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L'objectif de l'article est de montrer le rôle des systèmes de contrôle de gestion (SCG) dans la construction des relations inter-organisationnelles (RIO). S'appuyant sur l'étude qualitative de l'implantation d'un tableau de bord dans le secteur médico-social, les résultats attestent que l'introduction d'un SCG participe à façonner les RIO en les initiant, les formalisant et en projetant le rapport que chaque organisation entretient avec la définition de la performance véhiculée par le SCG. Montrant que la finalité du contrôle est nourrie par l'ambivalence du rapport des organisations au SCG, l'article contribue également aux réflexions concernant la diffusion d'une performance qui inclut la compétition et l'optimisation à partir de résultats chiffrés parmi les préoccupations prioritaires des acteurs. Il souligne les mécanismes qui rendent un SCG porteur de valeurs éloignées de la culture d'un secteur acceptable, indiscutable et incontournable.

Au confluent de la comptabilité, de la finance, de la stratégie et de l'analyse sociale, l'analyse financière permet de pénétrer le fonctionnement financier de l'entreprise, de ses équilibres et déséquilibres, de saisir la portée financière des stratégies mises en œuvre mais également d'analyser les mécanismes de création et de répartition de la valeur. Dérangeante dans sa capacité à révéler les enjeux de pouvoir, elle intègre une puissante dimension normative, rarement explicitée. Cet article propose d'en interroger les objectifs et les enjeux à travers l'histoire de l'un de ses dispositifs, le tableau de financement sur la période 60s-80s. L'analyse des différents modèles permet de mettre en lumière, à travers les controverses et les conflits, les préoccupations des acteurs et des institutions économiques qui ont pesé sur les choix réalisés, d'interroger le rôle de l'analyse financière sur sa représentation des rapports sociaux et de lever les ombres sur certains de ses impensés.

L'attention des décideurs est considérée depuis de nombreuses années comme une ressource rare. L'accroissement du nombre d'objectifs organisationnels a amplifié ce phénomène dans les organisations où différents Systèmes de Contrôle de Gestion (SCG) sont mobilisés pour orienter l'attention des décideurs sur ces objectifs. Toutefois, l'influence de ces SCG trouve ses limites dans les capacités attentionnelles des individus qui, en cas de surcharge cognitive, priorisent certains objectifs. La multiplication des SCG n'est donc pas une réponse suffisante. Les SCG doivent également permettre d'encadrer la priorisation des objectifs par les individus (Simons 1995 ; Sundin et al. 2010 ; Sundin et al. 2017). Cet article vise à comprendre comment les SCG orientent l'attention des décideurs sur les objectifs organisationnels qu'ils ne priorisent pas a priori. Pour y parvenir, nous mobilisons une perspective dédiée au processus de régulation de l'attention, l'« Attention-Based-View of the firm » (ABV) (Ocasio 1997, 2011). Nos résultats contribuent à la littérature en contrôle en positionnant les SCG dans un processus de régulation de l'attention qui favorise la construction d'une attention collective pour atteindre les objectifs organisationnels et en montrant le rôle clé des contrôles par les canaux de communication. Nos résultats montrent également l'importance de comprendre l'influence des SCG selon leur catégorie (contrôles structurels ou situationnels) pour encadrer la priorisation des objectifs par les décideurs. Enfin, nos résultats contribuent à la littérature sur l'ABV en montrant le rôle joué par les SCG dans le processus de régulation de l'attention et en proposant d'intégrer les SCG dans le modèle de l'ABV.

Cette étude vise à comprendre un phénomène pris pour acquis dans les organisations : la sous-utilisation des outils de gestion. Nous nous intéressons à un outil de gestion en particulier, un progiciel de gestion de la relation client dont nous avons suivi l'implantation et les usages sur une période de 10 ans (2002-2012) dans une entreprise française de distribution de publicité en boîtes aux lettres. Nous nous appuyons sur les travaux de la théorie de l'Acteur-Réseau et plus particulièrement sur les concepts de script, d'interaction entre les utilisateurs et les objets techniques (Akrich 2006a, 2006b) et d'intéressement pour identifier les racines de la sous-utilisation du CRM.Nos résultats montrent que la sous-utilisation se fabrique. Elle se crée à partir de trois dynamiques d'intéressement : l'abandon d'intéressement des utilisateurs, l'anti-intéressement et un intéressement à court terme se transformant en désintéressement sur le long terme. Ces résultats nous permettent de revisiter les recherches comptables sur le cycle de vie des outils de gestion et sur les vernaculaires.