Contenu du sommaire
Revue | Le Moyen Age |
---|---|
Numéro | tome 127, no 2, 2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Croisade, tyrannie et conspirations antichrétiennes : l'ambiguïté des zones frontières chez quelques auteurs français de la fin du Moyen Âge - Loïc Chollet p. 313-334 Cet article porte sur la représentation des marges de la Chrétienté au travers de quelques sources narratives de la fin du Moyen Âge. Les zones de contacts entre le christianisme latin et d'autres religions sont perçues de manière très ambiguë, à la fois bastions de la Chrétienté et sources potentielles de subversion. Avec comme points de départ l'assassinat de Pierre Ier de Castille et celui de Louis d'Orléans, l'on s'intéresse à la manière dont sont représentées la Castille, Chypre et la Hongrie, sans oublier la Lombardie, assimilée pour les besoins de la cause à une nation « périphérique ». À l'imaginaire héroïsant et exotique de la croisade se mêlent un certain nombre de stéréotypes négatifs, utilisés pour frapper un gouvernement d'illégitimité, tels que la tyrannie, l'hérésie, l'apostasie, la sorcellerie et la trahison.This article focuses on the representation of the margins of Christianity across certain narrative sources of the late medieval period. The contact areas between Latin Christianity and other religions are perceived in very ambiguous terms, at once bastions of Christianity and potential sources of subversion. Taking the assassinations of Peter of Castile and Louis I of Orléans as a starting point, the focus is on the manner in which Castile, Cyprus, and Hungary, as well as Lombardy, are represented: assimilated into a “peripheral” nation out of necessity. Mixed in with the heroic and exotic imagery of the crusade are a number of negative stereotypes that are used to attack an illegitimate government, such as tyranny, heresy, apostasy, sorcery, and treason.
- La corrélation poétique du miracle marial et de la Passion de Jésus dans le codex Vatican, BAV, Pal. Lat. 1969 - Ilsiona Nuh p. 335-354 Les premiers mystères de la Passion en langue vernaculaire posent avec acuité la question du genre dramatique et de son éventuelle performance. Reprenant la question des vers dits narratifs insérés dans une forme dialoguée coulée dans le moule de l'octosyllabe, l'article interroge la poétique du théâtre en inscrivant dans son analyse le support matériel où est consignée la Passion du Palatinus (Vatican, BAV, Pal. Lat. 1969) et son contexte littéraire interne où le miracle marial précède la Passion. Du fait de sa composition dramatique et de sa trame versificatoire, plusieurs caractéristiques formelles rapprochent le mystère de la Passion du roman, comme la brisure du couplet octosyllabique, frayant ainsi la voie à leur corrélation poétique cristallisée dans le personnage de Marie qui conjugue tradition spirituelle et filiation textuelle par l'intermédiaire des romans cycliques à sujet sacré où la Passion des jongleurs, l'hypotexte du drame, s'insère, et dont la forme marque l'écriture des premiers jeux religieux du xive siècle.The earliest Passion plays in the vernacular raise important questions about the dramatic genre and its possible means of performance. Reconsidering the question of the supposedly narrative verses that were inserted in a dialogic, octosyllabic form, this article examines the poetics of theatre by noting the material in which the Passion du Palatinus (Vatican, BAV, Pal. Lat. 1969) is recorded, and the internal literary context whereby it is preceded by the Marian miracle. As a result of its dramatic composition and its versifying structure, several of the work's formal characteristics establish a parallel between the Passion play and romance, like the splitting of an octosyllabic couplet. This opens up a poetic parallel solidified in the character of Mary, which combines spiritual tradition and textual kinship with sacred subjects through the medium of romance cycles, where the Passion des jongleurs, the hypotext of the drama, makes itself known, and whose form marks the earliest composition of religious plays in the fourteenth century.
