Contenu du sommaire : Being Fossil: Energy Humanities 2.0

Revue Etudes anglaises Mir@bel
Numéro vol. 74, no 1, janvier-mars 2021
Titre du numéro Being Fossil: Energy Humanities 2.0
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  • Articles

    • Being Fossil: Energy Humanities 2.0 - Upamanyu Pablo Mukherjee p. 3-11 accès réservé
    • Energo-poetics: Reading Energy in the Ages of Wood, Oil, and Wind - Stacey Balkan p. 12-33 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article met en regard trois textes spéculatifs qui, chacun à sa manière, proposent une critique du capitalisme fossile et permettent d'imaginer un futur désarrimé du pouvoir qu'exercent sur nous les énergies fossiles. Tous montrent qu'un simple changement dans notre consommation de combustibles ne suffira pas à établir un futur plus équitable. L'étude s'intéresse d'abord au roman d'Ursula LeGuin, The Word for World is Forest (1974), et montre que l'utopie d'une « Nouvelle Tahiti » qui s'y donne à lire est indissociable d'une vision critique de la logique de la plantation sur laquelle elle se fonde. L'analyse porte ensuite sur Ship Breaker de Paolo Bacigalupi (2010), dont l'intrigue se déroule au milieu des paysages dévastés de la « ceinture pétrochimique » du sud-est des États-Unis. Si le mode dystopique sur lequel est construit ce roman permet de réfléchir à la culture qu'ont produite les énergies fossiles, il ne permet cependant pas son dépassement et conduit finalement le lecteur à une impasse. La dernière partie de l'article porte sur le diptyque que Dominic Boyer et Cymene Howe ont consacré aux énergies éoliennes dans l'isthme de Tehuantepec au Mexique : Wind and Power in`np pagenum="013"/b the Anthropocene (2019). À la faveur d'une forme d'anthropologie spéculative — ce que Dipesh Chakrabarty appelle une « anthropologie philosophique » — Boyer et Howe problématisent la question des politiques énergétiques, celle d'un futur équitable et la façon dont, dans les systèmes de gouvernance modernes, la pratique du pouvoir est toujours liée à des enjeux énergétiques et ontologiques. Ils font ainsi vaciller la logique même qui régit l'âge de l'Anthropocène, tout en révélant combien les alternatives supposées à la pétro-culture contribuent en réalité à renforcer des formes d'injustice sociale et environnementale à l'échelle mondiale. Au bout du compte, chacun de ces textes permet de commencer, sans toujours y parvenir totalement, à imaginer de nouvelles manières de penser l'impact culturel des énergies fossiles.
      As a means of imagining a future delinked from conventional articulations of energopower, in this essay I examine three speculative-critical texts that critique fossil capitalism and which demonstrate the ways in which a simple shift in fuel may be insufficient to the task of building a just future. I first read Ursula LeGuin's 1974 novel The Word for World is Forest as a critique of the plantation logic immanent to her fictional “New Tahiti” before turning to Paolo Bacigalupi's 2010 Ship Breaker—set in the blasted landscapes of the southeastern US's petrochemical belt—in order to consider how the dystopian mode may be productive for thinking about energy cultures, but might ultimately trap the reader in an imaginative impasse. I then look to Dominic Boyer and Cymene Howe's recent duograph on the wind economies of Mexico's isthmus of Tehuantepec, Wind and Power in the Anthropocene (2019), which poses questions about energopolitics, just futures, and the imbrications of energy, ontology, and power within systems of modern governance, and which I read as a form of speculative anthropology, or (per historian Dipesh Chakrabarty) “philosophical anthropology.” The duograph posits the possibility of unsettling what both authors understand as the distorted logic of the Anthropocene age, while examining putative alternatives to petroculture that merely reinforce systemic forms of social and environmental injustice on a global scale. I read each text as a possible (although not always successful) means of imagining anew—that is, for opening new horizons for thinking about energy cultures.
