Contenu du sommaire : Economics and the Environment since the 1950s
Revue | Cahiers d'économie politique |
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Numéro | no 79, printemps 2021 |
Titre du numéro | Economics and the Environment since the 1950s |
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- 1. Economics and the Environment since the 1950s: An Overview - Nathalie Berta, Romain Debref, Franck-Dominique Vivien p. 7-30 Cet article est une introduction au numéro spécial « Economics and the environment since the 1950s: history, methodology, philosophy ». Il fait un tour d'horizon des grandes questions et thématiques qui ont structuré le champ de l'économie de l'environnement depuis son origine (débats sur les limites de la croissance, le développement soutenable, les services écosystémiques, l'évaluation monétaire de la nature…). Il présente aussi la manière dont ce champ académique s'est construit grâce à des contributions pionnières originales (Boulding, Georgescu-Roegen, Schumacher, Passet, Sachs…) et au déploiement de différents écoles et courants de pensée (économie standard de l'environnement, économie écologique, bioéconomie) qui sont, aujourd'hui encore, en concurrence. Cet article rappelle enfin que la politisation de l'environnement que l'on observe depuis les années 1950 s'est accompagnée de sa mise en économie, grâce au travail analytique opéré par les économistes pour traduire ses problématiques complexes en théories, concepts et recommandations aux décideurs.Classification JEL : B29, N50, Q50, Q57This paper is an introduction to the special issue «Economics and the environment since the 1950s: history, methodology, philosophy». It provides an overview of the major questions and themes that have structured the field of environmental economics since its origins (debates on the limits to growth, sustainable development, ecosystem services, monetary valuation of nature, etc.). It also presents the ways in which this academic field has been built thanks to a set of original pioneering contributions (Boulding, Georgescu-Roegen, Schumacher, Passet, Sachs…) and to the deployment of different schools and currents of thought (mainstream economics, ecological economics, bioeconomics…), which are still in competition today. Finally, this paper recalls that the politicization observed since the 1950s has been accompanied by its economization, thanks to the analytical work carried out by economists to translate its complex issues into theories, concepts and recommendations to decision-makers.JEL Classification: B29, N50, Q50, Q57
- 2. Sustainability, the Systems Approach and the Sustainable Development Goals - Edward B. Barbier, Joanne C. Burgess p. 31-59 La ‘systems aproach' est l'une des premières initiatives en économie pour rendre la notion de développement soutenable opérationnelle. Elle considère que le développement soutenable renvoie à la maximisation d'objectifs appartenant aux systèmes environnemental, économique et social. Cet article explore le lien entre la ‘systems approach' de la soutenabilité et les objectifs de développement durable adoptés formellement par les Nations Unies en 2015. Les deux approches trouvent leur origine dans la crainte qu'un développement uniquement soutenu par le progrès économique soit insuffisant pour atteindre d'autres priorités sociales et d'autres objectifs environnementaux. La ‘system approach' de la soutenabilité fut influencée d'une part par la pensée du développement des années 1960 et 1970 qui privilégiait la satisfaction des besoins fondamentaux des pauvres, et d'autre part, par les préoccupations des ‘conservationnistes' quant à l'état global de l'environnement. De manière similaire, les objectifs de développement durable des Nations Unies furent nourris par la reconnaissance que le déclin des objectifs environnementaux peut saper le développement à long terme, même les objectifs économiques et sociaux s'améliorent par ailleurs. Des études récentes ont exploré ce lien entre ‘system approach' et objectifs de développement durable et étudié leurs arbitrages et complémentarités possibles de ces objectifs – environnementaux, économiques et sociaux – de manière à rendre opérationnelle la soutenabilité.Classification JEL : QO1, O20, D61, Q56One of the earliest attempts in economics to operationalize sustainable development was the systems approach, which characterizes sustainability as the maximization of goals across environmental, economic and social systems. This paper explores the link between the systems approach to sustainability and the Sustainable Development Goals (SDGs), which were formally adopted by the UN in 2015. Both emerged from concerns that development based solely on economic progress is insufficient to meet additional social priorities and environmental objectives. The systems approach to sustainability was influenced by development thinking in the 1960s and 1970s that emphasized meeting the «basic needs» of the poor and conservationist concerns over the state of the global environment. Equally, the SDGs were developed in recognition that the decline in environmental goals may undermine long term development, even with improvements in economic and social goals. Recent studies have explored the link between the systems approach and the SDGs, and analyzed possible tradeoffs and complementarities in attaining the different environmental, economic and social goals with the objective of operationalizing sustainability.JEL Classification: QO1, O20, D61, Q56
