Contenu du sommaire : The Political Economy of Conflict and Institutions

Revue Revue d'économie politique Mir@bel
Numéro vol. 130, no 6, novembre-décembre 2020
Titre du numéro The Political Economy of Conflict and Institutions
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Political Economy of Conflict and Institutions. Foreword - Mehrdad Vahabi p. 847-854 accès libre
  • The Political Economy of Revolution and Institutional Change: the Elite and Mass Revolutions - Mehrdad Vahabi, Philippe Batifoulier, Nicolas Da Silva p. 855-889 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans cet article nous interrogeons une difficulté profonde de la littérature économique portant sur les questions du conflit et de révolution. Le conflit en général et la révolution en particulier ne sont pas nécessairement négatifs ou le « côté obscur de l'intérêt personnel » ou de mauvaises choses. Ils peuvent être la source d'efficacité politique et économique en fonction de leur incidence sur le changement institutionnel. La révolution échappe à la dichotomie d'Hirschman sur les mécanismes correctifs, prise de parole (voice) versus défection (exit). Nous considérons la révolution comme un cri ou hurlement (scream) qui conduit à rejeter les règles du jeu existantes et à proposer de nouvelles règles du jeu. Notre cadre théorique suggère que les révolutions sont une source d'innovation institutionnelle caractérisée par un processus de dé-institutionnalisation et de ré-institutionnalisation. La sélection adaptative, au sens de Veblen, fondée sur la différenciation, l'héritage et la sélection via une lutte pour la survie, fournit une explication endogène à ces processus. Nous explorons alors l'impact de la révolution sur le changement institutionnel en nous intéressant à deux types de révolutions, les révolutions d'élite et les révolutions de masse. Les premières sont dirigées par une fraction des anciennes élites, tandis que les secondes sont guidées par des groupes sociaux et des classes sociales qui étaient auparavant non dominantes. La Glorieuse révolution britannique de 1688 et la Révolution française de 1789 sont des figures emblématiques de ces deux types de révolutions. La séparation entre la propriété et la souveraineté a été accomplie par ces deux révolutions mais par différentes voies d'innovations institutionnelles. Nos références sur la Révolution britannique sont exclusivement limitées aux anciens et aux néo-institutionnalistes afin de discuter leur cadre théorique et une conception du conflit centrée sur la négociation. Notre analyse de la Révolution française s'appuie sur notre propre cadre théorique et sur les éléments de preuve empiriques disponibles dans littérature historique.
    In this paper, we question a very deep-rooted bias in the economic literature with regard to conflict and revolution. Conflict in general and revolution in particular are not necessarily “dark side of self-interest” or bad things. They may be sources of political and economic efficiency depending on their incidence on institutional change. Revolution escapes from Hirschman's dichotomous corrective mechanisms of “voice” versus “exit”. We consider revolution as scream exiting from existing rules and voicing new rules. Our theoretical framework suggests that revolutions are a source of institutional innovation characterized by a process of de-institutionalization and re-institutionalization. The Veblenian “selective adaptation” on the basis of differentiation, inheritance and selection through a survival struggle provides an endogenous explanation of its different stages. We explore the impact of revolutions on institutional change by focusing on two major types of revolutions, namely the elite revolution and the mass revolution. The former is led by a fraction of the old elite group, while the latter is driven by social groups and classes that were previously non-dominant. The 1688 British Glorious Revolution and the 1789 French Revolution are emblematic figures of these two types of revolutions. The great demarcation between property and sovereignty was accomplished by both revolutions traversing through different patterns of institutional innovation. Our references to the British revolution are exclusively limited to old and new institutionalist authors to show the consistency between their theoretical framework and conflict as a means of bargaining. By contrast, our analysis of French revolution tries to test the consistency of our theoretical framework in light of empirical evidence.
  • Property Out of Conflict: A Survey and Some New Results - María Cubel, Santiago Sanchez-Pages p. 891-927 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les droits de propriété naissent souvent d'interactions contradictoires dans lesquelles les agents formulent des revendications et les défendent contre les efforts d'appropriation d'autrui. Dans cet article, nous proposons tout d'abord un aperçu de la littérature théorique sur cette question. Nous systématisons les modèles existants en les classant en deux familles et montrons qu'ils peuvent expliquer l'émergence de droits de propriété de type classique. Nous explorons ensuite un nouveau modèle dans lequel les agents peuvent devenir le seul propriétaire d'une ressource de production commune par le biais d'un concours d'exclusion. Nous montrons que si la surexploitation dans le cadre de la propriété commune est suffisamment importante par rapport au retour à l'échelle des activités conflictuelles, la propriété privée émerge alors du conflit. L'inégalité rend la propriété privée plus susceptible d'émerger. Enfin, nous caractérisons l'ensemble des régimes de propriété commune qui sont compatibles avec l'approche de Pareto et immunisés contre les conflits. Les résultats montrent que la proportionnalité au facteur travail dans le partage de la production rend la propriété commune plus résistante au conflit lorsque les inégalités sont plus importantes.
