Contenu du sommaire : Nouvelles recherches
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 186, juillet-septembre 2021 |
Titre du numéro | Nouvelles recherches |
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- Introduction - Catherine Nicault p. 3-9
- La Question d'Orient (1798-1861) : diplomates et publicistes, acteurs de la bataille d'opinion - Jean-François Figeac p. 11-29 Le premier XIXe siècle est marqué par l'émergence des opinions publiques en tant qu'actrices à part entière des relations internationales. Par conséquent, les diplomates sont désormais concurrencés par les publicistes qui cherchent à la fois à juger leur action et à proposer des alternatives en matière de politique étrangère. Ce phénomène est visible à l'occasion des différentes crises orientales qui se multiplient à partir de la campagne d'Égypte (1798-1801). Le diplomate tombe progressivement de son piédestal face à la profusion de brochures émanant de publicistes qui s'érigent en experts de la Question d'Orient. Cette rivalité pousse à une adaptation de part et d'autre, ce qui peut entraîner une porosité des frontières socio-professionnelles, les publicistes pouvant faire carrière dans la diplomatie, alors que les diplomates n'hésitent plus à descendre dans l'arène de l'espace public.The first half of the nineteenth century was characterized by the emergence of public opinions as full actors in international relations. Consequently, diplomats found themselves in competition with publicists who tried to judge them and to offer alternatives about foreign policy. This phenomenon can be seen during the different oriental crises which increased from the period of the French campaign in Egypt (1798-1801). The diplomat was knocked off his perch by the abundance of booklets written by publicists who set themselves up as experts of the Eastern Question. This rivalry pushed both sides to adapt, which may have led to a porosity of socio-professional borders in which publicists may pursue a career in diplomacy, while diplomats would not hesitate to enter the arena of public space.
- Le rôle conjoint de la France et de la Grande-Bretagne dans le développement initial de la Commission européenne du Danube (1856-1878) - Patrice Pipaud p. 31-45 Le traité de Paris du 30 mars 1856, qui acte la naissance de la Commission européenne du Danube prend en compte les problématiques fluviales en les intégrant dans une évolution ambitieuse du droit européen, souhaitée par la France et la Grande-Bretagne. Du Congrès de Paris à celui de Berlin en 1878, les deux premières décennies de l'existence de la commission voient la volonté conjointe et les compétences partagées des deux puissances parvenir à une amélioration spectaculaire de la situation du bas Danube. Malgré les divergences nées d'intérêts économiques différents, et les résistances des empires centre-orientaux (Autriche, Empire ottoman, Russie), l'impulsion franco-britannique donne naissance, sur le Danube, à une expérience pionnière de projection de l'Europe à ses confins orientaux.The Treaty of Paris of March 30, 1856, which marked the birth of the European Commission of the Danube, took river problems into account by integrating them into an ambitious development of European law. This development was desired by France and Great Britain. From the Paris Congress to the Berlin Congress in 1878, the first two decades of the commission's existence saw the joint will and the shared competences of the two powers lead to a spectacular improvement of the situation of the lower Danube. Despite the divergencies linked to the different economic interests and to the resistance of the central and eastern empires (Austria, Ottoman Empire, Russia), the Franco-British impetus gave birth on the Danube to a pioneering experience in the projection of Europe towards its eastern reaches.
- La controverse sur le statut religieux de la Sarre (1921-1925) : heurt de logiques entre le Quai d'Orsay et le Vatican - Édouard Coquet p. 47-63 Entre 1921 et 1925, le Quai d'Orsay cherche à obtenir l'autonomie ecclésiastique du Territoire de la Sarre à l'égard des diocèses allemands, afin d'utiliser le clergé au service de la politique d'influence que mène la France en vue du référendum prévu en 1935. C'est l'un des objectifs principaux que fixe le Quai d'Orsay au rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège (1920-1921). La controverse suscitée par le refus du Saint-Siège est révélatrice des divergences de vue entre les deux parties sur les rapports entre les sphères politique et religieuse : alors que la France reste fidèle à une politique de contrôle du catholicisme, considéré comme un vecteur d'influence, le Saint-Siège défend désormais sa pleine autonomie en matière religieuse à l'égard des États.Between 1921 and 1925, the French Ministry of Foreign Affairs sought to obtain ecclesiastical autonomy for the Territory of the Saar from the German dioceses, in order to use the clergy as a support of French political influence with a view to the referendum scheduled for 1935. This point was one of the Ministry's main objectives as the diplomatic relations with the Holy See were restored (1920-1921). The Holy See's refusal gave rise to a controversy that revealed the misunderstandings between the two parties as far as the relationships between political and religious spheres were concerned: while France stood by a policy of control over Catholicism, which was considered a medium of influence, the Holy See now defended its full autonomy from the state in religious matters.
