Contenu du sommaire : Les nouvelles doctrines des banques centrales

Revue Revue d'économie financière Mir@bel
Numéro no 144, 4eme trimestre 2021
Titre du numéro Les nouvelles doctrines des banques centrales
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  • Les nouvelles doctrines des banques centrales

    • Introduction. Les leçons tirées des crises - Benoît Cœuré, Hans-Helmut Kotz accès libre
    • Les banques centrales s'adaptent à de nouveaux défis - Agustín Carstens accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La pandémie de Covid-19 a braqué les projecteurs sur le rôle clé des banques centrales dans la gestion des crises. Les banques centrales ont à nouveau démontré leur capacité à faire face à des événements systémiques en adaptant leur réponse. Les banques centrales des économies avancées et émergentes ont mis en œuvre un ensemble de mesures sans précédent, allant bien au-delà de celles adoptées pendant la crise financière. Ces mesures visaient non seulement à stabiliser les marchés financiers, mais aussi à canaliser le crédit directement vers les entreprises et les ménages. Les difficultés et les défis sont nombreux et vont de l'apparition de nouveaux marchés financiers à une meilleure coordination des politiques budgétaires et monétaires. Il existe un consensus sur le fait que l'auto-assurance par l'accumulation de réserves de change n'est pas optimale. De même, les pays ne peuvent pas faire grand-chose pour limiter les risques par le biais de mesures de protection en matière de gestion des flux de capitaux sans renoncer aux avantages de la participation au système financier mondial. En l'absence d'un filet de sécurité mondial complet et bien financé, les mesures de sauvegarde de la liquidité sous l'égide de la banque centrale émettrice de la monnaie internationale resteront la principale protection (Carstens, 2021b). La meilleure façon de réduire les tensions entre les politiques budgétaires et monétaires est d'augmenter la croissance durable. Pour parvenir à une croissance plus élevée, il faut des réformes structurelles, soutenues par des politiques budgétaires favorables à la croissance. L'indépendance des banques centrales est indispensable pour qu'elles puissent continuer à se concentrer sur leur mandat principal, à savoir le maintien de la stabilité des prix et de la stabilité financière. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      The Covid-19 pandemic has put the spotlight on the key role of central banks in crisis management. Central banks have again demonstrated their ability to deal with systemic events by adapting their response. Central banks in advanced and emerging economies implemented an unprecedented set of measures, going far beyond those adopted during the financial crisis. These measures were aimed not only at stabilizing financial markets, but also at channeling credit directly to businesses and households. The difficulties and challenges are many and range from the emergence of new financial markets to better coordination of fiscal and monetary policies. There is a consensus that self-insurance through the accumulation of foreign exchange reserves is not optimal. Similarly, there is little that countries can do to limit risk through protective measures in managing capital flows without forgoing the benefits of participation in the global financial system. In the absence of a comprehensive and well-funded global safety net, liquidity safeguards under the aegis of the central bank issuing the international currency will remain the primary protection (Carstens, 2021b). The best way to reduce the tension between fiscal and monetary policies is to increase sustainable growth. Achieving higher growth requires structural reforms, supported by growth-friendly fiscal policies. The independence of central banks is essential so that they can continue to focus on their core mandate of maintaining price and financial stability. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • Comment expliquer la faiblesse durable des taux directeurs dans la zone euro ? - Frank Smets accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les taux à court terme sont négatifs dans la zone euro depuis 2014. Cet article démontre que la banque centrale n'a pas pu réagir à un contexte de désinflation après la crise financière. La nouvelle stratégie de la BCE, adoptée en juillet 2021, met l'accent sur un objectif de contrôle de la désinflation. Est-ce que les taux d'intérêt qui sont de fait dirigés par la BCE vont pouvoir évoluer naturellement à un niveau cohérent avec la croissance potentielle et l'objectif d'inflation autour de 2 % ? Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      Short-term rates have been negative in the eurozone since 2014. This paper demonstrates that the central bank has been constrained in its responses to a disinflationary environment after the financial crisis. The ECB's new strategy, adopted in July 2021, emphasizes a disinflation control objective. Will interest rates, which are in fact directed by the ECB, be able to evolve naturally at a level consistent with potential growth and the inflation target of around 2%? Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • Une réhabilitation raisonnée de la finance fonctionnelle : stagnation séculaire, croissance et inflation - Côme Poirier, Xavier Ragot accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'incertitude sur la croissance, le retour de l'inflation et la transition énergétique renouvellent le débat de politique économique. Si la situation était auparavant appelée stagnation séculaire, d'autres dénominations apparaissent : stagflation, reflation. Au-delà du diagnostic, quelle utilisation de la politique monétaire ou de la politique budgétaire dans un environnement de dettes élevées ? Cette problématique est d'autant plus importante que les règles européennes de coordination budgétaire sont remises en question. À partir d'exemples concrets, cet article affirme le rôle central de la politique budgétaire par rapport à la politique monétaire. Cette évolution doit être comprise comme une réhabilitation de la « finance fonctionnelle » sous une forme mesurée. Les implications pour le mandat des banques centrales et l'encadrement budgétaire européen sont développées. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      The uncertainty about growth, the return of inflation and the need for an energy transition are renewing the economic policy debate. If the situation was previously referred to as secular stagnation, other names are emerging: stagflation reflation. Beyond the diagnosis, what use should be made of monetary or fiscal policy in an environment of high debt? This issue is all the more important as the European rules of budgetary coordination are being questioned. Based on concrete examples, this article asserts the central role of fiscal policy in relation to monetary policy. This development should be understood as a rehabilitation of “functional finance” in a measured form. The implications for the mandate of central banks and the European fiscal framework are developed. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • La stratégie de politique monétaire de la Banque centrale européenne - Philip R. Lane accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article présente les principales caractéristiques de la nouvelle stratégie de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Dans le cadre de cette stratégie, la BCE vise à stabiliser l'inflation à 2 % à moyen terme. Elle adopte un point de vue symétrique sur les écarts par rapport à cet objectif : les dépassements dans un sens ou dans l'autre sont considérés comme également indésirables. Dans le même temps, la stratégie tient pleinement compte des implications de la borne inférieure effective : étant donné que les taux directeurs sont effectivement fixés à un niveau plancher, il est nécessaire, d'un point de vue stratégique, de recourir également à des indications sur les taux d'intérêt, à des achats d'actifs et à des opérations ciblées de refinancement à long terme pour garantir la réalisation de l'objectif d'inflation. La nouvelle stratégie vise également à intégrer les implications du changement climatique et de la transition carbone pour l'évolution macroéconomique et l'inflation. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      This article outlines the main features of the new monetary policy strategy of the European Central Bank (ECB). Under this strategy, the ECB is focused on stabilising inflation at 2% over the medium term. It takes a symmetric perspective on deviations from this target: overshoots and shortfalls are viewed as equally undesirable. At the same time, the strategy fully takes into account the implications of the effective lower bound: since there is an effective floor to policy rates, it is strategically necessary to also deploy interest rate forward guidance, asset purchases and targeted long-term refinancing operations to ensure that the inflation target is achieved. The new strategy also seeks to incorporate the implications of climate change and the carbon transition for macroeconomic and inflation developments. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • Le nouveau cadre de la Federal Reserve : contexte et conséquences - Richard H. Clarida accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article argumente la capacité des nouveaux cadres conceptuels de la politique monétaire établis par la Federal Reserve en 2019 et 2020 qui sont adaptés par le pilotage dynamique de l'inflation aux défis actuels d'une reprise de l'inflation. Ces modifications qui visaient à donner des objectifs de long terme à la politique monétaire ont en effet des implications politiques majeures. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      This paper argues the ability of the new monetary policy frameworks established by the US Federal Reserve in 2019 and 2020 are adapted by the dynamic steering of inflation to the current challenges of an inflation recovery. These changes, which aimed at giving long-run objectives to monetary policy, have indeed major political implications. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • Les défis posés à la politique monétaire par un environnement plus exigeant - François Villeroy de Galhau, Vincent Bignon, Bruno Cabrillac accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La politique des banques centrales a permis de surmonter deux crises majeures dans la période récente. Et si l'adage qui veut que la banque centrale ne peut pas tout reste vrai, il est néanmoins manifeste que les banques centrales sont désormais obligées de s'intéresser non pas au seul pilier monétaire, mais aussi à des catégories nouvelles comme la montée des dettes publiques, les investissements nécessaires au changement climatique, la montée des inégalités ou la concentration des patrimoines, bref élargir les critères de stabilité par une analyse monétaire et financière. