Contenu du sommaire : Habiter

Revue Socio-anthropologie Mir@bel
Numéro no 32, 2015
Titre du numéro Habiter
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Habiter. Ou vivre autrement ?

    • Habiter autrement ? - Laurence Costes p. 9-19 accès libre
    • Faire village autrement - Geneviève Pruvost p. 21-39 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Il s'agit de rendre compte des conditions de possibilité d'une vie alternative en habitat léger (roulotte, yourtes, tipi, cabanes) à partir de la monographie d'un réseau social au sein d'un territoire rural de 20 km2 qui, sans prendre la forme de la communauté, passe par la mise en lien de maisonnées. Après avoir dégagé les principes structurants de ce mode de vie qui prône un engagement écologique au quotidien, cette recherche invalide l'hypothèse sociologique de l'homogénéité sociale comme ciment du groupe pour mettre en évidence des éléments plus déterminants comme le soutien par des réseaux locaux (logiques externes) et un savoir-vivre ensemble (logiques indigènes), fondé sur l'absence de leadership, un haut niveau d'amitié, une entraide et une hospitalité sans façon, l'alternance entre vie sédentaire et vie nomade. C'est le cumul de ces deux logiques qui permet à ces artisans, artistes et paysans pratiquant la polyactivité de maintenir la cohérence de leur mode de vie.
      This paper considers the conditions enabling an alternative way of life in low-impact dwellings (Romany caravans, yurts, tipis and cabins). It is based on a detailed study of a social network in a rural area measuring 20 km2, one which can be considered more a set of interconnected households than a formal community. After identifying the principles structuring this way of life—which advocates everyday ecological engagement—this research invalidates the sociological hypothesis that social homogeneity cements the group together. Instead it points to more determining factors, such as support from local networks (external logics) and shared know-how (indigenous logics), founded on the absence of leadership, close friendship, mutual assistance, simple hospitality and an alternation between a sedentary and nomadic lifestyle. It is the combination of these two logics that enables these artisans, artists and smallholders to multiply their sources of income and maintain the coherence of their way of life.
    • Des normes d'« habiter » questionnées : le quartier de la Baraque - Anaïs Angeras p. 41-54 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      C'est par les multiples sentiers arborés du quartier de la Baraque, abritant une diversité de facettes architecturales aussi colorées qu'improbables, que l'on distingue quelques choix de vie peu communs auxquels tiennent ses habitants. En faisant de leur mode d'habiter le support de leur idéal de vie, ce lieu atypique témoigne d'une remise en cause concrète d'une certaine « brique dans le ventre » qui prévaut en Belgique. À moins d'un kilomètre du centre de la ville minérale que constitue Louvain-la-Neuve, dans cette province pourtant promise à un autre avenir, les habitants de ce lieu, riche d'aspects sociaux éclectiques et d'une qualité de vie revendiquée, résistent à un quotidien dont, ailleurs, ils sont censés se satisfaire… À travers la question « Adapter ses envies d'épanouissement à son quotidien ou adapter son quotidien à ses volontés d'épanouissement ? », c'est la conception de l'habitat comme reflet de ces convictions qui est ici défendue.
      The Baraque neighbourhood is home to a variety of vibrant if unlikely architectural styles. Walking along its many leafy footpaths, the observer will soon notice some of the uncommon life choices cherished by its residents. By making their living environment the basis of their ideal of life, the residents of this atypical neighbourhood call into question the desire for home ownership that is so prevalent in Belgium. Less than a kilometre away from the centre of the stone-clad city that is Louvain-la-Neuve, in a region looking towards a rather different kind of future, the residents of this socially eclectic neighbourhood—which places a premium on quality of life—resist an everyday existence to which they are supposed to subscribe elsewhere… Through the question “Should I adapt how I seek fulfilment to suit my everyday life, or should I adapt my everyday life to how I seek fulfilment?”, the argument being made here is that one's living environment can reflect one's convictions.
