Contenu du sommaire : La remunicipalisation des services publics locaux : ampleur, causes et perspectives

Revue Revue Internationale des Sciences Administratives Mir@bel
Numéro vol. 87, no 3, septembre 2021
Titre du numéro La remunicipalisation des services publics locaux : ampleur, causes et perspectives
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  • La remunicipalisation des services publics locaux : ampleur, causes et perspectives

    • La remunicipalisation des services publics locaux : ampleur, causes et perspectives - Daniel Albalate, Germà Bel, Raymond Gradus, Eoin Reeves p. 437-443 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis le début du siècle, une tendance mondiale à la remunicipalisation est apparue, les villes revenant sur les privatisations antérieures et restituant les infrastructures et les services publics au secteur public. Le retour en arrière sur les mesures de privatisation n'est pas un phénomène entièrement nouveau. Aux États-Unis, par exemple, le retour à la production interne pour les services publics est une tendance déjà ancienne de la « gestion publique pragmatique ». Cependant, de nombreux cas de remunicipalisation qui ont eu lieu depuis le début des années 2000 représentent un changement distinctif par rapport aux politiques de privatisation antérieures. Des cas très médiatisés dans des villes comme Paris et Hambourg ont propulsé la remunicipalisation sous les feux de la rampe, car ils ont fait suite à des campagnes publiques motivées par l'insatisfaction à l'égard des résultats de la privatisation et le désir de restaurer le contrôle public de services vitaux comme l'eau et l'énergie. Tout comme la réforme des services publics au profit de la privatisation a donné naissance à un vaste corpus d'études, le phénomène actuel de remunicipalisation attire de plus en plus l'attention des chercheurs de différentes disciplines. Les articles contenus dans ce symposium contribuent à cette littérature émergente. Ils abordent certaines des questions les plus brûlantes liées à la remunicipalisation, mais ils soulignent également les problèmes qui restent à résoudre et mettent en lumière un programme de recherche qui n'a pas fini de prendre forme.
      Since the turn of the century a global trend of re-municipalization has emerged with cities reversing earlier privatizations and returning infrastructure and public service delivery to the public sector. The reversal of privatization measures is not an entirely new phenomenon. In the US for example, returning public services to in-house production has been a long-standing feature of ‘pragmatic public management'. However, many cases of re-municipalization that have occurred since the early 2000's represent a distinctive shift from earlier privatization policies. High-profile cases in cities including Paris and Hamburg have thrust re-municipalization into the limelight as they have followed public campaigns motivated by dissatisfaction with the results of privatization and a desire to restore public control of vital services such as water and energy. Just as the reform of public services towards privatization spawned a vast body of scholarship the current re-municipalization phenomenon is increasingly attracting the attention of scholars from a number of disciplinary perspectives. The papers contained in this Symposium contribute to this emerging literature. They address some of the burning issues relating to re-municipalization but they also point to issues yet to be resolved and shed light on a research agenda that is still taking shape.
