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Revue | ABE Journal : European architecture beyond Europe |
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Numéro | no 19, 2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - Tania Sengupta
Articles
- A hospital typology translated: Transnational flows of architectural expertise in the Clinique Reine Elisabeth of Coquilhatville, in the Belgian Congo - Simon De Nys-Ketels Cet article contribue au débat sur les transferts de connaissances transnationaux au sein de l'histoire de l'architecture, au-delà des flux d'expertise anglophones, francophones, ou bilatéraux sur lesquels se sont principalement focalisés les historiens de l'architecture. L'article retrace le processus de conception sur plusieurs sites d'un hôpital colonial pour Européens, implanté à Coquilhatville, au Congo Belge. On souligne combien, de Bruxelles à la capitale Léopoldville, et jusqu'à la lointaine ville de Coquilhatville, le modèle de l'hôpital occidental a subi de multiples transformations. Un nombre étonnamment important d'acteurs extérieurs au domaine de l'architecture (des administrateurs, des ingénieurs, et en particulier, des médecins) ont contribué à sa conception. L'expertise de la métropole ne fut pas la seule utilisée pour « traduire » ce modèle d'hôpital occidental dans la réalité du climat tropical et des inégalités coloniales. Profitant de la position du Congo belge au carrefour du monde colonial, on s'est également appuyé sur d'autres sources : retours d'expériences de voyageurs, missions coloniales de recherche, contacts personnels directs avec d'autres administrations coloniales. En faisant émerger ces expertises alternatives, l'histoire de la Clinique de Coquilhatville révèle comment l'architecture coloniale (des hôpitaux coloniaux) n'était pas seulement le résultat d'une “exportation” directe bilatérale mais le produit d'un réseau plus complexe d'échanges de connaissances, qui transcende les frontières linguistiques et impériales conventionnelles, et que les historiens de l'architecture n'ont pas suffisamment pris en compte.Architectural historians discussing transnational knowledge exchange have primarily focused on English- or French-speaking or bilateral flows of expertise. This article goes beyond those boundaries to trace the multi-sited design process of a colonial hospital for Europeans built in Coquilhatville, the Belgian Congo. Western hospital typologies underwent multiple typological innovations as they progressed from Brussels to the colonial capital of Léopoldville, and then to the remote town of Coquilhatville. A surprising variety of actors from outside the architectural discipline―administrators, engineers, and especially doctors―impacted its design. To “translate” Western hospital typologies to the tropical climate and colonial racial inequalities, they supplemented metropolitan expertise by drawing on alternative connections provided by the Belgian Congo's intersectional position within the colonial world. Individual travel experiences, participation in colonial research missions, and direct personal contacts with other colonial administrations all played a role. Uncovering these alternative flows of expertise in the history of Coquilhatville's Clinique sheds light on how colonial (hospital) architecture cannot simply be reduced to direct bilateral “export.” It was actually the product of a much more complex network of architectural knowledge exchange, so far insufficiently documented by architectural historians, that transcended conventional linguistic and imperial borders.
- A Jesuit-Lyonnais Project in Nineteenth-Century Beirut: Multiplicities of the Local and Global at the Université Saint-Joseph - Yasmina El Chami Cet article traite de la fondation de l'université jésuite Saint-Joseph à Beyrouth en 1875 sous et de sa double allégeance à Rome et à la France. Généralement considérée comme un projet français, la mission jésuite s'appuie de fait davantage sur les instances supranationales de la Congrégation et ses réseaux, que sur les moyens de l'Empire français. S'interrogeant plus précisément sur comment les Jésuites réussirent à construire un complexe urbain si imposant dans une cité régie par la loi Ottomane, il apparait que les notions d'empire et de nation étaient moins restrictives au xix siècle. Implantés simultanément dans plusieurs quartiers et sphères d'influence, les Jésuites purent manœuvrer et assurer la survie de leur projet. Opérant en marge de ce qui constituait le pouvoir “étranger” ou “colonial”, les Jésuites ont consolidé leurs positions dans la ville ; leurs constructions devant plus tard s'intégrer et servir de base aux intérêts coloniaux français. Le cas de l'université Saint-Joseph permet ainsi d'appréhender l'architecture coloniale non comme une extension du pouvoir colonial mais comme une condition de son avénement.This paper examines the establishment of the Jesuit Université Saint-Joseph from 1875 in Beirut and explores the Jesuits' dual allegiance to France and Rome. Countering the prevailing notion that the University was a French project in this period, I contend that the Jesuit Mission was much more reliant on its supranational Jesuit network than on French imperial support. Questioning precisely how the Jesuits were able to construct such an imposing urban complex in a city under Ottoman rule, I show that “empire” and “nation” were not bounded notions in the nineteenth century. Rather, the Jesuit project was simultaneously inscribed within multiple localities and spheres of influence that allowed the Jesuits to navigate various oppositions and to ensure the survival of their project in the city. By operating at the fringes of what constituted “foreign” or “colonial” power, they were able to consolidate their urban position; their constructions became the basis for their later integration with French colonial interests. Thus, the case study of the Université Saint-Joseph opens up the possibility of understanding colonial architecture not as an extension of colonial power but as a precondition for it.
