Contenu du sommaire : L'idée libérale en question

Le coup d'État militaire survenu en Birmanie en février 2021 a suscité un important mouvement de désobéissance civile et de protestations qui, malgré une violente répression, ne faiblit pas. La fracture entre le pouvoir et les aspirations démocratiques du peuple semble aujourd'hui avoir atteint un point de non-retour.

L'intervention russe en Syrie fait partie de la stratégie d'influence de Moscou, qui se met en scène comme garant de l'ordre international. Mais les rebelles syriens, la communauté internationale et même la société russe lui opposent des récits alternatifs. Signe que l'opposition ne se joue plus uniquement au niveau du conflit armé, mais aussi sur le plan des symboles et des discours.

La politique menée en Pologne par Jaroslaw Kaczynski fait face à un mécontentement croissant de la part de la population, comme en témoignent les manifestations, qui ont suivi l'interdiction de l'IVG dans le pays. Toutefois, le pouvoir tient bon, et l'opposition n'est pas en mesure de proposer une alternative convaincante.

L'instruction menée par le tribunal spécial du Kosovo bouleverse les partages politiques, en touchant plusieurs membres de l'ancien mouvement de libération du pays encore au pouvoir, à commencer par le président Thaçi lui-même. L'enquête, entravée de toutes parts, exacerbe les ambigüités du pays vis-à-vis de sa classe dirigeante et de la justice internationale.

La loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales masque les ambigüités de la position française sur le sujet, qui se résume à une série de bonnes intentions sans remédier aux problèmes identifiés de longue date dans les politiques de développement, comme le manque d'efficacité, l'asymétrie des relations ou la lourdeur des procédures.

Longtemps en baisse, le taux de pauvreté menace d'exploser, en raison de la crise sanitaire et de la doxa qui fait de la pauvreté une question de responsabilité individuelle. Il est néanmoins possible de retrouver un nouvel essor solidaire, qui commencerait par la formulation de nouveaux droits, la revalorisation du RSA, ainsi qu'une nouvelle répartition de la solidarité entre les territoires et les citoyens.

Alors que le libéralisme est une force structurante de notre modernité, l'hostilité contemporaine à l'idée libérale repose sur des contresens qu'il convient de corriger. Le libéralisme est en effet une tradition plurielle, capable de se renouveler et de se combiner avec d'autres courants de pensée politique. Timothy Garton Ash le définit comme « une quête interminable pour déterminer le meilleur moyen de bien vivre ensemble dans les conditions de la liberté ». N'est-il pas temps de le rénover, pour ainsi mieux le défendre ?

Confrontés aux tendances à l'autoritarisme, les libéraux doivent élaborer un nouveau projet politique qui conserve l'attachement à la liberté, mais qui défende aussi l'égalité et la solidarité, ainsi que l'identité et la communauté.

En s'inspirant des travaux de Judith Shklar, il est possible de s'appuyer sur la sensibilisation aux expériences de dépendance et d'oppression pour réarmer le libéralisme face au populisme et de repenser l'État de droit adossé à l'engagement démocratique des citoyens.

Les démocraties contemporaines font face à une crise de leurs valeurs, au premier rang desquelles la liberté, déchirée entre une conception moderne des droits individuels et une vision antique de la participation à la vie civique. À l'heure de la transition écologique et de la transformation numérique, il faut d'urgence dépasser cet antagonisme et repenser la liberté comme une nouvelle organisation planétaire de l'intersubjectivité.

La genèse du libéralisme ne tient pas tant à la notion du marché qu'à la capacité de la société à s'organiser en dehors du prince. Mais elle est marquée par une bifurcation entre ceux qui pensent que le gouvernement est en trop et ceux qui souhaitent son intervention, notamment pour imposer le principe de concurrence. Cette bifurcation se maintient avec la rupture néolibérale qu'est la financiarisation de l'économie.

La vie et l'œuvre d'Irving Howe, critique littéraire et politique, fondateur de la revue Dissent, sont une véritable traversée dans l'histoire de la gauche américaine au cours du xxe siècle. D'abord militant marxiste et révolutionnaire, l'auteur s'est progressivement ouvert aux préceptes libéraux, sans jamais renier l'humanisme radical au fondement de son engagement socialiste.

Il est possible d'opposer au fanatisme du marché et à la volonté d'entraver l'égalité des conditions les idéaux d'un libéralisme à la fois démocratique et social. Les libertés individuelles ne peuvent en effet se maximiser sans la médiation d'une autonomie collective.

Il existe encore une différence importante entre les citoyens de l'Est et de l'Ouest de l'Allemagne, qui touche aux profils socio-économiques ainsi qu'aux sensibilités politiques, et résulte d'un héritage distinct. Face à cette incompréhension, la génération née après la chute du Mur, notamment les femmes de l'Est, entend rouvrir le débat sur la réunification.

L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, désormais pleinement émancipées de la tutelle soviétique, sont devenues des démocraties accomplies, aux économies prospères, et des acteurs à part entière de l'Union européenne. Les trois États doivent néanmoins faire face à une forte émigration des jeunes actifs, ainsi qu'à des tensions avec la Russie et leurs minorités russophones.

Les monuments de papier réalisés par Ernest Pignon-Ernest font émerger les mémoires refoulées des sociétés modernes dans l'espace public, avec une grande attention aux lieux et suivant le canon artistique de la révolte.