    • Facteurs déterminant les modes de prestation de services au sein de l'administration locale néerlandaise : une analyse dans le temps et dans différents domaines - Martijn Schoute, Raymond Gradus, Tjerk Budding p. 445-459 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cette étude a pour objet d'examiner la manière dont certaines caractéristiques des services ainsi que des caractéristiques financières et politiques influencent les choix effectués par les municipalités concernant quatre modes de prestation de services au sein de l'administration locale néerlandaise, en établissant une distinction entre les services relevant du domaine technique et ceux relevant du domaine opérationnel. Elle montre que, dans l'ensemble, le recours à la coopération intercommunale et, dans une moindre mesure, à des entreprises municipales s'est considérablement accru entre 2010 et 2018. S'agissant du recours à des entreprises privées, nous constatons des différences notables : s'il s'est accru dans le domaine technique, il a diminué dans le domaine opérationnel. Dans les deux domaines, il apparaît que la production interne a sensiblement diminué. Nous observons également que l'influence, en particulier, de caractéristiques liées au coût de transaction sur le choix de la forme institutionnelle effectué par les communes diffère entre 2010 et 2018, ainsi qu'entre les deux domaines précités. Le constat d'une diminution sensible du recours à la production interne entre 2010 et 2018 semble indiquer que les communes recherchent des formes institutionnelles mixtes, telles que la coopération intercommunale, afin de réaliser des économies d'échelle. Nous observons que les modes de prestation de services sont particulièrement déterminés par certaines caractéristiques des services, ce qui souligne l'importance du paramètre du coût de transaction dans les décisions relatives aux modes de prestation de services. Toutefois, notre étude fait également apparaître que les caractéristiques financières et politiques entrent en ligne de compte dans une certaine mesure. Les effets de ces caractéristiques n'étant pas stables, nous montrons que le mode de mise en œuvre des réformes peut varier dans le temps et selon les domaines.
      This study investigates the influence of service, financial and political characteristics on municipalities' choices of four service delivery modes in the Dutch local government setting, thereby making a distinction between services in the physical and in the operational domain. It shows that, overall, use of inter-municipal cooperation and, to a lesser extent, municipality-owned firms increased substantially from 2010 to 2018. For use of private firms, we find remarkable differences. Whereas this use increased for the physical domain, it decreased for the operational domain. For both domains, we find that in-house production decreased substantially. We also find that the influence of especially transaction cost characteristics on the likelihood that municipalities choose a certain institutional form differs between 2010 and 2018, as well as between the physical and the operational domain.Points for practitionersOur finding that the use of in-house production decreased substantially from 2010 to 2018 suggests that municipalities are looking for mixed institutional forms, such as inter-municipal cooperation, to realize economies of scale. We observe that service delivery modes are especially driven by service characteristics, thereby stressing the importance of transaction cost motives in decisions about service delivery modes. However, our study also shows that financial and political characteristics have some influence. As the effects of the latter are not stable, we show that the way to implement reforms may vary over time and across domains.
    • Effets du pays, du secteur et de la méthode dans l'étude de la remunicipalisation : une méta-analyse - Bart Voorn p. 461-480 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Une littérature de plus en plus abondante révèle la remunicipalisation croissante des services publics locaux. Pourtant, alors même que cette littérature est en train de s'étoffer, de nombreux débats subsistent sur les causes de la remunicipalisation. Le présent article rapporte les résultats d'une méta-analyse de la littérature sur la remunicipalisation, en se concentrant sur la question suivante : comment les effets du pays, du secteur et de la méthode affectent-ils les résultats des études sur la remunicipalisation ? J'inclus des articles sur la remunicipalisation sous différents termes (« remunicipalisation », « privatisation inversée », « internalisation » et « externalisation ») recourant à un large éventail de méthodes (études de cas, enquêtes et analyse de documents) et couvrant une vaste période (1995-2019). J'identifie 30 causes de remunicipalisation qui sont envisagées et rencontrées dans la littérature. Les facteurs politiques et pragmatiques semblent être les plus fréquemment envisagés et rencontrés comme causes de remunicipalisation dans la littérature ; les facteurs environnementaux sont moins souvent envisagés mais semblent très pertinents. Par ailleurs, je découvre d'importantes différences entre les littératures qualitative et quantitative. Je propose un programme de recherche visant à permettre une synthèse future plus développée dans la littérature sur la remunicipalisation. La littérature sur la remunicipalisation est très fragmentée et la remunicipalisation peut avoir de nombreuses causes. La remunicipalisation semble être une tendance à la fois politique et pragmatique, mais la littérature est encore trop fragmentée pour que l'on puisse en être sûr. Soyez conscient des biais et des limites potentiels de la recherche actuelle sur (les causes de) la remunicipalisation.