    • Habiter autrement pour vieillir autrement - Anne Labit p. 55-69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article part d'un constat : dans les groupes de citoyens qui se rassemblent aujourd'hui en Europe autour de la volonté de concevoir et de gérer ensemble un habitat qui favoriserait la solidarité entre eux, on rencontre souvent des femmes, approchant ou ayant atteint l'âge de la retraite, vivant seules plutôt qu'en couple. Pourtant, cette présence importante des femmes âgées dans ce qu'on appelle le renouveau de l'habitat participatif – et qu'on observe aussi au travers de l'émergence de projets portés exclusivement par elles – est très peu analysée. À partir d'une vaste enquête de type qualitatif menée dans quatre pays européens, on tente d'approcher au plus près les motivations, les parcours et les formes d'engagement de ces mamy-boomers qui souhaitent habiter, habitent ou ont habité dans des projets de type participatif et solidaire.
      This article is based on the observation that women nearing or having reached the retirement age, and who live alone rather than in a relationship, are often numerous within the groups of citizens that are currently coalescing in Europe with the aim of collectively creating and managing a living environment designed to encourage mutual solidarity. Yet the high number of older women in what is known as the revival of cohousing—and which can also be observed in the emergence of women-only projects—has rarely been analyzed. Through an extensive qualitative survey conducted in four European countries, this paper attempts to pinpoint the motivations, backgrounds and forms of engagement of these “granny boomers” who (wish to) live in or have lived in participatory and socially cohesive projects of this type.
    • Concevoir et gérer l'habitat en commun - Camille Devaux p. 71-86 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'habitat participatif est porteur dans ses fondements d'ambitions de « vivre autrement », dénonçant les conditions actuelles de logement et de vie. Ce mouvement est-il toutefois en capacité d'impulser de nouvelles valeurs ? Sa récente reconnaissance législative dans le cadre de la loi pour l'Accès à un logement et un urbanisme rénové (ALUR) peut-elle contribuer à ouvrir la voie à des changements sociétaux ?Les groupes d'habitants qui se forment font reposer leur engagement sur des revendications fortes qui touchent la question du logement, de l'habitat et plus largement de la société. L'habitat participatif est alors pensé comme un « antidote » aux maux qu'ils dénoncent et une voie à suivre pour impulser un changement sociétal. Toutefois, cette ambition a longtemps été mise à mal par les tensions traversant le mouvement. C'est au fil du temps que les groupes d'habitants ont su se muer en acteur collectif et porter un message unifié. Mais à ce stade, le mouvement de l'habitat participatif semble d'abord en capacité d'entreprendre des évolutions incrémentales dans les représentations et pratiques des acteurs de la production de l'habitat. Sa capacité à toucher les habitants, et notamment les plus modestes, constitue aujourd'hui un réel défi.
      Denouncing current housing and living conditions, l'habitat participatif (cohousing) promotes the idea of “living differently”. But does this movement have the ability to inspire new values? Will its recognition in France's recent housing and urbanism legislation (loi pour l'Accès à un logement et un urbanisme rénové—ALUR) lead to changes in society?These groups of residents base their engagement on a set of firm demands concerned with housing, living environments and society more widely. In this context, cohousing is seen as an “antidote” to the evils they denounce and a means to stimulate societal change. Yet this objective has long been jeopardized by tensions within the movement itself. Only over time have these groups of residents matured into a collective actor able to convey a unified message. The cohousing movement now appears able to initiate incremental changes in the representations and practices of actors in the housing sector. Its ability to reach out to residents, especially those on low incomes, now represents a real challenge.
    • Le cohousing : un nouveau mode d'habiter ? - Annalisa Iorio p. 87-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis 2005, le terme de cohousing est rentré dans le débat italien pour désigner des initiatives non conventionnelles d'habitat. Que recouvre-t-il ? Et pourquoi est-il employé en Italie ? Ce phénomène est-il comparable aux expériences d'habitat alternatif qui ont vu et voient actuellement le jour en France et ailleurs dans le monde ?Cet article se propose de s'attaquer à la spécificité de l'émergence et du développement du cohabitat en Italie, en pointant les éléments de continuité avec la tradition ainsi que les aspects « innovants ». Afin de saisir pleinement ce phénomène, il est nécessaire d'en connaître les acteurs, leurs motivations ainsi que les débats qui ont contribué à son essor.
