Contenu du sommaire : Expérimentations écosophiques
Revue | EcoRev' : revue critique d'écologie politique |
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Numéro | no 51, 2021 |
Titre du numéro | Expérimentations écosophiques |
Texte intégral en ligne | Accès réservé |
- Édito - p. 4
Classique(s)
- Pratiques écosophiques et restauration de la Cité subjective - Félix Guattari p. 5-25 Ce texte de Félix Guattari, paru en 1992 dans la revue Chimères, se situe dans le prolongement de son petit livre fondateur sur Les trois écologies qui donne corps au concept d'écosophie. Avec une attention particulière aux métamorphoses de la ville et au pouvoir transformateur de l'architecture et de l'urbanisme, la soumission de l'individu aux disciplines urbaines, au salariat et à la logique du profit est contestée par la mise en exergue d'un mouvement de réappropriation qui pratique le nomadisme sauvage par la déterritorialisation, resingularise les subjectivités individuelles et collectives, et refinalise les activités humaines en inventant de nouvelles valeurs, solidaires, esthétiques et écologistes, en un mot écosophiques.
- Pratiques écosophiques et restauration de la Cité subjective - Félix Guattari p. 5-25
Dossier
- Expérimentations écosophiques : Introduction - Marie-Christine Bureau, Antonella Corsani p. 26-33
- Comment se frayer des chemins possibles ? : Trois associations marseillaises s'interrogent sur leurs pratiques - p. 34-53 Au croisement de plusieurs disciplines comme l'éducation populaire, la pédagogie sociale, l'art et l'architecture, trois associations expérimentent la place de l'enfant, du jeu et plus en général de la création collective comme éléments libérateurs et d'épanouissement. Agissant hors-cadre, elles impliquent des populations de quartier qui se réapproprient le territoire avec pour effet, entre autres, de sécuriser autrement des espaces publics qui, délaissés par leur inhospitalité et réduits à lieux de passage, ne sont pas ou ne sont plus des espaces de rencontre.
- Une expérimentation low-tech de l'autonomie énergétique et alimentaire : La ferme Tournesol en Isère - Jérémie Grojnowski p. 54-69 Conçue et bâtie par un ingénieur reconverti à l'agriculture biologique, la ferme Tournesol est à la fois une terre nourricière et un lieu d'expérimentation foisonnant d'inventions low-tech dédiées à un projet d'autonomie énergétique et alimentaire. Jérémie Grojnowski s'appuie ici sur l'« écosophie » de Félix Guattari pour appréhender ce lieu comme un système de l'autonomie dans lequel se jouent des tensions et hybridations qui témoignent d'une vision expérimentale de l'écologie, guidée dans le même temps par un esprit pragmatique.
- Cultiver de nouvelles possibilités de vivre : Resingularisation paysanne en milieu urbain à Medellin - Victorine Dréau p. 70-87 Par différentes pratiques agricoles, la communauté du quartier Pinares de Oriente, située à la périphérie de Medellin, en Colombie, œuvre à la transformation du territoire en s'opposant aux dynamiques néolibérales et à l'homogénéisation de l'habitat urbain et périurbain. Au travers de ce récit collectif, les représentantes de la communauté nous éclairent sur cette portée transformatrice et nous dévoilent la manière dont ces expériences collectives génèrent de nouvelles modalités de subjectivité par la réinvention de rapports sociaux, la récupération de la mémoire collective, l'échange de savoir-faire traditionnels ou encore par la création d'imaginaires paysagers et urbains. De façon expérimentale, elles construisent ainsi de nouvelles références existentielles.
- Agroécologie, autonomie et nouveaux biens communs : La communauté Mondeggi en Toscane - Andrea Ghelfi, Isabella Troisi, Antonella Corsani p. 88-103 L'agroécologie est l'une des principales alternatives à la « révolution verte » et à l'agrobusiness. En suivant l'exemple d'un réseau italien d'agriculteurs, appelé Genuino clandestino, dans lequel ils s'impliquent, les deux militants-chercheurs Andrea Ghelfi et Isabella Troisi nous expliquent comment l'agroécologie peut être comprise non seulement comme un savoir technique et un ensemble de pratiques capables de réinventer l'agriculture, mais aussi comme un mouvement de producteurs de denrées du terroir qui crée son propre espace d'action politique. La description porte sur la communauté Mondeggi, aux abords de Florence, qui fait partie du réseau et qui développe une agroécologie paysanne fondée sur l'autogestion de biens communs qu'elle fait croître.
- Revitalisation rurale, monnaie locale et revenu d'autonomie : TERA en Lot-et-Garonne - Frédéric Bosqué p. 104-119 TERA, que nous présente l'initiateur du projet, est une association qui s'emploie à mettre sur pied un « écosystème coopératif territorial » en milieu rural avec la visée de promouvoir des activités de production dans le cadre de la transition écologique. La production locale de biens vitaux, la distribution en circuit court, la création d'une monnaie locale, la distribution d'un revenu d'autonomie et une gouvernance partagée sont à la base du projet qui se met en place, avec la participation d'une cinquantaine d'habitants-coopérateurs, dans des communes du Lot-et-Garonne placées en Zone de revitalisation rurale.
