Contenu du sommaire : L'Action syndicale

Partant des relations entre les orientations de l'action et différents éléments de la situation des militants (travail, salaire ), l'auteur réagit contre une interprétation objectiviste de la relation action-situation. Entre situation et types d'action s'insèrent les attitudes professionnelles et économiques des militants qui donnent son sens à la situation. Les éléments objectifs de la situation ne déterminent les orientations de l'action syndicale qu'à travers l'expérience professionnelle et économique de l'acteur social. L'analyse porte en même temps sur la nature des déterminants spécifiques à chacun des types d'action et sur la structure des relations formelles entre les éléments constitutifs de ces types d'action.

Deux thèmes revendicatifs sont confrontés : les revendications portant sur la durée du travail et celles qui concernent l'organisation du travail et la gestion du personnel. La signification des relations entre ces deux types de revendications et un certain nombre de variables de situation permet à la fois de les situer et de les comprendre. Ainsi la revendication de durée du travail apparaît-elle tantôt comme un substitut économique de la revendication salariale, tantôt comme une mise en cause socio-économique , tandis que les revendications organisationnelles , modernistes dans le secteur privé, ont la signification d'une contestation plus traditionnelle dans le secteur public. Le document proposé n'est pas une vue sur le vif d'une situation revendicative mais un premier décryptage des prolongements opposés de manifestations apparemment semblables, à partir de deux types de contenus revendicatifs.

Cherchant à forger les instruments d'une analyse de l'organisation syndicale, l'auteur part de la perception qu'ont les militants de leurs propres orientations individuelles, pour les confronter aux objectifs et aux moyens de leur action. Les orientations individuelles, nommées «projet du militant », et les objectifs, ou «types d'action », sont liés à différents aspects de la situation : rapports économiques et sociaux, situation de travail. Tous deux agissent conjointement sur les moyens organisationnels. L'existence d'un rapport entre ces trois éléments, liés mais distincts, permet de construire des modèles d'analyse de la dynamique interne des syndicats.

La démarche et les résultats suivants ne prétendent en aucune façon présenter les idéologies syndicales dans leur ensemble. Elles se bornent à proposer, à partir de l'étude de certaines questions une méthode d'analyse de ce domaine vaste et aux définitions variées que l'on nomme idéologie. Il reste entendu que l'idéologie syndicale ne se réduit pas à ces seules données. Mais, inversement, ces données indiquent un certain moment — plus précisément doctrinal — de l'idéologie. Ces éléments doctrinaux peuvent être considérés comme des idéologies particulières dont il resterait à étudier la fonction dans des systèmes idéologiques globaux.