- « Tranchetoison ». Onomastique, héraldique et sigillographie de la maison vicomtale des Trencavel (XIe–XIIIe siècle) - Laurent Macé p. 355-379 Ce dossier revient sur l'attribution du surnom occitan de « Trencavel » que la lignée des vicomtes de Béziers, de Carcassonne, d'Albi et du Razès a adopté du XIe siècle jusqu'à leur disparition de la scène politique à la fin du XIIIe siècle. La construction sémantique de ce qualificatif nous amène à le traduire et à le comprendre comme l'équivalent de « Tranchetoison ». L'analyse des sceaux et de l'héraldique, dont ces derniers sont porteurs, permet de déterminer l'adoption et la figuration d'une étoffe de vair dans l'emblématique parlante des princes de la fin du XIIe siècle (vers 1180), mise en code du nom qui évolue dans le temps lorsque la croisade contre les Albigeois (1209–1229) provoque une césure dynastique. Les prétentions de l'héritier à recouvrer les domaines de ses ancêtres s'accompagnent d'une modification formelle des armes paternelles avant que le roi de France ne procède lui-même à un changement de fourrure pour signifier la dévolution du domaine vicomtal au souverain Louis IX, ainsi que la fin de la geste héroïque des « Tranchetoison ».This work re-examines the use of the Occitan nickname « Trencavel», which the Viscounts of Béziers, Carcassonne, Albi, and Razès adopted from the eleventh century until their disappearance from the political scene at the end of the thirteenth century. The semantic construction of this descriptor leads us to translate and understand it as the equivalent of « Tranchetoison ». An analysis of the seals and heraldry that the family bore enables us to place the adoption and inclusion of vair in the canting arms of the princes at the end of the twelfth century (c. 1180), encoding a name that evolved during the time when the Albigensian Crusade (1209–1229) instigated a dynastic break. The attempts of the heir to recover his ancestral domains were accompanied by a formal modification of the paternal arms, before the King of France himself changed heraldic fur to signify the devolution of the vicontiel domain to King Louis IX, as well as the end of the heroic acts of the « Tranchetoison » house.
- Une étude philologique du rapport entre deux ballades du ms. Turin, BNU, J.II.9 et la troisième famille des chansonniers en langue d'oïl - Elisabetta Barale p. 381-396 Cet article propose l'étude philologique de deux ballades (77 et 71 I) du codex musical « de Chypre » (ms. Turin, BNU, J.II.9) qui présentent respectivement la réécriture de deux chansons courtoises remontant à une époque comprise entre la fin du XIIe et le troisième quart du XIIIe siècle : Ire d'amors qui en mon cuer repaire de Gace Brulé et Se j'ai chanté sans guerredon avoir de Robert de Castel. La comparaison des pièces « chypriotes » avec ces poèmes met en lumière les techniques d'insertion citationnelle et de remaniement adoptées par leur auteur, en offrant quelques renseignements sur les sources qu'il aurait pu consulter. En effet, l'examen des variantes permet d'avancer l'hypothèse que le compositeur s'est fondé sur une copie des chansons proche de celle qui a été transmise par le chansonnier lorrain U, en invitant à supposer qu'il avait des contacts avec le nord-est de la France ou qu'il en était même originaire.This article proposes a philological study of two ballads (77 and 71 I) from the musical “Cyprus Codex” (Ms. Torino, BNU, J.II.9). Each of them is a rewritten version of a courtly chanson dating back to a period between the end of the twelfth and the second half of the thirteenth century: Ire d'amors qui en mon cuer repaire by Gace Brulé and Se j'ai chanté sans guerredon avoir by Robert de Castel respectively. A comparison of the “Cypriot” pieces with these chansons highlights the techniques that the author used to insert and modify quotations, by offering some information on the sources that he might have consulted. Furthermore, the examination of these variants helps to advance the theory that the composer relied on a copy of the chansons close to the one that had been provided by chansonnier U from Lorraine, which invites speculation that he had contact with North-Eastern France or that he came from that region originally.
- Devenir duc de Basse-Lotharingie à la fin du règne de l'empereur Henri IV - Jean-Louis Kupper p. 397-413 Le duc de Basse-Lotharingie ou Lothier Godefroid de Bouillon, décédé en Terre Sainte en 1100, sera remplacé à la fin de l'année suivante par le comte Henri de Limbourg qui, pourtant, venait d'être sévèrement châtié pour s'être rebellé contre l'autorité impériale ! Cet épisode politique étrange, à première vue, mérite à coup sûr une analyse précise en vue d'une explication qui, pensons-nous, devrait apporter un éclairage, sinon neuf, du moins mal connu, sur la politique du plus célèbre des souverains germaniques de la maison salienne.The Duke of Lower Lotharingia or Lothier, Godfrey of Bouillon died in the Holy Land in 1100. He was replaced at the end of the following year by Count Henry of Limburg, although he had just been severely punished for having rebelled against imperial authority! This bizarre political episode certainly merits a detailed analysis with a view to finding an explanation that should provide some, if not new, then at least less well-trodden insights into the policies of the most celebrated of the Germanic kings of the Salic Dynasty.
- Croisade, tyrannie et conspirations antichrétiennes : l'ambiguïté des zones frontières chez quelques auteurs français de la fin du Moyen Âge - Loïc Chollet p. 313-334
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 415-511