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Revue géographie, économie, société Mir@bel
Numéro Vol. 23, no 2, avril-juin 2021
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  • Les territoires créatifs au prisme de la scène. Analyse de l'encastrement territorial d'une communauté artistique dans le quartier M50 à Shanghai - Basile Michel p. 113-137 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'article propose de mobiliser le concept de scène pour analyser les territoires artistiques, culturels et créatifs. Pour cela, quatre angles d'observation des scènes culturelles vont être définis, et dans leur lignée autant d'idéaux-types – scène vécue, scène éprouvée, scène construite, scène médiatique – permettant de caractériser les territoires dans lesquels est encastré un réseau d'acteurs artistiques et culturels qui déborde sur la ville et façonne son ambiance et son image, c'est-à-dire une scène. Pour illustrer ce recours au concept de scène, le cas du quartier artistique M50 à Shanghai est analysé en mobilisant les enquêtes de terrain réalisées à partir d'outils méthodologiques variés (entretiens semi-directifs, observation in situ, étude de documents officiels et analyse de discours sur le web). Au prisme de la scène, le M50 révèle un certain nombre d'enjeux de l'encastrement territorial des communautés artistiques : un ancrage spatial dans des configurations géographiques singulières, le déploiement de dynamiques de réseau internes aux mondes de l'art, la génération d'ambiances urbaines spécifiques qui bénéficient aux différents usagers du territoire, la construction institutionnelle d'un récit et d'une image de « territoire artistique », et enfin la médiatisation de ce territoire artistique qui accroît sa visibilité et sa notoriété dans les mondes de l'art et du tourisme. Ce faisant, le concept de scène permet une analyse transversale des territoires créatifs, ouvrant des perspectives pour de futures recherches.
    The article proposes to use the concept of scene to analyze artistic, cultural and creative spaces. For this purpose, four angles of observation of cultural scenes will be defined, and as many ideals-types – lived scene, experienced scene, built scene, publicized scene – allowing to characterize the spaces in which is embedded a network of artistic and cultural players that spills over the city and shapes its atmosphere and image, namely a scene. To illustrate this use of the concept of scene, the case of the M50 artistic district in Shanghai is analyzed through field investigations carried out using various methodological tools (semi-structured interviews, in situ observation, study of official documents and web discourse analysis). Through the lens of scene, the M50 reveals several issues at stake in the spatial embedding of artistic communities: a spatial agglomeration in specific geographical configurations, the development of network dynamics inside the art worlds, the production of specific urban atmospheres that benefit the different users of the city, the build of an institutional narrative and image of an “artistic space”, and finally the mediatization of this artistic space that increases its exposure and notoriety in the art and tourism worlds. In this way, the concept of scene provides a transversal analysis of creative spaces, opening perspectives for future research.
  • Les territoires réhabilités du Tōhoku face aux enjeux de la reconstruction : entre politique publique et application locale, quelle place pour la résilience ? - Camille Cosson p. 139-160 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Le tremblement de terre et le tsunami de 2011 sont des événements marquants pour la société japonaise et les architectes et urbanistes, sont nombreux à se questionner sur les actions à mener face à l'ampleur du désastre. Les territoires dévastés du Tōhoku sont vus par certains comme une chance de repenser la ville à partir de zéro, en prenant en compte les enjeux actuels de « résilience urbaine ». Cette contribution se propose d'illustrer les difficultés rencontrées par les localités concernées dans leur poursuite de réalisation de la « ville résiliente ». Nous tenterons d'interroger les politiques générales, de la théorie à l'application locale. Dans un premier temps, nous tâcherons d'éclairer le concept de résilience du point de vue institutionnel et académique. Nous confronterons ensuite les lignes directrices recommandées par l'Organisation des Nations Unies pour « reconstruire en mieux » avec les politiques proposées par le gouvernement japonais. Enfin, la troisième partie discutera des ambiguïtés du terme japonais fukkō 復興 (reconstruction) ainsi que de ses similitudes avec celui de « résilience ».