      A growing literature demonstrates increasing remunicipalization of local public services. Yet, while this literature is becoming extensive, many debates still exist about remunicipalization's causes. This article reports the findings of a meta-analysis of the remunicipalization literature, focusing on the question: how do country, sector and method effects affect the findings of remunicipalization studies? I include articles on remunicipalization under different terms (‘remunicipalization', ‘reverse privatization', ‘insourcing' and ‘contracting in'), using a large range of methods (case studies, surveys and document analysis) and covering a large period (1995–2019). I find 30 causes of remunicipalization that are considered and found in the literature. Political and pragmatic factors appear to be most frequently considered and found as causes of remunicipalization in the literature; environmental factors are less often considered but seem highly relevant. Moreover, I uncover large differences between the qualitative and quantitative literatures. I offer a research agenda to allow greater future synthesis in the remunicipalization literature.Points for practitionersThe literature on remunicipalization is highly fragmented and remunicipalization can have many different causes. Remunicipalization appears to be both a political and a pragmatic trend, but the literature is still too fragmented to know for sure. Be aware of the potential biases and limitations in current research on (causes of) remunicipalization.
    • Le choix de l'État, entre résiliation et expiration des marchés dans la remunicipalisation : un cas de récurrence historique ? - Daniel Albalate, Germà Bel, Eoin Reeves p. 481-500 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis le début des années 2000, les termes « remunicipalisation » et « privatisation inversée » ont fait leur apparition dans le vocabulaire lorsque plusieurs exemples sont apparus de gouvernements prenant possession d'actifs et de services qui avaient été précédemment privatisés ou externalisés. Différentes méthodes sont utilisées pour mettre en œuvre les décisions de remunicipalisation et des différences s'observent entre les pays et les secteurs. Les approches les plus fréquemment adoptées sont la remunicipalisation par la résiliation et l'expiration des marchés. Nous nous appuyons sur une large base de données de remunicipalisations dans le monde entier pour analyser les facteurs qui influencent le choix des gouvernements parmi ces deux approches. Les résultats de notre analyse multivariable révèlent un modèle de récurrence historique dans les caractéristiques du processus de remunicipalisation en cours. La plupart des gouvernements attendent l'expiration des marchés, mais le nombre de résiliations de marchés est non négligeable. La remunicipalisation dans les grandes villes, dans les secteurs basés sur des réseaux (comme l'eau) et mise en œuvre par les gouvernements municipaux ont un lien positif avec la résiliation. La remunicipalisation des services d'énergie et menée dans les pays d'origine juridique française est positivement associée à l'expiration des marchés. Les modèles de remunicipalisation contemporains ressemblent beaucoup à ceux de l'« ère progressiste ».
      Since the early 2000s, the terms ‘re-municipalization' and ‘reverse privatization' entered the lexicon as several examples emerged of governments taking ownership of assets and services that had previously been privatized or outsourced. Various methods are used to implement re-municipalization decisions and differences are observed across countries and sectors. The approaches most frequently adopted are re-municipalization through contract termination and contract expiration. We utilize a wide database of re-municipalizations worldwide to analyse the factors that influence governments' choice between these two approaches. The results from our multivariate analysis find a pattern of historical recurrence in the characteristics of the current re-municipalization process.Points for practitionersMost governments wait for contracts to expire but the number of contract terminations is sizeable. Re-municipalization in larger cities, network sectors (particularly water) and implemented by municipal governments have a positive association with termination. Re-municipalization of energy utilities and conducted in countries of French legal origin is positively associated with contract expiration. Patterns of contemporary re-municipalization closely resemble those witnessed in the ‘Progressive Era'.
