Contenu du sommaire : L'excellence dans les sciences sociales

Revue Revue internationale des sciences sociales Mir@bel
Numéro no 180, juin 2004
Titre du numéro L'excellence dans les sciences sociales
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'excellence dans les sciences sociales

    • Résumés - p. 211
    • Editorial - p. 217 accès libre
    • L'excellence dans les sciences sociales
      • Les réseaux internationaux de connaissance et d'innovation dans le cadre de l'intégration, de la cohésion et de l'élargissement européens - Riccardo Cappellin p. 231 accès libre avec résumé
        Il est aujourd'hui largement accepté que la connaissance et l'apprentissage se trouvent au cœur de la compétitivité, de la division internationale du travail, ainsi que des phénomènes d'agglomération et d'exclusion. Pourtant, une meilleure connaissance demeure nécessaire des processus qui autorisent l'accès des régions à la connaissance codifiée aussi bien que tacite, aux réseaux de Recherche et de développement technologique (rdt) aussi bien qu'au savoir faire aux échelons international et inter-régional. L'objet de cet article est d'envisager les approches permettant d'analyser les mécanismes qui opèrent aux niveaux évoqués et aboutissent à des formes d'intégration plus élevées des sociétés des secteurs de l'industrie et des services, non seulement d'un point de vue commercial, ou financier, mais également en ce qui concerne les réseaux de connaissance et d'innovation. La nécessité de développer des stratégies d'action publiques pour soutenir les institutions qui créent et transfèrent de la connaissance à l'échelon européen sera mise en évidence. L'article pointera aussi les questions qui demeurent, en ce qui concerne tant la nécessité, à ce niveau, de la création d'un cadre institutionnel favorisant la création et le soutien de réseaux de connaissance que, d'autre part, les conditions de transférabilité de cette dernière aux régions de l'Objectif 1, aux nouveaux membres et candidats à l'intégration à l'Union européenne.
      • La recherche internationale en sciences sociales : artisanat ou puissance émergente ? - Ian Forbes, Dominic Abrams p. 253 accès libre avec résumé
        Cet article se penche sur la recherche qui, en théorie ou en pratique, est réalisée par la communauté des sciences sociales à l'échelle internationale. Contrairement à la recherche internationale, la plupart des recherches en sciences sociales sont réalisées à l'échelle nationale par des chercheurs qui travaillent en petits groupes ou individuellement sur des projets. Une étude des principaux garants de la qualité de la recherche révèle une gamme très diversifiée d'activités de recherche internationale au Royaume-Uni, toutes disciplines confondues, ainsi que des liens de collaboration très étendus avec des chercheurs du monde entier. Des éléments relatifs aux caractéristiques de la recherche qui dépasse les frontières locales et nationales sera présentée, ainsi que des évaluations significatives sur la qualité relative de la recherche internationale en sciences sociales. Ces éléments situent dans son contexte l'opinion commune selon laquelle les États-Unis seraient leader mondial de la recherche en sciences sociales. Enfin, elles témoignent que, bien que les sciences sociales internationales soient actuellement limitées, elles ont le potentiel de mener des projets de grande envergure.
      • Politiques scientifiques, démocratie et mutations des institutions de savoir - Tiago Santos Pereira p. 275 accès libre avec résumé
        Les exigences croissantes adressées à la science par les différents acteurs sociaux ne représentent pas seulement un défi pour les scientifiques mais également pour les décideurs politiques. Comment faire en sorte de répondre aux inquiétudes du public et aux exigences de l'industrie tout en garantissant des conditions de développement scientifique ? Cet article considère que de telles préoccupations ne sont pas incompatibles ; elles doivent être au centre de politiques scientifiques qui reconnaissent le rôle central joué par la science dans nos sociétés démocratiques. C'est à travers l'analyse de l'évolution des politiques scientifiques au Portugal, et des difficultés à changer le cadre de modèles précédents que l'article estime que la politique scientifique devrait renégocier le contrat social des sciences de manière à y incorporer des principes démocratiques de bonne gouvernance et à se prémunir contre la captation par des intérêts particuliers. En ce sens, entre d'anciens modèles d'autonomie et la captation par des « coalitions de compétitivité », la politique scientifique devrait inciter à la participation d'un plus large éventail d'acteurs sociaux à la formulation des politiques de même qu'aux interactions avec les institutions de savoir.
