Contenu du sommaire : Anniversaire 30 ans

Revue Sociétés contemporaines Mir@bel
Numéro no 120, 2020/4
Titre du numéro Anniversaire 30 ans
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Anniversaire : 30 ans

  • Varia

    • « Faire sauter l'idée toute faite que l'université est un lieu où on apprend. » : La socialisation des étudiants à l'entrepreneuriat - Olivia Chambard p. 41-69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis une dizaine d'années se multiplient dans l'enseignement supérieur des dispositifs et des filières se proposant d'éduquer les étudiants à « l'esprit d'entreprendre ». À travers une analyse des pratiques et conceptions pédagogiques que véhicule ce projet de socialisation de la jeunesse, cet article éclaire certains bouleversements à l'œuvre dans le champ éducatif. Il interroge notamment les enjeux de la valorisation des soft skills, qui se trouve au cœur des formations étudiées. Si la promotion de ces « compétences comportementales » ou autres « savoir-être » peut être appropriée dans des optiques différentes, l'article montre qu'elle participe au premier chef à une forme de déstabilisation de la mission de l'université en matière de transmission des savoirs, au profit d'un façonnage des personnalités effectué en référence aux normes et valeurs de l'univers de l'entreprise.
      Over the past ten years or so, a growing number of schemes and courses have been introduced in higher education to raise awareness or train students in the “spirit of entrepreneurship.” Through an analysis of the pedagogical practices and conceptions conveyed by this project for the socialization of youth, this article proposes to shed light on certain upheavals at work in the educational field. In particular, it examines the challenges of the valorisation of “soft skills,” which is at the heart of the training courses studied. While the promotion of these “behavioural skills” or other soft skills may be appropriate from different perspectives, the article shows that it is primarily involved in a form of destabilization of the university's mission in terms of knowledge transmission, in favour of a shaping of personalities carried out with reference to the norms and values of the corporate world.
    • Pantoufler, une affaire d'hommes ? : Les énarques, l'administration financière et la banque (1965-2000) - Sarah Kolopp p. 71-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article contribue à éclairer la faible féminisation des états-majors bancaires français en analysant une de leurs filières de recrutement, la filière « État », du point de vue du genre. Il s'appuie sur une enquête menée sur la direction du Trésor (en charge de la politique financière de l'État) qui, en organisant un système up or out de gestion des carrières de ses cadres, s'est imposée comme un lieu-clé du pantouflage des énarques vers les milieux bancaires à partir des années 1960. À partir d'un travail prosopographique et par entretiens avec les énarques hommes et femmes de la direction, il montre que pantoufler dans la banque constitue un privilège masculin. Il rend compte de l'inégal accès des hommes et femmes énarques à cette filière prisée de pantouflage par leurs trajectoires différentes (et hiérarchisées) d'accès à la haute fonction publique, et par les biais de genre nichés dans les dispositifs de gestion des carrières au Trésor. Cet article contribue ainsi à documenter les ressorts des inégalités de carrières entre hommes et femmes dans la très haute fonction publique. En analysant le pantouflage à travers le prisme du genre, il met, surtout, en lumière les processus de hiérarchisation, d'élimination et de consécration qui travaillent les sommets de l'État.
      Why are there so few women at the top of French banks ? This article seeks to answer this question by analyzing the revolving door from the Treasury to the banking sector (a traditional avenue to top executive positions in banking and finance in France) from the point of view of gender. Since the 1960s, the Treasury has been operating an “up or out” policy, thereby populating the executive echelons of a wide range of public and private organizations with its former top officials. Drawing on biographical interviews and on the prosopographical analysis of the careers of top male and female bureaucrats at the Treasury, this article shows that leaving the Treasury for the banking sector is the privilege of men. It provides two explanations for the sex-segregation of post-Treasury career paths. It shows, first, that the typical demographics of Treasury men and Treasury women are different, and shape different approaches to career advancement. It shows, secondly, how organizational practices at the Treasury tend to sift men and women bureaucrats into different and hierarchized professional destinies. More generally, the article shows that looking at the gender of the revolving door yields key insights into processes of differentiation and marginalization in elite public service.
    • Promouvoir l'égalité pour ethnographier les masculinités : Retour sur un dispositif d'enquête CIFRE en milieu populaire - Haude Rivoal p. 99-123 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'une enquête au sein d'une grande entreprise de distribution, cet article s'intéresse à la question méthodologique d'une ethnographie des masculinités en milieu populaire. Il montre que le positionnement de l'enquêtrice (en l'occurrence CIFRE en charge de l'égalité professionnelle hommes/femmes) l'engage dans une redéfinition constante de son objet avec le terrain. L'enquête montre également que quand le chercheur est une femme (employée du siège, sociologue, fille d'un salarié ou ouvrière), celle-ci opère avec ses enquêté·e·s une négociation intersectionnelle permanente entre genre et classe. Cette négociation ne dépend pas seulement de la proportion d'hommes mais de l'état des collectifs de travail. De la réception de l'objet à la posture d'enquête, elle donne à voir les possibles, de même que les limites de la sororité et de l'homosociabilité.
      Based on a survey within a large distribution company, this article examines the methodological question of an ethnography of masculinities in working-class circles. It shows that the position of the interviewer (in this case CIFRE in charge of professional equality between men and women) commits her to a constant redefinition of her object with the field. The survey also shows that when the researcher is a woman (head office employee, sociologist, daughter of an employee or worker), she operates a permanent intersectional negotiation between gender and class. This negotiation does not depend only on the proportion of men but on the state of the work collectives. From the reception of the object to the posture of inquiry, it shows the possibilities as well as the limits of sorority and homosociability.
  • En lutte