Contenu du sommaire : Les relations sino-européennes

Revue L'Europe en formation Mir@bel
Numéro no 391, automne-hiver 2020
Titre du numéro Les relations sino-européennes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier. Les relations sino-européennes

    • Les relations UE-Chine, l'accord global sur les investissements (AGI) et l'autonomie stratégique de l'Union européenne - Mario Telo p. 3-15 accès libre avec résumé
      Cet article analyse le contenu et la structure de l'Accord global sur l'investissement (AGI) – en anglais « Comprehensive Agreement on Investment » (CAI) –, alors signé par les autorités de l'Union européenne avec la Chine le 30 décembre 2020. Il considère ensuite le débat qui s'est ouvert en Europe sur sa ratification (en suspens) à la lumière dimensions géopolitiques de la politique commerciale européenne.
    • NATO's Emerging Policy Reset on China - Jens Bastian p. 16-27 accès libre avec résumé
      L'expansion du poids commercial et des investissements de la Chine en Europe pose de nombreux défis aux organisations multilatérales internationales. Récemment, l'expansion de la Chine a aussi gagné les secteurs de la sécurité et de la défense ; c'est le cas, par exemple, en Serbie, pays voisin de quatre membres de l'OTAN. Si les organes politiques de l'OTAN ont réagi tardivement à ces développements chinois, ils procèdent aujourd'hui à une révision stratégique et placent la Chine en tête de leur agenda politique. Cette contribution fait valoir que les actions l'OTAN, en tant que processus en cours d'élaboration, sont susceptibles de mettre à l'épreuve la cohésion interne de l'organisation de sécurité et de défense dans les années à venir.
    • The Impact of Donald Trump's Presidency on Sino-European Relations - Silvia Menegazzi p. 28-38 accès libre avec résumé
      Cet article analyse l'impact de la présidence de Donald Trump sur les relations sino-européennes, en se concentrant sur les politiques de sécurité, de commerce et de droits de l'homme. Les développements politiques aux États-Unis au cours des deux premières années de la présidence de Trump (2016-2018) ont représenté une opportunité pour la Chine et l'Union européenne de renforcer leur coopération dans différents domaines. Néanmoins, à partir de 2018, la politique américaine à l'égard de la Chine a radicalement changé, ayant des répercussions importantes sur les relations sino-européennes. À ce titre, les perceptions négatives de l'UE à l'égard de la Chine sont devenues la norme, entraînant des effets politiques et économiques majeurs.
    • Multilateralism with Chinese Characteristics? Implications for the EU - Yuan Feng p. 39-53 accès libre avec résumé
      Cet article est composé en deux parties principales. La première présente les principales caractéristiques du multilatéralisme chinois, en y explorant ses origines, ses développements et ses stratégies. En seconde partie, on examine plus en détail l'impact des stratégies multilatéralistes de la Chine sur l'approche des relations extérieures de l'UE. Dans ce contexte, l'initiative "Belt and Road", l'initiative 17+1 et l'approfondissement des relations bilatérales de la Chine avec la Russie, la Turquie et l'Iran sont abordés.
    • La crise de la Covid-19 et le repositionnement international de la Chine - Antoine Kernen, Alexandre Mathys p. 54-66 accès libre avec résumé
      En nous appuyant sur la presse internationale, nous mettons en évidence les différentes perceptions de la diplomatie sanitaire chinoise au début de la pandémie. Alors que de nombreux médias européens ont parlé de « l'échec de la diplomatie des masques » à l'été 2020, la lecture de la presse africaine ou chinoise remet en cause ce point de vue. Certes, le gouvernement chinois a mis plusieurs mois à inventer son narratif, mais il a ensuite su faire taire les critiques internes. En mettant en scène l'efficacité de ses mesures tout en se repositionnant comme expert, il a pu dénoncer un manque de rigueur dans les mesures prises à l'étranger. Ici, nous interrogeons en particulier les contours de la diplomatie du masque. Nous postulons qu'elle suit la recomposition des alliances qui accompagnent la montée en puissance de la Chine à l'international. Ainsi, si la diplomatie sanitaire de la Chine nous est aujourd'hui inaudible en Europe, ce n'est pas forcément en raison de son échec, mais peut-être parce qu'elle ne nous est plus destinée.
    • How to Understand Chinese Ideas in EU-China Communication? : A Translation Study of Three Chinese Political Concepts - Jian Shi, Ping Liang p. 67-77 accès libre avec résumé
      Dans l'étude des relations sino-européennes, le domaine de la traduction demeure peu exploré. La traduction joue pourtant un rôle important dans la facilitation du dialogue entre les peuples et pour la compréhension mutuelle entre la Chine et l'Europe. La traduction constitue le socle de l'échange d'idées dans la communication politique entre les deux parties. En examinant les changements apportés à la traduction officielle chinoise de trois concepts politiques clés dans leur diffusion internationale au cours des dernières années, cet article soutient que la variance de la traduction et le manque de contextes culturels entraînent des compréhensions différenciées de ces idées clés. Il s'agit d'attirer l'attention sur le rôle de la traduction dans l'efficacité de la communication internationale, ainsi que sur la nécessité de combiner les études de traduction avec la recherche sur les relations internationales.
