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Revue | Revue de science criminelle et de droit pénal comparé |
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Numéro | no 4, octobre-décembre 2020 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Doctrine
- L'interdit de l'analogie en droit pénal de l'Union : entre principe de sauvegarde et exigences d'effectivité - Giovanni Manzoni p. 847-869 Le présent article analyse le statut et les implications de l'interdit de l'analogie en matière pénale au sein du droit de l'Union. Le but de la recherche est de vérifier dans quelle mesure le principe est reconnu en tant que corollaire de la légalité pénale européenne. En particulier, la réflexion se penche sur les tensions potentielles avec des principes majeurs de l'ordre juridique de l'Union, tels que la primauté et l'effet utile. AbstractLe présent article analyse le statut et les implications de l'interdit de l'analogie en matière pénale au sein du droit de l'Union. Le but de la recherche est de vérifier dans quelle mesure le principe est reconnu en tant que corollaire de la légalité pénale européenne. En particulier, la réflexion se penche sur les tensions potentielles avec des principes majeurs de l'ordre juridique de l'Union, tels que la primauté et l'effet utile.La Cour de justice a reconnu le principe lex stricta comme faisant partie du principe de légalité inscrit à l'article 49 de la Charte, dans une série d'arrêts rendus à propos de directives. Les différentes conceptions de la légalité qui émergent de la culture juridique européenne, tout comme la nature éminemment téléologique du droit de l'Union, se reflètent dans les incertitudes de la jurisprudence de la Cour de justice.L'article s'emploie à approfondir l'analyse de cette jurisprudence au regard de concepts clés : l'obligation d'interprétation conforme par les juges nationaux, les obligations d'effectivité et d'équivalence qui découlent du droit primaire et les limites du pouvoir d'interprétation de la Cour de justice s'agissant des normes européennes appelées à intégrer une disposition d'incrimination nationale.Il est argué que le principe fait partie de la légalité pénale européenne qui reconnaît le rôle primordial et, en principe, exclusif joué par le législateur. Toutefois, en cas de conflit avec d'autres obligations découlant du droit primaire, la portée de la légalité est réduite à un seuil minimal. Ce seuil correspond à celui de la prévisibilité raisonnable élaboré par la Cour de Strasbourg et n'empêche pas une transgression significative de l'interdiction de l'analogie. Des conclusions similaires s'imposent par rapport au respect du principe lex stricta par la Cour elle-même s'agissant de l'exégèse du droit de l'Union.The present work analyses the role and the implications of the prohibition of analogy in criminal matters within EU law. The aim of the research is to verify to what extent the prohibition represents a corollary of the European legality principle. In particular, it tackles the possible tensions with some founding principles of the European juridical order, such as primacy and the utile effect. AbstractThe present work analyses the role and the implications of the prohibition of analogy in criminal matters within EU law. The aim of the research is to verify to what extent the prohibition represents a corollary of the European legality principle. In particular, it tackles the possible tensions with some founding principles of the European juridical order, such as primacy and the effet utile.The Court of Justice has recognised the principle of lex stricta as part of the principle of legality, enshrined in Article 49 of the Charter, in a series of judgements concerning directives. The different conceptions of legality emerging from European juridical heritage, as well as the eminently teleological nature of EU law, are nonetheless reflected in the uncertainties existing in the jurisprudence of the Court of Justice.The article scrutinises this jurisprudence with regard to some key concepts : the obligation to interpret national law in conformity with EU law, the requirements of effectiveness and equivalence deriving from primary law and the limits faced by the Court of Justice when interpreting European rules that are incorporated in national criminal provisions.It is submitted that the prohibition of analogy is part of the European legality principle, which recognises the primary and, in principle, exclusive role played by the legislator in criminal matters. However, in case of contrast with other obligations of primary law the reach of the legality principle is limited. This minimal protection corresponds to the concept of reasonable foreseeability elaborated by the Court of Strasbourg and does not exclude a substantial disregard for the prohibition of analogy. A similar conclusion is to be drawn with regard to the respect of the principle of lex stricta by the Court of Justice itself, when interpreting EU law.
