our forecast made in October 2019, the evaluation of this loss of activity linked to the Covid-19 crisis at the end of 2021 lies between -2 GDP points (Germany and Italy) and -6 GDP points (Spain). For China, the loss amounts to 2.3 GDP points.In the main developed countries, “forced” savings were built up during the health crisis. At mid-2020, we estimate this at nearly 90 billion pounds sterling for British households, or 12 points of their disposable income (gross disposable income – GDI), at more than 60 billion euros in France and Germany (respectively 8.6 and 7.6 points of GDI) and nearly 40 billion euros in Spain and Italy (10 and 6.4 GDI points, respectively). This average savings hides a process of rising poverty.
    • Partie II. France : croissance vulnérable : Perspectives 2020-2021 pour l'économie française - , Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 103-136 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En France, sur l'ensemble de l'année 2020, nous prévoyons une baisse de 9 % du PIB. 55 % du choc serait absorbé par les administrations publiques.Les entreprises verraient leur revenu se réduire de 56 milliards (ce qui correspond à 41 % du choc) et leur taux de marge baisserait de 4,2 points de valeur ajoutée sur l'année.La baisse de revenu pour les ménages serait limitée (-5 milliards) et l'accumulation d'« épargne-Covid-19 » serait élevée, représentant 86 milliards d'euros sur l'ensemble de l'année 2020.Pour 2020 le déficit atteindrait -8,9 % de PIB, un maximum historique depuis que les comptes nationaux sont disponibles. En 2021 le déficit public s'établirait à -6,3 % du PIB.Le nombre de chômeurs augmenterait de 810 000 sur l'année 2020 et le taux de chômage atteindrait 11 % en fin d'année. Le chômage baisserait de 400 000 personnes en 2021 et le taux de chômage serait de 9,6 % de la population active fin 2021, soit 1,5 point de plus que son niveau observé fin 2019.Le Plan de relance améliorerait le PIB à hauteur de 1,1 % pour 2021 et la croissance serait de 7 %. Le calibrage budgétaire des mesures de réponse à la crise sur deux ans couvre 37 % des pertes cumulées d'activité sur 2020-21, soit une part similaire au plan de relance de 2009-2010.En 2022, les nouvelles mesures issues du Plan de relance auraient un impact de 0,9 point de PIB sur l'activité.`np pagenum="104"/b`np pagenum="105"/b
      In France, for 2020 as a whole, we forecast a 9% fall in GDP. 55% of the shock should be absorbed by government administrations. Companies will see their income fall by 56 billion (which corresponds to 41% of the shock), and their margin rate will drop by 4.2 points of value added over the year. The reduction in household income will be limited (-5 billion), and the accumulation of "Covid-19 savings" will be high, representing 86 billion euros over the whole of 2020. The deficit for 2020 should reach -8.9% of GDP, a historic peak since the national accounts became available. In 2021, the public deficit should stand at -6.3% of GDP. The number of jobless will increase by 810,000 over 2020, and the unemployment rate will reach 11% by year's end. Unemployment should fall by 400,000 people in 2021, and the unemployment rate will come to 9.6% of the workforce by the end of 2021, i.e. 1.5 points higher than the level seen at end 2019. The stimulus plan would boost GDP by 1.1% for 2021, with growth at 7%. The fiscal calibration of the crisis response measures taken over two years covers 37% of the cumulative loss in activity over 2020-21, a share similar to the 2009-2010 stimulus plan. In 2022, the new measures in the recovery plan should have an impact of 0.9 points of GDP on activity.
  • Études spéciales

    • L'impact de la baisse du prix du pétrole liée à la crise de la Covid-19 sur les entreprises et ménages français - Éric Heyer, Paul Hubert p. 137-162 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article a pour objectif d'étudier les effets des variations du prix du pétrole sur les prix à la consommation et les prix de production pendant la période de la crise de la Covid-19. Pour ce faire, nous réalisons une double décomposition des prix de production (entre ses différentes composantes et entre secteurs) et nous construisons un indice des prix à la consommation « confinement » correspondant au panier de consommation en cette période particulière. Nous utilisons ensuite un modèle non-linéaire afin d'identifier spécifiquement l'effet d'une baisse, forte, et en période de récession, des prix du pétrole. Nos estimations suggèrent que le choc pétrolier du début d'année 2020 n'aura que très peu d'effets sur l'inflation. Les ménages ne bénéficieraient donc pas d'une hausse de leur pouvoir d'achat. Du côté des entreprises, l'effet de la baisse des prix du pétrole sur leur prix de production est réel et leur permettrait de restaurer leurs marges unitaires. Nos résultats indiquent que cette baisse du prix du baril pourrait améliorer les marges unitaires des entreprises de plus d'1/2 point en 2020, estimation qui pourrait même s'élever à 1 point pour les secteurs des transports, de l'énergie et de l'agriculture.