      • Développer les capacités de recherche en sciences sociales de la Bolivie : une innovation institutionnelle - Léa Velho p. 287 accès libre avec résumé
        L'auteur de cet article examine une forme nouvelle de coopération entre le Nord et le Sud (en l'occurrence, entre le ministère de la Coopération pour le développement des Pays-Bas et la Bolivie), destinée à renforcer les capacités de recherche pour le développement dans le domaine des sciences sociales. La nouveauté la plus remarquable dans le cas étudié, c'est que le donateur est entré en relation avec le pays bénéficiaire sans projet préconçu, ce qui a permis aux partenaires boliviens de planifier, d'appliquer et de gérer eux-mêmes leur programme en toute autonomie : les habitants du Sud ont pu s'approprier le processus de coopération. Le Programme de recherche stratégique de la Bolivie (PIEB) qui en est résulté a pour but de promouvoir la recherche autour d'objectifs déterminés sur la base d'une large participation des intéressés. Des bourses de recherche auxquelles il est fait une abondante publicité sont attribuées sur concours suivant des règles et des critères de sélection bien définis. Les projets de recherche, menés par des équipes de chercheurs, font une large place à la formation des chercheurs et à la participation des « utilisateurs » de la recherche. Les résultats du pieb montrent qu'il est important que les habitants du Sud soient autonomes et prennent possession du programme, à condition toutefois que les autorités locales mettent en place des mécanismes capables d'instaurer la confiance et la responsabilité sociale. Ils montrent aussi qu'il faut créer des mécanismes de contrôle pour maintenir la qualité de la recherche au plus haut niveau. Dans l'ensemble, le pieb peut être considéré comme un modèle d'innovation institutionnelle dans le contexte bolivien. La réussite et les réalisations de ce programme ne doivent cependant pas faire oublier que le renforcement des capacités de recherche pour le développement dans le domaine des sciences sociales est un processus à long terme qui exige des efforts continuels. Sur le long terme, l'aide internationale peut compléter les investissements des pays concernés, mais elle ne peut pas s'y substituer.
  • Repenser la pauvreté

    • La pauvreté, nouvelle frontière de la lutte pour les droits de l'homme - Pierre Sané p. 303 accès libre avec résumé
      Le trait frappant de notre civilisation, mondialisée autour d'une ambition de prospérité sans précédent, est la persistance, et même l'aggravation, de la pauvreté, qui frappe la moitié de la population du monde.Quel est donc le fondement de cette double posture morale qui nous permet d'accepter cette pauvreté fabriquée par nos sociétés et qui tue plus sûrement et plus méthodiquement que les machettes des milices, et plus largement et systématiquement que les inondations ou les tremblements de terre. Voici une question à la quelle il est urgent de s'atteler pour la préservation de notre propre humanité.
    • La pauvreté comme violation des droits humains : vers un droit à la non-pauvreté - Ernest-Marie Mbonda p. 309 accès libre avec résumé
      Malgré l'abondance de la littérature sur la pauvreté, ce concept reste difficile à définir du fait de sa complexité inhérente. On serait tenté de dire que les pauvres sont les personnes privées de leurs moyens de subsistance. Mais la subsistance n'est pas un simple critère physiologique ; elle implique aussi la notion de décence qui ne peut être appréciée que dans le contexte précis qui lui donne sens, variable d'une société à l'autre et, au sein d'une même société, évolutif dans le temps. D'où la difficulté de parvenir à une définition cohérente de la pauvreté à l'échelle globale. Le présent article évite l'écueil de l'histoire du débat normatif sur la pauvreté, ses implications sociologiques et les hypothèses qui le sous-tendent, en définissant la pauvreté comme une souffrance physique et psychologique liée à la privation des moyens de mener une vie en accord avec la dignité humaine. Si l'analyse de la pauvreté en termes de droits est largement absente des doctrines philosophiques et religieuses traditionnelles, une approche contractuelle est susceptible de démontrer que toute personne, en tant que membre d'une communauté, mérite que cette communauté lui apporte tout ce qui est nécessaire à ce qu'elle ne soit pas pauvre. Étant donné que la communauté pertinente n'est aujourd'hui envisageable qu'au niveau global, il s'ensuit que la pauvreté est un problème global à l'échelle internationale, et que son éradication est un devoir collectif permettant à tout un chacun de jouir du droit à la non-pauvreté.
    • Pauvreté et droits humains : la question de la discrimination économique systémique avec quelques propositions pratiques de réforme - Christian Arnsperger p. 323 accès libre avec résumé
      Cet article analyse les conditions dans lesquelles la pauvreté pourrait être un jour considérée comme une violation des droits humains. Le cadre existant des droits humains, comme le montre la Déclaration universelle des droits de l'homme, renferme une contradiction entre des principes « progressistes » et « conservateurs », parmi lesquels, principalement, le droit à la propriété. La pseudo-démocratie quasi capitaliste n'est pas, formellement parlant, incompatible avec le cadre des droits humains, mais elle peut l'être en pratique, du fait de sa genèse historique et de ses fondements existentiels. En réalité, c'est peut-être nécessairement le cas. Cet article propose différentes approches de la pauvreté en termes de droits humains compatibles avec les deux arguments génériques suivants : d'une part, il existe une nécessaire incompatibilité entre les droits humains d'une pseudo-démocratie quasi capitaliste et, d'autre part, une telle compatibilité est au moins possible. Pour chacune de ces options, sont examinées des propositions concrètes pour une réforme institutionnelle au niveau mondial.