      Since 2005 the term cohousing has become part of the Italian debate on non-conventional dwelling initiatives. What types of initiative does the term cover? And why is it used in Italy? Can this phenomenon be compared with alternative living environments that have emerged and are emerging in France and elsewhere?The aim of this article is to examine the specificity of the emergence and development of cohousing in Italy, by identifying which aspects are in keeping with tradition and which are “innovative”. In order to fully understand this phenomenon, it is necessary to identify the actors involved and their motivations, as well as the debates that have contributed to the movement's rise.
    • L'habiter de certains éco-quartiers - Guillaume Faburel, Mathilde Girault p. 103-121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que les éco-quartiers s'affirment comme des prototypes de modèles d'urbanisme, souvent épaulés en cela par les exercices de prospective territoriale de groupes privés, quelques éco-quartiers d'initiatives habitantes ou d'orientation sociale nous renseignent sur d'autres manières de concevoir un habiter. Loin des injonctions aux bonnes conduites fonctionnelles (ex : économies d'énergie) rencontrées dans nombre de cas d'hyper-centres urbains, des modes et styles de vie s'y déploient. Ces derniers témoignent d'une volonté des habitants de maîtriser leurs lieux de vie. Ces modes et styles de vie participent alors d'une dynamique globale d'individuation des pratiques et des expériences sociales, converties en engagements discrets, enchâssés dans l'action ordinaire. Cette « infrapolitique » se mue alors en cosmopolitique par une axiologie singulière, très liée aux enjeux écologiques comme la responsabilité, par une prise d'autonomie permise par de nouveaux savoirs communs (locaux, vernaculaires et conviviaux) ainsi que par de nouveaux imaginaires communs des devenirs urbains.
      As eco-districts establish themselves as prototypes of urban planning models—often backed up by planning exercises conducted by private groups—a few grassroots or socially oriented eco-districts shed light on other ways of envisaging a dwelling. Contrasting with the functional codes of good conduct advocated in many urban hyper-centres (e.g. energy savings), such districts are the sites of specific ways of life and lifestyles. These attest to the residents' desire to have greater control over the place where they live. These ways of life and lifestyles feed into a general individuation of social practices and experiences, which are converted into discrete forms of engagement and embedded in everyday action. This “infrapolitics” then develops into cosmopolitics by way of a particular axiology—closely connected to ecological issues such as responsibility—and by the independence conferred by new shared knowledge—whether local, vernacular or convivial—and new shared imaginaries of urban futures.
    • Ni ville, ni suburb - Stéphane Sadoux p. 123-138 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Largement médiatisée depuis le début des années 1990, la crise du logement à laquelle est confrontée la Grande-Bretagne connaît aujourd'hui une aggravation de la situation. En mars 2012, soit deux ans après son accession au pouvoir, le Premier ministre David Cameron appelait de ses vœux la construction de nouvelles garden cities, présentées comme une solution à la crise. Cet article interroge les raisons qui motivent les conservateurs à mobiliser actuellement un précédent vieux d'un siècle. Il cherche à expliquer pourquoi, a contrario de bon nombre de projets visant à proposer des cadres de vie alternatifs, celui-ci soit à l'initiative non pas des populations mais d'un gouvernement qui, ironie du sort, s'appuie sur un modèle porté par une association : celle que Ebenezer Howard, père des garden cities, fondait en 1899 pour promouvoir et mettre en œuvre son modèle.
