Contenu du sommaire : La Chine mondialisée : champs, acteurs et pratiques

Revue Perspectives chinoises Mir@bel
Numéro no 2020/4
Titre du numéro La Chine mondialisée : champs, acteurs et pratiques
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier

    • La Chine mondialisée au-delà de l'Initiative Belt and Road - Ivan Franceschini p. 3-5 accès libre
    • La création de l'Administration nationale de l'immigration : changement et continuité des réformes de l'immigration en Chine - Tabitha Speelman p. 7-18 accès libre avec résumé
      En 2018, le gouvernement chinois a créé l'Administration nationale de l'immigration (ANI), la première agence de niveau national spécifiquement chargée des questions d'immigration. En s'appuyant sur une analyse des politiques publiques et sur des entretiens avec des experts, cet article examine dans quelle mesure la création de l'ANI et ses premières années de fonctionnement sont le signe d'une nouvelle approche étatique de l'immigration, caractérisée jusqu'ici par une attention limitée à la gestion et au contrôle des entrées et des sorties. Alors que l'ANI normalise un discours étatique plus complet sur l'immigration, sa dépendance au sein de la bureaucratie chinoise et le caractère toujours sensible du récent statut de la Chine comme pays de destination migratoire entravent des réformes plus fondamentales.
    • Allier l'aide aux contrats : le rôle des projets internationaux dans l'aide chinoise au développement - Hong Zhang p. 19-31 accès libre avec résumé
      La place des intérêts commerciaux dans les projets chinois d'aide au développement à l'étranger est largement reconnue par la recherche. Pourtant, le rôle des entreprises chinoises participant à ce type d'activités est relativement peu étudié. En recoupant des informations issues de sources primaires, cet article observe l'histoire de l'aide de la Chine aux pays étrangers du point de vue de sa participation aux contrats de construction internationaux, ces deux éléments étant étroitement liés dans le cas de ce pays. Identifiées par l'État chinois comme un moyen stratégique d'exporter de la main-d'œuvre, des produits industriels, des technologies, des compétences managériales et des capitaux, les entreprises chinoises du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) opérant à l'étranger ont bénéficié d'un soutien politique appuyé leur permettant de se hisser au rang de multinationales actives partout dans le monde. J'utilise le concept d'« alliance aide-contrats » (aid-contracting nexus) pour souligner le lien entre la diplomatie économique et la stratégie nationale de développement économique de la Chine. L'« alliance aide-contrats » fournit un prisme critique pour analyser l'aide au développement de la Chine, notamment les raisons pour lesquelles elle s'est principalement concentrée sur les infrastructures, ainsi que la confusion conceptuelle autour des financements chinois du développement. Cette analyse aborde également les accusations répandues selon lesquelles les pratiques chinoises de prêts sont prédatrices et enferment les débiteurs dans un « piège de la dette », en mettant en lumière la logique mercantiliste comme explication alternative à ces allégations. Nous montrerons enfin en quoi l'évolution du modèle commercial des entreprises chinoises de BTP à l'étranger est susceptible de poser de nouveaux défis aux relations internationales chinoises.
    • La Fédération nationale des syndicats de Chine part à l'étranger : le cas du Cambodge - Ivan Franceschini p. 33-41 accès libre avec résumé
      Ces dernières années, la Fédération nationale des syndicats de Chine (FNSC), le seul syndicat autorisé en Chine, n'a eu de cesse d'affirmer sa présence sur la scène internationale. Les amendements successifs apportés à sa constitution imposent non seulement à la FNSC de soutenir l'initiative Belt and Road aux côtés des autorités chinoises, mais aussi d'imprimer sa marque sur le mouvement syndical international. À travers les témoignages de syndicalistes locaux, cet article examine comment la FNSC s'efforce d'atteindre ces objectifs au Cambodge, pays où le volume des investissements chinois est très important. Il montre comment la Fédération soutient avec constance les acteurs cambodgiens locaux pro-gouvernementaux, habituellement négligés par le mouvement syndical international, en leur fournissant une aide matérielle ainsi que des opportunités de voyage à l'étranger. L'article soutient que l'impact de ces activités ne doit pas être négligé dans la mesure où leur alignement avec l'agenda illibéral des autorités cambodgiennes et les priorités des employeurs pourrait bouleverser le paysage du syndicalisme au Cambodge.
    • Les travailleurs chinois et leur « travail linguistique » : jeux d'argent en ligne aux Philippines et casinos en Zambie - Alvin Camba, Hangwei Li p. 43-52 accès libre avec résumé
      Notre article examine le rapport entre les capitaux chinois liés aux jeux d'argent, l'exploitation par le travail et la migration de la main-d'œuvre. En nous concentrant sur les jeux d'argent en ligne philippins et les casinos basés en Zambie, nous montrons en quoi l'accumulation de capital dans le secteur du jeu repose sur le « travail linguistique » des travailleurs chinois pour faciliter la communication en ligne ou sur place entre les joueurs et les sociétés. Financées par des Chinois, ces dernières doivent continuellement faire venir des travailleurs chinois par des filières à la fois légales et illégales. Après avoir migré, les travailleurs sont privés de recours extérieur en raison des liens établis entre les entreprises et les élites des pays d'accueil ainsi que du statut illégal du jeu en Chine. Les entreprises peuvent arbitrairement augmenter les heures de travail et imposer à leurs employés des conditions de travail abusives. La dépendance des capitaux du jeu à l'égard du travail linguistique des employés et le statut juridique obscur de cette industrie ouvrent des voies à l'exploitation des travailleurs et à la multiplication des sites d'extraction de capitaux chinois.
    • L'implication des acteurs chinois à l'étranger dans le secteur du recyclage des déchets - Yvan Schulz accès libre avec résumé
      Cet article s'intéresse au caractère protéiforme de l'implication de la Chine, à l'étranger, dans le secteur du recyclage des déchets. À partir de sources primaires et d'entretiens menés par l'auteur, il recense les facteurs qui, à différentes époques, ont conduit les entreprises de récupération et de recyclage chinoises à étendre le champ de leur activité professionnelle au-delà des frontières de leur pays d'origine. En s'appuyant sur de récents travaux de recherche consacrés aux déchets, l'auteur soutient qu'il est nécessaire d'aller au-delà du discours sur le dumping environnemental afin de mieux comprendre la politique nationale chinoise et ses conséquences. Ce discours constitue la principale justification officielle de l'interdiction d'importer des déchets recyclables prononcée par le gouvernement central au cours des dernières années. Cependant, tout porte à croire qu'en adoptant une politique restrictive en matière de commerce international des déchets, le gouvernement central a cherché d'abord et avant tout à soutenir le secteur de la gestion des déchets solides au niveau des municipalités chinoises. Par ailleurs, le soutien officiel aux acteurs industriels nationaux permet à certaines entreprises chinoises d'émerger en tant que prestataires de services de collecte et de recyclage des déchets au niveau international. La tendance décrite dans cet article n'en est qu'à ses débuts ; elle marque la transition d'une mondialisation par le bas vers une mondialisation par le haut.
  • Comptes rendus de lectures