Contenu du sommaire : 50 ans d'Espaces et (de) sociétés

Revue Espaces et Sociétés Mir@bel
Numéro no 180-181, 2020/1-2
Titre du numéro 50 ans d'Espaces et (de) sociétés
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Sciences en danger, revues en lutte - Collectif des revues en lutte, Camille Noûs p. 7-15 accès libre
  • Éditorial. 50 ans d'Espaces et (de) sociétés - Jean-Yves Authier, Sophie Chevalier p. 17-24 accès libre
  • I - Présentations

    • Glissements progressifs de l'urbain : réflexions sur le contexte intellectuel de la naissance d'"Espaces et sociétés" - Denis Bocquet p. 25-38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objet de cette contribution est de réfléchir au contexte de la naissance d'Espaces et sociétés en 1970. Sont analysés à la fois des éléments tenant au parcours et à la pensée d'Henri Lefebvre, ainsi qu'à son influence, et des impulsions venant d'autres façons d'aborder la sociologie marxiste. La naissance de la revue est lue comme un moment de fragile convergence, notamment autour d'une définition de l'urbain, entre ces visions contrastées. L'article, dans l'idée d'un dialogue avec les contributions composant le présent numéro, examine également les diverses déclinaisons de l'urbain qui ont animé l'histoire de la revue et les débats auxquels leurs définitions successives ont donné lieu.
      This reflection on the context of the launching of Espaces & Sociétés in 1970 analyses both factors tied to the itinerary, thought and influence of its co-founder, Henri Lefebvre, and the impetus coming from other approaches to Marxist sociology. The genesis of the journal is thus interpreted as a moment of fragile convergence between these differing visions, in particularly around a definition of ‘urban'. In order to generate a dialogue with the other contributions in this special issue, the author also examines the different conceptions of ‘urban' that have driven the journal's history and the debates sparked by their successive definitions.
    • Entretien avec Jean Remy, directeur d'"Espaces et sociétés", de 1987 à 2003 : Louvain-la-Neuve, Belgique, 10 septembre 2018 - Jean Remy, Jérôme Monnet, Sophie Chevalier p. 39-51 accès libre
    • Entretien avec Catherine Bidou-Zachariasen et Stéphane Nahrath, membres du comité de rédaction d'"Espaces et sociétés" - Catherine Bidou-Zachariasen, Stéphane Nahrath, Jean-Yves Authier, Jérôme Monnet p. 53-77 accès libre
  • II - Une approche critique des rapports entre espaces et sociétés

    • De la production de l'espace aux lieux : un itinéraire entre espaces et sociétés - Alain Bourdin p. 79-96 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'auteur illustre, à partir de son histoire scientifique personnelle, diverses manières de questionner la relation espace-société. L'étude de la production de l'espace, en référence à Lefebvre et à Ledrut, l'a conduit à s'intéresser aux acteurs et aux systèmes d'action qui produisent l'espace, dans la perspective de Crozier et Friedberg. D'autres références (Goffman, Hall, Remy et Voyé, Sennett, Perec) l'ont sensibilisé aux usages de l'espace, puis à la dimension existentielle de l'expérience que l'on en a. Les concepts de lieu et d'ambiance deviennent alors essentiels. Mais l'interrogation des relations espace-société ne peut éviter une remise en cause radicale de la définition euclidienne d'un espace immuable. Au contraire, son « essence réside dans les possibilités infinies de ses relations internes » (Sigfried Giedion cité par Martina Löw). Ces réflexions théoriques ont de nombreuses conséquences pour la pratique.