    Property rights often emerge from adversarial interactions in which agents make claims and defend them from the appropriation efforts of others. In this paper, we first offer a survey of the theoretical literature on this issue. We systematize the existing models by classifying them into two families and show that they can explain the emergence of classic types of property rights. We then explore a new model where agents can become the sole owner of a commonly owned production resource through an exclusion contest. We show that if overexploitation under joint property is severe enough relative to the returns to scale of conflict activities, private property emerges out of conflict. Inequality makes private ownership more likely to emerge. Finally, we characterize the set of common ownership regimes which are Pareto efficient and immune to conflict. Results show that proportionality to labour inputs in output sharing makes common ownership more resilient to conflict when inequality is higher.
  • Why Are There Strikes? - Kyung nok Chun, Zachary Schaller, Stergios Skaperdas p. 929-956 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les grèves, tout comme d'autres types de conflits, étaient autrefois difficiles à expliquer d'un point de vue économique. Au départ, on pensait qu'elles étaient le résultat d'erreurs ou d'irrationalité. Puis, dans les années 1980, une explosion de la recherche a fait apparaître l'asymétrie d'information comme une cause importante de grèves. Après avoir passé en revue ces interprétations traditionnelles, nous passons en revue certaines autres plus récentes. Lorsqu'une grève modifie les positions stratégiques futures des syndicats par rapport à une négociation, une grève peut s'ensuivre ; de manière significative, plus l'avenir est considéré comme important (c'est-à-dire plus le facteur d'actualisation est élevé), plus une grève est probable. Dans un nouveau modèle, nous montrons comment une solidarité basée sur l'identification avec le syndicat peut conduire à des grèves. En outre, les asymétries de pouvoir, la construction de la réputation et la politique interne du syndicat peuvent expliquer les grèves dans une perspective économique de choix rationnel.
    Strikes, just as other types of conflict, used to be difficult to explain from an economic perspective. Initially, it was thought that they were a result of mistakes or irrationality. Then, during the 1980s an explosion of research brought asymmetric information to prominence as a significant cause of strikes. After reviewing such long-standing potential explanations, we go over some more recent ones. When a strike changes the future strategic positions of unions relative to firms compared to a bargain, then a strike can ensue; significantly, the more important the future is considered to be (i.e., the higher is the discount factor), the more likely a strike is. In a new model we show how solidarity based on identification with the union can lead to strikes. Additionally, power asymmetries, reputation-building, and internal union politics can account for strikes within a rational-choice, economic perspective.
  • Are Anarcho-Capitalists Insane? Medieval Icelandic Conflict Institutions in Comparative Perspective - Vincent Geloso, Peter T. Leeson p. 957-974 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les anarcho-capitalistes affirment que les institutions de gouvernance privée pourraient se substituer efficacement au gouvernement, et font souvent référence à l'Islande médiévale, qui était gouvernée par le secteur privé. La pensée conventionnelle considère ceci comme insensé : l'Islande médiévale était pauvre, et toute société riche est dotée d'un gouvernement. Bien que cela soit vrai, au regard des normes modernes toutes les sociétés de l'Europe médiévale étaient pauvres. La question de savoir si le niveau de vie aurait été plus élevé sous un gouvernement en Islande médiévale est une question empirique qui n'a pas été évaluée de manière empirique. Nous proposons cette évaluation en considérant le fait que, contrairement à l'Islande, d'autres territoires de l'Europe médiévale étaient en partie gérées par un gouvernement. Nous utilisons des données historiques sur la stature humaine, les salaires et la croissance démographique pour comparer les niveaux de vie dans les territoires européens médiévaux. Le niveau de vie dans l'Europe médiévale gouvernée par l'État ne semble pas avoir été plus élevé qu'en Islande. Les anarcho-capitalistes, semble-t-il, ne sont pas si insensés.
