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Revue | Revue de l'histoire des religions |
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Numéro | tome 238, no 4, octobre-décembre 2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La magie entre Antiquité et Moyen Âge : traditions, innovations, autorités : Avant-propos - Thomas Galoppin p. 603-616
- Le chant des voyelles dans les Papyri Graecae Magicae de l'Empire romain. De la pratique rituelle à l'invention moderne d'une tradition - Florian Audureau p. 617-639 Au début du xxe siècle s'est imposée l'image d'Épinal du magicien-astrologue. Selon une logique pythagoricienne, celui-ci emploierait la musique pour évoquer les pouvoirs astraux des planètes, et les voyelles que l'on retrouve dans les papyrus de magie gréco-égyptienne serviraient à écrire les notes de la gamme classique. Or, cette « tradition » est avant tout historiographique et ne rend pas compte des pratiques et des dynamiques d'accommodation culturelle. L'analyse détaillée du corpus révèle en effet que l'interprétation astrologique ne relève pas d'une tradition, mais d'une invention ponctuelle et ciblée. C'est au contraire une logique propre aux magi qui sous-tend l'utilisation des voyelles : elles incarnent la puissance du souffle (πνεῦμα) et sa capacité à produire des sons.At the beginning of the nineteenth century, there was a cliché circulating according to which magicians were also experts in astrology. Some were reported to have used music to summon astrological powers through the planets, based on a Pythagorean tradition, and the vowels that we find in the Graeco-Egyptian magical papyri were said to record the musical scale. Yet this “tradition” is primarily a matter of historiography and does not match with the practices and dynamics of cultural accommodation. A detailed analysis of the corpus reveals that the astrological interpretation does not derive from a Greek philosophical tradition but is rather a specific and targeted invention. It is therefore necessary to look at this practice from an emic perspective: vowels are occasionally linked with planets but they essentially stand for the power of breathing (πνεῦμα) and its capacity to produce sounds.
- « Dessine-moi… » une prière. Gemmes magiques et écriture des noms divins en images dans le monde romain - Thomas Galoppin p. 641-671 Les gemmes magiques sont des amulettes en pierres gravées : leur pouvoir tient en partie aux noms barbares inscrits, ainsi qu'aux motifs représentés, parmi lesquels figurent de nombreuses divinités grecques, égyptiennes ou gréco-égyptiennes. Parfois, il semble que le design conjugue l'écrit et le dessin pour produire des noms divins en image. Le procédé peut être explicité par des textes rituels, mais il peut être compris aussi en partant de l'hypothèse que les motifs représentés possèdent une valeur symbolique cohérente avec une conception des hiéroglyphes dans le monde romain. La manipulation innovante de ces attributs onomastiques et iconographiques se réclame d'une tradition égyptienne dans la mesure où écrire avec des figures animales possède une valeur d'autorité dans l'art de manifester le divin.Magical gems are engraved stone amulets: they are partly empowered by inscribed barbaric names and carved images, including several Greek, Egyptian or Graeco-Egyptian deities. Sometimes, it seems that their design combines both writing and drawing in order to depict the names of divinities. This process is shown explicitly in some ritual texts, but for others we shall set the hypothesis that a symbolic value is given to the elements of the image according to a certain understanding of the hieroglyphics in the Roman world. The handling of these onomastic and iconographic attributes alike is an innovation built on an Egyptian tradition in a world where writing with animal figures has an authoritative value in the perspective of seeing the gods.
- Auteur et autorité, tradition et révélation : études de cas des magies gréco-égyptienne et chrétienne copte - Korshi Dosoo p. 673-697 La créativité des pratiques rituelles des traditions magiques gréco-égyptienne et chrétienne se présente de façon constante et paradoxale comme étant fondée sur une connaissance ancienne et éternelle, transmise de la sphère divine au domaine humain, soit de façon temporelle par une série de « figures de mémoire », soit au travers d'une distance ontologique, par révélation divine directe. Cette étude explore les tensions et les contradictions de ces deux sources de « tradition » à travers deux études de cas, la « liturgie mithriaque » et la « Prière de Marie à Bartos » : ces deux textes rituels se présentent comme l'héritage d'un passé ancien, implicitement plus divin, et promettent aussi un accès direct au divin dans le présent.The creativity of the ritual practices found in the Graeco-Egyptian magical tradition, and its Christian successor, consistently and paradoxically represents itself as being based in an ancient and eternal knowledge, transmitted from the divine sphere to the human realm either temporally – through a series of “figures of memory” or across an ontological distance – by direct divine revelation. This study explores the tensions and contradictions in these two sources of “tradition” through two case studies, the so-called ‘Mithras Liturgy' and the ‘Prayer of Mary in Bartos', two ritual texts which at once represent themselves as the heritage of an ancient, and implicitly more divine, past, and promise direct access to the divine in the present.
