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Revue Sciences Sociales et Santé Mir@bel
Numéro vol. 38, no 4, décembre 2020
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'accès au diagnostic de la maladie d'Alzheimer en milieu rural - Mickaël Blanchet p. 5-33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les délais de diagnostic de la maladie d'Alzheimer sont inégaux entre les pays européens. Au-delà de ces inégalités régionales, l'inégale répartition des médecins généralistes qui contribuent à détecter la maladie et à orienter les malades vers les lieux de diagnostic localisés dans les hôpitaux, suscite en France des interrogations sur la détection et le diagnostic local de la maladie. L'article met en évidence la moindre reconnaissance par le système de soins de la maladie dans l'espace rural et le fait que l'accès des patients ruraux aux lieux de diagnostic localisés en ville est fonction de leur environnement familial, de leur origine sociale et de leurs relations avec le médecin généraliste.
    The timeframe for diagnosing Alzheimer's disease varies between European countries. Beyond regional inequalities, the unequal distribution of general practitioners, who contribute to detecting the disease and referring patients to diagnostic sites located in hospitals, raises questions about the local diagnosis of the disease in France. This article highlights the lower recognition of the disease by the healthcare system in rural areas and the fact that rural patients' access to diagnostic sites located in cities depends on their family environment, their social origin, and their relations with their general practitioner.
  • Rapports sociaux et diagnostic d'Alzheimer : Commentaire - Aude Béliard p. 35-45 accès libre
  • Intervenir sur un autre territoire professionnel. Équipes mobiles et services « sédentaires » à l'hôpital - Michel Castra, Ivan Sainsaulieu p. 47-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'expérience des équipes mobiles intra-hospitalières en gériatrie et soins palliatifs est l'occasion d'interroger les conditions de possibilité d'une organisation prônant la collaboration entre professions, services et disciplines. Les équipes mobiles étudiées ont des atouts dans cette entreprise : issues de pratiques pluridisciplinaires, elles drainent des volontaires armés de fortes convictions éthiques et reposent sur un fonctionnement collectif. Néanmoins, elles se heurtent à une organisation hospitalière aux frontières plus rigides, reposant sur une médecine spécialisée soucieuse de ses prérogatives, notamment dans le cadre du CHU où les équipes mobiles peinent davantage à se faire accepter. Leur mission de confort du patient âgé ou en fin de vie est plus légitime que leur positionnement disciplinaire dans le champ médical. Elles sont ainsi conduites à user de diverses tactiques pour se faire accepter, au prix d'une insatisfaction professionnelle, voire d'une usure morale, notamment pour les médecins mobiles qui vivent mal leur manque de maîtrise de la prise en charge des patients suivis par les collègues des services sédentaires. Elles trouvent des appuis inégaux dans les services et s'en remettent à leurs réseaux informels. Elles comptent un allié potentiel parmi les infirmières des services, sensibilisées à la question du confort du patient âgé ou en phase palliative, mais n'ont pas la possibilité institutionnelle de passer par elles du fait du contrôle médical du patient.
    The experience of intra-hospital geriatrics and palliative care mobile teams is an opportunity to examine the conditions of possibility for an organization promoting collaboration between professions, services, and disciplines. Mobile teams, investigated using qualitative methods (semi-structured interviews and observations), present advantages in this respect: they attract volunteers with strong ethical convictions that complement each other. Nevertheless, they come up against a hospital organization based on specialized medicine preoccupied by its prerogatives and borders, in particular in teaching hospitals (CHUs). Mobile teams have difficulty being accepted and endure professional dissatisfaction, even moral exhaustion, in particular among practitioners. To gain acceptance, they invent diplomatic ways that mix self-restraint, bargaining, fighting against ageism, and the activation of personal networks.
  • Les équipes mobiles : des entrepreneurs institutionnels en faveur des « territoires » du care et du parcours ? : Commentaire - Philippe Mossé, Corinne Grenier p. 75-84 accès libre
  • L'aidant familial marocain à l'épreuve de la maladie mentale : fardeau, stigmatisation et stratégies de coping - Khadija Zouitni p. 85-112 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Suite à la désinstitutionalisation des soins psychiatriques que le Maroc a connue vers les années 70, la famille, longtemps considérée comme responsable de la maladie du proche patient, est devenue un partenaire privilégié de soins. Ce changement a eu comme résultat le transfert d'une part importante des responsabilités de l'hôpital et de l'État aux familles en les obligeant à côtoyer la maladie mentale de près et au quotidien. Le but de cet article est d'explorer le vécu des aidants familiaux marocains qui prennent en charge un proche atteint d'un trouble mental. Des entretiens semi-directifs ont permis d'approcher l'expérience de 30 aidants et ont fait ressortir que ces derniers souffrent d'un lourd fardeau : bouleversements des relations familiales, perturbation des activités professionnelles, réactions émotionnelles pénibles, sentiment de culpabilité. De même, la crainte de l'imprévisibilité et de la dangerosité potentielle du proche malade imprègne le vécu des familles et mène parfois à la perte des liens sociaux. De fait, l'hospitalisation constitue un répit qui soulage les aidants temporairement de leur fardeau malgré le spectre de la stigmatisation qui entoure encore l'hôpital psychiatrique. L'analyse des entretiens montre aussi que face à ce vécu difficile, teinté de peur et de stigmatisation, les aidants développent des stratégies d'adaptation (coping) afin de pouvoir continuer à prendre soin de leur proche.
    Following the deinstitutionalization of psychiatric care in Morocco in the 1970s, families, long considered responsible for the illness of their relative, have become privileged partners in care. This change has resulted in the transfer of a significant part of hospital and state responsibilities to families, forcing them to deal with mental illness closely and on a daily basis. This paper aims to explore the experience of Moroccan family caregivers who take care of a relative suffering from a mental disorder. Semi-structured interviews were conducted with thirty caregivers, showing that the latter carry a heavy burden, related in part to the disruption of family relationships and professional activities, painful emotional reactions, and feelings of guilt. Likewise, fear of the unpredictability and potential danger of the unwell relative permeates the experiences of families and sometimes leads to the loss of social ties. Therefore, hospitalization is a respite that temporarily relieves caregivers of their burden despite the specter of stigma still surrounding the mental hospital. Analysis of the interviews also shows that, faced with this difficult experience mixing fear and stigma, caregivers develop coping strategies in order to be able to continue to take care of their relative.
  • L'accompagnement familial face à la pathologie psychique : du fardeau aux capabilités par faveur. Une alternative au coping : Commentaire - Martine Bungener p. 113-118 accès libre