      This article aims to study the effects of changes in the price of oil on consumer and producer prices during the period of the Covid-19 crisis. To do this, we perform a double breakdown of production prices (both between its different components and between sectors), and we construct a “lockdown” consumer price index corresponding to the consumption basket in this particular period. We then use a non-linear model to specifically identify the effect of a sharp drop in oil prices during a period of recession. Our estimates suggest that the oil shock of early 2020 will have very little effect on inflation. Households would therefore not benefit from an increase in their purchasing power. As for business, the impact of falling oil prices on their production prices is real and should enable them to restore their unit margins. Our results indicate that this drop in the price of a barrel could improve business unit margins by more than 1/2 point in 2020, an estimate that could even rise to 1 point for the transport, energy and agriculture sectors.
    • Défaillances d'entreprises et destructions d'emplois : Une estimation de la relation sur données macro-sectorielles - Éric Heyer p. 163-177 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous proposons une estimation de l'élasticité de l'emploi aux défaillances d'entreprises en enrichissant les équations traditionnelles de demande de travail des créations et des faillites d'entreprises. Il ressort de ce travail que, après contrôle de l'effet direct de la crise macroéconomique sur l'emploi, les défaillances d'entreprises ont une incidence significative sur les destructions d'emplois : lorsque l'on contraint l'élasticité de l'emploi aux défaillances d'entreprises à être identique dans toutes les branches, celle-ci sort significativement, avec le signe attendu et s'élève à -0,3. Ce résultat corrobore le constat avancé par Banerjee et al. (2020b) selon lequel le marché du travail serait davantage impacté lorsque la crise s'accompagne de faillites d'entreprises d'une ampleur similaire.Par ailleurs, cet effet est différent selon la branche à laquelle appartient l'entreprise. Ainsi, lorsqu'on laisse libre l'estimation sectorielle de cette élasticité, une forte hétérogénéité apparaît variant de -0,8 pour le secteur des Services aux entreprises à un effet non significatif pour celui des Services financiers.Or, comme le souligne un grand nombre d'études, cette crise sanitaire impacte de façon hétérogène les différents secteurs de l'économie et, par conséquent, la concentration des faillites dans les secteurs les plus touchés pourrait laisser des séquelles importantes sur le marché du travail.Partant des résultats sectoriels sur données françaises du surcroît de faillites d'entreprises consécutives à la crise sanitaire proposés par Guérini et al. (2020) et par Sampognaro (2020), nous proposons une évaluation des destructions d'emplois dues à ces défaillances d'entreprises. D'après nos estimations, les destructions d'emplois salariés dues à des défaillances d'entreprises liées à la crise de la Covid-19 s'élèveraient à environ 175 000 en 2021 dont près de 40 % pour le seul secteur des Services aux entreprises.
      In this article, we propose an estimate of the elasticity of employment to business failures by enriching the traditional labour demand equations with business start-ups and business failures. It emerges from this work that, after controlling for the direct effect of the macroeconomic crisis on employment, business failures have a significant impact on job destruction: when the elasticity of employment to business failures is constrained to be identical in all branches, this turns out to be significant, with the sign expected and amounting to -0.3. This result corroborates the observation made by Banerjee et al. (2020b) according to which the labour market would be more affected when the crisis is accompanied by business failures of a similar magnitude.Moreover, this effect is different depending on which branch the company belongs to. Thus, when the sectoral estimate of this elasticity is left free, a strong heterogeneity appears, varying from -0.8 for the business services sector to an insignificant effect for the financial services sector.However, as is underlined by a large number of studies, this health crisis is having a heterogeneous impact on the different sectors of the economy and, consequently, the concentration of bankruptcies in the sectors hit hardest could have significant consequences on the job market.Using the sectoral results based on French data on the increase in business failures following the health crisis proposed by Guérini et al. (2020) and by Sampognaro (2020), we propose an assessment of job losses due to these business failures. According to our estimates, some 175,000 salaried jobs were destroyed due to business failures linked to the Covid-19 crisis in 2021, nearly 40% of which were in the business services sector alone.
  • Liste des abréviations de pays - p. 184-186 accès libre