- Integrate, Adapt, Collaborate: Comecon Architecture in Socialist Mongolia - Nikolay Erofeev, Łukasz Stanek Cet article analyse les inégalités de développement en matière d'architecture observées entre les états membres du Comecon (Conseil d'aide économique mutuelle) et la Mongolie socialiste (membre du Comecon depuis 1962). Ces échanges intenses, multilatéraux, et coordonnés sur la durée ont contribué de manière décisive à former la “base technique matérielle” du secteur de la construction dans la Mongolie de la Guerre froide, y compris les institutions de planification et la production industrielle de matériaux de construction. En se basant sur des archives et des recherches, ainsi que sur des entretiens en Mongolie, en Russie, en Allemagne et en Pologne, les auteurs définissent trois enjeux qui ont orienté les priorités, motivations et aspirations des professionnels impliqués : l'intégration des industries mongoles de la conception et de la construction au sein d'un réseau constitué d'organisations en charge des processus d'urbanisation ; l'adaptation des apports extérieurs aux conditions du terrain ; et la collaboration accrue de la Mongolie avec l'Union soviétique et d'autres acteurs est-européens. On étudie la façon dont ces acteurs ont poursuivi, exploité et parfois contesté la politique économique du Comecon, et comment ils ont négocié des retours sur investissement spécifiques. Au-delà de la Mongolie, ces trois enjeux s'avèrent pertinents pour étudier l'architecture au sein du monde socialiste et la compétition qui a opposé les régimes des pays en voie de développement au cours du vingtième siècle.This paper conceptualizes the uneven dynamics of architectural mobilities between member states of the Council for Mutual Economic Assistance (Comecon) and socialist Mongolia, a member of the Comecon since 1962. These long, intense, multilateral, and coordinated exchanges decisively contributed to the development of the “material-technical base” for construction in Cold War Mongolia, including planning institutions as well as construction and construction-materials industries. Based on archival research and interviews in Mongolia, Russia, Germany, and Poland, we introduce the concept of “concern” and argue that the priorities, motivations, and aspirations of the professionals involved were informed by three concerns. They included, first, the concern for integrating Mongolian design and construction industries into a comprehensive network of organizations in charge of the urbanization processes; second, the concern for adapting foreign resources to the conditions on the ground; and, third, the concern for an increasing collaboration between Mongolian, Soviet, and Eastern European actors. We study how these actors followed, exploited, and sometimes challenged the political economy of the Comecon, and how they negotiated it with feedback from specific investments. We argue that the concept of the three concerns is useful for studying architectural mobilities in global socialism and across competing 20th-century developmental regimes.