- Un laboratoire pour le futur en train de se faire : WakatLab au Burkina Faso - Marie-Christine Bureau, Antonella Corsani, Rodolphe Boro, Gildas Guiella p. 120-131 À la fois fablab, espace de co-working et créateur d'activités, WakatLab est un laboratoire d'innovation et de fabrication qui s'efforce de mobiliser la jeunesse burkinabè pour trouver et mettre en œuvre des solutions écologiques aux problèmes économiques, partager les connaissances, collaborer avec les autres initiatives similaires de l'Afrique de l'Ouest et accroître in fine l'autonomie technologique de cette région.À défaut d'une véritable écriture collective, empêchée par les contraintes de la crise sanitaire de la covid-19, ce texte a été rédigé sur la base d'échanges de courriels avec Gildas Guiella et Rodolphe Boro, membres fondateurs du WakatLab.
- Un laboratoire ouvert, un atelier et un espace de vie : La MYNE à Villeurbanne - p. 132-149 Cet article, rédigé collectivement par les membres de la communauté, relate leur expérience née de l'envie de créer des cadres de réappropriation de la recherche-action autour des thèmes de la transition écologique. La MYNE se pose comme un tiers-lieu libre et ouvert qui regroupe à la fois les fonctions de laboratoire open source, d'atelier de fabrication et d'espace de vie. Plurielle dans ses orientations et ses pratiques, elle est axée en particulier sur l'expérimentation et la documentation en licences libres, non sans adopter une attitude réflexive sur le partage des savoirs et ce qu'elle nomme la bientraitance.
- Un lieu commun et un lieu de convivialité : L'Atelier Z dans le Finistère - Julie Tavernier, Clémentine Bourrel p. 150-166 Atelier Z se définit comme un tiers-lieu rural et littoral pour faire, coopérer et innover. À la fois lieu de vie, de rencontres, d'ateliers et d'événements festifs, Atelier Z écrit son histoire au fil des désirs et des projets de ses membres. Il se distingue aussi par une façon singulière d'allier le faire à la réflexion, le recours à la low-tech et le souci esthétique. Les autrices, deux nouvelles venues dans le collectif, ont recueilli la parole des membres pour donner corps à un texte polyphonique sur ce qui fait commun, mais aussi sur les combats des un·e·s et des autres, la pluralité des parcours et des motivations à fréquenter le lieu, et surtout sur les résonances pour chacun·e des « trois écologies » posées par Félix Guattari.
- Un espace écologico-social d'expérimentation collective : Le Village du Bel-Air en Centre-Bretagne - , Alice Sternberg p. 167-176 Sur un terrain d'une quinzaine d'hectares, avec deux maisons communes pour les repas et les moments à plusieurs, des habitats légers (yourtes, cabane, caravanes, etc.), des véhicules et des outils mutualisés, la communauté du Bel-Air cultive le vivre ensemble, aspire à l'autonomie alimentaire et énergétique, pratique une économie symbiotique et prête une attention toute particulière à la dimension spirituelle et interpersonnelle de l'écologie. Elle propose des stages, des ateliers, des formations, des retraites, des chantiers, etc., et promeut toute sorte d'événements culturels et artistiques.
- Sciure et semis… bourgeons et brouillons… récoltes et déconstructions : Le Terroir en Haute-Savoie - Charlotte Granger p. 177-194 Le Terroir est un camping singulier et mutant, qui a pour partie évolué en lieu de vie partagé. Son devenir mobilise une trentaine de personnes locataires à l'année, liées à un propriétaire et son entreprise individuelle, qui mènent en groupe l'entretien, la mise en vie de l'endroit et l'accueil touristique saisonnier. Espace à la fois public et privé, Le Terroir abrite et fait la démonstration des possibles d'une vie en habitat léger grâce à onze yourtes, des caravanes, chalets, tiny et mobile homes. Ces cinq dernières années ont été dédiées à l'expérimentation collective. Professionnels et amateurs y ont partagé des projets en auto-construction, maraîchage, formation et événements culturels. S'y précise peu à peu un fonctionnement collectif qui permet de redistribuer responsabilité et autorité.
- Le livre aussi a ses trois écologies - p. 195-209 À quoi ressembleront les livres dans l'avenir ? C'est dans l'agencement de trois écologies (l'écologie matérielle, sociale et symbolique) que l'Association pour l'écologie du livre, née en 2019 en vue de sensibiliser l'interprofession aux enjeux de l'écologie, imagine un futur désirable et possible pour le livre. Nous avons sollicité sa contribution, et notre invitation a été très bien accueillie par ses animateur·trice·s. Cependant, étant donné les difficultés liées à la crise sanitaire en cours, l'association a renoncé à envisager une écriture collective nouvelle, comme Anaïs Massola et Marin Schaffner nous l'ont expliqué dans le courriel ici reproduit avec leur accord. Nous avons donc choisi de publier à sa suite « Les trois écologies du livre », manifeste de l'association, ainsi que « La Communale », une écofiction réalisée dans le cadre d'un atelier d'écriture auquel ont participé plusieurs membres de l'association.
Lectures
- Lectures - p. 210-219