      Britain's housing crisis, which has received widespread media coverage since the early 1990s, is currently worsening. In March 2012, two years after his accession to power, the prime minister David Cameron called for the construction of new garden cities, which are presented as a solution to the crisis. This article examines the Conservatives' reasons for deploying this century-old precedent. It seeks to explain why, unlike many other projects aiming to offer alternative living environments, this project has been initiated not by local people but by a government which, in an irony of fate, has invoked a model advocated by the association that Ebenezer Howard, the father of garden cities, founded in 1899 to promote his model and put it into practice.
    • « L'habitat participatif », quand les institutions militent - Claire Carriou, Anne D'Orazio p. 139-154 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au cours des années 2000 en France, on a assisté à l'émergence d'initiatives militantes visant à concevoir, produire et gérer le logement avec ses habitants. Aujourd'hui la thématique de « l'habitat participatif » semble avoir quitté le seul registre des mobilisations pour faire son apparition dans l'agenda politique. L'article se propose d'analyser les dynamiques et interactions qui ont alimenté ce processus d'institutionnalisation. Il montre que celui-ci est le produit d'une coalition entre espace militant et espace politique, associés conjoncturellement par des intérêts croisés. L'alliance avec les pouvoirs publics est à lier à la stratégie de « courte échelle » offerte par les élus verts qui ont eu besoin de se trouver des interlocuteurs parmi les militants pour conduire leurs politiques et se légitimer en tant que nouveaux acteurs publics aux prises avec le pouvoir. La pratique des acteurs publics s'apparente ici à celle de groupes d'intérêts voire de militants dans le jeu des « entrepreneurs de cause ».
      During the 2000s France witnessed the emergence of activist initiatives whose aim was to include residents in the design, building and management of housing. Yet, today, cohousing appears to have migrated from the activist phrasebook to the political agenda. The aim of this article is to analyze the dynamics and interactions that have fed into this process of institutionalization. It shows that the latter is the result of a coalition between the activist and political arenas, whose interests, at this juncture, overlap. This alliance with the public authorities can be linked to the “outreach” strategy offered by elected Green politicians, who needed to ally themselves with activists in order to pursue their policies and gain legitimacy as new public actors grappling with power. In this arena of “cause entrepreneurs”, the practice of public actors resembles that of interest or even activist groups.
    • L'habitat participatif comme exemplum des évolutions socio-politiques récentes - Sylvette Denèfle p. 155-167 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après avoir montré comment l'habitat participatif pouvait relever d'une suite historique longue sous certains de ses aspects, l'article traite des formes particulières qu'il a prises au XXIe siècle. L'enquête menée sur une dizaine d'années a montré qu'il peut être considéré comme le fil rouge d'un modèle idéologique en construction succédant à celui de la modernité.L'habitat participatif s'inscrit dans un double mouvement idéologique : celui d'un militantisme anticapitaliste au nom des principes des droits de l'Homme et de la démocratie républicaine ; et celui d'une mouvance écologique plus morale que politique. Ces idéologies sont plutôt larges, complexes, diverses et peu théorisées mais partagent la volonté d'autonomie, la solidarité et le souci écologique qui construisent progressivement un nouvel humanisme, issu de la modernité mais pourtant différent.Cet humanisme moderne reconsidéré est très directement issu des crises sociétales récentes. Il garde fortement l'empreinte de plus de deux siècles républicains mais il souligne aussi toutes les fissures d'un modèle finissant.
      After exploring the long history of certain aspects of cohousing, this article examines the specific forms it has taken in the twenty-first century. An enquiry extending over twelve years has shown that cohousing can be considered the guiding theme of an incipient ideological model that is superseding the model of modernity.Cohousing is informed by a two-pronged ideological dynamic: on the one hand, an anti-capitalist activism invoking the principles of human rights and republican democracy; on the other, an ecological movement whose drivers are more moral than political. Though often expansive, complex, varied and rarely theorized, these ideologies share a desire for autonomy as well as an ethos of solidarity and ecological concern, all of which progressively construct a new humanism that supersedes—but differs from—modernity.This revised modern humanism is a direct consequence of recent societal crises. It remains strongly marked by over two centuries of republicanism but also points up the many cracks in a model that is slowly slipping away.
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