    • “This oil thing touches everything”: World-Literary Crime Fiction and Fossil Capital - Sharae Deckard p. 34-52 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Graeme Macdonald a montré que, si toute la littérature-monde peut se lire comme « une littérature du système-monde capitaliste », elle peut également se lire comme une « pétro-littérature », tant « le pétrole et ses constituants sont omniprésents dans la matière même de la vie moderne et dans la façon dont celle-ci s'organise ». Partant de ce constat, cet article entreprend de lire la littérature policière non seulement sous l'angle de la littérature-monde, mais aussi dans la perspective d'une « pétro-littérature ». Par ses images, ses formes et ses représentations du capitalisme fossile, cette littérature permet de comparer plusieurs contextes nationaux différents et d'examiner leur imbrication dans le circuit global de la pétro-modernité. L'article porte en particulier sur Shadow of the Shadow de Paco Ignacio Taibo II, Black Water Rising d'Attica Locke, Murder at Cape Three Points de Kwei Quartey et Nairobi Heat de Mũkoma wa Ngũgĩ, autant de romans dont les intrigues criminelles se situent sur fond d'extraction pétrolière ou mettent en scène des fortunes issues de l'industrie pétrolière. L'approche comparatiste met ainsi en lumière plusieurs moments clés dans l'histoire du capitalisme fossile. Elle révèle également que les représentations des inégalités géographiques de la pétro-modernité à l'ère du`np pagenum="035"/b néo-libéralisme reposent sur une tension entre le centre et la périphérie, entre la ville capitaliste comme site de production et les zones frontières semi-périphériques où a lieu le processus d'extraction lui-même.
      Graeme Macdonald has argued that if all world literature can be read as “literature of the capitalist world-system,” so too might it be read as “world oil literature,” given that “oil and its constituents are so ubiquitous in the materials and organization of modern life” (2012, 7). Extending Macdonald's claim, this essay reads crime fiction not only as world literature, but as world oil-literature, combining a world-literary approach to crime fiction with the insights of energy humanities and petrocultures. I propose that the tropes, form, and content associated with the representation of oil and fossil capital offer a key object for comparison, enabling a nodal reading of world-literary crime fiction from across different national contexts of oil extraction in relation to their imbrication in the larger fabric of global petro-modernity. I examine contemporary novels that depict crimes occurring in environments of oil extraction or concentrated oil wealth, Paco Ignacio Taibo II's Shadow of the Shadow, Attica Locke's Black Water Rising, Kwei Quartey's Murder at Cape Three Points, and Mũkoma wa Ngũgĩ's Nairobi Heat. By juxtaposing texts from settings in different periods, I trace several key conjunctures in the rise of fossil capital, and by comparing texts depicting sites of national oil production in a capitalist core city with those depicting semiperipheral frontiers of extraction, I seek to demonstrate what a comparative approach can reveal about the different capacities for representation of the uneven geographies of petromodernity in the neoliberal era from the vantage of the periphery or the core.
    • “The coal beneath the flesh”: Coal Fictions and the Ontology of Fossil Capital - Michael Niblett p. 53-67 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article montre que les fictions littéraires émanant des communautés de mineurs de charbon reflètent de manière frappante l'ontologie du capitalisme lié aux énergies fossiles. Il se concentre sur des textes de fiction écrits dans les années 1930 par des auteurs des marches du pays minier du nord-est de l'Angleterre et du Pays de Galles. Au Royaume-Uni, cette période fut celle d'une crise de l'industrie charbonnière, touchée non seulement par les conséquences de la Grande Dépression mais aussi par les débuts de la transition du charbon au pétrole en tant que principale source d'énergie dans l'économie mondiale. Dans les récits étudiés ici, l'image du corps du mineur (épuisé par le labeur, blessé par les accidents de puits, pénétré par la suie) devient le lieu signifiant de l'inscription locale de ces pressions systémiques mondiales. Mais l'article montre également que le corps du mineur trouve son pendant dialectique dans le corps surmené et exténué de la ménagère enfermée dans la sphère domestique. Cette association duelle des corps offre une expression figurée à la relation entre travail salarié et travail non rémunéré de reproduction sociale, et sert à révéler la violence genrée constitutive de la logique du capitalisme fondé sur les énergies fossiles.
      This article explores how literary fictions emerging from coal-mining communities register with a peculiar salience the ontology of fossil capitalism. It focuses on fiction written in the 1930s by authors from coal frontiers in the northeast of England and South Wales. This was a period of crisis for the UK's coal industry, which was impacted not only by the fallout from the Great Depression but also by the beginnings of the transition from coal to oil as the dominant energy source powering the world-economy. In the narratives examined here, the image of the miner's body— exhausted by overwork, mangled by pit accidents, permeated by coal dust—becomes a significant registering device for the localized articulation of these world-systemic pressures. But the article shows, too, how the miner's body has as its dialectical double the overworked and enervated body of the housewife in the domestic sphere. Through this doubling of bodies, the relationship between wage-labour and the unpaid work of social reproduction is given figurative expression, revealing the gendered violence that is constitutive of capitalism's fossil-fuelled logic.
