Contenu du sommaire : Science rationalité et industrie.

La combinaison d'un nouveau type de science — la science de la transformation organisée — et du processus de production et de création de produits détermine la formation d'une nouvelle forme d'économie que l'on nomme capitalisme technologique et qui a pour règle de fonctionnement la puissance. Pour les grandes entreprises qui en font partie, les stratégies potentielles sont radicalement modifiées, et la concurrence oligopolistique redevient une réalité économique d'autant plus difficile à contrôler qu'elle s'exerce pour chaque firme sur plusieurs branches industrielles. Il en résulte des conséquences sur les rapports du capital industriel et du capital financier, sur le mécanisme de la formation des prix et sur la fonction du profit.

L'existence de plusieurs formes de relation entre production et demande, tour à tour privilégiées par le fonctionnement du système économique, ainsi que la pluralité des formes de concurrence , constituent la trame des choix politiques qui se présentent à l'entreprise. Ces choix s'expriment, de manière spécifique , dans l'orientation des politiques partielles qui s'analysent alors comme un segment de la politique globale. Mais en tant que politiques partielles, elles renvoient à d'autres principes de compréhension et à d'autres déterminations. Réduisant le nombre de contraintes prises en considération et restreignant l'analyse à un problème limité, cette étude s'efforce de confirmer l'hypothèse selon laquelle il est possible de découvrir des interactions entre mode de détermination de la politique de recherche par l'entreprise d'un côté, système économique et structure du savoir de l'autre côté.

Au-delà du discours euphorique de l'idéologie informaticienne, cet article propose une tentative d'analyse sociologique des problèmes posés par l'informatique dans la grande entreprise. L'analyse tient simultanément compte de la pluralité des significations sociales de l'ordinateur et de la diversité des situations objectives qui caractérisent son utilisation. Après l'exposition d'un schéma d'analyse, suit l'examen d'un cas étudié au cours d'une enquête plus vaste effectuée dans un important groupe industriel français, examen au terme duquel l'auteur tente de généraliser certaines «conclusions».

L'analyse des politiques de la grande entreprise industrielle rencontre plusieurs difficultés : la connaissance de l'univers des choix stratégiques possibles, la mise en évidence des relations entre l'activité globale de l'entreprise et celle des groupes qui la composent, la marge d'autonomie de la firme. On présente ici un essai de solution ; il est possible en effet de classer les objectifs de l'entreprise comme de ceux qui en font partie selon des formes de rationalités ou logiques d'action, d'identifier pour la grande entreprise technologique ses contraintes spécifiques et les modes d'action qui sont à sa disposition, d'expliquer enfin les hiérarchies des politiques /logiques d'action par certaines déterminations générales.