    • An Analysis of the Perception Gap between the EU's Connectivity Strategy and China's Belt and Road Initiative - Chen Xuechen, Gao Xinchuchu p. 78-93 accès libre avec résumé
      Renforcer la connectivité entre l'Asie et l'Europe et combler le manque d'infrastructures en Europe centrale et orientale est le principal objectif de l'initiative chinoise des « nouvelles routes de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI). Parallèlement, l'UE renforce ses efforts stratégiques visant à relier l'Europe avec d'autres régions du monde. Sa communication conjointe « Relier l'Europe à l'Asie – Éléments fondamentaux d'une stratégie de l'UE », dont l'objectif est de stimuler la connectivité Asie-Europe, en est un exemple éloquent. Dans ce cadre, le présent article explore les perceptions divergentes qu'ont l'UE et la Chine de la connectivité, et ses implications sur la coopération UE-Chine. Nous avançons que l'UE et la Chine ont des approches différentes de la connectivité. Qui plus est, l'écart de perception entre l'UE et la Chine quant au concept de connectivité représente un défi aux efforts de coopération entre les deux acteurs.
    • China's Response to EU-Asia Connectivity Strategy: A Macro and Micro View in Analysis - Dan Yi, Zhuyu Li p. 94-104 accès libre avec résumé
      Le document ‘Connecting Europe and Asia – Building blocks for an EU Strategy' de 2018, adopté par les États membres de l'UE, a défini sa stratégie globale concernant la relation Europe-Asie. Il reste à savoir comment cet important document a été reçu et interprété en Chine. À partir de notre enquête et de notre analyse, cet article soutient que, bien que les informations aient été communiquées par le biais de plateformes officielles (la macro-information) en Chine, les discussions nécessaires (la micropénétration) entre les universitaires et les jeunes se sont avérées insuffisantes. Il est donc essentiel que l'UE et la Chine coopèrent, améliorent leur communication et encouragent une réflexion approfondie sur ce sujet, en favorisant la compréhension mutuelle entre les jeunes de l'UE et de la Chine. Cela peut se faire en exploitant leurs nouvelles plateformes préférées.
    • The EU-China Investment Agreement (CAI): The Opportunity for China to Snatch the European Union from the United States - Giacomo Famigli p. 105-119 accès libre avec résumé
      Entre 2009 et 2019, les chiffres de l'Union européenne révèlent un doublement du volume des échanges entre l'UE et les États-Unis, tant pour les importations que pour les exportations. Pour la même période, le commerce européen avec la Chine a connu une augmentation plus exponentielle, doublant le nombre d'importations et triplant presque les exportations. Les tarifs douaniers introduits en 2018 par le Président Donald Trump n'ont pas vraiment entravé la croissance du volume des échanges entre les deux acteurs, mais ils ont certainement envenimé les relations entre les deux pays, créant l'occasion de rechercher d'autres partenaires commerciaux. En fait, le nouveau président élu Biden a récemment signé un arrêt temporaire des droits de douane afin de réparer la confiance perdue. Toutefois, si l'établissement d'un nouvel accord commercial prend du temps, la Chine est déjà en train de signer l'Accord Global UE-Chine sur les Investissements (AGI). Cet accord porte sur des secteurs économiques majeurs tels que l'industrie manufacturière et le secteur automobile, lesquels représentent 91 % des importations de l'UE en provenance de la Chine et 73 % de ses exportations. L'AGI constitue donc une bonne base pour de futurs partenariats et à l'ouverture du commerce à d'autres catégories de produits, ce qui pourrait entraîner une augmentation des importations et des exportations dans les années à venir. Entre-temps, les États-Unis se découplent économiquement de la Chine. Dans ce contexte, l'UE devra faire un choix dans les années à venir, très probablement un choix politique.
  • Tribune

    • Monde, victime consentante de la Chine. Ambiguïté et duplicité de l'Europe carbonée - Jean-Marie Rousseau p. 120-138 accès libre avec résumé
      L'offensive lancée la Chine pour la sortie de crise d'après Covid s'est inscrite dans un très long processus d'intelligence économique et géopolitique. La révolution numérique, plus qu'une simple transition, procède d'une remise en cause de l'ordre mondial. Le barycentre qui était au XXe siècle Nord-Atlantique a muté en barycentre Nord-Pacifique. Dans ce contexte, le concept de neutralité carbone, tel qu'exposé à l'Accord de Paris 2015, concède une responsabilité et des capacités différentes entre les nations, laissant à la Chine plus de temps et davantage de souplesse pour répondre à cette aspiration commune de décarbonation. Il n'est jamais question des dangers encourus par l'exploitation – et l'extraction de métaux et minéraux nécessaires aux technologies numériques – dont l'empreinte carbone se révèle pourtant autrement plus néfaste et dangereuse en termes environnementaux et climatiques.