Contenu du sommaire : Transition énergétique

En plus d'être une réponse évidente au réchauffement climatique, la production locale d'énergies renouvelables et plus largement la transition énergétique sont créatrices d'activité, d'emplois et de ressources financières dans les territoires, à plus forte raison si elles s'appuient sur l'utilisation de ressources, matériaux et savoir-faire locaux.

Longtemps tenus à l'écart de la question énergétique, les citoyens s'en emparent désormais sous de multiples formes : production d'électricité par l'éolien ou le photovoltaïque, investissement dans des chaufferies collectives au bois, des centrales hydroélectriques ou des unités de méthanisation, constitution de communautés d'énergie citoyenne… La loi sur l'autoconsommation devrait accentuer la tendance, même si la résistance au renouvelable s'organise (phénomène NIMBY).

Pour atteindre les objectifs de sobriété énergétique qui avancent dans les esprits, les injonctions au seul changement de comportement individuel ne peuvent suffire et ne seront qu'un pansement tant que l'on n'agira pas sur la demande et que le modèle de développement encouragera la surconsommation.

De Vienne à Barcelone, d'Helsinki à Dunkerque, les exemples ne manquent pas de ces villes qui ont déployé des stratégies de neutralité climatique, visant parfois des objectifs de souveraineté énergétique et une transition plus vaste dans l'ensemble des domaines. Il reste souvent à préciser de quelle neutralité l'on parle, ainsi que les moyens de concertation à mettre en œuvre avec les citoyens.

Pour viser la maîtrise de l'énergie, il est nécessaire aujourd'hui de construire un nouveau récit commun du paysage urbain et rural : des bassins de vie plus resserrés, des densifications d'usages sur un même lieu, des échanges humains accrus… Si des démarches existent, mises en valeur par l'École nationale supérieure de paysage (ENSP), la sobriété énergétique est encore peu palpable.

Sous les projecteurs depuis l'élection de l'écologiste Éric Piolle en 2014, et encore plus depuis que celui-ci revendique des ambitions nationales, Grenoble fait partie des métropoles désormais scrutées en matière de politique de transition écologique et sociétale. Avant d'examiner de plus près les résultats concrets dans nos prochains numéros, l'analyse porte ici sur la stratégie politique adoptée et le choix revendiqué d'une politique de récit et événementielle.

À cheval sur l'Indre et le Cher, marqué par un paysage verdoyant fait de vallons et de bocages, le Boischaut Sud, territoire affecté par les problématiques caractéristiques de nombreux territoires ruraux, voit depuis plusieurs années les initiatives alternatives essaimer. La dynamique de transition prend aujourd'hui de l'ampleur et se concrétise dans la démarche « Boischaut Sud en Transition », qui rassemble les forces vives et refonde le rapport au territoire.

À des endroits différents, ils incarnent la nouvelle génération de l'engagement écologique et solidaire face aux crises climatique, biologique (biodiversité, pandémies), sociale et démocratique que nous traversons. Maire de Poitiers à 30 ans, Léonore Moncond'huy expérimente à l'échelle d'une ville moyenne un nouveau logiciel politique, en rupture avec les pratiques descendantes, patriarcales et dirigistes du siècle passé. Initiateur de la collapsologie, chercheur et co-fondateur du magazine Yggdrasil, Pablo Servigne s'est imposé comme une figure majeure de la pensée radicale sur l'effondrement et le changement de modèle de société. DARD/DARD les a fait se rencontrer pour nourrir le nouveau récit à construire. Autant le dire d'emblée : entre eux, ça a « matché » !