Contenu du sommaire : Vies du livre en régime numérique

Revue Communication & Langages Mir@bel
Numéro no 207, mars 2021
Titre du numéro Vies du livre en régime numérique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Bande dessinée

    • « Elle te plaît pas ma sœur ? » : Astérix, Palo Alto et A. J. Greimas ou l'intelligence synthétique de la bande dessinée - Pascal Robert p. 3-23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La bande dessinée franco-belge relève d'un système de contraintes éditoriales, lié à la prépublication en revue, puis en albums standardisés qui entraîne la nécessité de la concision. Lorsque le scénariste est de l'envergure de R. Goscinny la contrainte est transcendée et permet l'expression d'une forme d'intelligence extrêmement ramassée. Cet article voudrait montrer, sur l'exemple de deux planches d'Astérix en Corse, que son dépliement/déploiement exige de recourir à deux puissantes théories de sciences sociales, celle de Palo Alto et celle de la sémiotique narrative et discursive, pour en évaluer toute la richesse. Ce qui permet de qualifier, en effet, cette intelligence de la bande dessinée comme intelligence d'une rare capacité de synthèse.
      The French-Belgian comic strip is subject to a system of editorial constraints, linked to pre-publication in specialized journals, then in standardized albums, which leads to the need for conciseness. In the case of a writer of the stature of R. Goscinny, the constraint is transcended and allows the expression of an extremely compact form of intelligence. This article would like to show, using the example of two Asterix in Corsica boards, that its unfolding requires the use of two powerful social science theories, that of Palo Alto and that of narrative and discursive semiotics, to assess its full richness. This makes it possible to qualify, indeed, this intelligence of the comic strip as an intelligence with a rare capacity for synthesis.
  • Vies du livre en régime numérique

