Contenu du sommaire : Nouvelles technologies dans l'industrie. L'enjeu des qualifications.

Ces auteurs centrent leur analyse sur les industries de processus continu. Leurs observations les conduisent à renouveler rapproche de la qualification et à critiquer la thèse de l'incorporation du savoir-faire ouvrier dans les automatismes. Les enjeux réels de l'automatisation pour les opérateurs se situent dans les «logiques d'utilisation» des automatismes eux-mêmes qui nécessitent non seulement une «mobilisation mentale» importante mais des formes nouvelles de division du travail. Là prend tout son sens la dimension collective de la professionnalité, liée à la fiabilité même du système de travail. On est loin ici de la thèse de la déqualification.

L'intérêt de cette contribution est d'abord méthodologique. Les auteurs, dix ans après leur importante étude sur le «travail industriel et la conscience ouvrière», reviennent dans les mêmes entreprises. Leurs récentes observations semblent remettre en cause la thèse de la polarisation des qualifications qu'ils soutenaient dans les années 70. Loin d'une dégradation des qualifications, ils notent des indices d'une «reprofesionnalisation du travail industriel», même si cela concerne davantage le «noyau central» de l'industrie. La tendance à la professionnalisation du travail de production leur apparaît aujourdhui comme un point acquis, même s'ils appellent de leurs vœux des moyens politiques pour lever les derniers obstacles.

Partant d'une critique de Braverman et des auteurs qui, comme lui soutiennent la thèse de la déqualification des travailleurs, les auteurs soulignent l'existence de «qualifications tacites» qui limitent fortement cette déqualification. La mise en Œuvre des nouvelles technologies, loin de réduire l'importance de ces «qualifications tacites» exige leur prise en compte pour être économiquement efficace.

Des enquêtes précises dans des unités automatisées de l'industrie automobile conduisent l'auteur à la question suivante : comment expliquer que l'on puisse observer parmi ces unités de même niveau d'automatisation des évolutions des qualifications requises aussi contradictoires ? La thèse centrale est ici celle de l'enjeu, pour les partenaires en présence, du contrôle du travail. La «forme sociale actuelle d'automatisation» tend à libérer la production de la «limite que constituent les opérateurs» ; on assiste dès lors à un déplacement de la qualification requise vers les régleurs et les agents d'entretien. L'auteur note que des «potentialités existent» dont peuvent se saisir les forces sociales en présence pour modifier le sens actuel de la division du travail, à la condition de ne pas céder aux visions utopiques et aux «hymnes à la modernité technique et sociale».

L'originalité de cette contribution est d'avoir appliqué les interrogations sur les relations entre technologie, organisation du travail et qualification au cas particulier des PME de l'industrie mécanique. Ce qui pourra surprendre le lecteur est de retrouver dans ce type d'entreprises (dont certaines ont le statut de sous-traitantes) nombreux traits de la division du travail pratiquée dans les grandes entreprises. Un dernier résultat est souligné : la dégradation de la qualification des opérateurs, thèse parfois avancée, n'apparaît pas du tout inéluctable à l'auteur, qui met en évidence l'importance des savoir-faire et de l'appropriation par l'opérateur d'un nouveau savoir et d'un nouveau langage.

A partir d'une étude de cas portant sur l'introduction de machines-outils à commande numérique (MOCN) chez le premier constructeur britannique de machines-outils, l'auteur rend compte des enjeux que représente cette nouvelle technologie pour différents groupes d'ouvriers, en matière de qualifications, d'organisation du travail, de répartition des tâches et d'exercice du contrôle. Wilkinson montre en effet comment les machines MOCN contribuent à modifier les qualifications techniques et posent ainsi le problème de la formation des ouvriers aux techniques récentes de programmation.

L'intérêt de cette contribution est double : connaître comment les entreprises japonaises intègrent les nouvelles technologies dans leur mode de gestion et d'organisation, et informer sur le type d'approche des chercheurs japonais. En fait, à travers l'analyse qui suit, fondée sur une enquête par questionnaire (méthode très usitée au Japon), nous apprenons davantage sur le fonctionnement de l'entreprise japonaise que sur la «mécatronisation» du travail

Le développement de la conception assistée par ordinateur (CAO) va-t-il à terme supprimer le métier de dessinateur et réduire celui des ingénieurs et techniciens des bureaux d'études ? La réponse de l'auteur à cette question est pleine de nuances et riche d'enseignement. Il resitue l'apparition de la CAO dans la longue évolution du métier de dessinateur et du personnel des bureaux d'études. Selon l'auteur, la situation des qualifications dans les bureaux d'études reste très ouverte. Là encore, tout dépend des enjeux en présence : ils concernent aussi bien l'entreprise, les salariés, que le système éducatif et de formation.

A partir d'une analyse approfondie d'un échantillon de dix entreprises les auteurs présentent quelques résultats d'une étude sur la mise en œuvre de l'investissement en machines-outils à commandes numériques et de ses conséquences sur l'organisation du travail. Ils montrent à la fois la variabilité des choix d'organisation à technique égale et la tendance commune à renforcer le contrôle technique qui se présente comme un frein au développement de la qualification ouvrière.