Contenu du sommaire : Spinoza révolutionnaire ?

Revue Archives de philosophie Mir@bel
Numéro tome 84, no 3, juillet-septembre 2021
Titre du numéro Spinoza révolutionnaire ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - p. 3-4 accès libre
  • Spinoza révolutionnaire ? : La lecture de Gilles Deleuze. Avant-propos - Jean-Baptiste Vuillerod p. 5-11 accès libre
  • Éternité et durée selon Spinoza : Sur une remarque de Deleuze dans "Différence et répétition" - Juan Manuel Ledesma Viteri p. 13-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article interroge la construction de la philosophie de Gilles Deleuze à partir de son rapport à la pensée de Spinoza. En partant d'une remarque dans Différence et répétition au sujet de l'ontologie spinozienne, nous interrogeons à la fois le problème du temps et de l'éternité chez Spinoza et la genèse de l'ontologie deleuzienne de la différence dans la mesure où elle s'affirme comme héritière de l'affirmation spinozienne de l'univocité de l'être.
    This paper aims to offer insight into the construction of Gilles Deleuze's philosophy from the perspective of its relationship to the philosophy of Spinoza. Starting from a comment on Spinoza found in Différence et répétition, I interrogate both Spinoza's ontology of time and the genesis of Deleuze's ontology of difference insofar as it is presented as the direct heir of Spinoza's doctrine of univocity of being.
  • Philosophie critique et philosophie politique - Igor Krtolica p. 31-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'affinité de Deleuze avec Spinoza a été précoce, profonde et constante. Mais la chronologie de l'œuvre deleuzienne montre surtout que la présence de Spinoza y a été particulièrement intense autour de la décennie 1970, c'est-à-dire de part et d'autre de L'Anti-Œdipe et de Mille plateaux, comme si elle encadrait la philosophie politique deleuzo-guattarienne. C'est cette histoire dont nous restituons ici quelques éléments, afin de montrer comment l'évolution de la lecture deleuzienne de Spinoza a suivi les développements de la philosophie politique deleuzo-guattarienne.
    It is well known that the affinity between Deleuze and Spinoza was precocious, profound, and constant. But the chronology of Deleuze's work shows that Spinoza's presence was particularly intense around the 1970s, on either side of Anti-Oedipus and A Thousand Plateaus, the two books that make up Capitalism and Schizophrenia, as if Spinoza framed Deleuze and Guattari's political philosophy. Therefore, this paper tries to outline this history, showing that the evolution of Deleuze's interpretation of Spinoza followed the evolution of Deleuze and Guattari's common political philosophy.
  • Deleuze/Spinoza : Un devenir-politique - Antonio Negri, Viola Milocco p. 51-63 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article s'interroge sur le sens du rapprochement entre Spinoza et Masaniello opéré par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans L'Anti-Œdipe. L'enjeu est de penser une puissance révolutionnaire irréductible à la manière dont se pensait la révolution dans les partis ou les groupuscules d'extrême gauche au moment de Mai 68. Contre le cloisonnement ascétique du désir, Deleuze et Guattari inventent grâce à Spinoza un mode d'être révolutionnaire absolument nouveau : celui d'une libération désirante des singularités nomades qui, en se rencontrant et en s'organisant, créent des collectifs dans lesquels les rapports de pouvoir et la hiérarchie ne reviennent pas entraver les flux du désir. La déception qui a fait suite aux espoirs portés par Mai 68 s'explique en partie par une insuffisante réflexion sur la question de l'institution et sur la manière d'institutionnaliser ces puissances révolutionnaires. Les écrits de Deleuze et Guattari eux-mêmes révèlent l'impasse de cette génération et nous permettent de mieux comprendre ce que signifie, pour nous, aujourd'hui, la révolution.
    This article examines the meaning of the connection between Spinoza and Masaniello made by Gilles Deleuze and Félix Guattari in Anti-Oedipus. We reflect on a revolutionary power that cannot be reduced to the way in which the revolution was thought about in the parties or groupuscules of the Far Left at the time of May 68. Against the ascetic compartmentalization of desire, Deleuze and Guattari invented, thanks to Spinoza, an absolutely new revolutionary mode of being: that of a desiring liberation of nomadic singularities which, by coming together and organizing, create collectives in which power relations and hierarchy do not come back to impede the flows of desire. The disappointment that followed the hopes raised by May 68 can be explained in part by insufficient reflection on the question of the institution and on how to institutionalize these revolutionary powers. The writings of Deleuze and Guattari themselves reveal the impasse of this generation and allow us to better understand what revolution means for us today.