- La réécriture des rituels d'invocation des esprits dans les traditions latines attribuées à Salomon (XIIe-XVe siècle) - Julien Véronèse p. 699-728 Les traditions latines de magie rituelle attribuées à Salomon, loin d'avoir une forme stable, sont l'objet de réécritures permanentes au fil des copies de manuscrits. À l'aide de deux exemples mieux documentés que les autres, celui de l'Ars notoria d'une part, celui de l'Almandal d'autre part, nous pouvons suivre les principales dynamiques à l'œuvre, qu'il s'agisse d'accroître le nombre de signes considérés comme performatifs, de simplifier une tradition jugée trop complexe, ou encore de christianiser des arts unanimement condamnés par les autorités ecclésiastiques. Tradition, innovation et autorité se rencontrent ainsi à différents niveaux.The Latin traditions of ritual magic attributed to Solomon, far from having a stable form, were the object of permanent rewritings when they were copied into manuscripts. With the help of two examples that are better documented than the others, the Ars notoria on the one hand, and the Almandal on the other, we can follow the main dynamics at work, whether it is a question of increasing the number of signs considered as performative, simplifying a tradition considered as too complex, or Christianizing arts unanimously condemned by ecclesiastical authorities. Tradition, innovation and authority thus come together at different levels.
- Joseph Yacoub, Le Moyen-Orient syriaque. La face méconnue des chrétiens d'Orient Paris, Éditions Salvator, 2019 - Alain J. Desreumaux p. 729-732
- Hermès Trismégiste, Paralipomènes grec, copte, arménien. Codex VI de Nag Hammadi, Codex Clarkianus 11 Oxoniensis, Définitions hermétiques, Divers, t. V, textes édités et traduits par Jean-Pierre Mahé Paris, Les Belles Lettres (« Collection des universités de France », 546), 2019 - Anna Van den Kerchove p. 732-735
- Thomas Tanase, Histoire de la papauté en Occident Paris, Gallimard (« Folio histoire », 292), 2019 - Bénédicte Sère p. 735-738
- Gilles Dorival, Alain Le Boulluec, L'Abeille et l'Acier. Clément d'Alexandrie et Origène Paris, Les Belles Lettres, 2019 - Izabela Jurasz p. 738-741
- La Prakaraṇapañcikā de Śālikanātha. Chapitre 6, section 1. Le moyen de connaissance valide et la perception. Traité Mīmāṃsaka d'épistémologie, présenté, traduit et commenté par Jean-Marie Verpoorten Louvain-la-Neuve, Éditions Peeters (« Publications de l'Institut orientaliste de Louvain », 70), 2018 - Guillaume Ducœur p. 741-743
- Paul O'Grady, La philosophie de la religion de Thomas d'Aquin, traduit et préfacé par Roger Pouivet Rennes, Presses de l'Université de Rennes, 2019 - Antoine Calvet p. 743-746
- Alain Demurger, Le peuple templier, 1307‑1312 Paris, CNRS éditions, 2019 - Marie-Anna Chevalier p. 746-749
- Nelly Amri, Croire au Maghreb médiéval – La sainteté en question, XIVe-XVe siècle Paris, Les Éditions du Cerf, (« Islam – Nouvelles approches »), 2019 - Pierre Lory p. 749-752
- Marie-Christine Gomez-Géraud et Jean-René Valette (dir.), Le discours mystique entre Moyen Âge et première modernité, t. 1 : La question du langage | Véronique Ferrer, Marie Christine Gomez-Géraud et Jean-René Valette (dir.), Le discours mystique entre Moyen Âge et première modernité, t. 2 : Le sujet en transformation Paris, Honoré Champion (« Mystica »), 2019 - Florent Libral p. 752-758
- Julien Ferrant et Tiphaine Guillabert-Madinier (dir.), Le Langage et la Foi dans l'Europe des Réformes (XVIe siècle) Paris, Classiques Garnier, 2019 - Olivier Marin p. 758-760
- Patrick Goujon, Les Politiques de l'âme. Direction spirituelle et Jésuites français à l'époque moderne Paris, Classiques Garnier (« Lire le XVIIe siècle », 57), 2019 - Simon Icard p. 760-761
- Jean-Pascal Gay, "Le dernier théologien ? Théophile Raynaud (v. 1583‑1663), histoire d'une obsolescence", Paris, Beauchesne (« Théologie historique », 127), 2018 - Norihiro Morimoto p. 761-764
- Liesbeth Corens, "Confessional Mobility and English Catholics in Counter-Reformation Europe" Oxford/New York, Oxford University Press, 2019 - Mathilde Monge p. 764-767
- Vincent Tournier, "La formation du Mahāvastu et la mise en place des conceptions relatives à la carrière du bodhisattva" Paris, École française d'Extrême-Orient (« Monographies », 195), 2017 - Guillaume Ducœur p. 767-769
- Stéphanie Roulin, "Une abbaye dans le siècle. Missions et ambitions de Saint-Maurice (1870‑1970)" Neuchâtel, Éditions Alphil / Presses universitaires suisses, 2019 - Philippe Chenaux p. 770-771
- David Motadel, "Les musulmans et la machine de guerre nazie", traduit de l'anglais par Charlotte Nordmann, préface de Christian Ingrao Paris, Éditions La Découverte, 2019 - Xavier Boniface p. 771-773
- Pierre Lassave, "La sociologie des religions. Une communauté de savoir Paris", Éditions de l'EHESS (« En temps & lieux »), 2019 - Samuel Dolbeau p. 773-776