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Revue | Revue historique |
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Numéro | no 633, janvier 2005 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Mythes et images. Georges Dumézil au miroir de l'histoire de l'art - M. Galinier p. 3 Les travaux de Georges Dumézil n'ont que rarement porté sur les images ; pourtant certaines de ses réflexions, concernant les mondes celtique et romain, sont rassemblées et commentées ici au miroir des méthodes plus conventionnelles de l'histoire de l'art. L'objectif est de montrer l'intérêt, mais aussi les limites du comparatisme indo-européen pour les spécialistes de l'art antique.The Georges Dumézil's interest focused occasionally on pictures. Some of his remarks, about Roman and Celtic cultures, are collected and commented here, facing the more conventional methods of History of Art. The aim is to show the interest, but also the limits of Indo-European comparatism for Antique art's specialists.
- Y avait-il un "moi" au haut Moyen Âge ? - B.H. Rosenwein p. 31 L'historiographie du « moi » la plus répandue reste encore soumise à des définitions datant du XIXe siècle. Elle pense au mieux que la conscience de soi émerge durant un long XIIe siècle, qui commence vers 1050. Cet article recense et critique les défenseurs de ce point de vue. Pour ce faire, il traite d'un sens du « moi », le « moi émotionnel », et démontre son existence au haut Moyen Âge. Les moments où les gens de cette époque se sont vus eux-mêmes (ou ont imaginé les autres) se convertir à un modèle ont été des expériences révélatrices du « moi » au cours desquelles, de façon privilégiée, ils ont été conscients d'eux-mêmes comme êtres sensibles.The current historiography of the medieval self, still dependent on nineteenth-century definitions, finds a sense of self emerging, at best, during the long twelfth century that began c. 1050. This article surveys and critiques the purveyors of this view. It then turns to one sense of self – an « emotional self » – that certainly existed in the early Middle Ages. The moments in which early medieval people saw themselves (or imagined others) converting to a model were self-revelatory experiences in which people were exceptionally aware of themselves as feeling beings.
- Amitié et rupture de l'amitié. Moines et grands laïcs provençaux au temps de la crise grégorienne (milieu XIe-milieu XIIe siècle) - F. Mazel p. 53 Profondément marquée par l'influence de l'anthropologie, l'historiographie récente des relations entre communautés monastiques et familles aristocratiques aux Xe-XIIIe siècles tend à envisager ces relations de manière structurelle et globale. À l'encontre de cette conception excessivement irénique et à partir du cas de Saint-Victor de Marseille, la présente étude vise à démontrer l'existence, au tournant des XIe et XIIe siècles, d'une grave crise de l'amicitia tissée entre moines et puissants laïcs à l'époque du renouveau monastique des années 950-1030. Cette crise transparaît aussi bien à travers la nature nouvelle des conflits locaux qu'au niveau plus général des échanges matériels et symboliques entre moines et grands laïcs, et se traduit par une radicalisation de la critique monastique à l'égard de la seigneurie laïque. Elle concourt à la profonde transformation des relations entre l'aristocratie et l'Église dans le cadre de l'émergence de la société postgrégorienne.Deeply influenced by anthropology, the recent historiography dealing with the relationships between monastic communities and aristocratic families in the Xth-XIIIth centuries tend to see more and more those relationships in a global and structural way. In contrast with this excessively irenic view, and based upon the example of Saint-Victor of Marseille, this study aims at showing the existence, at the end of the XIth century and beginning of the XIIth, of a deep crisis in the amicitia binding the monks and the powerful laity at the time of the monastic revival of the years 950-1030. This crisis is revealed both by the new nature of the local conflicts and by the changes occurring at the more general level of the material and symbolic exchanges between the monks and the upper laity. One of its major consequences is to be found in a growing radicalization of the monastic criticisms against the laic lordship. It plays a significant role in the deep change affecting the relationship between the aristocracy and the Church as part of the emergence of the post-gregorian society.
- Le ravage du Palatinat ; politique de destruction, stratégie de cabinet et propagande au début de la guerre de la Ligue d'Augsbourg - J.P. Cénat p. 97 Le ravage du Palatinat par les troupes françaises en 1688-1689 est en fait la combinaison de trois méthodes de guerre qui ne sont pas nouvelles, mais qui ont été utilisées sur une plus grande échelle et de manière systématique : la levée de contributions, la tactique de la terre brûlée et la destruction des places fortes. Ces opérations, planifiées de manière empirique, progressive et rationnelle par Louis XIV, Chamlay et Louvois dans le cadre de la stratégie de cabinet, visaient à priver les ennemis des bases d'opération et des moyens de subsistance qui leur permettraient d'attaquer le royaume. Ces destructions furent un échec diplomatique car elles contribuèrent à liguer l'Europe contre la France et elles suscitèrent une grande indignation, largement amplifiée par la propagande protestante. Sur le plan militaire, malgré leur ampleur, les destructions furent incomplètes et insuffisantes, faute de moyens et de temps et parce que les ordres ne furent pas toujours bien exécutés par les officiers sur le terrain. Cependant cette stratégie fut à nouveau utilisée par les militaires au XVIIIe siècle.The devastation of the Palatinate by the french troops in 1688-1689 is actually the combination of three ways of doing war which aren't new but have been systematically used on a larger scale : the collection of contributions, the scorched earth policy and the destruction of fortified places. These operations, empirically, gradually and rationally planed by Louis XIV, Chamlay and Louvois within the stratégie de cabinet, aimed to deprive the enemies of supply bases and means which could allow them to attack the kingdom of France. These destructions were a diplomatic failure because they contributed to league Europe against France and caused a great indignation, largely amplified by protestant propaganda. Militarily speaking, in spite of their extent, the destructions were incomplete and insufficient, through lack of means and time and because orders were not always well executed by officers in the field. However this strategy has been used again by the army in the XVIIIth century.