Contenu du sommaire : La Religion des Parisiens

Revue Histoire urbaine Mir@bel
Numéro no 60, avril 2021
Titre du numéro La Religion des Parisiens
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier. La Religion des Parisiens

    • La religion des Parisiens, introduction - Anne Massoni, Hélène Noizet p. 5-8 accès libre
    • L'implication des cisterciennes dans la vie religieuse urbaine : Saint-Antoine-des-Champs et Paris au XIIIe siècle - Marlène Hélias-Baron p. 9-27 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Fondée à la fin du XIIe siècle pour accueillir des prostituées repenties, Saint-Antoine-des-Champs est devenue, en 1204, une abbaye cistercienne de femmes à l'initiative de l'évêque de Paris, Eudes de Sully. Loin d'être isolée, elle a été implantée dans un espace en cours d'urbanisation sur la rive droite de la Seine, à l'extérieur de la muraille de Philippe-Auguste. Ce monastère suburbain apparaît en relation constante avec la ville et ses habitants, par sa position sur une voie de communication importante entre la capitale et Vincennes, par le recrutement de ses moniales, mais aussi par l'organisation d'un pèlerinage et par l'accueil de prédicateurs influents. Favorisé par un contexte porteur pour les établissements de cisterciennes, il a reçu de nombreux actes mettant en évidence les liens tissés avec les Parisiens, notamment à travers la documentation testamentaire. À la fin du XIIIe siècle, il est complètement intégré à l'offre religieuse parisienne.
      Founded at the end of the 12th century as a home for repentant prostitutes, Saint-Antoine-des-Champs became, in 1204, a Cistercian abbey for women on the initiative of the Bishop of Paris, Eudes de Sully. Far from being isolated, it was located in an area undergoing urbanisation on the Right Bank of the Seine, outside Philippe Auguste's wall. This suburban monastery was apparently in constant contact with the city and its inhabitants, through its position on an important communication route between Paris and Vincennes, through the recruitment of its nuns, but also through the organisation of a pilgrimage and the reception of important preachers. Favoured by a buoyant context for Cistercian convents, it was granted numerous documents highlighting the links forged with Parisians, particularly through testamentary documentation. At the end of the 13th century, it was fully integrated into the Parisian religious landscape.
    • Sermons donnés à l'occasion des processions des Rogations à Paris au XIIIe siècle - Nicole Bériou p. 29-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les processions des Rogations, célébrées pendant les trois jours qui précèdent le jeudi de l'Ascension, font partie de la religion urbaine comme des pratiques rurales, avec des modalités différentes. À Paris, celles qu'organise le chapitre cathédral donnent lieu à des sermons qui ont été quelquefois notés à l'audition, complétant l'information contenue dans les recueils de sermons modèles, plus nombreux à partir du XIIIe siècle. Deux orientations pastorales se dégagent des textes : enseigner l'art de bien prier ; interpréter le rite de la procession, dont une des particularités parisiennes est de promener un dragon empaillé, confectionné pour la circonstance, comme l'attestent les manuels de liturgie. Un sermon donné en 1261 par Robert de Sorbon, témoignage remarquable de l'art du prédicateur, s'achève sur l'évocation de ce dragon. Le texte en est édité en annexe.
      The Rogation Day processions, celebrated during the three days preceding Ascension Thursday, were part of religious practices in both urban and rural areas, with different modalities. In Paris, those organised by the Cathedral Chapter gave rise to sermons that were sometimes transcribed by the audience, completing the information contained in the collections of model sermons, which were more numerous from the 13th century onwards. Two pastoral orientations emerge from the texts: teaching the art of praying well; interpreting the rite of the procession, one of the Parisian peculiarities of which was to carry a stuffed dragon, made for the occasion, as attested by the liturgical handbooks. A sermon given in 1261 by Robert de Sorbon, a remarkable testimony to the preacher's art, ends with a reference to this dragon. This text is reprinted as an appendix to this paper.
