Contenu du sommaire : Les ruralités face aux discriminations

Comment les candidats en campagne en milieu rural portent-ils la thématique de la fracture territoriale ? À partir des observations menées lors de deux campagnes législatives en 2017, auprès d'un candidat FN et d'un candidat PS, cet article entend démontrer que le discours sur les fractures territoriales est formalisé notamment par l'imprégnation et la diffusion auprès des professionnels de la politique de travaux de géographes portant sur les inégalités territoriales. La mise en avant de la « défense de la ruralité » est également une stratégie de dépolitisation de différenciation face aux candidats du parti présidentiel accusé d'être le cheval de Troie des « métropoles ». La ruralité, de discrimination vécue, peut alors devenir un capital à préserver. Néanmoins, si les deux candidats peuvent faire de la ruralité un combat, la manière dont ils le portent n'est pas la même. Pour le candidat socialiste, il s'agit d'un levier d'égalité territoriale opposant la circonscription aux métropoles, quand le candidat FN mobilisera cette thématique pour mettre en évidence des combats ethno-religieux.

Cet article propose de confronter le fait de grandir en milieu rural avec celui de l'identification homosexuelle masculine. À travers les trajectoires d'hommes en proie à un vécu contrasté du fait de leur différence d'âge, nous pouvons observer certaines récurrences : identification problématique à la masculinité, difficultés culturelles pouvant se muer en malentendus familiaux, et enfin départ pour une vie citadine dont certains décident de revenir ensuite par réappropriation de leur propre culture d'appartenance. Quelles dynamiques sont à l'œuvre dans ce va-et-vient entre deux lieux, deux cultures et parfois même une double vie ? Quels sont ceux qui décident de quitter leur campagne natale et ceux qui y reviennent ? À partir de ces questionnements, nous pourrons analyser les motivations à l'œuvre dans ces choix souvent aussi radicaux que les clichés qu'ils tentent de contourner.

Cet article s'intéresse à la manière dont à Uzeste – petit village de Sud-Gironde, base arrière de la Compagnie Lubat – s'est opéré, à l'initiative des artistes qui y vivent, un travail de recadrage théorique et pratique du territoire, constituant un référentiel d'une grande force. Il y a, à Uzeste, un penser-parler-faire local dont le terreau emprunte, d'une part, aux savoirs pratiques et d'expérience nés des activités artistiques – notamment d'improvisation – des « œuvriers » du village et, d'autre part, se nourrit de la Philosophie de la Relation d'Édouard Glissant, philosophe, poète, écrivain qui a fréquenté Uzeste et y a vu une forme de mise en œuvre concrète de sa pensée. Le rapprochement insolite et imprévu de ressources pratico-théoriques a engendré une réappropriation des singularités locales saisies comme éléments d'un Tout-monde et a réamorcé des formes de subjectivation politique. Cette réinscription du village dans une histoire valorisante a permis la production d'un récit territorial inédit de revitalisation d'une « culture locale » en voie d'épuisement.