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      Central bank policy has helped to overcome two major crises in the recent period. And if the adage that central banks cannot do everything remains true, it is nevertheless clear that central banks are now obliged to take an interest not only in the monetary pillar, but also in new categories such as the rise in public debts, the investments needed for climate change, the rise in inequality or the concentration of wealth, in short to broaden the criteria for stability through a monetary and financial analysis. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • Nouvelles orientations de la politique monétaire : abandon du point d'ancrage ? - Otmar Issing accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Lorsqu'on se demande s'il faut envisager de nouvelles doctrines, de nouvelles orientations pour la politique monétaire, il faut analyser l'expérience du passé, les erreurs ou les succès. Par exemple, qu'avons-nous appris de la période de la « grande modération » dans laquelle une politique monétaire améliorée a joué un rôle majeur ? La Fed (Federal Reserve) et la Banque centrale européenne (BCE) ont revu leurs stratégies. Les deux banques centrales ont modifié leurs objectifs d'inflation. Le ciblage de l'inflation en tant que tel est largement considéré comme la stratégie optimale. Cependant, il n'existe à ce jour aucun modèle de ciblage de l'inflation qui intègre les risques du système bancaire et des marchés financiers, avec toutes leurs dynamiques, leurs non-linéarités et leur complexité globale. Le « deuxième pilier » de la stratégie de la BCE peut être considéré comme une approche visant à intégrer ces aspects dans le processus de décision de la politique monétaire. Contrôler ou orienter plus modestement les anticipations d'inflation reste un défi majeur pour les banques centrales. L'orientation prospective est devenue la principale stratégie de communication pour ancrer les anticipations d'inflation. L'élargissement du rôle des banques centrales a suscité des inquiétudes quant à l'indépendance de cette institution. Globalement, le rôle des banques centrales dans la société doit être reconsidéré. Les banquiers centraux ne doivent pas ignorer la menace qui pèse sur leur indépendance en s'impliquant dans des questions politiques. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      When assessing the question whether new doctrines, guidelines for monetary policy should be considered the experience of the past, mistakes or successes has to be analysed. For example – what have we learned from the period of the “great moderation” in which an improved monetary policy played a major role? The Fed and the European Central Bank (ECB) have reviewed their strategies. Both central banks have changed their inflation target. Inflation targeting as such is widely seen as the optimal strategy. However, no model of inflation targeting exists so far that integrates the risks from the banking system and financial markets with all their dynamics, non-linearities and overall complexity. The “second pillar” of the ECB's strategy can be seen as an approach to integrate these aspects into the process monetary policy decisions. Controlling or more modestly guiding inflation expectations remains a major challenge for central banks. Forward guidance has become the main communication strategy to anchor inflation expectations. However, theory and practice have revealed severe problems of this approach.The expanding role of central banks has raised concerns about the independence of this institution. Overall, the role of central banks in society has to be reconsidered. Central bankers should not ignore the threat to their independence by involving themselves in political issues. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • Comprendre les banques centrales. Les mesures d'exception troublent-elles le tableau ? - Dirk Schumacher accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'efficacité des banques centrales à atteindre leurs objectifs de politique monétaire dépend également de leur capacité à signaler clairement leurs intentions aux participants des marchés financiers et au grand public. Après tout, les actions de politique monétaire sont transmises par les marchés financiers à l'économie réelle et aux ménages privés. En temps normal, c'est-à-dire avant la crise financière, le taux d'intérêt à court terme était le principal outil de communication de l'orientation de la politique monétaire. Connaître l'évolution du taux d'intérêt à court terme donnait une bonne idée de l'orientation que la banque centrale souhaitait donner à l'économie. L'ajout d'outils de politique non conventionnels, tels que l'achat pur et simple d'actifs financiers, et une interaction plus étroite entre les politiques monétaire et budgétaire ont rendu la «lecture» des banques centrales plus compliquée pour les acteurs du marché. En conséquence, les banques centrales doivent redoubler d'efforts pour faire passer leur message. Malheureusement, cela implique également un risque plus élevé de mauvaise communication et d'erreurs de politique. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      The effectiveness of central banks to fulfil their policy goals depends also on their ability to clearly signal their intentions to financial market participants and the general public. After all, monetary policy actions are transmitted via financial markets to the real economy and private households. In normal times, that is before the financial crisis, the short-term interest rate was the main tool to communicate the policy stance. Knowing where the short-term interest rate would go, would provide a good guide to where the central bank wants the economy to go. The addition of unconventional policy tools, such as outright purchases of financial assets, and a closer interaction between monetary and fiscal policy has made “reading” central banks more complicated for market participants. This in turn makes a stronger effort from central banks necessary to get their message across. Unfortunately, it also implies a higher risk of mis-communication and policy mistakes. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • Limiter la budgétarisation des banques centrales - Stephen G. Cecchetti, Kermit L. Schoenholtz accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis 2007, et en particulier pendant la pandémie de Covid, les banques centrales ont élargi la portée et l'ampleur de leurs interventions de manière sans précédent, brouillant les frontières entre politique monétaire et politique budgétaire. Cette fiscalisation met en danger l'indépendance des banques centrales, affaiblissant ainsi la capacité des responsables de la politique monétaire à remplir leurs mandats de stabilité des prix et de stabilité financière. Pour retrouver la répartition des responsabilités d'avant-2008, les gouvernements doivent fixer des limites plus claires à ce que les banques centrales peuvent et ne peuvent pas faire. Pour limiter la fiscalisation, les autorités peuvent faire deux choses : s'engager à établir des distinctions structurelles entre la politique budgétaire et la politique monétaire, et articuler une fonction de réaction du bilan (analogue à la fonction de réaction du taux d'intérêt directeur) qui prévoit l'annulation des interventions en cas de crise lorsque la fonctionnalité du marché est rétablie. Après s'être engagées dans la fiscalisation plus d'une fois, par choix ou par circonstance, les banques centrales doivent établir un cadre qui empêche la répétition. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      Since 2007, and especially during the Covid pandemic, central banks have expanded both the scope and scale of their interventions in unprecedented fashion, blurring the lines between monetary and fiscal policy. This fiscalisation endangers central bank independence, thereby weakening monetary policymakers' ability to deliver on their mandates for price and financial stability. To find a way back to the pre-2008 division of responsibilities, governments must establish clearer limits on what central banks can and cannot do. To limit fiscalisation, authorities can do two things: commit to structural distinctions between fiscal and monetary policy, and articulate a balance sheet reaction function (analogous to a policy interest rate reaction function) that includes the reversal of crisis interventions when market functionality is restored. Having engaged in fiscalisation more than once, either by choice or by circumstance, central banks need to establish a framework that prevents repetition. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • La dimension budgétaire de la politique monétaire et l'autonomie des banques centrales : leçons de deux crises - Athanasios Orphanides accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La comparaison et le contraste des politiques adoptées par la Fed et la BCE en réponse à la crise financière mondiale de 2008 et à la pandémie de Covid-19 mettent en évidence l'importance de la dimension budgétaire de la politique monétaire, ainsi que les pièges si une banque centrale indépendante néglige la synergie des politiques budgétaire et monétaire. Pour la BCE, deux changements cruciaux dans ses politiques de réponse à la crise ont conduit à des résultats nettement meilleurs à la suite de la pandémie. Contrairement à l'hésitation dont elle a fait preuve en 2008, la BCE a élargi son bilan de manière plus adaptée en 2020 en conduisant des achats massifs de la dette publique à long terme. De plus, la BCE a suspendu les éléments de son dispositif qui avaient entravé le fonctionnement des marchés de la dette publique, comme la dépendance par rapport aux agences de notation du crédit pour déterminer l'éligibilité de la dette publique aux opérations monétaires. En protégeant les marchés des obligations d'État contre les équilibres négatifs autoréalisateurs que la BCE avait tolérés à la suite de la crise financière mondiale, la BCE a soutenu le refinancement de la dette publique à faible coût dans l'ensemble de la zone euro, plutôt que seulement dans certains États membres. Cela a facilité la mise en place d'une politique budgétaire plus expansionniste, qui a favorisé une reprise plus vigoureuse et a protégé la zone euro d'une nouvelle fragmentation. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      Comparing and contrasting the Fed's and ECB's policy responses to the 2008 global financial crisis (GFC) and the Covid-19 pandemic highlights the importance of the fiscal dimension of monetary policy and the potential pitfalls when the synergy of fiscal and monetary policy is neglected by an independent central bank. For the ECB, two critical changes in its policy response led to notably better outcomes in the aftermath of the pandemic. In contrast to the hesitation it exhibited in 2008, the ECB expanded its balance sheet more appropriately in 2020 with decisive purchases of long-term government debt. Furthermore, the ECB suspended elements of its policy framework that had impaired the functioning of government debt markets, such as the reliance on credit rating agencies for determining the eligibility of government debt for monetary operations. By protecting government bond markets from the self-fulfilling adverse equilibria that the ECB had tolerated in the aftermath of the GFC, the ECB supported refinancing government debt at low cost in the entire euro area, instead of only in selected Member States. This facilitated more expansionary fiscal policy that supported a more robust recovery, and protected against the further fragmentation of the euro area. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • Changement climatique : quel rôle pour les banques centrales ? - Sabine Mauderer, David Döhrmann, Joschka Gerigk accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les émissions de gaz à effet de serre ne coûtent rien à leurs émetteurs, le changement climatique est donc un bel exemple d'externalité : dans leurs choix individuels, les agents économiques ne tiennent pas suffisamment compte des dommages que leurs choix entraînent pour l'environnement. L'Accord de Paris a constitué un pas de géant, mais il doit être suivi d'actions collectives rapides. La transition vers la neutralité carbone nécessite un effort mondial de la part de tous les secteurs. Cela comprend l'industrie financière, dont le rôle central a été souligné pour la première fois dans l'article 2.1c de l'Accord de Paris, qui plaide pour des « flux financiers compatibles avec un profil d'évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques » (CCNUCC, 2015). En d'autres termes, le système financier doit jouer un rôle clé dans le soutien à la transformation économique. Le changement climatique a une incidence sur les missions et les opérations des banques centrales. Par ailleurs, si le thème du changement climatique est relativement nouveau pour les banques centrales, il s'agit néanmoins d'un concept profondément ancré dans leurs mandats traditionnels et ne constitue donc pas une nouvelle doctrine, ni ne nécessite son invention. Au contraire : il s'agit plutôt d'une interprétation moderne et opportune des objectifs de longue date des banques centrales, qui leur demandent principalement de préserver la stabilité des prix et parfois aussi de faciliter une croissance soutenue, de promouvoir l'emploi ou de préserver la stabilité financière. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      Greenhouse gas emissions do not cost anything to their emitters, so climate change is a good example of an externality: in their individual choices, economic agents do not sufficiently take into account the damage that their choices cause to the environment. The Paris Agreement was a giant step forward, but it must be followed by rapid collective action. The transition to carbon neutrality requires a global effort from all sectors. This includes the finance industry, whose central role was first highlighted in Article 2.1c of the Paris Agreement, which calls for “financial flows consistent with a pathway to low greenhouse gas emission and climate resilient development” (UNFCCC, 2015). In other words, the financial system must play a key role in supporting economic transformation. Climate change has implications for the missions and operations of central banks. Moreover, while the topic of climate change is relatively new to central banks, it is nevertheless a concept deeply rooted in their traditional mandates and therefore does not constitute a new doctrine or require its invention. Rather, it is a modern and timely interpretation of central banks' long-standing objectives, which primarily require them to preserve price stability and sometimes also to facilitate sustained growth, promote employment or preserve financial stability. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • La relation asymétrique des banques centrales au financement de marché : une évaluation des implications pour la stabilité financière à la lumière des événements liés à la Covid - Matthias Thiemann accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les banques centrales sont aujourd'hui le garant d'un système financier fragile et volatil basé sur le marché, comme en témoigne la récente instabilité financière dans le contexte de la crise de Covid. Cet article étudie la genèse de cette position, en l'associant à un programme asymétrique des banques centrales visant à prévenir l'instabilité financière. Rapide et résolu dans les moments de crise, ce programme est lent et hésitant, voire inefficace dans les moments d'essor financier. Cet état de fait est lié au manque de contrôle des banques centrales sur le comportement procyclique des institutions du secteur bancaire parallèle, résultat d'un système de gouvernance fragmenté que les banques centrales partagent avec les autorités de marché. La crise de Covid et les programmes de QE à grande échelle qui ont suivi, entrepris pour assurer la stabilité de ce système d'intermédiation du crédit, mettent en évidence la nécessité d'une re-réglementation fondamentale de ce secteur. Si les banques centrales doivent continuer à soutenir ce secteur, elles doivent demander une expansion substantielle de la surveillance et du contrôle réglementaires. En l'absence de telles réformes, la garantie de facto installera un aléa moral, invitant à une prise de risque accrue dans le secteur. