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Cette étude constitue la deuxième partie d'une analyse des modes de représentation ouvrière dans les principaux pays capitalistes. Dans la première partie , l'auteur distinguait deux types essentiels de syndicalisme : l'un «associatif » qui assure la représentation de ses seuls adhérents ; l'autre «de classe » qui intervient au nom de l'ensemble de la classe ouvrière. La prédominance de l'un ou de l'autre était expliquée à partir de trois variables : la situation du marché du travail , la structure de l'industrie , le pouvoir politique du mouvement ouvrier. Les pages que nous publions concernent l'évolution récente marquée , en tout cas dans les années 60, par la tendance à la décentralisation de la négociation collective et de la représentation. Le marché du travail joue encore ici son rôle , mais tend à peser moins que la concurrence internationale pour les entreprises qui lui sont soumises. Cette décentralisation peut , dans certains cas , déboucher sur des formes anarchiques de revendications ; dans d'autres , elle peut laisser se dessiner un certain corporatisme dans le cadre de l'entreprise. Elle n'empêche pas, par ailleurs, que les confédérations syndicales puissent développer leur rôle politique.

Cet article est largement programmatique. Partant du constat d'un certain piétinement de la recherche sur les phénomènes intra-organisationnels , l'auteur en voit les raisons principales dans un excès d'empirisme et une sorte de refus de prendre en compte les différences de signification qu'ont les variables , selon qu'elles portent sur tel ou tel niveau de la hiérarchie , les différences de perception entre les groupes constitutifs et le fait que l'homogénéité apparente sur laquelle beaucoup d'analyses s'appuient est largement un artefact. Un appui sur une méthode d'inspiration marxiste permet à l'auteur de proposer un dépassement de ces difficultés de méthode.

Cet article part de l'hypothèse que le choix des techniques dans les ateliers a pour conséquence , sinon pour objectif, la division des travailleurs. Le choix d'une combinaison technique dans un atelier influence la distribution de l'autonomie entre les postes de travail ; certains choix techniques minimisent les écarts d'autonomie ; d'autres accentuent les différences. Cette distribution plus ou moins inégale de l'autonomie produit des divergences d'intérêts entre travailleurs , elles-mêmes à la source de comportements différenciés. Nous tentons de montrer comment les entreprises, par les techniques qu'elles utilisent, produisent la division entre les travailleurs à partir de la distribution de l'autonomie.

Pour porter sur un passé déjà quelque peu lointain, cet article ne traite pas moins d'une grande question, celle des résistances opposées par l'idéologie commune et les pratiques officielles à un changement dans les représentations que les données empiriques — ici statistiques — auraient imposé si la lecture n'en avait pas été occultée : tuberculose maladie d'usure bien plus que d'insalubrité de l'habitat. Mais dans l'état des thérapeutiques disponibles, aucune conclusion pratique, socialement applicable, n'aurait été tirée d'un progrès , possible et refusé, de l'étiologie. L'ignorance avait des vertus conservatrices, ce n'est pas dire qu'elle fut volontaire ; cependant, du milieu ouvrier, des voix discordantes s'élevaient et n'étaient point entendues.