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Par delà les particularismes du thème proposé, la profession des comptables agréés au Québec, les auteurs renouvellent en fait l'approche du champ traditionnel de la sociologie des professions (plus développé, il est vrai, dans les pays anglo-saxons qu'en France : cf. Sociologie du Travail, 2, 1972). Analysant les conditions historiques du développement de cette profession, ils mettent en effet en évidence les processus socio-économiques qui ont contribué, dans ce cas, à la création d'un marché de l'emploi particulier et de la «situation avantageuse» qui lui correspond. Mais, situation paradoxale d'une profession que son intégration progressive dans l'appareil économique tend à déprofessionnaliser ; à moins que ce ne soit là l'évolution nouvelle des professions, dites libérales.

Définir l'emploi précaire est une gageure, puisque, s'agissant pour l'entreprise qui en bénéficie d'échapper aux contraintes de l'emploi normal, il y a de multiples façons de le faire. L'un des mérites de l'auteur est de présenter, en des termes accessibles au non spécialiste, grâce à une analyse minutieuse, économique, juridique et sociologique, à la fois une description précise et une interprétation d'une nouvelle forme du rapport salarial. L'emploi précaire devient alors l'une des modalités de la régulation du marché du travail, telle quelle caractérise les économies contemporaines en crise. A moins qu'il ne s'agisse d'une nouvelle forme de leur fonctionnement.

Comment peut-on rendre compte à la fois de la relative fragilité des «mouvements sociaux» et de leur survivance ou de leur renouvellement dans le temps ? D'autant que les formes de mobilisation qui leur correspondent reposent le plus souvent sur des objectifs abstraits ou des visées symboliques, a priori peu motivants pour les intérêts individuels. Tel est le point de départ des réflexions de l 'auteur sur la notion de «Culture collective». Soulignons l'aspect novateur de ses propos. Prenant du recul aussi bien vis-à-vis des études, souvent répétitives, sur les pratiques culturelles, ethnologiques ou sociales, que par rapport aux approches individualistes et stratégiques de l'action collective (sans rompre dans tous les cas, semble-t-il, avec celles-ci), l'auteur construit peu à peu la notion de culture, à la fois comme fondement de l'intégration interne d'un groupe et comme dynamique de l'action collective. Dès lors, loin d'être appréhendées comme points faibles de l'action ou de la mobilisation, les dimensions symboliques des mouvements sociaux contribuent efficacement à leur constitution, voire à leur survivance. On pressent tout l'intérêt d'une telle démarche, qui n'en est qu'à son début, pour renouveler l'étude des conflits, de l'innovation institutionnelle ou organisationnelle, ou même des idéologies.