    • Tree Being in Peter Larkin's “Skies in Flight of Tree” - Emma Mason p. 68-81 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article étudie le poème en douze parties de Peter Larkin « Skies in Flight of Tree » (2019) à partir de l'approche des Critical Plant Studies, pour analyser la puissance d'affect des arbres. Faisant appel aux travaux d'Eduardo Kohn, Emanuele Coccia et Michael Marder, l'auteur montre que Larkin sacralise cette puissance d'affect comme forme d'être inclusive, collective et organisationnelle liée à la cosmologie catholique. Il pose que l'être-arbre rejette la logique contemporaine d'appauvrissement et d'exploitation, ce que Larkin traduit par une langue empruntant à la prière pour amener ses lecteurs à une relation intime avec le monde matériel. Tout en rappelant les menaces que font peser les relations organiques entre êtres, Larkin révèle que la prière est finalement ce par quoi l'homme trouve accès (le poète parle d'« accueil par le souffle ») aux formes de pensée participative et méditative du non-humain, qu'il soit arbre ou ciel. En imaginant et en pratiquant cette pensée dans « Skies in Flight of Tree », Larkin aborde les arbres non pas seulement comme éléments d'une économie en déclin fondée sur l'exploitation d'un héritage géologique, mais comme êtres incarnant des relations de plénitude plutôt que de manque.
      This essay reads Peter Larkin's twelve-part poem, “Skies in Flight of Tree” (2019), in the context of critical plant studies to assert the affective energy of trees. With reference to Eduardo Kohn, Emanuele Coccia, and Michael Marder, the essay suggests that Larkin's poem sacralizes this affective energy as a form of being connected to the inclusive, collective, and organizational cosmology of Catholicism. It posits that tree being rejects the logic of depletion and extraction, one that Larkin translates into a prayerful language that brings his readers into an intimate relationship with the material world. While he warns of the pressures of organic relations, Larkin ultimately reveals prayer as that which grants humans access (he calls it “breathable admittance”) to the participatory and meditative thinking patterns of the other-than-human, tree and sky alike. In imagining and so practicing this thinking in “Skies in Flight of Tree,” Larkin reads trees not simply as part of a diminishing economy of geological deposits, but as beings that exemplify relationships built on plenitude rather than scarcity.
    • Dialectical Sonorities: Carbon Footprints in Peter Culley's "The Climax Forest" - Jonathan Skinner, Tom Crompton p. 82-103 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse à l'œuvre de Peter Culley, écrivain de l'île de Vancouver, et explore la manière dont les productions poétiques écrites sur d'anciens sites d'extraction de matières premières rendent compte des différents types de dommages repérés à l'échelle locale et mondiale, et y répondent. En tant que forme, la poésie tend à se situer à la [semi-]périphérie des économies institutionnelles et créatives, et nous avançons que des œuvres telles que celle de Culley sont souvent négligées alors qu'elles peuvent contribuer à l'étude d'une modernité inégale et combinée et de ses frontières écologiques. La trilogie Hammertown de Culley invite à des lectures collaboratives et collocatives par le biais de différents médias, et notre article répond à cette invitation en proposant une méthodologie participative. En nous appuyant sur le concept de « sonorité dialectique » de Mirko M. Hall, nous montrons que l'identification de la « place réelle » occupée par le pétro-capitalisme ne suppose pas tant de nouvelles stratégies narratives que de nouvelles techniques acoustiques. Notre quête sonore d'un autre type d'avenir dans le présent remixé de la poésie de Culley nous conduit à deviner des paysages au détour d'images de déclin mais aussi d'ouvertures possibles, et à toucher l'histoire en tant qu'échappatoire à l'histoire : par ce biais nous restons à l'écoute des difficultés de notre présent endommagé.
      In this essay we turn to the work of Vancouver Island writer Peter Culley to explore how poetries from the abandoned sites of primary resource extraction register and respond to different kinds of damage across local and global scales. Poetry as form itself tends to be located at the (semi-)periphery of institutional and creative economies, and we make the case that work such as Culley's is often overlooked for what it has to offer the study of a combined and uneven modernity and its ecological frontiers. Culley's Hammertown trilogy invites collaborative and collocative readings across a range of media, and in the essay we accept this invitation to track a participatory methodology. Drawing on Mirko M. Hall's concept of “dialectical sonority,” we demonstrate how reading the “real place” of petro-capitalism entails not so much new narrative strategies as new acoustic techniques. As we listen for another kind of future from the remixed present of Culley's poetry, we intuit landscapes through images of degeneration as well as possibility, we touch history as the escape from history, and in so doing we stay in tune with the trouble of our damaged present.
  • Étude critique

  • Comptes rendus