    • Les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États : une économie politique changeante - Vera Weghmann, David Hall p. 501-518 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      À l'origine, les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE, ou ISDS en anglais pour Investor-State Dispute Settlement) étaient destinés à protéger les entreprises des pays du Nord contre le risque d'expropriation par les pays du Sud. À partir des années 2000, ces mécanismes ont été de plus en plus souvent utilisés contre les pays du Nord par des investisseurs qui réclamaient d'être indemnisés à la suite de la nationalisation ou de la remunicipalisation de certains services ou tentaient de peser sur ces décisions, ou qui s'opposaient à l'adoption de réglementations environnementales ou sociales plus strictes menaçant leurs intérêts commerciaux. La résistance aux mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États est venue des mouvements sociaux autant que des gouvernements, et malgré le pouvoir exercé par les multinationales, la tendance mondiale consiste désormais à exclure ces mécanismes des nouveaux accords d'investissement. L'objectif de cet article est de proposer une analyse d'économie politique des processus de soutien ou de contestation du rôle joué par les mécanismes de RDIE dans les accords internationaux, processus qui renvoient à des actions menées à l'échelon national, local et international. Les conflits qui en résultent sont interprétés en termes de contradictions postcoloniales touchant à la souveraineté des États dans le contexte de la mondialisation, en termes de contestation persistante du rôle du secteur public et en termes de politiques climatiques. La probabilité pour les investisseurs de voir un différend tranché en leur faveur dans le cadre d'un mécanisme de RDIE ne devrait pas être surestimée, et l'évaluation que font ces derniers du bien-fondé et des perspectives de remporter un tel différend devrait être soumise à un examen critique. Les gouvernements devraient être conscients qu'il existe dans la société civile un large consensus à l'encontre des mécanismes de RDIE et que la tendance générale actuelle est à la suppression de ces clauses des accords internationaux. Ils devraient également passer en revue l'ensemble des traités bilatéraux d'investissement et accords de libre-échange qu'ils ont conclus, ainsi que le traité sur la Charte de l'énergie ratifié par leur pays, pour évaluer les avantages potentiels respectifs de leur maintien ou de leur dénonciation.
      Investor–state dispute settlement mechanisms were intended to protect companies from the Global North against expropriation by Global South countries. Since 2000, investor–state dispute settlement mechanisms have increasingly been used against Northern countries to obtain compensation for and constrain policy decisions around nationalisation and remunicipalisation, as well as around the environmental or social regulation of service provision that threatens commercial interests. Social movements and governments alike resisted investor–state dispute settlement mechanisms, and despite the power wielded by multinational companies, the global trend is now to exclude investor–state dispute settlement mechanisms from new investment treaties. The purpose of this article is to provide a political-economy analysis of the processes of supporting and contesting the role of investor–state dispute settlement mechanisms in international treaties, processes that include activity at national, sub-national and international levels. The ensuing conflicts are analysed in terms of post-colonial contradictions over sovereignty under globalisation, continued contestation over the role of the public sector and climate change policies.Points for practitionersThe probability of investor success with investor–state dispute settlement mechanism claims should not be overestimated, and investor assessments of the basis and prospects for such cases should be subject to critical scrutiny. Governments should be aware of widespread popular antagonism towards investor–state dispute settlement mechanisms and global trends to remove such clauses from agreements. They should also review all bilateral investment treaties, free trade agreements and the Energy Charter Treaty that the country has ratified to assess the potential relative advantages of retention or leaving.