- 3. A Note on John Dales and the Early History of Emissions Trading: Mixing Standards and Markets for Rights - Nathalie Berta p. 61-84 Cet article s'intéresse à l'histoire des marchés de permis d'émission à la fin des années 1960. Il montre tout d'abord que bien que les travaux de John Dales et Thomas Crocker soient rarement distingués dans la littérature, ils sont assez différents et ne proposent pas le même type de marché différents. Dales, très critique par rapport à la quête de solutions optimales, souhaite que le niveau d'émission soit déterminé politiquement plutôt qu'économiquement. Si sa proposition est aujourd'hui utilisée largement dans la lutte contre les pluies acides ou le réchauffement climatique, la réception de cette idée chez les économistes de l'environnement à l'époque fut très prudente, même chez ceux qui promouvaient par ailleurs l'usage d'incitations dans le contrôle de la pollution.Classification JEL : B20, D4, D62, H23, K11, K32, Q51, Q52, Q53This paper studies the early history of the idea of markets for emission rights in the late 1960s. It stresses the difference between Thomas Crocker's and John Dales's proposals that are rarely distinguished in the literature. It briefly presents Dales's proposal and his important critics of optimal solutions, like cost benefit analyses, that led him to settle on a politically chosen level of emission. Finally, the paper shows that, even though today what are called cap-and-trade instruments are widely used to manage pollution, acid rain or global warming, the early reception of Dales's idea by environmental economists was quite cautious, even by those who were promoting the use of incentives in pollution control.JEL Classification: B20, D4, D62, H23, K11, K32, Q51, Q52, Q53
- 4. The Contested Conceptualisation of Pollution in Economics: Market Failure or Cost Shifting Success? - Clive L. Spash p. 85-122 Aujourd'hui, l'économie de l'environnement est la réponse de la théorie économique néoclassique à la crise écologique. Pourtant, à une époque, ses principaux contributeurs la considéraient comme une avancée révolutionnaire qui allait changer la conduite et le contenu de l'économie en tant que discipline. La compréhension et la lutte contre la pollution de l'environnement étaient au cœur de ce changement de paradigme potentiel. En retraçant l'histoire de la conceptualisation de la pollution en la considérant comme une externalité et une défaillance du marché, ce papier met en lumière le développement des idées de Marshall, Pigou, Pareto, Coase, Stigler, Samuelson, Ciciacy-Wantrup et Kapp. Il montre que la théorie de l'externalité de la pollution a intégré une éthique élitiste et une idéologie libérale du marché. En tant que défaillance du marché, la pollution a été considérée comme une erreur mineure corrigeable du système de prix. L'évaluation monétaire des dommages sociaux et environnementaux est devenue le moyen de justifier les niveaux optimaux de pollution. Les théories néolibérales de la diffusion des droits de propriété ont encore édulcoré les aspects interventionnistes potentiels. Le réalisme biophysique, dans les travaux de Kneese, Ayres et d'Arge, et le réalisme social dans la théorie du déplacement des coûts de Kapp ont été perdus dès lors que l'économie de l'environnement a adopté un formalisme mathématique déductiviste. La théorie alternative de Kapp est basée sur une compréhension économique classique des institutionnalistes du transfert des coûts et des relations de pouvoir. Elle préconise une réponse de politique publique sous la forme de minima sociaux objectifs obtenus par la réglementation et la planification. Cette théorie a jusqu'à présent été utilisée avec succès pour empêcher un éventuel changement de paradigme révolutionnaire dans la théorie économique des prix.Classification JEL : A13 B2 B55 D61 D62 H21 H23 P16 P18 P48 Q5 Q52 Q53 Q57 Q58Today, environmental economics is the response of the neoclassical economic school to the ecological crisis, but at one time its leading contributors regarded it as a revolutionary development that would change the conduct and content of economics as a discipline. Understanding and addressing environmental pollution was core to that potential paradigm shift. In tracing the history of conceptualising pollution as an externality and market failure this paper covers the development of ideas by Marshall, Pigou, Pareto, Coase, Stigler, Samuelson, Ciciacy-Wantrup and Kapp. Pollution externality theory is shown to have incorporate an elitist ethics and liberal market ideology. As a market failure pollution was deemed a minor correctible error of the price system. Monetary valuation of social and environmental harm became the means of justifying optimal levels of pollution. Neoliberal theories of spreading property rights further watered-down potential interventionist aspects. Bio-physical realism, in the work of Kneese, Ayres and d'Arge, and social realism in Kapp's theory of cost shifting were lost once environmental economics adopted a deductivist mathematical formalism. Kapp's alternative theory is based on a classic institutionalists economic understanding of cost shifting and power relations. It advocates a public policy response in the form of objective social minima achieved via regulation and planning. This theory has until now been successfully supressed to prevent a potential revolutionary paradigm shift in economic price theory.JEL Classification: A13 B2 B55 D61 D62 H21 H23 P16 P18 P48 Q5 Q52 Q53 Q57 Q58