    • Richard de Pontoise. Le « saint Innocent » parisien - Axelle Neyrinck p. 51-69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine le dossier hagiographique de Richard de Pontoise, un saint proposé à la dévotion des Parisiens au XIIe siècle. Cet enfant de douze ans, prétendument massacré par les juifs en 1179 et enterré dans l'église parisienne des Saints-Innocents, ne bénéficie d'une Passio que trois siècles plus tard et est inséré dans les Acta Sanctorum des Bollandistes au XVIIe siècle, alors même que les sources contemporaines de son soi-disant martyre sont problématiques. À travers cet exemple, il s'agit de montrer que cette dévotion proposée aux Parisiens alimente, sur un temps long, les représentations antijuives et plus particulièrement le mythe du « péril juif pour l'enfance ».
      This article examines the hagiographic dossier of Richard de Pontoise, a saint presented for the devotion of Parisians in the 12th century. This twelve-year-old child, allegedly massacred by the Jews in 1179 and buried in the Parisian church of the Holy Innocents, did not receive a Passio until three centuries later and was added to the Acta Sanctorum of the Bollandists in the 17th century, even though contemporary sources of his alleged martyrdom are problematic. Through this example, the aim is to show that this devotion, presented to the Paris population, fuelled a lengthy period of anti-Jewish representations and more particularly the myth of the 'Jewish peril for children'.
    • Religion civique ou affiliation communautaire ? : Le témoignage des testaments parisiens des XIIIe-XVe siècles - Caroline Bourlet, Boris Bove p. 71-96 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le concept de « religion civique » est le plus souvent abordé sous l'angle des pratiques religieuses collectives. Les processions paniques de 1412 permettent d'établir qu'elles tournent autour des reliques des saints royaux et des saints parisiens, mais qu'elle est moins royale au XVe siècle qu'elle ne le sera durant les guerres de religion, et aussi moins structurée autour culte de sainte Geneviève. Une approche individualisée de la question à travers un corpus de 69 testaments du XIIIe-XVe siècles permet de poser la question de la réalité de l'adhésion des citadins à ces rituels collectifs. Il en ressort que les bourgeois ne cherchent pas plus leur salut auprès des saints royaux que des saints civiques. Au contraire, ils recherchent surtout les prières des pauvres de l'Hôtel-Dieu, des Quinze-Vingts et des léproseries de Paris, qui prennent en charge toutes les facettes de l'assistance à l'échelle de la ville. Cette dévotion partagée entre différentes strates de la société relève moins de la religion civique, que d'une affiliation communautaire dans le cadre d'un catholicisme corporatif à l'échelle de la ville, gage d'une très forte identité urbaine.
      The concept of a 'civic religion' is most often approached from the perspective of collective religious practices. The panic processions of 1412 show that it was centred around the relics of royal and Parisian saints, but that it was less royal in the 15th century than during the Wars of Religion, and also less structured around the cult of Saint Genevieve. An individualised approach to the question through a corpus of 69 wills recorded from the 13th to the 15th centuries allows us to ask the question of the reality of the adherence of city dwellers to these collective rituals. It turns out that the burghers did not seek their salvation from the royal saints or from the civic saints, but from the prayers of the poor in the Hôtel-Dieu, the Quinze-Vingts and the leper houses in Paris, which took charge of all aspects of public assistance throughout the city. This devotion shared between different strata of society was less a matter of civic religion than of community affiliation within the framework of a city-wide corporate Catholicism, a guarantee of a very strong urban identity.
    • L'évolution des pratiques funéraires religieuses des Parisiens : La fouille du cimetière de l'ancien hôpital médiéval et moderne de la Trinité - Isabelle Abadie p. 97-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 2015, un secteur du cimetière de l'hôpital parisien de la Trinité a fait l'objet d'une fouille archéologique en amont de travaux menés boulevard Sébastopol. Plus de 300 individus répartis dans 8 fosses communes ont été découverts. Ces fosses sont attribuées à des périodes chronologiques diverses allant du milieu du XIVe siècle à la fin du XVIIe siècle. L'hôpital de la Trinité et son cimetière sont mentionnés et représentés dans les sources textuelles et cartographiques. L'établissement a été fondé au XIIe siècle et détruit à la Révolution. Bien que l'étude des squelettes soit en cours, ce site offre d'ores et déjà l'opportunité d'une approche interdisciplinaire où données archéo-anthropologiques, paléopathologiques et archivistiques se complètent. Elles apportent un regard inédit sur les pratiques funéraires religieuses des parisiens en contexte hospitalier urbain médiéval et moderne.