    • La pauvreté à la lumière de la contingence locale des droits universels - Keith Dowding, Martin van Hees p. 335 accès libre avec résumé
      Dans cette étude, nous souhaitons examiner le rapport existant entre les droits moraux dont les personnes sont censées jouir, la répartition légitime des richesses entre les individus au sein d'un même pays et à travers le monde, et les réponses empiriques apportées par ces individus pour faire face à la pauvreté sur un plan national et international. Nous défendons l'idée de l'universalité des droits, et considérons que le respect des droits et des libertés passe nécessairement par la réduction de la pauvreté. Ainsi, une plus grande pauvreté induit, d'un point de vue tant conceptuel que causal, une limitation de la liberté, de quelque manière que l'on conçoive cette dernière. Dans la mesure où le degré de liberté conditionne l'existence matérielle ou l'absence de droits, la pauvreté affecte les droits dont les individus sont censés pouvoir jouir. Cependant, le devoir de réduire la pauvreté n'implique pas le devoir d'assurer partout une répartition uniforme des ressources, ce qui ne répondrait ni à une attente matériellement plausible ni à un impératif de justice. Malgré tout, nous devons plus pour les pauvres dans le monde aujourd'hui que nous ne le devions par le passé. La mondialisation élargit la communauté morale dans laquelle nous vivons, et elle affecte alors nos droits et devoirs ainsi que ceux des autres : plus le niveau d'interaction économique est élevé, plus les interdépendances économiques sont fortes, plus il est probable que les niveaux en-dessous desquels les droits ne sont plus assurés matériellement convergent. En particulier, la croissance de telles interdépendances aura sans doute pour conséquence une élévation de ces valeurs-seuils dans les pays en développement.
    • Sortir de la pauvreté et respecter les droits de l'homme : dix points qui méritent d'être pris au sérieux - Klaus M. Leisinger p. 349 accès libre avec résumé
      L'expérience des tendances internationales montre que les différentes nations progressent inégalement dans la réduction de la pauvreté et le respect des droits de l'homme, et ce, même avec des ressources similaires. C'est en fait la qualité des politiques publiques et de la politique en général qui fait toute la différence. Dans la mesure où les déficits de gouvernance se reportent sur le développement humain et sur le respect des droits de l'homme, tout effort en vue d'une amélioration est une approche constructive vers la sortie de la pauvreté dans un contexte de respect des droits de l'homme. De ce fait, la qualité de vie de la large majorité de la population d'un pays ne connaîtra d'amélioration durable que dans un double cadre de développement socio-économique et de stabilité politique. La mise en œuvre pratique d'une bonne gouvernance connaît sans aucun doute de nombreux obstacles, mais c'est moins l'ignorance de ce qui est à faire que le manque de sagesse et de volonté politique qui perpétue les problèmes de notre époque.
    • La violation des droits humains comme déterminant de la pauvreté - Alfredo Sfeir-Younis p. 357 accès libre avec résumé
      Cet article traite de la relation entre pauvreté et droits humains en portant une attention particulière sur des situations dans lesquelles reviennent les thèmes de l'ethnicité et de la discrimination. La relation entre pauvreté et droits humains n'a jusqu'à présent pas été clairement comprise et il existe peu de recherches empiriques sur ce thème. En conséquence, des perspectives aux apparences fortement contrastées demeurent. La vision dominante en matière de développement économique considère que les programmes de réduction de la pauvreté sont si variés et englobent tant de choses qu'ils permettront de faire respecter les droits humains. Toutefois, la communauté des droits humains estime que les violations de ces droits sont l'une des principales causes de la pauvreté et, en conséquence, que le fait de dénier les droits d'un individu signifie, par définition, le maintenir dans la pauvreté. En fait, ces deux approches détiennent une vérité et une valeur ajoutée considérables. Les droits humains devraient être considérés comme un attribut humain, et donc comme une sorte de capital. Ils sont dans ce sens tout aussi importants que toutes les autres formes de capital qui participent au processus de développement et de réduction de la pauvreté. Faire abstraction de l'importance des droits humains revient à maintenir les peuples dans la pauvreté.
    • La pauvreté, comme violation des droits humains - Geneviève Koubi p. 361 accès libre avec résumé
      `titrebRésumé`/titrebdéfinissable en droit. Dans la tension entre traitement de la pauvreté et attention portée à l'extrême pauvreté se glisse une indétermination qui rend les démocraties inattentives aux dynamiques économiques et sociales de la pauvreté comme inégalité. Dès lors, les réponses à l'extrême pauvreté violent, surtout quand elles sont explicitement ciblées ou préférentielles, l'égalité fondamentale de droits et de dignité dont, formellement, elles résultent. Les mesures prises en faveur des défavorisés ne proposent ainsi pas aux personnes concernées une porte de sortie du statut de défavorisé mais, paradoxalement, elles les amènent à relativiser leurs souffrances, à trouver en ces faveurs la force de se penser pauvre sans avoir à subir les affres de l'extrême pauvreté. En quelque sorte, dépendantes d'un bien être minimal qui leur est offert, ces personnes n'ont pas de « droits ». Faudrait-il donc apprendre à penser la pauvreté comme un phénomène inéluctable et imparable dans un monde qui prétend œuvrer pour la garantie des droits de l'homme, des droits politiques et civils, des droits économiques, sociaux et culturels ?
  • Les numéros parus - p. 372