Contenu du sommaire : Les danses macabres, la "Danse Macabré"

Revue Le Moyen Age Mir@bel
Numéro tome 127, no 1, 2021
Titre du numéro Les danses macabres, la "Danse Macabré"
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Introduction - Alina Zvonareva, Hanno Wijsman p. 11-15 accès libre
    • La revue des états du monde : permanence et variation d'un motif de la "Danse macabre" dans la littérature française médiévale - Danielle Quéruel p. 17-36 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La rencontre entre les vivants et la Mort qui structure les danses macabres à partir de 1424–1425 apparaît bien avant le XVe siècle dans les écrits des clercs, puis dans des textes diffusés auprès d'un vaste public. La personnification de la Mort, la présentation égalitaire de l'humanité, le sentiment du macabre, la mise en place de la revue des états du monde s'imposent de façon obsédante dans toute la littérature religieuse et profane de la fin du Moyen Âge et ont contribué à l'invention des danses macabres. Leur multiplication et leur succès ont joué sans aucun doute un rôle de premier plan dans la prise de conscience des hommes devant la Mort et les peurs qu'elle suscite. Les danses macabres ont ainsi contribué à l'éclosion d'une nouvelle littérature consacrée à la mort, celle des dits, des plaintes funèbres, des artes moriendi et des romans allégoriques, qui tous reprennent la vision de la revue des états du monde.
      The encounter between the living and Death, which structured the Dance of Death from 1424–1425 onwards, actually appeared far earlier than the fifteenth century, first in religious writings and later in texts aiming at a broader audience. The personification of Death, the egalitarian presentation of humankind, the feeling of the macabre, and the pageant of the representatives of every social status became obsessively present in nearly every religious or lay text of the late Middle Ages and contributed to the devising of the Dance of Death. Being multiplied and successful, they definitely played a major role for medieval men and women in their view of death and in the fears that it arose. The Dance of Death thus contributed to the flourishing of a new literary field, expressed through dits, funeral laments, artes moriendi, and allegorical romances that all include the pageant of representatives from all walks of life.
    • La tradition textuelle de la Danse Macabré de Paris (1424–1425) : quelques perspectives pour une édition critique - Alina Zvonareva p. 37-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La Danse Macabré de Paris (1424–1425), une œuvre clé dans la diffusion des danses macabres, n'a pas encore reçu d'édition critique. Cet article se concentre sur les témoins textuels conservés : seize manuscrits français, les premiers imprimés et les inscriptions accompagnant les peintures murales. Les traductions et remaniements de la Danse Macabré en catalan, italien et latin sont également interrogés dans une optique critico-textuelle. L'étude, focalisée sur les rapports généalogiques entre les versions conservées, montre que la plupart des manuscrits du XVe siècle dérivent directement de l'archétype de la tradition textuelle, tandis que tous les incunables ont été influencés, d'une manière ou d'une autre, par l'editio princeps (Guyot Marchant, 1485). L'analyse des variantes substantielles permet de détecter les descripti et de diviser les manuscrits en plusieurs familles.
      The French Danse Macabré (Paris, 1424–1425), a key work in the spread of the Dance of Death genre, still lacks a critical edition. This article addresses the sixteen extant French manuscripts, the incunabula and the captioned mural paintings witnessing the Danse Macabré. The Catalan, Italian and Latin translations and reworkings of this text are also briefly discussed from a text-critical point of view. Our research focuses on the genealogical relations between the extant versions and shows that most fifteenth-century manuscripts derive directly from the archetype of the textual tradition, whereas all the incunabula were in some way influenced by the editio princeps (Guyot Marchant, 1485). The analysis of the substantive variants allows detecting the descripti and dividing the manuscripts into several families.
    • Un manuscrit de Philippe le Bon et la Danse Macabré du cimetière des Saints-Innocents - Hanno Wijsman p. 59-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La reconstitution d'un manuscrit de la Librairie des ducs de Bourgogne que l'on croyait perdu permet de jeter une nouvelle lumière sur son contenu très varié, dont un témoin de la Danse Macabré. Grâce à des descriptions du XVe et du XVIIIe siècle, les trois morceaux de ce manuscrit, aujourd'hui dispersés entre Paris et Besançon, ont pu être retrouvés. L'analyse codicologique permet d'en dater l'origine dans les années 1420–1430, soit les années au cours desquelles furent exécutés les peintures du cimetière des Saints-Innocents à Paris, alors sous domination anglo-bourguignonne. Ainsi, nous pouvons démontrer que la cour de Philippe le Bon a été encore plus importante que l'on croyait pour la genèse, la réception et la diffusion du texte de la Danse Macabré de Paris et des danses macabres en général.