      In 2015, a sector of the cemetery of the Trinity Hospital in Paris was the subject of an archaeological excavation prior to the work carried out on Boulevard Sébastopol. The remains of more than 300 individuals in eight mass graves were discovered. These pits are attributed to various chronological periods ranging from the mid-14th century to the end of the 17th century. The Trinity Hospital and its cemetery are mentioned and represented in textual and cartographic sources. The establishment was founded in the 12th century and destroyed during the French Revolution. Although the study of the skeletons is ongoing, this site already offers the opportunity for an interdisciplinary approach where archaeo-anthropological, palaeopathological and archival data complement each other. They provide an unprecedented look at the religious funeral practices of Parisians in the medieval and modern urban hospital context.
    • Les processions du chapitre de Notre-Dame de Paris à la fin du Moyen Âge. Pérennité et remise en cause - Véronique Julerot p. 127-143 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La multiplication des processions urbaines à la fin du Moyen-Âge est un fait établi, auquel participe largement le chapitre de Notre-Dame de Paris. Il se montre ainsi un intercesseur de premier plan entre Dieu et les fidèles, dont le plus prestigieux, le roi, les conduisant vers les hauts lieux de la spiritualité parisienne, y compris la cathédrale. Générales ou particulières, exhortations ou actions de grâces, voire pèlerinages, et même éléments constitutifs d'une élection épiscopale, ces pratiques dévotionnelles dont la prescription est inscrite dans les registres capitulaires révèlent le pouvoir du chapitre ainsi que sa volonté de parfaire la construction de son corps. Toutes ne survécurent pas à la montée en puissance des pouvoirs centraux.
      It is an established fact that the number of urban processions rose sharply in the late Middle Ages, and the chapter of Notre-Dame de Paris played a major role. It thus proved to be a leading intercessor between God and the faithful, including the most prestigious, the king himself, leading them to the high places of Parisian spirituality, including the cathedral. General or particular, exhortations or thanksgiving, even pilgrimages or elements of an episcopal election, these devotional practices, whose prescription is recorded in the chapter registers, reveal the power of the chapter as well as its will to perfect the construction of its body. Not all of them survived the rise of centralised powers.
    • Les pratiques religieuses d'une société politisée : Paris au temps du second jansénisme - Laurence Croq, Nicolas Lyon-Caen p. 145-163 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Longtemps, l'historiographie a voulu voir dans le XVIIIe siècle parisien un modèle précoce de déchristianisation. Ce papier rouvre le dossier grâce à l'examen approfondi et contextualisé des pratiques religieuses des habitants de la capitale. Celles-ci s'intègrent en général dans le cadre ordinaire de la paroisse, même si les écarts à la norme ne sont pas rares. Ils dépendent bien sûr des identités sociales. Mais les gestes du croire se polarisent surtout sous l'effet de la querelle janséniste réouverte par la bulle Unigenitus (1713) : tant les jansénistes que leurs antagonistes dévots ont leurs prêtres, leurs lieux sacrés, leurs saints. La mobilité des pôles du sacré n'est ainsi guère moins forte au temps des Lumières qu'auparavant.
      Scholars have long considered 18th century Paris as an early model for de-Christianisation. This paper aims to re-examine this schema by describing the religious practices of Parisians in their specific context. These practices generally fall within the framework of the parish, although deviations from this norm are not unusual. Of course, they depend on social identities. But above all, the Jansenist quarrel, due to the consequences of the apostolic constitution Unigenitus (1713), gives meaning to the gestures of belief. Both the Jansenists and their antagonists, the dévots, had their own priests, their own sacred places and their own saints. In the Age of Enlightenment, the mobility of the Catholic religion remained as strong as ever.
  • In memoriam

  • Événements

  • Notes critiques

  • Recensions