  • Amsterdam-Naples. Aller et retour - Pierre-François Moreau p. 65-77 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Un détail dans la Vie de Spinoza rédigée par Colerus a pu faire penser que l'auteur du Traité théologico-politique s'était, dans un dessin, représenté sous les traits de Masaniello le chef de l'insurrection de Naples en 1647. Est-ce compatible avec la critique des révolutions, et notamment du tyrannicide, que l'on croit pouvoir lire dans le Traité ? En fait, l'analyse spinozienne des bouleversements des États est plus nuancée : l'indignation qui est à la base des révolutions peut être parfois conforme à la Raison ; et le jugement porté sur le peuple est différent suivant qu'il s'agit d'une foule esclave animée par la crainte ou d'une multitude libre animée par l'espérance.
    A detail mentioned in Colerus's Life of Spinoza suggests that the author of the Tractatus Theologico-Politicus had represented himself in a drawing under the guise of Masaniello, the leader of the 1647 insurrection in Naples. Is this compatible with the critique of revolutions, and particularly of tyrannicide, that we consider to be the lesson of the Tractatus? In fact, Spinoza's analysis of social upheaval is more subtle: the indignation that sparks uprisings can sometimes be in accord with Reason; the judgment passed on the people differs according to whether they are a slavish mob driven by fear or a free multitude driven by hope.
  • Le schizophrène et les trois genres de connaissance - Silvia Lippi p. 79-94 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Y a-t-il un rapport entre l'idée adéquate de Spinoza et la pensée inconsciente chez Freud ? Nous pouvons en effet envisager la fin de l'analyse comme un parcours entre les différentes structures cliniques : névrose, psychose et perversion. Le schizophrène arrive d'emblée à réaliser ce parcours : il traverse la limite entre les structures, en affirmant simultanément leurs différences. Le problème se pose au niveau du lien social, où le schizophrène est blâmé et mis à l'écart : son dire reste en dehors de tout discours établi, écrit Lacan dans L'étourdit. Comment penser alors la force politique du corps sans organes du schizophrène ? Et en quoi relève-t-il, selon notre hypothèse, du troisième genre de connaissance ?
    Is there a connection between Spinoza's adequate idea and Freud's unconscious? We can indeed consider the end of analysis as a journey between the different clinical structures: neurosis, psychosis, and perversion. The schizophrenic is able to realize this journey at once: he crosses the boundary between structures, simultaneously asserting their differences. The problem arises at the level of the social bond, where the schizophrenic is condemned and marginalized: his saying remains outside any established discourse, writes Lacan in L'étourdit. At that point, how can we consider the political force of the schizophrenic's body without organs? And, according to our hypothesis, why does it belong to the third kind of knowledge?
  • Varia

    • Fichte et la tradition mystique - Ives Radrizzani p. 95-105 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette contribution vise à répertorier les traces d'une influence de la mystique dans le corpus fichtéen et à définir un cadre interprétatif pour expliquer le recours par Fichte à un langage mystique dans L'Initiation à la vie bienheureuse. Un examen attentif des diverses sources laisse apparaître que la tradition mystique et Jacob Böhme en particulier, portés par un puissant souffle poétique, peuvent remplir à l'égard de la philosophie un rôle propédeutique par leur capacité à élever le public au suprasensible, mais doivent également y borner leurs prétentions. Fichte dénonce en effet sur un plan philosophique leur caractère dogmatique et ne leur accorde de valeur qu'éclairés par la critique.
      This contribution aims to investigate the traces of an influence of mysticism in the Fichtean corpus and to define an interpretative framework to explain Fichte's use of mystical language in The Way Towards the Blessed Life. A careful examination of the various sources reveals that the mystical tradition, and Jacob Böhme in particular, carried by a powerful poetic voice, can play a propaedeutic role with regard to philosophy thanks to their ability to raise the public to the suprasensible, but must also limit their claims in this respect. Fichte does indeed denounce on a philosophical level their dogmatic character and gives them value only when enlightened by criticism.
    • Foucault, Castoriadis et la démocratie athénienne - José Luis Moreno Pestaña, Araceli Farré Conté p. 107-124 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse la lecture effectuée par Foucault de la démocratie athénienne des années 1980 et la compare à la lecture de Cornelius Castoriadis. L'article propose donc deux interprétations différentes de la figure de Périclès par deux philosophes. Nous montrons que notre compréhension de l'idéologie de Foucault est plus profonde que notre compréhension de la réalité historique et des projets politiques de Périclès.
      This article examines Foucault's reading of Athenian democracy in the 1980s and compares it with that of Cornelius Castoriadis. Thus, this article presents a map of interpretations of the figure of Pericles by two philosophers. It shows that our understanding of Foucault's ideology is more profound than our understanding of the historical reality and political projects of Pericles.
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