Contenu du sommaire : Saisir le murmure du monde
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1335, octobre-décembre 2021 |
Titre du numéro | Saisir le murmure du monde |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Exhumer les traces sensibles de l'immigration - Marie Poinsot p. 1
Le point sur
- Saisir le murmure du monde. Récits de soi en migration - Marianne Amar, Sylvie Aprile, Anouche Kunth, Isabelle Lacoue-Labarthe p. 8-9
- Les migrants d'Europe dans l'Algérie des années 1840 : Des paroles de colons - Colette Zytnicki p. 11-20 Le processus d'installation colonial en Algérie conduit de nombreux colons à instaurer un dialogue avec l'administration coloniale. De l'octroi d'une concession à l'obtention de semences, en passant par la gestion des problèmes de voisinages…, les problèmes du quotidien de ces paysans, artisans et petits-bourgeois sont au cœur de leurs correspondances administratives. Si ce corpus d'adresses à l'autorité révèle le poids et l'inégalité des compétences en expression écrite, et le rôle joué par les administrateurs coloniaux, il comporte une grande absence : la voix des colonisés, réduite au silence dans ces échanges.
- La migration germanophone en Palestine/Israël après 1933 : Déclassement social, dynamiques familiales et masculinité - Patrick Farges p. 23-34 Pour fuir l'Allemagne et l'Europe centrale sous le joug nazi, de nombreux exilés juifs se sont réfugiés en Palestine mandataire entre 1933 et 1941. Pour beaucoup issus d'une bourgeoisie lettrée, ces Juifs ashkénazes ont dû radicalement revoir leurs schèmes de vie. Si la mémoire collective célèbre davantage les réussites migratoires, l'étude des parcours de vie brisés chez ces nouveaux arrivants permet de mettre en lumière les bouleversements que la migration provoque sur les équilibres de genre car leur déclassement social constitue également une mise en question de leur rôle d'homme.
- La France, à mi-chemin entre l'Allemagne et les États-Unis ? : Déplacements et reconfigurations de l'écriture post-migratoire chez Ruth Landshoff-Yorck - Alice Lacoue-Labarthe, Isabelle Lacoue-Labarthe p. 37-47 L'autrice allemande Ruth Landshoff-Yorck (1893-1967) a vécu de multiples vies dans lesquelles elle a puisé la matière autobiographique qui nourrit plusieurs de ses romans, écrits en allemand ou en anglais. Elle multiplie les circulations entre Berlin, Londres, New York et Paris des années folles à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ses romans, où se croisent de nombreuses figures artistiques de son époque, font écho, parfois à des années d'intervalles, à la trajectoire de vie libre de cette écrivaine prolixe, toute entière tournée vers la création.
- Un récit de vie inopiné : tisser la mémoire d'une famille d'origine algérienne - Guillaume Etienne p. 49-57 Une série d'entretiens ont permis à Arbia, une femme d'origine algérienne, de revenir sur la création de son association valorisant les peintures de sa mère et, plus généralement, l'histoire et la culture algériennes et françaises. Choisissant d'elle-même le format du récit de vie, tâchant d'expliquer le contexte de création de l'association, Arbia contribue à actualiser une mémoire, individuelle, familiale et collective. Car, plus qu'un regard rétrospectif sur le parcours de sa mère, Arbia se fait l'intermédiaire d'une mémoire qui s'écrit au présent.
- Saisir le politique dans le récit intime. Retour sur une expérience filmique et ethnobiographique - Valérie Cuzol p. 59-68 L'enterrement en situation d'immigration constitue le sujet d'une recherche participante et d'un travail filmique documentaire fondés sur le récit de soi, c'est-à-dire les stratégies narratives mises en œuvre pour se raconter ou pas. La mise en scène de la parole intime dans le cadre du tournage du film repose sur une méthodologie ethnobiographique d'autant plus rigoureuse que le sujet traité, la mort de proches ou le projet posthume, appelle à la retenue et au respect de l'émotion des témoins. En jeu, pour ces derniers, la permanence des liens intergénérationnels et les appartenances multiples à plusieurs espaces sociaux et à plusieurs pays.
- La réappropriation du récit du conflit dans la distance : Documentaires syriens tournés en exil - Nicolas Appelt p. 71-79 Suite au conflit qui frappe la Syrie depuis 2011, la migration des Syriens a donné lieu à une importante production audiovisuelle, au sein de laquelle la voix des migrants participe avec force à documenter leur expérience de la migration forcée. Les documentaires tournés par des réalisateurs/-trices syriens qui ont dû quitter leur pays racontent à la première personne leur périple ou de leur installation en Europe. Loin de mettre en scène une coupure nette avec la Syrie, leurs créations questionnent la permanence des liens avec
Au musée
- Jeux de miroirs - Marianne Amar p. 82-83
- L'exposition Picasso l'étranger : Entretien avec Annie Cohen-Solal, commissaire de l'exposition "Picasso, l'étranger" inaugurée au Musée national de l'histoire de l'immigration le 4 novembre 2021 - Marie Poinsot, Annie Cohen-Solal p. 124-127
- Cartographier les migrations et leurs récits : Entretien avec Françoise Bahoken, géographe et cartographe - Marianne Amar, Sylvie Aprile, Françoise Bahoken p. 128-144
- "Mosaïque" en clair-obscur - Anouche Kunth p. 145-148
- Lettres à Ménie - Sylvie Aprile p. 149-155
Champs libres
- Fadhma & Louise. 1871 – le cri des peuples - Jéremy Beschon p. 158-160
- « Le 17 octobre 1961 devrait être reconnu en ce 60e anniversaire » : Entretien avec Samia Messaoudi, co-fondatrice de l'association Au nom de la mémoire - Marie Poinsot, Samia Messaoudi p. 161-165
- Le 17 octobre 1961 vu dans le monde anglophone - Alec G. Hargreaves p. 166-169 Le détour par la recherche anglophone permet d'appréhender les silences qui ont longtemps pesé, en France, sur l'écriture de l'histoire du massacre du 17 octobre 1961. L'histoire est d'abord portée par des écrivains et des militants auxquels les chercheurs britanniques rendront hommage. Ce crime de masse du pouvoir français éclaire d'un jour nouveau l'histoire coloniale outre-Manche, notamment les relations entre le Royaume-Uni et l'Irlande.
