Contenu du sommaire : Freaks en tous genres : corps mutants, cyborgs, métamorphoses & fantastiques

Revue Genre en séries : cinéma, télévision, médias Mir@bel
Numéro no 11, printemps 2020
Titre du numéro Freaks en tous genres : corps mutants, cyborgs, métamorphoses & fantastiques
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Freaks en tous genres : corps mutants, cyborgs, métamorphes & fantastiques - Karine Espineira, Marika Moisseeff accès libre
  • Dossier

    • « Do Siamese Twins Make Love? ». Freak shows et performances de genre, de Sawtche (Sarah) Baartman à Renate Lorenz - Arthur Ségard accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose une analyse des freak shows des XIXe et XXe siècles et de certaines représentations culturelles qui leur sont attachés au prisme des rapports de genre. Cette approche permet de rendre compte dans leurs spécificités de certaines situations de violence ou d'exploitation, comme la dissection de Sawtche (Sarah) Baartman par Georges Cuvier ou l'exhibition de Joice Heth par Phineas Taylor Barnum. Jusqu'au début du XXe siècle, le freak show met en scène une lisibilité des corps, particulièrement évidente lorsque des femmes sont mises en scène. L'un des rôles sociaux de ce type de spectacle a longtemps été la naturalisation des normes de genre. Aujourd'hui, cependant, le freak show et son imaginaire sont politisés de façon radicalement différente, et permettent à des performers ou à des artistes de déconstruire les représentations courantes de la féminité tout en contestant un ordre social disciplinaire.
      This paper analyzes the 19th and early 20th centuries freak show, as well as its various cultural representations, through a gender perspective. This approach shows the specificities of particular cases of violence or exploitation, such as Georges Cuvier dissecting Sawtche (Sarah) Baartman, or Phineas Taylor Barnum exhibiting Joice Heth. Until the 20th century, freak shows made bodies legible, which was particularly obvious when women were displayed. For a long time, one of the social roles of such shows was to naturalize gender norms. However, today, the freak show is politicized in a completely different way: performers and modern artists are reusing its imaginary to deconstruct common depictions of femininity and to challenge a disciplinary social order.
    • Vision d'Escaflowne : l'antagoniste androgyne comme potentiel disruptif - Déborah Gay accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Vision d'Escaflowne (TV Tokyo, 1996) est un animé japonais de fantasy où les spectateur·rice·s suivent la lycéenne Hitomi, propulsée de son monde à celui de Gaïa, une planète en guerre dont la Terre est l'une des lunes. Cet article s'intéresse à l'un des antagonistes de la série, le personnage du Seigneur Dilandau, un guerrier androgyne à la tête d'une escouade de forces d'élite entièrement masculine, en tant que potentiel disruptif de la norme de genre qui sous-tend la fiction. Dilandau est présenté comme narcissique, violent et instable psychiquement, avant qu'il ne soit révélé vers la fin de la série que Dilandau est en réalité Séréna, une jeune femme victime d'expériences, dont le genre a été modifié. Dans cet article, nous étudions la façon dont ce personnage contribue à défaire, au moins un temps et grâce à l'animation, une binarité homme-femme et une hétérosexualité normée et comment, malgré une position d'antagoniste, il est un support de réflexion de la violence contre la norme sociale.
      The Vision of Escaflowne (TV Tokyo, 1996) is a Japanese fantasy anime where the audience follows the student Hitomi from her high school to the world of Gaea, a planet where the Earth is one of the moons. This article focuses on one of the antagonists of the series, the character of Dilandau, an androgynous warrior who commands a squad of elite soldiers, as Dilandau can be read as a potential disruptive of the gender norm that takes place in the series. Dilandau is narcissistic, violent and psychologically unstable. At the end of the series, it is revealed that Dilandau is in fact Celena, a young woman whose gender has been altered by experiments. We will study in this article how this character still manages to challenge the gender binary and the heterosexual standard present in the series thanks to animation, and how, even though Dilandau is an antagonist, he is also a way to think about violence against the social norm.
    • Muere Monstruo Muere : sous le gore, le genre… ou comment représenter les féminicides - Michèle Soriano, Cristelle Maury, Thérèse Courau accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Issue d'un travail collectif, cette contribution propose des lectures croisées du film d'Alejandro Fadel, réalisateur argentin : Muere Monstruo Muere (2018) [Meurs Monstre Meurs]. La trame du film se structure autour d'une série de meurtres de femmes dont les corps sont retrouvés décapités dans la province de Mendoza. L'hypothèse de départ est que, dans le contexte des luttes féministes contre les féminicides et la violence de genre en Argentine, ce film fait dialoguer les discours qui naturalisent ces violences avec la critique cinématographique féministe, à partir des codes du film d'horreur.
      This article was originally a joint paper given at a round table on Latin American cinema. It looks at Muere Monstruo Muere, a film by Argentinian director Alejandro Fadel, from different perspectives. The plot unfolds over a series of murders of women whose beheaded bodies are discovered in the province of Mendoza. The article argues that the film uses the codes and conventions of the horror genre to establish a dialogue between the discourses that naturalize violence and feminist film scholarship, in the context of the feminist movement against gender-based violence and death due to gender violence (feminicide) in Argentina.
    • Le genre des monstres dans American Horror Story, trouble dans l'horreur - Lucile Coquelin accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article a pour objectif d'interroger les représentations genrées des monstres au sein d'American Horror Story, une série américaine créée et produite par Ryan Murphy célèbre pour ses productions sérielles interrogeant les normes corporelles et les rapports sociaux de genre. Reconnue critique, cette série à succès offrirait des représentations innovantes et ferait référence à une actualité pro-féministe moderne avec des problématiques queer et décoloniales, notamment à travers la mobilisation d'un système de personnages féminins de pouvoir constitué de sorcières. L'article s'appuie sur une enquête de réception menée en 2019 et a pour ambition de présenter une co-construction interprétative des figures des monstres de l'Apocalypse et de l'archétype du féminin-monstrueux au sein de la bande-annonce de la saison 8.
      The purpose of this article is to examine the gender representations of monsters in American Horror Story, an American series created and produced by the showrunner Ryan Murphy, famous for his shows questioning body norms and gender social relations. Recognized as critical, this successful series would offer innovative representations and refer to modern pro-feminist movement with queer and decolonial issues, especially through the mobilization of a system of female figures of power made up of witches. The article is based on a reception survey conducted in 2019 and aims to present an interpretative co-construction of the figures of the monsters of the Apocalypse and the archetype of the feminine-monstrous within the trailer of season 8.
  • Traduction

