Contenu du sommaire : Les mécanismes de la répression en région ouïghoure

Revue Monde Chinois Mir@bel
Numéro no 62, 2020/2
Titre du numéro Les mécanismes de la répression en région ouïghoure
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Éditorial. Les mécanismes de la répression en région ouïghoure - Vanessa Frangville, Jean-Yves Heurtebise p. 5-9 accès libre
  • Dossier. Les mécanismes de la répression en région ouïghoure

    • The Not-So-Terrorist Conflict: Analytical Deception and Political Delusion in China's Framing of Uyghur-related Violent Events - Pablo A. Rodríguez-Merino p. 10-27 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article analyse la définition systématique adoptée par l'État chinois des troubles violents liés aux Ouïghours au Xinjiang comme relevant du « terrorisme ». L'étude attire l'attention sur le fait que les incidents violents en lien avec les Ouïghours dans la région du Xinjiang – et ailleurs en Chine – ne sont souvent pas aussi prémédités, politiques et aveugles que le suggère le terme « terroriste » par lequel l'État chinois les désigne. Entre les caractéristiques réelles de ces événements et la manière dont le « terrorisme » a été défini par le monde académique en tant que catégorie de violence organisée et préméditée qui vise aveuglément les civils à des fins politiques, il y a un décalage que nous analyserons. L'article soutient que l'État chinois utilise une approche basée sur les acteurs au travers et en vertu de laquelle de nombreux cas de violences liées aux Ouïghours sont représentés comme relevant du terrorisme non pas en raison des caractéristiques de la violence elle-même, mais en raison de l'appartenance ethnique de ceux qui y sont impliqués (à savoir donc les Ouïghours). L'article conclut qu'une telle représentation est analytiquement fallacieuse et politiquement dangereuse.
      This article investigates the systematic framing of Uyghur-related violent unrest in Xinjiang as terrorism by the Chinese state. The study draws attention to how Uyghur-related violent incidents in the region -and elsewhere in China- are often not so premeditated, political, and indiscriminate as their framing as terrorism by the Chinese state suggests. Narrative tensions are identified between the features of such events and dominant scholarly conceptualizations of terrorism as a category of organized and premeditated violence that indiscriminately targets civilians for political purposes. The article argues that the Chinese state uses an actor-based one-size-fits-all approach by which many cases of Uygur-related violence are represented as terrorism not by virtue of the features of the violence, but because of the ethnicity of those involved. Such representation, the article concludes, is analytically deceptive and politically delusional.
    • Forced Confessions as Identity Conversion in China's Concentration Camps - Magnus Fiskesjö p. 28-43 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article se concentre sur les témoignages d'aveux forcés produits depuis 2017 à l'intérieur des « camps de concentration chinois » dans la région ouïghoure. Nous savons que de nombreux détenus doivent passer tous les jours des heures à avouer des fautes commises dans le passé, généralement forcés d'admettre des pulsions religieuses extrémistes et djihadistes, un défaut de loyauté envers le Parti communiste chinois ou bien une fierté excessive vis-à-vis de leur culture indigène. Même si les preuves de ces procédures peuvent sembler fragmentées, je soutiens que ce rituel de confession forcée est au cœur des procédures de « conversion d'identité » mises en place dans les camps de concentration du Xinjiang (Turkestan oriental) et par le moyen desquels on cherche à convertir les peuples autochtones en chinois à l'identité culturelle pure. Je cherche à rassembler et à analyser des exemples et des incidents de telles confessions, dans les camps et dans la société. Je compare ces pratiques de confession forcée avec celles utilisées contre les avocats chinois, les journalistes, les fonctionnaires et d'autres, qui sont souvent affichées à la télévision d'État. La différence étant la suivante : bien que les méthodes se recoupent à certains égards, les détenus Ouïghours autochtones ne sont généralement eux jamais exposés au public via les médias d'Etat. La principale différence restant que le dispositif coercitif des camps vise non seulement à imposer une conformité politique au Parti, mais aussi à produire une véritable conversion d'identité en ce qui concerne l'appartenance ethnique – ce qui équivaut bien à une forme de génocide.
      This article is focused on the testimonies of forced confessions inside the Chinese concentration camps in the Uyghur region, since 2017. We know that many detainees spend hours daily on confessing wrongs in their past, typically forced to admit to religious extremist and jihadist tendencies, insufficient loyalty to the Chinese Communist Party, or excessive pride in indigenous culture. The evidence for these procedures is fragmented, but I nevertheless argue that this ritual of forced confession is at the core of the identity-conversion procedures in the concentration camps in Xinjiang (East Turkestan) which seek to convert indigenous people into a loyal Chinese identity. Here I seek to collate and analyze examples and incidents of such confessions, in the camps, and across society. I also to compare this to the forced confession practices against Chinese lawyers, journalists, officials, and others, who are often displayed on state TV. While the methods overlap in key respects, indigenous detainees are typically never put on public display. The main difference is that procedure in the camps is intended to not only enforce political compliance, but identity conversion with respect to ethnicity — which amounts to genocide.
    • China's Xinjiang propaganda and united front work in Turkey: actors and content - Ondřej Klimeš p. 44-71 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Depuis que le Parti communiste chinois (PCC) a remanié, sous tous ses aspects, sa gouvernance sur le Xinjiang en 2016, ses politiques ont eu un impact pour ainsi dire sur tous les aspects de la vie des Ouïghours, des Kazakhs et des autres communautés ethniques de la région. La crise du Xinjiang est devenue un point de friction important entre une partie de la communauté internationale et la République populaire de Chine (RPC), contraignant le PCC à multiplier les efforts pour endiguer`np pagenum="045"/b cette crise. Cet article explore les acteurs et contenus de la propagande et du travail du Front Uni mené par le PCC en Turquie pour orienter le débat public et les sujets liés au Xinjiang. Cette recherche examine principalement les développements récents dans les relations sino-turques ; la communication des acteurs centraux de la RPC avec les audiences turques ; les efforts du PCC pour établir des liens avec les acteurs politiques locaux et coopter leurs discours publics et réseaux médiatiques ; les mécanismes de communication opérés par l'organisation de visites officielles de journalistes turcs au Xinjiang ; et la propagande du CCP et le travail du Front Uni qui visent les Ouïghours résidant en Turquie, en particulier les commerçants et les étudiants. La discussion resitue les acteurs du CCP turcs et chinois examinés ici dans les systèmes de gouvernance respectifs. Enfin, l'article offre plusieurs exemples de tentatives du PCC d'adapter au contexte local sa propagande et son travail de Front Uni en choisissant le thème de l'Islam. Cette recherche s'appuie sur des sources écrites et des entretiens de l'auteur avec des informateurs ouïghours à Istanbul et Ankara menés en mai, juin et août 2019.
      Since the Chinese Communist Party (CCP) comprehensively recast its governance in Xinjiang in 2016, its policies have impacted virtually all aspects of reality for Uyghurs, Kazakhs, and other ethnic communities in the region. The Xinjiang crisis has become a major point of friction between part of the international community and the People's Republic of China (PRC), obliging the CCP to devote considerable efforts to its containment. This article explores the actors and content of the propaganda and united front work the CCP carries out in Turkey to shape the public debate and affairs relating to Xinjiang. The research mostly investigates recent developments in Sino-Turkish ties, the communication of the PRC's central actors with Turkish audiences, the CCP's efforts to build ties with local political actors and co-opt their public discourse and media networks, the mechanisms of communication effected by official press tours of Turkish journalists to Xinjiang, and the CCP's propaganda and united front work targeting Uyghurs living in Turkey, particularly businessmen and students. The discussion also situates the examined CCP actors within the respective systems (xitong) of governance. Finally, the article presents several instances of the CCP's attempts to localize its propaganda and united front work by adopting the topic of Islam. The research draws on open textual sources and author's interviews with Uyghur informants in Istanbul and Ankara in May, June, and August 2019.
    • National Socialism in China: Rejuvenating the Nation, Socialist Modernisation, and the Mistaken Comparison with Nazism - Axel Dessein p. 72-87 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La compréhension du défi chinois dépend d'une bonne compréhension du régime de la République populaire de la Chine et de son idéologie. Contrairement à l'accent mis sur le caractère communiste de la RPC, cet article soutient qu'il s'agit d'une variante de l'idéologie national-socialiste (NS). Là où l'utilisation de l'analogie historique est difficile, la comparaison avec les nazis rend ce processus encore plus problématique. Les preuves de cette hésitation à invoquer l'analogie se trouvent dans le mélange du nazisme et du fascisme, mais aussi dans les tentatives plus générales d'historicisation de l'idéologie nazie (ou de son absence). Ce système de pensée mérite néanmoins d'être réintroduit dans le débat. Son mariage entre les moyens socialistes et les fins nationales est particulièrement intéressant. Afin d'étudier la validité de cette comparaison nazie sur le cas de la Chine, cet article retrace d'abord les racines de cette idéologie en Bohême et dans l'Allemagne nazie. Il est ensuite appliqué à la persécution de la population ouïghoure du pays, qui est perçue comme une preuve indicative mais non concluante de l'existence d'une idéologie nazie dans la Chine d'aujourd'hui.
      To understand the China challenge depends on a proper understanding of the People's Republic of China's regime and its ideology. Contrary to the contemporary emphasis on the communist character of the PRC, however, this paper argues that it is a variation of the national socialist (NS) ideology. Where the use of historical analogy is fraught with difficulty, the Nazi comparison renders this process even more problematic. Evidence for this hesitance towards invoking the analogy can be found in the conflation of Nazism and fascism but also in the more general attempts at historicising the NS ideology (or the lack thereof). This system of thought deserves nevertheless to be reintroduced into the debate. Particularly its marriage between socialist means and national ends is here worthwhile. To investigate the validity of this Nazi comparison on the case of China, this paper first traces the roots of this ideology to Bohemia and Nazi Germany. It is then applied to the persecution of the country's Uyghur population, which is perceived as indicative yet not conclusive proof for the existence of an NS ideology in China today.
  • Varia