- « On peut dire que les productions culturelles “font l'histoire”, mais elles la font autrement » : Entretien avec Lia Brozgal, professeure associée d'études françaises et francophones à l'université de Californie à Los Angeles - Marie Poinsot, Lia Brozgal p. 170-175
- La longue marche des rescapés du 17 octobre - Mustapha Harzoune p. 175-183 En 2011, pour le cinquantième anniversaire de la manifestation du 17 octobre 1961, l'association Au nom de la mémoire a rassemblé dans un ouvrage les contributions de 17 écrivains. Au-delà des visées historiques, politiques ou mémorielles, 17 octobre, 17 écrivains se souviennent participe à la création d'un thème littéraire questionnant les héritages de cette expérience traumatique, un crime d'État dans l'angle mort de la conscience nationale.
- Le 17 octobre 1961 dans le cinéma français : une rétrospective - Mouloud Mimoun p. 184-188 Le 17 octobre 1961 est le sujet de plusieurs fictions, documentaires, films longs ou courts-métrages. D'Octobre à Paris de Jacques Panijel tourné au lendemain des massacres, mais sorti en 1973 pour cause de censure, à Rock Against Police de Nabil Djedouani (2020), en passant par Ici on noie les Algériens de Yasmina Adi (2011), le cinéma contribue à témoigner de ces événements occultés de la guerre d'Algérie.
- L'interprète comme passeur de catégories : Entretien avec Hala Trefi, interprète - Anaïk Pian, Hala Trefi p. 193-197
- « Nos archives » : Entretien avec Pauline Guillemet, directrice de la rédaction de la revue Entre-Temps - Marie Poinsot, Pauline Guillemet p. 197-199 La revue Entre-Temps a entamé une expérimentation collective d'ego-histoire par l'archive. Elle propose aux historiennes et aux historiens de contribuer à sa nouvelle série, intitulée « Nos archives », en exhumant un fragment de leur propre fonds d'archives pour en faire brièvement le récit. Depuis un an ont ainsi été publiés sur Entre-Temps, une fois par mois, ces autoportraits par l'archive : lettres, cahiers, photographies ou objets, archives familiales ou professionnelles, documents d'un passé proche ou lointain ont constitué l'esquisse d'un fonds d'archives collectif. Ce fonds est celui de l'écriture d'une autre histoire : celle que les historiennes et les historiens ont vécue et avec laquelle, consciemment ou inconsciemment, ils et elles écrivent celle des femmes et des hommes qui les ont précédé·es.
- Auf wiedersehen Angela - Mustapha Harzoune p. 200-203
- Lucia de Carvalho - François Bensignor p. 204-209 Le parcours de Lucia de Carvalho est emblématique des pérégrinations improbables réservées à ces populations qui sont le jouet de la géopolitique. L'Angola, le Portugal, la France et le Brésil forment les quatre piliers culturels de sa personnalité artistique solaire. Mais c'est par la simplicité, la prodigieuse capacité d'empathie et d'humanité qui nourrissent l'essence de son être que la chanteuse séduit, touche et convainc. Avec Pwanga, son troisième album, Lucia de Carvalho aborde la maturité d'une carrière qui lui sourit. En une décennie, elle a eu le courage de reconsidérer son enfance ballottée de pays en pays, de culture en culture, d'une famille monoparentale à une famille d'adoption, en passant par le foyer. Les aléas et le mystère de cette enfance chaotique l'ont conduite à forger un véritable atout au développement d'une personnalité solide, à l'altruisme hors du commun. Par sa capacité à écrire et à composer ses chansons, par la générosité optimiste de ses prestations scéniques, Lucia de Carvalho atteint la plénitude d'une vie assumée, qui illumine ses créations avant tout humanistes et populaires. Lors de notre entretien, la jeune chanteuse lusophone évoque son parcours avec une grande sincérité.
- Mica : Film d'Ismaël Ferroukhi (Maroc, France, 2019) - Mouloud Mimoun p. 210-211
- Les Intranquilles : Film de Joachim Lafosse (France, 2021) - Mouloud Mimoun p. 211-212
- Haut et fort : Film de Nabil Ayouch (Maroc, 2021) - Mouloud Mimoun p. 212-213
- Mohamed Mbougar Sarr, "La plus secrète mémoire des hommes" : Paris, Philippe Rey, 2021, 448 p. 22 €. - Mustapha Harzoune p. 213-214
- Jean Birnbaum, "Le courage de la nuance" : Paris, Seuil, 2021, 144 p., 14 €.Journaliste. - Mustapha Harzoune p. 214-215
- Philippe Corcuff, "La grande confusion. Comment l'extrême droite gagne la bataille des idées" : Paris, Textuel, 2021, 672 p., 26 €. - Mustapha Harzoune p. 215-216
- René Maran,"Un homme pareil aux autres" : Préface de Mohamed Mbougar Sarr, Marseille, Les éditions du typhon, 2021, 194 p., 17 €. - Mustapha Harzoune p. 217-218