Contenu du sommaire : La politique budgétaire à l'épreuve de la crise sanitaire : enjeux et perspectives
Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. XXXVI, no 3, janvier 20222 |
Titre du numéro | La politique budgétaire à l'épreuve de la crise sanitaire : enjeux et perspectives |
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- La politique budgétaire à l'épreuve de la crise sanitaire : enjeux et perspectives : Introduction - Amélie Barbier-Gauchard, Jean-Louis Combes p. 3-17
- Plans nationaux de relance et de résilience de la France et de ses principaux pays voisins - Patrick Bisciari, Wouter Gelade, Wim Melyn p. 19-64 Le plan de relance Next Generation EU octroie, sur la période 2021-2026, davantage de moyens aux États membres qui étaient économiquement plus vulnérables avant la pandémie et qui ont subi des pertes économiques plus sévères en 2020 et 2021, comme l'Italie et l'Espagne, qu'aux autres États tels que l'Allemagne, la France et la Belgique. Pour ces cinq pays, l'article montre que plus les gouvernements reçoivent de subventions (et prêts) européens, plus ils se sont engagés à mettre en place, dès les premières années du programme, des réformes à la hauteur des défis auxquels ils sont confrontés.The Next Generation EU recovery plan provides, over the period 2021-2026, more resources to Member States which were economically more vulnerable before the pandemic and which suffered more severe economic losses in 2020 and 2021, such as Italy and Spain than to other states such as Germany, France and Belgium. For these five countries, the article shows that the more governments receive European grants (and loans), the more they are committed to implementing, from the early years of the program, reforms to meet the challenges they face.
- Fiscal Reaction Functions in the EU: A Tale of “r-g” and Whether it Matters - António Afonso, José Alves, João Tovar Jalles p. 65-101 Nous évaluons empiriquement les réponses budgétaires de 28 pays de l'UE au cours de la période 1995T1-2021T2. Dans le même temps, nous évaluons l'importance, pour les réactions d'orientation budgétaire, notamment de la différence entre la croissance économique et les taux d'intérêt à long terme. Nous retrouvons une réponse positive du solde primaire à une augmentation de la dette publique pour le panel de la UE, impliquant un comportement ricardien global. Il existe également des preuves que des politiques budgétaires contra-cycliques ont été menées en moyenne dans cette région géopolitique. L'amélioration du solde primaire à la suite de l'augmentation du ratio dette/PIB est devenue plus pertinente dans la période suivant la crise financière mondiale. Enfin, l'ampleur de la baisse du ratio dette/PIB consécutive à l'amélioration du solde primaire est plus élevée lorsqu'elle est associée à un différentiel taux d'intérêt/taux de croissance positif. Cet effet disparaît en cas de différentiel de taux d'intérêt/taux de croissance négatif. Par conséquent, (r-g) compte, et (r-g)>0 est perçu comme un cas plus critique.We empirically assess fiscal responses for 28 EU countries over the 1995Q1-2021Q2 period. At the same time, we evaluate the importance, for fiscal stance reactions, of notably the difference between economic growth and long-term interest rates. We find a positive response of the primary balance to an increase in government debt for the EU panel, implying an overall Ricardian behaviour. There is also evidence of counter-cyclical fiscal policies having been conducted on average in this geopolitical region. The improvement in the primary balance following increases in the debt-to-GDP ratio gained more relevance in the period after the Global Financial Crisis. Finally, the magnitude of the decrease in the debt-to-GDP ratio following improvements in the primary balance is higher when associated with a positive interest rate-growth rate differential. Such effect disappears for negative interest rate-growth differential. Hence, (r-g) matters, and (r-g)>0 is perceived as a more critical instance.
- Faut-il brûler les règles budgétaires ? Leçons de l'expérience américaine (1988-2017) - Étienne Farvaque, Marcelin Joanis, Nicolas Ooghe p. 103-154 L'étude des règles budgétaires en vigueur dans les États américains, pour la plupart depuis très longtemps, permet de juger si leur effet est pro ou contra-cyclique face à un choc. Nous analysons les ajustements budgétaires mis en œuvre, non seulement en étudiant les variations des dépenses et des impôts, mais aussi en intégrant la volatilité de l'emploi public. Nous utilisons une classification des règles budgétaires plus détaillée que celle couramment utilisée dans la littérature et intégrons également les fonds de stabilisation (Rainy Day Funds), qui offrent un instrument de lissage de la conjoncture, pour les États en possédant. Nous montrons que, pour les États américains en cycle budgétaire annuel, les règles budgétaires ne sont pas neutres : le nombre de règles budgétaires dans la phase de mise en œuvre du budget exerce une fonction limitative sur le budget, notamment si elles sont de nature constitutionnelle. Ce sont ces règles qui contraignent les gouverneurs à opérer des ajustements budgétaires, et ce avec un effet amplifié en fonction de la force d'un choc non anticipé (générant donc un comportement procyclique).The study of fiscal rules in force in the American states, most of them for a very long time, allows us to judge whether their effect is pro- or counter-cyclical in front of a shock. We analyze the fiscal adjustments implemented, not only by studying changes in spending and taxes, but also by considering the variations in public employment. We use a more detailed classification of fiscal rules than is commonly used in the literature and also incorporate rainy day funds, which provide a smoothing instrument, for those states that have them. We show that, for American states in an annual budget cycle, budget rules are not neutral: the number of budget rules in the implementation phase of the budget has a limiting function on the budget, especially if they are constitutional in nature. It is these rules that force governors to engineer adjustments, with an amplified effect depending on the strength of the unanticipated shock (thus generating procyclical behavior).