  • Varia

    • Haïr et railler les femmes en ligne : une revue de la littérature sur les manifestations de cyber misogynie - Delphine Dupré, Valérie Carayol accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article vise à analyser les manifestations de misogynie survenant en ligne à partir d'un corpus de travaux issus de la littérature scientifique française et anglophone. Sont analysées, dans un premier temps, les fonctionnalités techniques du web et des principales plateformes numériques, qui peuvent être utilisées pour matérialiser des affects négatifs et exprimer un continuum de propos violents, s'étendant de l'humour stéréotypé aux menaces d'agression. La deuxième partie de l'analyse est consacrée aux acteurs de la cyber misogynie ; elle montre que ces actes tendent à être perpétrés par des groupes d'internautes, souvent radicaux, qui expriment par ce biais un certain nombre de croyances idéologiques. Le dernier point évoqué est celui des modèles économiques qui parviennent à monétiser les manifestations de haine en ligne et assurent ainsi la persistance de ce phénomène.
      This paper explores the phenomenon of cyber misogyny and consists of a review of the existing French and English-speaking academic literature. The first part deals with the different ways in which the technical features of the web and mainstream digital platforms are used to materialize negative affects and express a set of violent comments, ranging from sexist humor to rape and aggression threats. In a second part, the actors involved in cyber misogyny are presented. Misogynist banters and slurs tend to be perpetrated by radical groups who are willing to convey their ideological views on the Internet. Finally, the economies fueled by online hate speech targeting women are described.
  • Notes de lecture