  • Tester la crise : gestion des opportunités et gouvernance comparées de la pandémie de COVID-19

    • Gestion des opportunités suscitées par la pandémie de COVID-19 : tester la crise dans une perspective globale - Sabine Kuhlmann, Geert Bouckaert, Davide Galli, Renate Reiter, Steven Van Hecke p. 519-539 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le présent article propose un cadre conceptuel pour l'analyse de la gouvernance de la crise du COVID-19 au cours du premier semestre 2020 dans une perspective comparative internationale. Notre article porte plus particulièrement sur la question de la gestion des opportunités, c'est-à-dire sur la façon dont les acteurs concernés appartenant à des cultures administratives distinctes ont fait de la crise une fenêtre d'opportunité. Nous sommes partis d'un intérêt général pour les facteurs qui ont influencé les politiques nationales de gestion de crise pour répondre à la question de savoir si et comment les acteurs politiques et administratifs de différents pays ont fait de la crise une opportunité pour faciliter, accélérer ou empêcher des évolutions dans les cadres institutionnels. Notre objectif est d'étudier les cadres institutionnels et les structures de gouvernance, les solutions et remèdes (présumés), ainsi que les constellations d'acteurs et de préférences qui ont influencé le mode de gestion de la crise et des opportunités. Enfin, notre article résume certains résultats comparatifs majeurs tirés des études par pays de ce numéro spécial, en se concentrant sur les similitudes et les différences dans les réponses apportées à la crise et les modes de gestion des opportunités. Les crises apparaissant dans des séquences de temps de plus en plus courtes, la gestion des troubles et l'exploitation des crises pour des décisions institutionnelles stratégiques sont devenues une question de plus en plus importante pour les décideurs politiques. Afin d'apporter des réponses efficaces et proportionnées, les décideurs politiques doivent tenir compte des conditions institutionnelles, des traditions administratives et des constellations d'acteurs pertinentes dans la gestion de crise, autant d'aspects essentiels pour tirer des enseignements des expériences d'autres pays. La comparaison de ces expériences et l'analyse des politiques de gouvernance de crise dans une perspective transnationale peuvent aider les décideurs politiques à identifier les forces et les faiblesses de leurs propres approches nationales/régionales et à saisir les opportunités découlant de la crise pour procéder à des réformes institutionnelles aux niveaux national et international.
      This article provides a conceptual framework for the analysis of COVID-19 crisis governance in the first half of 2020 from a cross-country comparative perspective. It focuses on the issue of opportunity management, that is, how the crisis was used by relevant actors of distinctly different administrative cultures as a window of opportunity. We started from an overall interest in the factors that have influenced the national politics of crisis management to answer the question of whether and how political and administrative actors in various countries have used the crisis as an opportunity to facilitate, accelerate or prevent changes in institutional settings. The objective is to study the institutional settings and governance structures, (alleged) solutions and remedies, and constellations of actors and preferences that have influenced the mode of crisis and opportunity management. Finally, the article summarizes some major comparative findings drawn from the country studies of this Special Issue, focusing on similarities and differences in crisis responses and patterns of opportunity management.Points for practitionersWith crises emerging in ever shorter sequences of time, governing turbulence and using crises for strategic institutional decisions has become an increasingly important issue for policymakers. Aiming at effective and proportionate responses, policymakers must take the institutional conditions, administrative traditions and relevant actor constellations of crisis management into account, which are key to learn from other countries' experiences. Comparing these experiences and analyzing the politics of crisis governance from a cross-country perspective may help policymakers to identify strengths and weaknesses of their own national/regional approaches and to seize crisis-related windows of opportunity for institutional reforms at the national and international levels.
    • Gouvernance publique, agilité et pandémies : une étude de cas de la réponse britannique au COVID-19 - Paul Joyce p. 541-560 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les responsables du gouvernement britannique ont d'abord cru qu'ils faisaient partie des gouvernements les mieux préparés à une pandémie. En juin 2020, la contradiction entre l'assurance initiale du gouvernement, d'une part, et l'agressivité et la virulence du COVID-19, d'autre part, était évidente. Le Royaume-Uni enregistrait l'un des pires taux de mortalité dus au COVID-19 au monde. Dans le présent article, nous examinons la réponse du gouvernement britannique au COVID-19 du point de vue de l'administration publique et de la gouvernance. À l'aide d'informations factuelles et de données statistiques, nous examinons l'état de préparation et les décisions stratégiques du gouvernement, la mise en œuvre de la réponse gouvernementale et la confiance du public dans le gouvernement. Remarques à l'intention des praticiens Les leçons possibles pour la mise en œuvre d'un contrôle de la situation sont : L'utilisation du principe de précaution pour établir des hypothèses de planification dans les stratégies gouvernementales afin de créer la possibilité d'une agilité gouvernementale pendant une pandémie. L'utilisation du rôle de leader du gouvernement central pour faciliter et permettre l'initiative locale et les réponses opérationnelles, ainsi que pour tirer parti des ressources et des atouts locaux. Le choix de réponses gouvernementales intelligentes qui tiennent compte des tensions entre l'objectif consistant à sauver des vies et les autres objectifs gouvernementaux, et la méfiance à l'égard des choix qui sont des compromis insatisfaisants.