- From China to Chinatown: Poy Gum Lee and the Politics of Self-Representation, 1945-1960 - Kerri Culhane La recherche d'une architecture qui reflète l'identité nationale durant la période de la République (1911-1949) en Chine est bien documentée, en particulier l'émergence de styles hybrides associant des formes chinoises simplifiées avec des éléments relevant de la typologie occidentale. Cet article étudie la transposition du nationalisme architectural né dans la Chine des années 1920-1930 dans le Chinatown de New York durant les années 1940-1950, au service de la République de Chine (ROC) et de son parti le Kuomintang (KMT). L'architecte sino-américain Poy Gum Lee (1900-1968), seul membre de la première génération d'architectes chinois à être né aux Etats-Unis, contribua à ce transfert. Son retour à New York en 1945 après vingt ans passés en Chine, coïncida avec un moment clé des revendications culturelles et politiques des ROC/KMT et de la construction de l'identité sino-américaine. En 1946, Lee est engagé pour diriger le Chinese Building Project (CBP), financé par le ROC pour se promouvoir en tant que gouvernement légitime de la Chine au travers de réalisations incarnant la culture chinoise. Loin de renforcer le ROC, le CBP et un autre projet ROC contemporain, le China Village Plan, destiné à éradiquer les taudis et déployé sur fond de réforme de l'immigration américaine et de paranoïa anti-communiste, contribuèrent paradoxalement à l'affirmation de l'identité sino-américaine.The search for a national architectural identity in China during the Republican era (1911-1949) is well documented, in particular the emergence of hybrid styles blending essentialized Chinese forms with Western materials and typologies. This paper explores how ideas of architectural nationalism originating in China during the 1920s and 1930s were transferred to New York's Chinatown during the 1940s and 1950s in service of the Republic of China (ROC) and its Kuomintang (KMT) political party. Chinese American architect Poy Gum Lee (1900-1968), unique as an American-born member of the first generation of professional Chinese architects, aided in this transfer. After twenty years in China, Lee's repatriation to New York in 1945 placed him in Chinatown at a critical moment of ROC/KMT cultural and political claim-staking as well as Chinese American identity formation. In 1946, Lee was engaged to lead the Chinatown Building Project (CBP), an ROC-backed effort to promote itself as the legitimate Chinese government through displays of Chinese culture. Rather than aiding the ROC, the CBP and a concurrent ROC-backed slum clearance effort, the China Village Plan, unfolding against the backdrop of American immigration reform and anti-Communist paranoia, paradoxically helped affirm Chinese American identity.
- Tropical Comforts in Vietnam - Andrew Cruse Des études récentes ont souligné combien la confrontation des styles architecturaux au Vietnam aux périodes coloniales et post-coloniales avait donné lieu à des formes hybrides qui ne respectent pas les dichotomies habituelles entre tradition et modernité, local et global, colonisé et colonisateur. Dans cet article, ce raisonnement est appliqué aux constructions tropicales au Vietnam utilisant la ventilation naturelle ou l'air conditionné. Ces bâtiments incarnent une forme hybride de confort tropical qui illustre les liens étroits entre naturel et artificiel, ouvert et fermé, technique et social. Le confort apparait comme un processus de négociation entre le climat, le bâtiment, et ses occupants, dans un contexte socio-politique. On retrace brièvement l'utilisation historique des claustras et de l'air conditionné, avant d'examiner plus particulièrement deux bâtiments à Saïgon : le Palais de l'indépendance (Ngô Viết Thụ, 1966) et l'Ambassade des États-Unis (Curtis and Davis, and Adrian Wilson and Associates, 1967). En conclusion, on observe comment la compréhension historique du confort tropical au Vietnam nous incite à nuancer une approche essentiellement politique de l'architecture récente du pays.Recent architectural scholarship has highlighted how colonial and postcolonial encounters in Vietnam led to hybrid architectural styles that did not conform to fixed categories of traditional and modern, local and global, colonized and colonizer. In this paper, I extend such an argument to consider naturally ventilated and air-conditioned buildings in tropical Vietnam. These buildings embody a hybrid approach to comfort that can be called tropical comforts. Tropical comforts expose entanglements between natural and artificial, open and sealed, the technical and the social; they reveal that comfort is a process of negotiation between climate, building, and occupant within a socio-political context. I do this by first briefly addressing the historical use of screen walls and air conditioning in Vietnam. I then specifically consider two buildings in Saigon, the Independence Palace (Ngô Viết Thụ, 1966) and the United States Embassy (Curtis and Davis, and Adrian Wilson and Associates 1967). I conclude with some observations about how an historical understanding of tropical comforts in Vietnam informs a more nuanced and politically vital understanding of recent architecture in the country.
- A hospital typology translated: Transnational flows of architectural expertise in the Clinique Reine Elisabeth of Coquilhatville, in the Belgian Congo - Simon De Nys-Ketels
Documents/Sources
Dissertation abstracts
Reviews
- Michael Falser, Angkor Wat: A Transcultural History of Heritage - William Carruthers
- Harald Bodenschatz and Max Welch Guerra (eds.), Städtebau unter Salazar. Diktatorische Modernisierung des portugiesischen Imperiums 1926-1960 - Ana Mehnert Pascoal
- Anthony E. Clark, China Gothic. The Bishop of Beijing and His Cathedral - Chang-Xue Shu