- Coup de projecteur sur le recul silencieux de l'infraction continue en droit pénal - Marthe Bouchet p. 871-885 L'infraction continue, celle dont l'exécution se prolonge dans le temps, est une catégorie d'infraction bien ancrée dans la théorie générale du droit pénal. Cependant, cette notion semble être en net recul, le débat sur le caractère continu de l'infraction devenant de plus en plus souvent secondaire. Le recul de l'infraction continue s'explique de deux façons. D'une part, le législateur a consacré d'autres notions, qui restreignent la place de l'infraction continue. D'autre part, la jurisprudence semble se détourner de l'infraction continue, pour ne pas risquer de heurter le principe ne bis in idem, en plein essor aujourd'hui.Continuing offense, which involves an ongoing course of conduct, is a category of offense that is well established in criminal law theory. However, this concept appears to be set aside as the debate on the continuing nature of the criminal offense is becoming secondary. There are two reasons for this shift. On the one hand, criminal law has recognized other notions, which restrict the place of the continuing offense. On the other hand, the case-law seems to turn away from the continuing offense, in order to respect the ne bis in idem principle which is booming today.
- La rétroactivité des lois pénales de mise en œuvre du Statut de Rome dans le contexte de la République démocratique du Congo : un bon vieux vin dans des outres neuves ? : (Suite et fin) - Jacques B. Mbokani p. 887-907 Le principe de la non-rétroactivité des lois pénales s'applique-t-il aux lois de mise en œuvre du Statut de Rome lorsque de telles lois incorporent, en droit interne, les crimes visés dans ce texte international ? La question ainsi énoncée se pose de façon particulière dans le contexte de la RDC où, d'un côté, des atrocités graves ont été perpétrées depuis les années 1990 ; et, de l'autre côté, la ratification du Statut de Rome est intervenue en avril 2002 et les lois de mise en œuvre de ce texte international ne sont intervenues qu'en 2015, soit 13 ans après l'entrée en vigueur du Statut de Rome à l'égard de la RDC. Le cadre juridique de la répression des crimes antérieurs tant aux lois de 2015 qu'à la date d'entrée en vigueur du Statut de Rome le 1er juillet 2002 n'étant pas clairement perceptible dans ce contexte, la présente étude se propose de démontrer que la possibilité de faire rétroagir les lois de 2015 repose (I) sur le caractère purement déclaratif desdites lois et (II) sur le fait que ces lois portent sur des crimes de droit international coutumier dont il existe, à charge de la RDC, une obligation d'en poursuivre les responsables, à défaut de les extrader, même en l'absence d'une législation nationale incriminant de tels comportements.Does the principle of non-retroactivity of criminal laws apply to the laws implementing the Rome Statute when such laws incorporate, in domestic law, the crimes covered in this international text ? This is particularly relevant in the context of the DRC, where, on the one hand, serious atrocities have been perpetrated since the 1990s ; and, on the other hand, the ratification of the Rome Statute took place in April 2002 and the laws implementing this international treaty did not take place until 2015, 13 years after the Rome Statute came into force with regard to the DRC. As the legal framework for the prosecution of crimes prior to both the 2015 laws and the date of entry into force of the Rome Statute on 1st July 2002 is not clear in this context, this study proposes to demonstrate that the possibility of a retroactive application the 2015 laws is based (i) on the purely declarative nature of these laws and (ii) on the fact that these laws relate to crimes under customary international law for which there is an obligation to prosecute those responsible even in the absence of national legislation incriminating such conduct.
- L'interdit de l'analogie en droit pénal de l'Union : entre principe de sauvegarde et exigences d'effectivité - Giovanni Manzoni p. 847-869
Chroniques
- Droit pénal général - Xavier Pin p. 909-927
- Infractions contre les personnes - Yves Mayaud p. 929-941
- Infractions contre les biens - Haritini Matsopoulou p. 943-952
- Infractions relevant du droit de la concurrence - Marie-Christine Sordino p. 953-960
- Infractions relevant du droit social - Agnès Cerf-Hollender p. 961-965
- Procédure pénale - Jean-Paul Valat p. 967-974
- Droit pénal - Guillaume Beaussonie, Marc Segonds p. 975-982
- Chronique de droit pénal constitutionnel - Antoine Botton p. 983-990
- Droit de l'Union européenne : Chronique de droit et de jurisprudence de l'Union européenne - Juliette Tricot p. 991-1026
- Droit pénal international - Gilbert Bitti p. 1027-1068
- Chronique de police - Olivier Cahn p. 1069-1114
Informations
- Le droit pénal italien à l'épreuve de la covid : un problème à gérer plus qu'un outil de gestion - Carlo Sotis p. 1115-1122
Bibliographie
- Notes bibliographiques - Ennio Amodio, Dominique Luciani-Mien, Eliabel Agard p. 1123-1131