      The reconstruction of a manuscript from the Library of the dukes of Burgundy, which for a long time was though lost, allows us to shed a new light on its very varied contents, among which a version of the Danse Macabré. Thanks to descriptions made in the fifteenth and eighteenth centuries, the three chunks of the manuscript have been found in Paris and Besançon. The codicological analysis allows dating its coming about to the 1420s, that is to the very same years that the mural paintings of the Danse Macabré were created in the cemetery of the Saints-Innocents in Paris, then under anglo-burgundian rule. Thus, we can show that the court of Philip the Good was even more important than previously thought for the origin, the reception and the dissemination of the text of the Parisian Danse Macabré and the theme of the Dance of Death in general.
    • Interactions entre textes et images. Les Danses macabres peintes dans les églises en France aux XVe–XVIe siècles - Ilona Hans-Collas p. 81-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les représentations de la Danse macabre en peinture murale occupent une place majeure dans l'iconographie macabre de la fin du Moyen Âge. Ces longues suites de personnages religieux et laïcs s'adaptent parfaitement aux vastes surfaces des murs d'églises et des cimetières. La conquête de ces espaces participe à la diffusion du thème dans des contextes différents, qu'ils soient cultuels, funéraires, liturgiques. Le choix des emplacements et les spécificités de chaque ensemble permettent de s'interroger sur la fonction de la Danse macabre au sein de l'édifice, la réception du thème par le spectateur, le rôle des commanditaires, l'utilisation des sources littéraires et le travail des artistes. À partir de la Danse macabre monumentale la plus ancienne connue, celle des Saints-Innocents de Paris (1424–1425), détruite au XVIIe siècle, d'autres peintures murales en France sont étudiées sous ces différents angles (La Chaise-Dieu, Kernascléden, Josselin, Strasbourg, Kermaria-an-Isquit, La Ferté-Loupière, Meslay-le-Grenet, Preuilly-sur-Claise et Brianny). Textes et images sont indissociables. L'interaction entre l'image et l'écrit s'exprime également par la présence insistante du prédicateur, probable allusion au rôle des Ordres mendiants.
      The wall paintings of the Dance of Death are an essential part of the macabre iconography in the Late Middle Ages. These extended sequences of religious and lay figures adapt perfectly to the vast surfaces of church and cemetery walls. The judicious use of these decorated areas contributes to the spread of the theme in different contexts, varying between cultic, liturgical, and burial rituals. The choice of locations and the characteristics of each painted programme allow us to question the function of the Dance of Death within the building, the reception of the theme by the spectator, the role of the commissioners, the use of literary sources and the artists' work. From the earliest known painted Dance of Death, that of the now lost Saints Innocents Cemetery in Paris (1424–1425), other murals in France are discussed under these different aspects (La Chaise-Dieu, Kernascléden, Josselin, Strasbourg, Kermaria-an-Isquit, La Ferté-Loupière, Meslay-le-Grenet, Preuilly-sur-Claise and Brianny). Texts and images are inseparable. The interaction between image and text is also expressed by the insistent presence of the preacher, a probable allusion to the role of the Mendicant orders.
    • Le cadavre, la Mort et le revenant. Origines théâtrales de la Danse macabre : scénario et nouvelles hypothèses - Didier Jugan p. 105-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      É. Mâle supposait que la Danse Macabré parisienne avait une origine théâtrale sans pouvoir le prouver. La découverte récente d'un rôlet de théâtre à Chambéry ainsi que l'analyse d'une version latino-germanique se référant toutes les deux à une Danse macabre permettent de valider l'hypothèse de l'historien d'art du début du XXe siècle. Bien que l'origine de la Danse macabre nous soit connue par bribes, l'article émet des hypothèses, à caractère prospectif, de continuité thématique et d'évolution du sujet. Un scénario de déploiement du sujet macabre sous forme théâtrale, avant la réalisation d'œuvres picturales et donc avant la peinture murale du cimetière des Saints-Innocents en 1424–1425, est proposé dans cet article. Il permet de montrer les différentes influences qui ont pu s'exercer sur la peinture parisienne, aujourd'hui détruite mais qui nous est connue par les gravures du libraire et imprimeur Guyot Marchant, et de comprendre sa complexité dramatique, gage de succès de ce thème iconographique depuis le xve siècle jusqu'à nos jours. Le sujet croise les figures de la Mort allégorique, du cadavre et du revenant qui sont souvent difficiles à démêler.