      The UK government's leaders initially believed that it was among the best-prepared governments for a pandemic. By June 2020, the outcome of the collision between the government's initial confidence, on the one hand, and the aggressiveness and virulence of COVID-19, on the other, was evident. The UK had one of the worst COVID-19 mortality rates in the world. This article explores the UK government's response to COVID-19 from a public administration and governance perspective. Using factual information and statistical data, it considers the government's preparedness and strategic decisions, the delivery of the government response, and public confidence in the government. Points for practitioners Possible lessons for testing through application include: Use the precautionary principle to set planning assumptions in government strategies to create the possibility of government agility during a pandemic. Use central government's leadership role to facilitate and enable local initiative and operational responses, as well as to take advantage of local resources and assets. Choose smart government responses that address tensions between the goal of saving lives and other government goals, and beware choices that are unsatisfactory compromises.
    • Gestion de crise à enjeux élevés dans les « Pays-Bas » : Comparaison des réponses gouvernementales au COVID-19 - Valérie Pattyn, Joery Matthys, Steven Van Hecke p. 561-577 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Comme de nombreux pays d'Europe occidentale, la Belgique et les Pays-Bas ont été fortement touchés par le COVID-19. Le virus s'y est propagé presque simultanément, a provoqué un nombre relativement élevé d'infections et des mesures de confinement strictes ont été imposées ; cependant, dans le même temps, la réponse de la gestion de crise a été suffisamment différente pour justifier une analyse comparative systématique. Nous partons du principe que les décisions prises sur la base d'informations incomplètes montrent la véritable nature de la réponse des gouvernements à une crise, qui est conditionnée par les héritages du passé et les cultures organisationnelles, les structures de gouvernance existantes et nouvelles, et les stratégies utilisées par des acteurs spécifiques. Nous montrons que la différence dans la gestion de la crise fait écho aux différents types de consociativisme des pays, mais aussi que le fédéralisme belge et la décentralisation néerlandaise ont empêché une réponse véritablement cohérente. Le coût de la coordination des différents niveaux de gouvernement a également rendu difficile une approche uniforme. Les stratégies des acteurs pour tenter de tirer parti de la crise semblent avoir le moins influencé la réponse, mais ont eu un impact sur les perceptions de la réponse.Notre article explique comment les gouvernements de la région des « Pays-Bas » (Belgique et Pays-Bas) ont répondu au défi du COVID-19 au cours du premier semestre 2020. Il permet aux praticiens de mieux comprendre que dans des circonstances de crise imminente, les différentes structures de gouvernance ont leur importance. Il révèle également que le coût de la coordination entre le niveau fédéré et le niveau fédéral s'est avéré assez élevé en Belgique. Aux Pays-Bas, une grande autonomie a été laissée aux autorités fédérées et locales, ce qui a aussi empêché une approche plus cohérente. Si le COVID-19 offre sans aucun doute aux décideurs politiques des possibilités de tirer parti de la crise, ceux-ci ne saisissent pas toujours les opportunités.