    • La covid-19 et l'urgence de la dette des pays de la CEMAC : cas du Cameroun ? - Fred Eka p. 88-102 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La crise sanitaire sans précédent du COVID-19 a contraint le FMI, la Banque mondiale et le G 20 dans un beau consensus à se prononcer pour un allégement de la dette des pays les plus endettés notamment les pays de la CEMAC, la Chine étant au centre des discussions. Certains craignent qu'une Chine malveillante ne profite de cette crise du COVID-19 pour saisir des actifs stratégiques. D'autres rapportent qu'une Chine bienveillante a déjà « effacé » l'endettement de nombreux pays de la CEMAC. Cependant, on observe une évolution de la dette selon une courbe exponentielle qui semble être dangereuse et pourrait crée une situation de dépendance économique vis-à-vis de la Chine.
      The unprecedented health crisis of COVID-19 has forced the IMF, the World Bank and the G20 in a good consensus to vote for debt relief for the most indebted countries, especially the CEMAC countries, with China in the center of discussions. Some fear that a malicious China may take advantage of this COVID-19 crisis to seize strategic assets. Others report that a benevolent China has already «wiped out» the debt of many CEMAC countries. However, we observe an evolution of the debt according to an exponential curve which seems to be dangerous and could create a situation of economic dependence vis-à-vis China.
  • Note de lecture