    The 2011 Great East Japanese Earthquake and tsunami are major events for Japanese society, as well as for architects and urban planners, many of whom are questioning the actions to be taken in the wake of the disaster. The devastated territories of Tōhoku are seen by some as a chance to rethink the city from scratch, taking into account the challenges of “urban resilience”. This contribution aims to illustrate the difficulties encountered by these communities in their pursuit of the “resilient city”. We will attempt to question general policies, from theory to their local application. First, we will explain the concept of resilience from an institutional and an academic point of view. In the second part, we will compare the guidelines recommended by the United Nations to “build back better” with the policies implemented by the Japanese government in the aftermath of the disaster. Finally, the third part will discuss the ambiguities of the Japanese term fukkō 復興 (reconstruction) as well as its similarities with the term “resilience”.
  • Arriver, rester, partir : pour une approche dynamique du rapport des commerçants indépendants au territoire - Natacha Rollinde p. 161-184 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Les trajectoires biographiques et professionnelles des commerçants indépendants sont marquées par une diversification croissante depuis la fin du XXe siècle. Parallèlement, le commerce a pris une place plus importante dans les politiques d'aménagement des centres urbains. Croiser ces trajectoires commerçantes et territoriales permet de mieux comprendre selon quelles logiques les commerçants, et à travers eux leurs commerces, contribuent ou non aux processus de changement urbain. À partir de deux études de terrain à Noisy-le-Sec et Montreuil, deux communes de l'Est parisien, cet article propose d'analyser comment le parcours biographique et professionnel des commerçants oriente la représentation qu'ils se font de leur rôle vis-à-vis du territoire et de la place que ce dernier occupe dans la construction et l'adaptation de leur stratégie commerciale. Le récit de leur installation permet d'identifier trois principaux modes de prise en compte du territoire : en tant que caractéristique spatiale générique, ressource à mobiliser ou potentiel à exploiter. Ils peuvent être amenés à évoluer au cours du développement de leur activité et, plus spécifiquement, il peut exister des décalages entre la temporalité et la spatialité du changement urbain et celle de la stratégie commerciale élaborée par les commerçants dans un territoire donné.
    The biographical and professional trajectories of independent shopkeepers have been marked by important diversification since the end of the 20th century. At the same time, retail has taken on an increasing role in the development policies of urban centers. By crossing these commercial and territorial trajectories, we can better understand how independent shopkeepers, and through them their businesses, contribute to urban change processes. Based on two field studies in Noisy-le-Sec and Montreuil, two cities located east of Paris, this article proposes to analyze how the biographical and professional trajectories of shopkeepers influence the way they conceive their role towards the territory and the place that the latter occupies in shaping and adapting their commercial strategy. To study how they describe their installation allows us to identify three main ways by which they take the territory into account: as a generic spatial characteristic, as a resource to be mobilized or as a potential to be exploited. These may evolve as their activity develops itself and, more specifically, there may be discrepancies between the temporality and spatiality of urban change and that of the commercial strategy developed by the shopkeepers in a given territory.
  • Inégalités régionales, diversité des marchés de l'emploi et circulation du travail en Inde. Une analyse spatiale des mouvements migratoires interrégionaux - Sébastien Michiels, Aurélien Reys p. 185-213 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Le processus de libéralisation initié en Inde à partir des années 1990 s'est accompagné d'une multitude de changements socio-économiques et politiques. Si ces évolutions se sont traduites par une augmentation du taux de croissance, les retombées économiques ne se sont pas produites de la même manière sur l'ensemble du territoire et ont nourri le creusement des inégalités au niveau régional. Cet article se propose d'étudier de quelle manière, en termes d'organisation du travail, ces inégalités spatiales ont contribué à redessiner les migrations interrégionales. Après avoir identifié une typologie des marchés du travail et avoir spatialisé les principaux flux de migrations de travail dans le pays, nous montrons que les inégalités spatiales et le type de marché de l'emploi dans les lieux d'origine et de destination jouent un rôle important dans la circulation du travail en Inde.
    The liberalization process initiated in India in the 1990s has been accompanied by a multitude of socio-economic and political changes. While these changes have resulted in an increase in the growth rate, the economic benefits have not occurred in the same way throughout the country and have fueled growing inequalities at the regional level. This paper proposes to study how these spatial inequalities in terms of labour organization have contributed to reshaping interregional migration. After having first identified a typology of labor markets, and then spatialized the main labour migration flows in the country, we show that spatial inequalities and the type of labour market in origin and destination states play an important role on the circulation of labour in India.