    • Le livre ? Plus que jamais, le livre ! - Olivier Bessard-Banquy, Oriane Deseilligny p. 25-45 accès libre avec résumé
      Le livre est en pleine révolution mais non pour les raisons que l'on croit souvent. Ce n'est pas tellement le support numérique en soi qui bouleverse les pratiques, car en l'état il est peu susceptible de porter le livre ou le texte au cœur des foyers. Le livre électronique – étrange appellation – n'a que très peu séduit et même aux États-Unis il semble avoir atteint ses limites. Ce sont les pratiques culturelles qui changent, le remplacement des anciennes générations formées par les livres auxquelles se substituent de nouveaux lecteurs plus attirés par les lectures sérielles portées par les réseaux. Tout cela change la face de l'édition et de la librairie. Qu'en est-il des nouveaux modes de lecture ? De prescription des volumes ? Le livre n'est-il plus qu'un médium parmi d'autres, toujours populaire mais en complément ou en lien avec les séries, les réseaux ? N'est-il plus qu'un moyen de créer du lien ? Et de nourrir des pages web où se met en scène la vie de l'homo numericus ? Quid de l'écosystème du livre ? N'assistons-nous pas à la fin de la distinction entre auteurs, éditeurs, lecteurs, les mêmes étant un peu tout à la fois, lecteurs d'abord, influenceurs ensuite sur les réseaux, ou critiques sur le web, revendeurs de livres sur des plateformes ad hoc, prescripteurs sollicités par les maisons, et finalement auteurs ou professionnels du livre ?
    • Glissements dans l'édition de fiction : confusion des genres ou altération de la littérature ? - Oriane Deseilligny p. 47-64 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir du constat de certaines mutations à l'œuvre dans le secteur éditorial sur le plan des stratégies menées par des éditeurs passés d'une maison à l'autre, nous interrogeons dans cet article l'idée d'un brouillage des genres de fiction et analysons le jeu qui se fait jour entre différents régimes de littérature. Du succès du secteur du feel good aux formes nouvelles de construction de la qualité qui valorisent l'émotion et le jugement de goût, est posée la question des formes de captation de l'attention d'un lectorat lui-même en pleine mutation, mais aussi celle de l'altération du littéraire. En étudiant certains cas d'auteurs qui se situent sur plusieurs scènes littéraires, nous analysons les stratégies éditoriales qui visent à transformer le regard sur un auteur ou à déplacer l'étiquetage des genres.
      This article aims at analyzing several movements in French publishing, by observing the strategies of newly hired editors and a series of interferences between popular and highbrow literature, which impact the literary boundaries of fiction genres. How can publishers reach or catch a certain rate of public attention while reading uses and readers profiles are changing? We try to answer this question by examining the cases of diverse French authors, along with current editorial and marketing strategies that tend to shape their images and their ascribed genres.
    • Tasses de café et fleurs séchées. Plongée dans l'univers Bookstagram - Christelle Rogues p. 65-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le réseau Instagram est devenu en peu de temps le réseau central de mise en scène du livre dans un monde démocratique où les lecteurs organisent en vitrines le fil de leurs lectures et mettent en scène leurs goûts, dans la quête souvent criante du buzz ou du like. Qui sont ceux qui sont devenus les influenceurs ? Dans quelle mesure les professionnels du livre peuvent-ils les récupérer voire les manipuler ? Ces comptes peuvent-ils être trafiqués ? Le nombre d'abonnés truqué ? Ces bricoleurs de la mise en scène numérique sont-ils de purs amateurs désintéressés ou des aspirants professionnels désireux de monnayer la visibilité de leurs pages ou de leurs posts ? Et quel impact ont-ils sur la réalité des ventes ? Que penser des prix de blogueurs ou des défis de lectures qui sont lancés par ces réseaux ? 
      Instagram has quickly become the central social network for staging books in a world where readers organise the thread of their readings in showcases and display their tastes, in an usual quest for clout or likes. Who are those who have become the influencers? To what extent can book professionals recover or even manipulate them? Can these accounts be tampered with? Can the number of subscribers be ‘rigged'? Are these digital content creators pure disinterested amateurs or aspiring professionals who want to monetize the visibility of their pages or posts? And what impact do they have on the reality of sales? What about the blogger awards or reading challenges that are launched by these social networks?
    • Pourquoi faire livre à l'ancienne ? Des nouvelles formes d'auto-édition sur le web - Stéphanie Parmentier p. 93-107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis des siècles, la fabrication d'un livre a toujours exigé le savoir-faire d'un éditeur. Tout écrivain souhaitant être publié et atteindre les étals des librairies devait de facto suivre le chemin éditorial qu'ont tracé les grandes maisons de l'édition depuis plus d'un siècle. Toutefois, avec l'arrivée dans les années 1990 du web, de nouveaux circuits éditoriaux, comme la plateforme d'auto-édition de type Kindle Direct Publishing (KDP) d'Amazon, vont voir le jour, donnant la possibilité aux auteurs de faire livre par eux-mêmes. N'importe quel auteur peut aujourd'hui se publier très rapidement sans passer par le chemin balisé d'un professionnel de l'imprimé. À quoi bon attendre des semaines ou des mois l'éventuelle réponse d'un éditeur, jusqu'ici incontournable, pour éditer son manuscrit quand on peut le créer et le publier en quelques instants, en toute autonomie, sur internet ?
      Instagram has quickly become the central social network for staging books in a world where readers organise the thread of their readings in showcases and display their tastes, in an usual quest for clout or likes. Who are those who have become the influencers? To what extent can book professionals recover or even manipulate them? Can these accounts be tampered with? Can the number of subscribers be ‘rigged'? Are these digital content creators pure disinterested amateurs or aspiring professionals who want to monetize the visibility of their pages or posts? And what impact do they have on the reality of sales? What about the blogger awards or reading challenges that are launched by these social networks?
    • Recyclage, transmission, don et contre-don. Le livre et ses nouvelles vies d'occasion - Olivier Bessard-Banquy p. 109-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le livre, pour certains, est toujours l'objet d'un culte et, si l'on peut dire, d'une mise en bibliothèque privée. Mais de plus en plus s'organise une autre vie du livre, mouvante, itinérante. Objet désormais de peu d'importance, souple, maniable, peu cher, il se prête, s'échange, se donne aisément, comme tout se partage sur les réseaux. Les boîtes à livres ont fleuri partout et une entreprise comme Recyclivre a fondé son développement sur la capacité des gens à donner leurs livres pour soutenir de bonnes œuvres. Cette nouvelle vie du livre est-elle le témoin d'un grand désir de vivre dans l'échange, la générosité, la transmission ? Le livre a-t‑il perdu de son prix, de son importance patrimoniale ? Le discours écologiste pousse-t‑il lui aussi à préférer le tri et le recyclage à la consommation de livres neufs ? Qui sont les passeurs du livre qui profitent de ce gigantesque marché d'échange ? L'occasion n'est-elle pas en train de grossir au détriment du neuf ? Et derrière cette nouvelle vie du livre en mouvement ne se cache-t‑il pas un léger refus du grand gâchis d'une édition productiviste qui assomme par des milliers de titres parfois sans grand intérêt ?
      New books are still very important to those who keep buying hundreds of them as can be seen in the numerous “shelfies” on Instagram. But more and more, another life of the book is taking shape. Used books seem to move from hand to hand and increasing numbers of people are getting used to buying old copies over the web. Modest objects, so cheap and easy to handle, books can be borrowed and exchanged, offered among friends. Public bookcases have sprouted up in almost every village in France and a company like Recyclivre has taken advantage of this generosity of people ready to give their own books for nothing if they think that it may be useful to support good causes. Is this new life of the used book a sign of a growing desire to partake in the values of generosity or transmission? Must we consider that books are no longer sacred or precious to those who still read them today? Is the environmental logic also urging people to prefer recycling second-hand products instead of purchasing new volumes? Who is making money from this promising exchange market? Is the online second-hand market growing while people abandon real bookstores? Behind this new passion for old or used books must we understand that there may be a rejection of a productivist publishing world which sells thousands of titles not all of which really deserve to be printed?
  • Communication et institutions

    • Les « banques éthiques » au prisme des discours sur soi : une identité discursive et narrative hybride - Andrea Catellani, Amaia Errecart p. 129-147 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose une exploration, basée sur l'analyse du discours et la sémiotique, du discours institutionnel de « présentation de soi » de deux banques « éthiques et alternatives », le Crédit Coopératif et la banque Triodos. Notre analyse vise à approfondir la compréhension des dispositifs discursifs de construction d'une identité « différente », où la dimension financière et la rentabilité sont présentées comme étant au service de l'éthique et de la durabilité. Nous explorons ainsi la mise en scène d'identités qui empruntent à la fois au mouvement coopératif et au monde financier, à la « cité civique » et à la « cité marchande », à l'intérêt général et à l'intérêt particulier et, en termes wébériens, à l'éthique de conviction et à l'éthique de responsabilité.
      This article proposes an exploration, based on discourse analysis and semiotics, of the institutional discourse of “self-presentation” of two “ethical and alternative” banks, the Crédit Coopératif and the Triodos bank. Our analysis aims to deepen the understanding of the discursive devices aimed at constructing a “different” identity, where the financial dimension and profitability are presented as being at the service of ethics and sustainability. We thus explore the staging of identities that borrow from both the cooperative movement and the financial world, the “civic city” and the “market city”, the general interest and the particular interest and, in Weberian terms, the ethics of conviction and the ethics of responsibility.
  • Lectures