Contenu du sommaire : Les écrits de la réception : pratiques textuelles des publics médiatiques

Revue Genre en séries : cinéma, télévision, médias Mir@bel
Numéro no 7, printemps 2018
Titre du numéro Les écrits de la réception : pratiques textuelles des publics médiatiques
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les écrits de la réception : pratiques textuelles des publics médiatiques - Sébastien François, Thomas Pillard accès libre
  • Dossier

    • « Se faire du cinéma » : jeunesse, culture cinématographique et écriture de soi dans la France d'après-guerre - Delphine Chedaleux accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article expose les résultats d'une enquête effectuée dans le fonds de l'Association Pour l'Autobiographie (APA) où je me suis rendue dans le cadre d'un projet de recherche portant sur les cinéphiles ordinaires d'après-guerre. Les neuf autobiographies et trois journaux intimes consultés (repérés grâce à l'indexation effectuée par les membres de l'APA) témoignent d'une activité cinéphile dont le pic se situe entre l'enfance et l'entrée dans l'âge adulte. Ces archives nous offrent ainsi un point de vue original sur les liens privilégiés qui s'établissent entre le cinéma et la jeunesse dans la France d'après-guerre. Au croisement de l'histoire culturelle, des cultural studies et des études de genre, l'article développe trois axes qui éclairent différentes facettes de ces liens. Il met l'accent sur le rôle joué par le cinéma dans la conquête d'espaces autonomes, dans la connaissance de soi ainsi que dans la construction de soi comme sujet de désir.
      This article presents the results of a survey conducted in the Association Pour l'Autobiographie (APA) archive center where I went in order to investigate moviegoing in the postwar France. The manuscripts dealing with cinema (nine autobiographies and three diaries) testify to a cinephile activity whose peak lies between childhood and the entry into adulthood. These archives thus offer us an original point of view on the privileged links established between cinema and youth in post-war France. At the crossroads of cultural history, cultural studies and gender studies, the article develops three axes, which shed light on some aspects of these links. It emphasizes the role played by cinema in the conquest of some autonomous spaces, in self-knowledge as well as in the self-construction as a subject of desire.
    • Le « cinéphile 2.0 » et ses autres : publics et réceptions de Drive sur AlloCiné - Jules Sandeau accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article étudie le fil de discussion consacré au film Drive (N.W. Refn, 2011) sur le site français AlloCiné afin de mettre en évidence les stratégies de distinction mobilisées par les internautes qui s'autoproclament « cinéphiles ». Nous montrons ainsi comment leurs discours, qui défendent une conception élitiste de la cinéphilie, confortent l'ordre de genre en réaffirmant la supériorité de la masculinité hégémonique à travers la stigmatisation de figures repoussoirs conçues comme féminines et/ou comme des incarnations de masculinités marginalisées ou subordonnées. Notre analyse de la manière dont sont caractérisées ces figures repoussoirs (le « beauf », le « fanboy » et la « midinette ») permet en outre de souligner l'articulation entre représentations de genre, de classe, de génération et de sexualité, qui se cristallise dans ces discours.
      This article analyzes the discussion thread about the film Drive on the French website AlloCiné in order to highlight the strategies of distinction used by self-proclaimed “cinephile” internet users. We thus show how their discourses, which defend an elitist notion of cinephilia, reinforce gender norms by reaffirming the superiority of hegemonic masculinity through the stigmatization of “repoussoir” figures conceived as feminine and/or as incarnations of marginalized or subordinate masculinities. Our analysis of the way these repoussoir figures are characterized (the “beauf”, the “fanboy”, and the “screen-struck girl”) enables us to highlight how the articulation between representations of gender, class, age and sexuality, is crystalized in these discourses.
    • The Real Happy Family: Japanese Morning Serial Drama and its Fans - Linda Chance accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse à la réception du feuilleton télévisé japonais du matin (asadora) diffusé par la chaîne publique NHK. Il examine les blogs des amateurs et les fanfictions liés à cet objet culturel, tout en prenant en considération son traitement médiatique et les discours qu'il a pu susciter de la part de journalistes professionnels entre 2005 et 2017. Comme les asadora mettent à l'écran une famille idéale et heureuse dont l'équilibre repose sur des femmes prête à se sacrifier, l'article ne se demande pas seulement quelle réception le public se fait de ce feuilleton matinal, mais cherche également à déterminer si celui-ci est susceptible de s'adapter aux réactions et aux réponses des téléspectateurs/trices : les représentations peuvent-elles évoluer en fonction de la réception ? De Kosnik a théorisé la manière dont Internet permet aux femmes de remettre en cause et de défier des normes sociales obsolètes. Pourtant, les téléspectateurs/trices japonais-es sont susceptibles à certains égards de rejeter les représentations non traditionnelles. Qui forme donc le public du feuilleton ? Sa réception est-elle marquée par des mécanismes genrés ? S'appuyant sur les études dédiées aux fanfictions, l'article soutient que le public des asadora ne recherche pas un bouleversement des valeurs établies mais trouve du plaisir dans leur maintien, ainsi que dans les échanges virtuels tissés par une communauté unie autour de la répétition de ce contenu sériel.
      This paper considers Japanese morning serial television drama (renzoku terebi shōsetsu or asadora) from public broadcaster NHK and the ways that audiences write back to the shows. It samples amateur fans' blogs and fanfiction, along with professional journalism treating programs aired from 2005 to 2017. As Asadora present an ideal happy family centered on women who sacrifice, the paper asks not only how viewers receive asadora, but whether shows accommodate viewers' responses. Is there potential for change? De Kosnik has theorized that the internet allows women to challenge outdated norms. Yet Japanese viewers are apt to reject non-traditional images. Who are these viewers, and is their reception gendered? Drawing on fanfiction studies, the paper argues that audiences seek not to change the world, but to find pleasure in it, and in their shared fandom, through repeating content and engaging in simulated exchanges.
    • ‘Sherlock is Actually a Girl's Name': Challenging Gender Normativity through Sherlock Fanfiction - Jonathan A. Rose accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article, qui prend pour exemple les histoires basées sur la série télévisée Sherlock, s'intéresse à la fanfiction lorsqu'elle met l'accent sur les personnages transgenres, c'est-à-dire quand des personnages canoniques cisgenres sont réécrits en personnages trans. De telles fanfictions, appelées transfics, se positionnent comme un sous-genre émergent de la fanfiction : l'analyse les met en relation avec d'autres genres de fanfictions ainsi qu'avec d'autres formes de représentations (de soi) trans. Les transfics sont comparées à d'autres pratiques de fans qui « perturbent » le genre (« genderbending »), et les liens entre transfic et la fanfiction slash sont établis. Au-delà de cette perspective à l'échelle du fandom, cet article prend en considération d'autres pratiques créatives en ligne des personnes transgenres et défend l'idée que les transfics sont un moyen de créer de telles représentations (de soi), en pensant conjointement culture trans et culture numérique comme « trans numérique », pour reprendre l'expression de Jay Prosser (2014). En mettant l'accent sur les relations et sur la représentation des divers corps trans, les transfics peuvent être considérées comme un terrain fertile pour créer des récits trans plus nuancés et plus variés.
      This paper looks at fanfiction that focusses on transgender characters by rewriting canonically cis-gender characters as trans, using stories based on the TV series Sherlock as examples. Such fanfictions, called transfic, are positioned as an emerging sub-genre of fanfiction and analysed in their relation to other fanfiction genres as well as to other online trans (self-) representations. A comparison is made between transfic and other genderbending fan practices, and a connection drawn between transfic and slash fanfiction. In addition to this intra-fandom perspective on transfic, this paper takes into consideration other online creative practices by trans people and argues for transfic as a means to create such (self-) representations, thinking together trans and digital culture as ‘digital trans', to use Jay Prosser's expression (2014). With its focus on relationships and on the representation of diverse trans bodies, transfic can be viewed as a fruitful ground for creating more nuanced and varied trans narratives.
    • De la réception engagée à l'engagement militant : l'exemple des « fanarts féministes » de princesses Disney - Hélène Breda accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À travers l'étude de la pratique du fanart, cet article a vocation à interroger l'intersection entre deux formes d'engagement en ligne liées à des réceptions médiatiques : un engagement spectatoriel, et un engagement de type militant. Plus précisément, il s'agira d'analyser un corpus de fanarts « féministes » consacré aux Princesses Disney, qui prend en charge des enjeux inscrits dans « l'espace de la cause des femmes » (Bereni, 2012). Après avoir rappelé la dimension identitaire des créations faniques, l'article montrera qu'un grand nombre de fanarts du corpus interrogent les stéréotypes de genre dans les films d'animation dont les Princesses Disney sont issues. L'étude d'un second pan du corpus montrera que ces figures « iconiques » peuvent être détournées de manière à diffuser des messages féministes au sens large, détachés de leurs fictions d'origine. En conséquence, ce texte a pour ambition d'étudier une pratique de « fanactivisme » à travers laquelle des héroïnes de la pop-culture sont mises au service d'une critique à la fois culturelle et sociale des rapports genrés et du système patriarcal.
      Through the example of fan activities, this article aims to study the intersection of two forms of online engagement derived from the reception of certain media contents : audience participation as well as political activism. More precisely, I will analyze a corpus of “feminist” fanarts inspired by Disney Princesses, addressing issues related to “the space of women's cause” (Bereni, 2012). Considering that fan creations embrace identity issues, my paper will show that a lot of fanarts aim to criticize gender stereotypes in the Disney Princesses animation movies. Consequently, through the analysis of the second part of my corpus, I intend to show that such “iconic” figures, regardless of their original fictions, can be distorted in order to convey broader feminist messages. In other words, this article aims to study an activity of “fan activism” through which pop culture heroines are used to criticize gendered relationships and patriarchy, both on a cultural and a social level.
  • Varia