    Anarcho-capitalists argue that private governance institutions could profitably replace government and often appeal to medieval Iceland, which was governed privately. Conventional wisdom regards this as insane: medieval Iceland was poor, and every rich society has government. While that is true, every society in medieval Europe was poor by modern standards, and whether living standards would have been higher in medieval Iceland under government is an empirical question that has not been evaluated empirically. We provide such an evaluation by exploiting the fact that, in contrast to Iceland, other territories in medieval Europe were governed partly by government. We use historical data on human height, wages, and population growth to compare living standards across medieval European territories. Living standards in state-governed medieval Europe do not seem to have been higher than they were in Iceland. Anarcho-capitalists, it seems, are not insane.
  • An Economic Analysis of Violent Crim - Petros G. Sekeris, Tanguy van Ypersele p. 975-999 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans cet article nous développons un modèle théorique permettant de mieux comprendre l'effet des lois sur le contrôle des armes à feu sur les crimes violents liés à l'appropriation de propriété privée. Nous supposons qu'une rencontre violente est coûteuse aussi bien pour un criminel que pour sa victime et nous identifions deux types d'équilibres : un équilibre violent en stratégie pure et un équilibre en stratégie mixte dans le cadre duquel le criminel est dissuadé avec une probabilité strictement positive. L'effet d'un assouplissement de la législation sur les armes à feu dépend du niveau des restrictions légales initiales en la matière, ainsi que du gain d'efficacité relatif de la victime et du criminel. Nous mettons au jour une possible relation en U-inversé entre la souplesse des lois sur les armes à feu et les investissements en activités violentes, ce qui permet de réconcilier des résultats empiriques antérieurs contradictoires.
    In this article we propose a theoretical model to better comprehend the effect of gun laws on violent property crime. We assume that a violent encounter between a criminal and a victim is costly to both, and we uncover two types of equilibria: a pure strategy violent equilibrium and a mixed strategy equilibrium where the criminal is deterred with strictly positive probability. The effect of a relaxation of gun laws is shown to be conditional on both initial gun laws and on the relative improvement of the victims' defense capacity relative to the criminals' offense capacity. We uncover a potentially inverted U-shaped relationship between gun laws leniency and investments in violent activities which helps reconciling seemingly contradictory empirical findings.
  • Coase Goes to War: Contract Choice on the Battlefield - Ennio Piano p. 1001-1023 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les approches économiques des conflits tendent à se concentrer sur leurs déterminants, sur les facteurs qui influencent leur issue et sur leurs conséquences pour les parties impliquées. Relativement peu d'attention est accordée à la manière dont ces parties structurent l'organisation interne de leurs efforts pendant le conflit. Cet article s'appuie sur la théorie des choix contractuels pour développer un cadre d'analyse des groupes militaires. Ce cadre permet de faire des prévisions sur deux aspects fondamentaux de l'organisation militaire : les propriétés du contrat entre un principal et ses agents, et l'attribution à différents agents de la propriété des biens militaires (armes, armures, châteaux, etc.). Ces prédictions sont testées par rapport à des preuves historiques sur l'évolution de l'organisation militaire à travers le temps et l'espace.
    Economic approaches to conflict tend to focus on its determinants, on the factors influencing its outcome, and on its consequence to the distribution of resources. Relatively little attention is paid to the ways these parties structure the internal organization of their efforts during conflict. This paper builds on the theory of contract choice to develop a framework for the analysis of military groups. This framework produces predictions on the systematic variation of military organization under different technological and environmental circumstances. These predictions are tested against historical evidence on a variety of historical case studies.
  • Burying the Hatchet - Colin Harris, Adam Kaiser p. 1025-1044 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pourquoi les gens enterrent-ils des objets avec leurs morts ? Dans le présent article, nous proposons une théorie des objets funéraires comme mécanisme à même d'atténuer les conflits internes. Lorsque les lois sur l'héritage sont ambiguës et que des mécanismes de règlement des différends peu coûteux n'existent pas, la destruction délibérée de la richesse peut empêcher un conflit sur la redistribution des actifs après un décès. Plutôt que de se livrer à de coûteuses luttes intestines sur l'héritage, les parties peuvent convenir de la destruction mutuelle à travers une pratique culturelle partagée des biens funéraires. Nous testons notre théorie sur la base de preuves en lien avec la saga de l'ère Viking.
    Why do people bury items with their dead? We provide a theory of grave goods as a mechanism to mitigate internal conflict. Where inheritance laws are ambiguous and low-cost mechanisms for dispute resolution do not exist, deliberately destroying wealth can prevent conflict over the redistribution of assets following a death. Rather than engage in costly infighting over inheritance, the parties agree to mutual destruction through a shared cultural practice of grave goods. We test our theory using evidence from saga era Vikings.