      É. Mâle assumed that the Danse Macabré had a theatrical origin without being able to prove it. The recent discovery of a medieval actors' rôle in Chambéry and the analysis of a Latin-Germanic text, both referring to a Dance of Death, validate the hypothesis of the early-twentieth-century art historian. Despite the fragmentary knowledge regarding the origins of the Danse Macabre, this article shapes hypotheses about a thematic continuity and evolution of the genre. It puts forward a scenario of the Dance of Death performed as a play, prior to the creation of pictorial works, and thus before the mural in the Saints Innocents Cemetery was painted in 1424–1425 in Paris. This scenario shows the various influences that may have affected the Parisian painting, now destroyed but known to us through the engravings of bookseller and printer Guyot Marchant. It also allows one to understand the dramatic complexity which has made the success of this iconographic theme from the fifteenth century onwards. The subject discusses the figures of allegorical Death, corpse and revenant, often difficult to differentiate.
    • La mort en scène : image, dialogue et chorégraphie dans les représentations macabres catalanes - Francesc Massip p. 139-161 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Entre le XVe et le XVIe siècle, on assiste à une prolifération du thème macabre dans les arts plastiques, ainsi que dans la littérature scénique et la chorégraphie. Nous proposons une analyse des exemples qui en sont apparus dans la culture catalane : d'un Triomphe de la mort qui a défilé à Barcelone pour l'entrée royale de Ferdinand Ier (1412), spectacle qui a été réutilisé en 1414 pour célébrer son couronnement à Saragosse, à la Representació de la Mort, texte dramatique majorquin du XVIe siècle, et à la fresque monumentale du couvent franciscain de Morella avec une danse en cercle exécutée sur une musique dont le texte et la portée apparaissent au pied de l'image. Nous passons également en revue les formes de danse que la typologie macabre adopte dans les exemples catalans : une danse processionnelle en ligne qui, dans son évolution, se referme en cercle jusqu'à sa conclusion sous la forme d'une carole ; sans oublier les formes traditionnelles telles que les contrepas et la danse en croix de la procession de Verges.
      The fifteenth and sixteenth centuries witnessed the spread of the macabre genre in the plastic arts, in scenic texts and in performances. In this article we propose an analysis of the examples that appeared in Catalan culture, from a Triomphe de la mort that paraded in Barcelona for the royal entry of Ferdinand I (1412), a spectacle used again in 1414 for his coronation in Zaragoza, to the Representació de la Mort, a Majorcan dramatic text from the sixteenth century, and to the monumental murals painted in the Franciscan convent of Morella showing the performance of a circular dance with text and music noted below. We also discuss the various forms the dances took in these Catalan examples: a processional in-line dance evolving to a closed circular one, thus becoming a carole; and traditional dances such as the contrapas and the cruciform processional dance performed at Verges.
    • Le "Dit des Neuf Preux et des Neuf Preuses" : textes et images d'une Danse Macabré inhabituelle dans les cours européennes du XVe siècle - Marco Piccat p. 163-174 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      D'influence française, le thème des Neuf Preux et Neuf Preuses se diffuse en Italie au XVe siècle et modifie profondément la tradition de la mémoire des Hommes illustres de la tradition classique. Cette nouvelle allégorie, qui arrive en Italie par les terres du Piémont, associe la présentation de trois Preux avec celle de trois Preuses comme des exemples célèbres à imiter. Elle s'adapte au goût de la noblesse des zones alpines et frontalières, pénétrant jusqu'au centre de la péninsule italienne. Dans certains cas, tel le château de Manta, nous voyons un contraste entre les images fastueuses du gothique international et les textes en vers en français. La série peut se montrer comme l'expression d'une danse- procession nobiliaire, dont les participants, les uns après les autres et nonobstant le grand pouvoir qu'ils possèdent sur terre, arrivent pour témoigner du regret de leur jeunesse qui est propre au canon macabre du Moyen Âge européen.
      The French-influenced theme of the Nine Worthies and Nine Heroines spread in Italy in the fifteenth century, deeply modifying the memory of the classical tradition of the Illustrious Men. This new courtly allegory arrived in Italy through the Piedmont lands and combined the presentation of three Worthies with three Heroines as famous examples to follow. In particular, it meets the artistic touch of the nobility in the Alpine area, spreading further into Central Italy. In some cases, as in the Castle of Manta, one can see a strong contrast between the elegant images and the texts. The series can be seen as an expression of a processional dance performed by the nobility, the participants of which, in spite of their worldly power, express one by one the regret of the loss of their youth, much like in the European medieval macabre tradition.
  • Bibliographie

  • Comptes rendus