      Drawing on his personal history as a researcher, the author illustrates various ways of exploring the relationship between space and society. The study of the production of space in the tradition of Henri Lefebvre and Raymond Ledrut led him to investigate the actors and systems of action that produce space, along the lines of Michel Crozier and Erhard Friedberg. Other references (Irving Goffmann, Edward T. Hall, Jean Remy and Liliane Voyé, Georges Perec) raised his awareness of the uses of space, and then the existential dimension of our spatial experience. The concepts of place and ambience thus become essential.But the investigation of relations between space and society cannot avoid a radical questioning of the Euclidian definition of an immutable space. On the contrary, ‘the essence of space, as it is conceived today, is its many-sidedness, the infinite potentiality for relations within it' (Sigfried Gideon, Space, Time and Architecture, 1941: 356, as quoted by Martina Löw). These theoretical considerations have numerous implications for practice.
    • Les espaces-temps des anthropologues. De la colonisation temporelle au confinement mondial - Anne Raulin p. 97-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les rapports entre espace et temps, spatialités et temporalités contemporaines ne cessent de se diversifier, les effets de la globalisation ne se limitant pas à leur compression (David Harvey). On est également loin des approches qui envisageaient, comme le fit Henri Lefebvre, de réconcilier temps linéaire et temps cyclique, car il est maintenant nécessaire de prendre en considération des articulations temporelles autrement plus complexes. En offrant un tableau des travaux anthropologiques récents sur ces problématiques, cet article cherche à repérer les registres temporels inédits, les formes de colonisation du temps urbain, l'impact de l'événement – autrefois ignoré en anthropologie – sur les méthodes et les postures des chercheurs et chercheuses de plus en plus impliqué·es dans leurs travaux du fait de la coprésence avec leur objet. Que peuvent révéler dans ce contexte les confinements domestiques dus à la crise sanitaire mondiale ?
      The relationships between space and time, between contemporary spatialities and temporalities, are constantly becoming more diverse, and the effects of globalisation cannot be limited solely to their compression (David Harvey). We are also far from past approaches – like that of Henri Lefebvre – envisioning a reconciliation of linear and cyclical time, for it is now necessary to consider far more complex temporal interconnections. Through an overview of recent anthropological studies on these issues, the article seeks to identify previously unrecognised temporal dimensions, the forms of colonisation of urban time, the impact of the event (previously neglected in anthropology) on the methods and stances of researchers who are increasingly involved in their investigations because of the co-presence with their subjects. In this context, what can the lockdowns resulting from the global health crisis tell us?
    • La dimension critique de la revue… vue de l'intérieur - Anne Clerval p. 117-136 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose un point de vue sur la dimension critique d'Espaces et ociétés par l'une des membres du comité de rédaction actuel de la revue. Il analyse dans un premier temps le rapport éclectique à la critique au sein du comité de rédaction en s'appuyant sur un questionnaire. Deux principaux positionnements se dégagent : l'un considère que la dimension critique est consubstantielle à l'approche scientifique, l'autre pense que celle-ci ne suffit pas à garantir la prise en compte des rapports de domination, tant dans la fabrique de la science que dans le monde social qu'elle analyse. Ces divergences peuvent s'expliquer en partie par la trajectoire sociale et la socialisation politique des différents membres du comité de rédaction. L'article revient ensuite sur l'histoire de la revue en montrant que l'affadissement de la critique n'est pas récent et que le débat sur son positionnement critique animait déjà le numéro anniversaire des trente ans de la revue.
      This article offers a look at the critical dimension of Espaces & Sociétés from the standpoint of a member of the present editorial board. It begins with an analysis of the board's own eclectic relationship to critique. On the basis of a questionnaire submitted to its members, two main positions can be discerned: one considers that the critical dimension is inherent in a scholarly approach, while the other maintains that this approach does not suffice to guarantee the integration of power relations, both in the production of knowledge and in the social world it analyses. To some extent, these divergences can be explained by the social backgrounds and political socialisation of the different members of the editorial board. In a second section, the author looks back over the journal's history to show that the tempering of critique is not a recent phenomenon. Indeed, the debate over its critical stance already enlivened its thirtieth-anniversary issue.