- Une coopération complexe entre humanitaires et militaires : le CICR et le Commandement des Nations Unies durant la guerre de Corée - Jean-Michel Turcotte p. 65-82 Au cours de la guerre de Corée (1950-1953), le Commandement des Nations Unies (CNU), dirigé par les Américains, a détenu quelque 170 000 prisonniers de guerre nord-coréens et chinois. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été le seul organisme neutre habilité à visiter les camps de prisonniers en Corée du Sud en collaboration avec le CNU. Cette recherche révèle que le CICR et le CNU ont établi une coopération complexe par rapport à la captivité des soldats « ennemis ». Les travaux humanitaires des délégués du CICR ont été directement influencés par la diplomatie quotidienne développée avec les autorités militaires américaines. Cet article examine cette dynamique fondamentale dans notre compréhension de l'action du CICR et du droit international humanitaire en Corée.During the Korean War (1950–1953), the US-led United Nations Command (UNC) detained some 170,000 North Korean and Chinese prisoners of war (POW). The International Committee of the Red Cross (ICRC) was the only neutral actor authorized to visit the POW camps in South Korea in collaboration with the UNC. This research suggests that the ICRC and the CNU developed a complex dynamic of cooperation in relation to the captivity of “enemy” POWs. In addition, the humanitarian work of the ICRC delegates was shaped by the daily diplomacy developed with the US military authorities. This article examines this important aspect in our understanding of ICRC action and international humanitarian law in Korea.
- « Le blabla sur l'amitié et la paix m'ennuie ». La diplomatie suisse face à la propagande chinoise (1949-1976) - Cyril Cordoba p. 83-96 Cet article propose d'analyser pourquoi la Confédération helvétique, l'un des premiers pays occidentaux à reconnaître la République populaire de Chine en 1950, a fait preuve, au cours des trois décennies suivantes, d'une grande réserve dans le développement de ses relations avec Pékin. En examinant les incidents diplomatiques, les obstacles politiques puis les antagonismes idéologiques opposant les deux pays, cette contribution permet de mieux comprendre ce qui a poussé la Chine à contourner les canaux de communication officiels pour privilégier des échanges « de peuple à peuple » avec des partenaires qu'elle avait elle-même choisis, répondant aux appels de ce qu'elle appelait la « diplomatie de l'amitié ».This article analyzes why the Swiss Confederation, one of the first Western countries to recognize the People's Republic of China in 1950, was very reluctant to develop its relations with Beijing over the following three decades. By examining diplomatic incidents, political obstacles, and ideological antagonisms between the two countries, this article provides a better understanding of what drove China to bypass official channels of communication in order to prioritize “people-to-people” exchanges with partners responding to the calls of what it called “friendship diplomacy”.
- La politique de la France en Asie au début de la présidence de François Mitterrand : trouver un équilibre entre Inde, Indochine et Chine - Thibault Chanvin p. 97-113 En 1982 et 1983, le tournant libéral opéré par François Mitterrand afin de répondre à la crise que traverse la France s'accompagna d'une révision de la politique étrangère en Asie. La Chine, qui procédait à la libéralisation de son marché, apparu alors comme un partenaire incontournable. Afin de permettre l'obtention de contrats sur le marché chinois, la France abandonna le rapprochement initialement envisagé avec l'Inde, qui s'inscrivait dans le cadre plus large d'une politique favorable aux pays du Sud. En Asie du Sud-Est, où la crise cambodgienne opposait Pékin et Hanoï, les acteurs de la diplomatie française s'efforcèrent de sauvegarder les liens avec le Vietnam et le Cambodge tout en prenant garde à ne pas froisser les dirigeants chinois.In 1982 and 1983, François Mitterand's liberal turn was followed by a review of French foreign policy in Asia. China was proceeding to the liberalization of its market and, therefore, appeared as an essential partner. In order to foster French companies' chances to obtain contracts with China, France abandoned the initial policy of deepening relations with India, which was part of a broader policy aimed at the Global South. In Southeast Asia, where the Cambodian crisis pitted Beijing against Hanoi, French diplomats strove to safeguard ties with Vietnam and Cambodia while taking care not to offend Chinese leaders.
- Le projet Unesco des « Routes de la Soie » (1988-1997). Entre science, tourisme culturel et politique - Chloé Maurel p. 115-133 En 1988, à l'approche de la fin de la Guerre froide, l'Unesco a lancé un vaste projet culturel décennal, intitulé « Étude intégrale des Routes de la soie – routes de dialogue » (1988-1997). Associant des scientifiques de différentes disciplines et de nombreux pays européens et asiatiques, le projet a permis des échanges de connaissances (colloques et conférences), des expéditions le long de ces anciennes routes de la soie, et des reportages culturels et touristiques sur les lieux-clés du patrimoine de cette région du monde, à la charnière entre Orient et Occident. Il a contribué à la promotion de la paix et de la compréhension internationale. Braquant le projecteur sur l'Asie centrale, il a préfiguré l'autre projet – plus économique et géostratégique celui-là – des « Nouvelles Routes de la Soie » lancé en 2013 par la République populaire de Chine dans cette région.In 1988, around the end of Cold War, UNESCO launched an important cultural project of 10 years: the « Silk Roads Project » (1988-1997). It associated specialists of various fields and of different countries in both Europe and Asia. It allowed exchanges of scientific knowledge (congresses, symposia), and expeditions along these ancient roads, as well as cultural and touristic reports on the important sites of cultural heritage in Central Asia – a key area between East and West. The project contributed to the promotion of peace and international understanding. It placed the spotlight on Central Asia, and it foreshadowed another project, far more economically and geostrategically centred – namely, the « New Silk Roads », launched by China in 2013.
- Notes de lecture - p. 141-146