    • Polémique, Identité, Frontières. Le cas Django Unchained - Caroline Wintgens accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse à la manière dont une polémique peut devenir le lieu d'une affirmation identitaire pour une minorité, le lieu d'une lutte hégémonique pour le sens, le lieu où peuvent circuler des discours alternatifs participant à construire des identités, en se concentrant sur le cas de la polémique ayant émergé autour du film Django Unchained de Quentin Tarantino (2012). L'article s'articule autour d'une analyse des arguments ayant été produits par les détracteurs du film pour le qualifier de raciste (envers les Afro-Américains ou envers les Blancs) qui souligne le rôle de la représentation de l'identité afro-américaine dans la polémique. Il semble que cette polémique permette à une communauté minoritaire de contester une représentation d'elle-même et par là même de produire des discours participant à redéfinir son identité, à construire de nouvelles frontières identitaires, et dès lors à (re)définir la communauté.
      This paper explores the potential that controversies have to become places of identity assertion for minorities, places of hegemonic conflicts about the meaning, places where alternative discourses that participate in the building of an identity can circulate. It focuses on the controversy surrounding the movie Django Unchained by Quentin Tarantino (2012) and hinges on an analysis of arguments having been produced by some movie's detractors to call it racist (towards African Americain or towards White people). This analysis underlines the part played by the representation of the African American identity in the controversy. It seems that this controversy allows a community to contest a representation of itself and thereby to produce discourses which will redefine its identity, to build new identity borders and, as a result, to (re)define the community.
  • Notes de lecture