    • De la critique écologique à la critique sociale. Auto-organisation communautaire et autonomie des dominés - Franck Poupeau p. 137-154 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article montre dans quelle mesure la critique écologique, lorsqu'elle reprend sans nuances le présupposé de l'autonomie des dominés, échoue à définir une alternative politique. C'est en étudiant les conditions sociales d'accès à la politisation (et aux savoirs militants) qu'il devient alors possible de penser la genèse et la pérennité de formes d'auto-organisation susceptibles de produire du commun. Le problème n'est peut-être pas tant de trouver des expérimentations relatives à l'auto-gouvernement des êtres et des ressources, que de s'interroger sur la façon d'y faire entrer ceux qui n'y participent pas. Dans cette perspective, une sociologie de la domination engage à porter une plus grande attention aux dominés qui sont condamnés à rester dans le « monde abîmé » d'un capitalisme en « ruine », et sans lesquels un projet politique global de rupture avec l'ordre existant reste difficilement pensable.
      This article addresses the extent to which an ecological critique that unquestioningly restates the assumed autonomy of the dominated fails to define a political alternative. Rather, it is necessary to study the social conditions for access to politicisation (and activist knowledge) in order to understand the genesis and durability of forms of self-organisation likely to produce commons. Perhaps the problem has less to do with locating experiments in the self-government of people and resources than examining the ways of engaging those who do not participate in it. From such a standpoint, a sociology of domination calls for paying greater attention to the dominated, who are doomed to remain in the ‘damaged world' of a capitalism in ‘ruins' and without whom it is difficult to conceive of a global political project aimed at breaking with the existing order.
  • III - Quelles réceptions dans le milieu académique, le milieu professionnel et à l'étranger ?

    • Table ronde « Espaces et classes sociales » - Jean-Yves Authier, Anaïs Collet, Cécile Vignal, Marie-Christine Jaillet, Olivier Schwartz p. 155-189 accès libre
    • Table ronde « Pratiques et territoires de l'informalité » - Sophie Chevalier, Christian Azaïs, Jean-Fabien Steck, Virginie Milliot, Marie Chabrol p. 191-223 accès libre
    • Entretien avec Jean-Marc Offner, directeur de l'agence d'urbanisme Bordeaux-Aquitaine et ancien membre du comité de rédaction d'"Espaces et sociétés" - Jean-Marc Offner, Jean-Yves Authier, Jérôme Monnet p. 225-240 accès libre
    • La portée d'`ibEspaces et sociétés `/ibdans l'espace académique anglophone - Rob Shields p. 241-249 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article considère la réception très limitée d'Espaces et sociétés, ainsi que d'autres revues d'études urbaines dans la littérature sociologique et urbaine anglophone. Nous manquons de données sur l'impact des citations des revues françaises dans les publications anglophones et dans les débats internationaux, d'ailleurs souvent menés en anglais. Les articles français circulent peu dans les revues internationales malgré les efforts de traduction des résumés, ainsi que l'accessibilité des systèmes de traduction gratuits (par exemple, Google Translate). Un grand nombre des contributeurs français publient dans des revues anglophones mais ils ne communiquent pas sur les revues françaises. Un petit nombre des théoriciens français du xxe siècle sont parmi les auteurs les plus cités, mais ils le sont dans des traductions anglaises. Des stratégies collectives, telles que l'indexation des revues francophones dans des bases de données internationales, constitueraient une politique plus efficace.
      This article considers the limited reception of Espaces & Sociétés, as well as other French urban studies journals, in the English-speaking sociological and urban literature. There is a lack of data on the impact of citations from French journals in English-language publications and in international debates, which are often conducted in English. French articles are little-cited in international journals despite efforts to translate abstracts, as well as the accessibility of free translation systems (e.g., Google Translate). A large number of French contributors publish in English-language journals but they do not communicate about French journals. A small number of 20th-century French theoreticians are among the most cited authors, but through the English translations of their writings. Collective strategies, such as indexing French-language journals in international databases, would be a more effective policy.
  • Notes de lecture