- 5. La place controversée de l'évaluation monétaire au sein du courant d'économie écologique : retour sur une histoire tumultueuse - Philippe Méral p. 123-152 L'histoire de la pensée économique dans le domaine de l'environnement est marquée par la naissance à la fin des années 1980 du courant d'économie écologique. Initialement, ce courant se voulait en opposition à l'économie de l'environnement et des ressources naturelles issues de l'analyse néo-classique. Toutefois, au fil du temps, les lignes de fracture entre ces deux courants sont devenues de plus en plus floues ; créant des passerelles entre les auteurs, les concepts, les méthodologies et les outils. L'objectif de cet article est d'analyser cette évolution en prenant appui sur une des controverses : l'évaluation monétaire de l'environnement. Cette controverse se manifeste plus particulièrement suite à la parution de l'article « The value of the world's ecosystem services and natural capital », publié dans la revue Nature en 1997 et porté par un des fondateurs du courant d'économie écologique, Robert Costanza.Classification JEL : Q57, Q51, A12, B29, B30, B59At the end of the 1980s, an epistemic community, ecological economics, was created in opposition to the natural resources and environmental economics; part of the neoclassical paradigm. However, the dividing lines between these two streams have become, over time, increasingly blurred; creating bridges between authors, concepts, methodologies and tools. The objective of this article is to analyze this evolution by drawing on one of the controversies: the monetary valuation of the environment. To do so, we focus on the article « The value of the world's ecosystem services and natural capital » led by one of the famous ecological economists, Robert Costanza, in the review Nature in 1997.JEL Classification: Q57, Q51, A12, B29, B30, B59
- 6. Écodéveloppement et socio-économie écologique : congruences et complémentarités - Catherine Figuière, Renaud Metereau p. 153-190 Cet article analyse les éléments de compatibilité entre les fondamentaux de l'écodéveloppement et de la socio-économie écologique. Ces deux projets suivent en effet des trajectoires historiques parallèles et adoptent tous deux une approche en économie politique hétérodoxe en durabilité forte. Cette double congruence permet d'envisager la combinaison de ces deux projets complémentaires pour fonder une socio-économie écologique du développement.Classification JEL : Q57, O1, P16This paper analyses the elements of compatibility between the fundamentals of ecodevelopment and socio-ecological economics. Indeed, both projects follow parallel historical trajectories and both adopt a heterodox political economy approach with a strong sustainability stance. This twofold congruency makes it possible to consider the combination of these two complementary projects as a basis for a socio-ecological economy of development.JEL Classification: Q57, O1, P16
- 7. « The Proper Use of Land ». E.F. Schumacher on Economics and the Environment, 1930-1977 - Robert Leonard p. 191-211 À l'origine un économiste conventionnel d'inspiration fabienne, E.F. Schumacher (1911-1977) est devenu en 1973 l'auteur de Small is Beautiful: A Study of Economics as if People Mattered, le best-seller qui a fait sa renommée publique. Au cours de son évolution intellectuelle, Schumacher est devenu de plus en plus critique à l'égard de la profession économique, qu'il accusait d'être obsédé par la mesure et inconscient de la qualité, et de promouvoir la croissance économique à un coût environnemental élevé. Cet article examine la critique de Schumacher de la discipline économique et de ses méthodes, avec un accent particulier sur les questions environnementales.Classification JEL : B31, Q57E.F. Schumacher (1911–1977) went from being a conventional economist of Fabian-socialist stripe in the 1940s to becoming the author of Small is Beautiful: A Study of Economics as if People Mattered, the 1973 best-seller that brought him public fame. In the course of his intellectual evolution, Schumacher became increasingly critical of the economics profession, which he accused of being obsessed with measurement and oblivious to quality, and of promoting economic growth at great environmental cost. This article considers Schumacher's critique of the economics discipline and its methods, with particular emphasis on environmental matters.JEL Classification: B31, Q57
- 8. Éthique et bioéconomie chez Nicholas Georgescu-Roegen - Sylvie Ferrari p. 213-242 Cette contribution vise à analyser les réflexions éthiques qui portent l'approche bioéconomique développée par N. Georgescu-Roegen. L'étude de la bioéconomie à travers ses dimensions physique et biologique nous conduit à appréhender la manière dont le rapport à la nature se construit chez l'auteur et les implications qu'il en tire pour une conduite des activités humaines respectueuse de la biosphère. La conception éthique qui entoure la bioéconomie, et que nous qualifions d'éthique bioéconomique, est ensuite discutée au regard des travaux philosophiques relevant du champ de l'éthique environnementale contemporaine. Cette mise en perspective permet d'envisager dans quelle mesure les questionnements soulevés par N. Georgescu-Roegen ont préfiguré ceux auxquels nous expose aujourd'hui l'ère de l'Anthropocène.Classification JEL : Q56, Q57, B31, D63, Q49Bioeconomic Ethics This paper aims at analysing the ethical perspectives that stem from the bioeconomic approach developed by N. Georgescu-Roegen. The study of bioeconomics through its physical and biological dimensions leads us to understand how the relationship with nature is built by the author and what are its implications for a conduct of human activities that respects the biosphere. The ethical conception that surrounds bioeconomics, and which we qualify as bioeconomic ethics, is then discussed with respect to works in the philosophical field of Environmental Ethics nowadays. This perspective makes it possible to consider the extent to which the questions raised by N. Georgescu-Roegen prefigure those to which the Anthropocene era exposes mankind today.JEL Classification: Q56, Q57, B31, D63, Q49