- Réforme du cadre budgétaire européen : un argument pour l'adoption d'une règle d'or des finances publiques - Jérôme Creel p. 155-185 Le cadre budgétaire européen repose sur une asymétrie bien connue entre politique monétaire et politique budgétaire, la première confiée à une banque centrale disposant d'une grande indépendance de moyens et dotée d'un mandat portant principalement sur la stabilité des prix, et la seconde contrainte par des limites sur les déficits et les dettes publiques. Cette architecture institutionnelle repose notamment sur la substituabilité stratégique entre ces deux politiques économiques. La crise de Covid-19 a rebattu les cartes en démontrant l'utilité de politiques budgétaires non contraintes et conduit à une réflexion sur une éventuelle réforme du cadre budgétaire européen. Parmi les propositions discutées figure la règle d'or des finances publiques qui permettrait de relancer durablement les investissements publics en Europe. En guise d'argument ou de contre-argument à l'adoption d'une telle règle, nous étudions les interactions entre investissement public et politique monétaire. Les résultats empiriques tendent à montrer qu'investissement public et politique monétaire agissent de manière complémentaire, ce qui justifierait alors de relâcher les contraintes pesant sur les politiques budgétaires. Cela ne devrait cependant pas se faire sans une coopération politique renforcée sur la nature des investissements publics réalisés.The European fiscal framework is based on a well-known asymmetry between monetary policy and fiscal policy, the former entrusted to a central bank with a high degree of independence of means and a mandate mainly related to price stability, and the latter constrained by limits on public deficits and debts. This institutional architecture relies on the strategic substitutability between these two economic policies. The Covid-19 crisis has reshuffled the deck by demonstrating the usefulness of unconstrained fiscal policies and the complementary with monetary policy and it has led to a reflection on a possible reform of the European fiscal framework. Among the proposals discussed is the golden rule for public finances, which would foster public investment in Europe in the long term. As a matter of argument or counter-argument to the adoption of such a rule, I study the interactions between public investment and monetary policy. The empirical results tend to show that public investment and monetary policy act as complements rather than substitutes, which would then justify relaxing the constraints on fiscal policies. However, this should require enhanced policy cooperation on the nature of public investment.
- Could the Public Debt Management via ECB's QE Create a Surge of Inflation in the Euro Area? - Stephanos Papadamou, Moïse Sidiropoulos, Aristea Vidra p. 187-217 Sur la base de l'expérience récente des programmes d'assouplissement quantitatif (QE) avec des taux d'intérêt négatifs adoptés par la BCE après la crise de la dette publique dans la zone euro (2010-2011) et face à la pandémie en 2020, nous étudions les effets de sa récente politique monétaire non conventionnelle sur la poussée de l'inflation dans la zone euro via le mécanisme des marges de crédit des banques. En utilisant la méthodologie des modèles « Panel Vector Autoregressive » (PVAR) sur huit États membres de la zone euro, cette étude suggère qu'une expansion du bilan de la BCE due à la monétisation de la dette publique génère un faible effet positif sur l'inflation de la zone euro lorsqu'elle s'accompagne aussi d'une politique de taux négatifs. Ceci valide le résultat selon lequel « la crainte exprimée par certains que l'excédent monétaire résultant des injections massives de liquidités via l'assouplissement quantitatif puisse conduire à de l'inflation dans la zone euro ne résiste pas à l'épreuve » (De Grauwe [2021]) ainsi que la proposition de Christine Lagarde [2021] réitérant que le programme de QE de la BCE se poursuivra et qu'il n'est pas envisagé de relever les taux d'intérêt en 2022.Based on the recent experience of quantitative easing (QE) programs with negative interest rates adopted by ECB after the public debt crisis in the euro area (2010-2011) and in the face of the pandemic in 2020, we investigate the effects of its recent unconventional monetary policy on the surge of inflation in the euro area via the banks' lending margin mechanism. By using Panel Vector Autoregressive (PVAR) methodology on eight member states of euro area, this paper establishes that an expansion of ECB's balance sheet due to the public debt monetization generates a weaker positive effect on the inflation rate of the euro area when accompanied with a negative rate policy. These results validate also the suggestion that “the fear expressed by some that the monetary overhang from the large injections of liquidity through quantitative easing might lead to inflation in the Eurozone does not stand up to scrutiny either” (De Grauwe [2021]) as well as Christine Lagarde's [2021] proposal reiterating that QE program of the ECB will continue and that there is no thought of raising interest rates in 2022.