      Like many Western European countries, Belgium and the Netherlands have been strongly hit by COVID-19. Almost simultaneously, the virus spread, caused a relatively high number of infections and severe lockdown measures were imposed; however, at the same time, the crisis management response has been sufficiently different to justify a systematic comparative analysis. We start with the premise that decisions made on the basis of incomplete information show the true nature of governments' response to a crisis, which is conditioned by legacies arising from the past and organizational cultures, existing and new governance structures, and strategies used by specific actors. We show that the difference in crisis management echoes the countries' different types of consociationalism, though also that Belgian federalism and Dutch decentralism impeded a truly coherent response. The cost of coordinating different government levels made a uniform approach difficult too. Actor strategies attempting to exploit the crisis seem to have influenced the response the least but did have an impact on perceptions of the response.Points for practitionersThe article unravels how the governments in the Low Countries responded to the COVID-19 challenge in the first half of 2020. It allows practitioners to better understand that under circumstances of an imminent crisis, specific governance structures matter. It also reveals that the cost of coordination between the federated and the federal level turned out to be quite high in Belgium. In the Netherlands, a lot of autonomy was left to federated and local authorities. This too impeded a more coherent approach. COVID-19 certainly offers possibilities for policymakers to exploit the crisis but opportunities are not always taken.
    • La politique de la gestion de crise des organisations régionales et internationales dans la lutte contre une pandémie mondiale : les États membres à la croisée des chemins - Steven Van Hecke, Harald Fuhr, Wouter Wolfs p. 579-597 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Malgré les nouveaux défis tels que le changement climatique et la numérisation, les organisations mondiales et régionales ont récemment traversé des périodes de turbulence en raison du manque d'adhésion de plusieurs de leurs États membres. À côté de cette crise du multilatéralisme, la pandémie de COVID-19 semble désormais remettre en cause la valeur ajoutée des organisations internationales en ce qui concerne plus spécifiquement les questions de gouvernance mondiale. Dans le présent article, nous analysons ce double défi auquel plusieurs organisations sont confrontées et comparons leurs manières de gérer la crise en examinant leur contexte institutionnel et politique, leur structure de gouvernance et leur comportement pendant la pandémie jusqu'en juin 2020. Plus précisément, nous allons tenter d'expliquer les réponses différentes et fragmentées de l'Organisation mondiale de la santé, de l'Union européenne et du Fonds monétaire international/Banque mondiale. Afin de comprendre les problèmes anciens et nouveaux que ces organisations internationales tentent de résoudre, nous soutenons ici que le niveau d'autonomie vis-à-vis des États membres est déterminant pour comprendre la politique de gestion des crises. En tant qu'organismes intergouvernementaux, les organisations internationales ont besoin de l'accord de leurs États membres. Étant donné qu'elles ont aussi besoin de fonds pour assurer leur fonctionnement, différents degrés d'autonomie sont également importants pour réagir aux défis qui apparaissent, tels que la pandémie de COVID-19. Le potentiel des organisations internationales est limité, mais grâce à des initiatives proactives et audacieuses, elles peuvent profiter de la crise pour surmonter en partie les contraintes institutionnelles et politiques.
      Despite new challenges like climate change and digitalization, global and regional organizations recently went through turbulent times due to a lack of support from several of their member states. Next to this crisis of multilateralism, the COVID-19 pandemic now seems to question the added value of international organizations for addressing global governance issues more specifically. This article analyses this double challenge that several organizations are facing and compares their ways of managing the crisis by looking at their institutional and political context, their governance structure, and their behaviour during the pandemic until June 2020. More specifically, it will explain the different and fragmented responses of the World Health Organization, the European Union and the International Monetary Fund/World Bank. With the aim of understanding the old and new problems that these international organizations are trying to solve, this article argues that the level of autonomy vis-a-vis the member states is crucial for understanding the politics of crisis management.Points for practitionersAs intergovernmental bodies, international organizations require authorization by their member states. Since they also need funding for their operations, different degrees of autonomy also matter for reacting to emerging challenges, such as the COVID-19 pandemic. The potential for international organizations is limited, though through proactive and bold initiatives, they can seize the opportunity of the crisis and partly overcome institutional and political constraints.