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      Central banks today operate as the backstop of a fragile and volatile market-based financial system, as evidenced by the recent financial instability in the context of the Covid-crisis. This article investigates the genesis of this position, tracing it to an asymmetric program by central banks to prevent financial instability. Quick and resolute in moments of crises, this program is slow and hesitant, if not ineffective in moments of financial booms. This state of affairs is linked to the lacking control of central banks over the pro-cyclical behavior of non-bank financial institutions in the shadow banking sector, outcome of a fragmented system of governance which central banks share with market authorities. The Covid crisis and the subsequent large scale quantitative easing programs, undertaken to ensure the stability of this system of credit-intermediation, clarify the need for a fundamental re-regulation of this sector. If central banks are to continue to backstop this sector, as it looks likely to be the case, they need to request a substantial expansion of regulatory oversight and control. Absent such reforms, the de facto backstop will install moral hazard, inviting increased risk-taking in the sector. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • La souveraineté de la monnaie et ses transformations historiques : l'invention de la monnaie digitale de banque centrale au XXIe siècle et ses conséquences géopolitiques - Michel Aglietta, Natacha Valla accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'irruption des technologies digitales menace la souveraineté de la monnaie par l'ouverture des systèmes de paiement à des acteurs non bancaires, les Bigtechs. Ceux-ci tirent des rentes énormes de leur accaparement des plateformes du e-commerce, donc de la capture des données des consommateurs. En l'absence de toute régulation, ils exercent une concurrence déloyale vis-à-vis des banques. Le projet Libra de Facebook, prétendant établir une monnaie mondiale sous le contrôle d'un monopole privé a attiré l'attention des autorités monétaires et des régulateurs financiers. Hormis l'établissement d'une réglementation pour rétablir la concurrence dans les services de paiement, l'affirmation de la souveraineté monétaire au sein des nations conduit à l'émergence de la monnaie digitale de banque centrale. Cette innovation apparaît à des rythmes différents selon les pays, en rapport avec la rapidité de la disparition du cash dans les pays les plus avancés, au premier chef la Chine, les dispositions sont prises dans l'organisation des paiements, pour éviter de déstabiliser les banques commerciales. Le problème le plus épineux concerne la transformation du système monétaire international. Car le code digital qui identifie la monnaie numérique de banque centrale permet à celles-ci de conserver le contrôle de l'usage transfrontalier des liquidités qu'elles émettent. Cela remet en cause fondamentalement le principe de la devise clé. Une réforme devra s'ensuivre avec deux possibilités : une mise en comptabilité des codes digitaux pour établir une devise synthétique mondiale ou, plus vraisemblablement, la promotion du DTS digital en tant que liquidité ultime. cela permettrait d'instaurer le multilatéralisme monétaire en faisant du FMI le prêteur international en dernier ressort. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      The emergence of digital technologies threatens the sovereignty of money by opening up payment systems to non-bank players, the Bigtechs. These derive enormous rents from their monopolization of e-commerce platforms, including through the capture of consumer data. In the absence of any regulation, they exercise unfair competition vis-à-vis banks. Facebook's Libra project – now seemingly being sold - , purporting to establish a global currency under the control of a private monopoly, has caught the attention of monetary authorities and financial regulators. Apart from establishing regulations to restore competition in payment services, the assertion of monetary sovereignty within nations is leading to the emergence of central bank digital currency. This innovation appears at different speeds depending on the country. It comes in parallel to the disappearance of cash. In many countries by now, including China, provisions are made in the organization of payments to avoid destabilizing commercial banks. The thorniest problem concerns the transformation of the international monetary system (IMS). Not a detail, the digital code that identifies central bank digital currency allows them to retain control of the cross-border use of the cash they issue. This fundamentally calls into question the principle of “dominant currency”. A reform of the IMS will have to follow with two possibilities: an accounting of the digital codes to establish a global synthetic currency or, more likely, the promotion of the digital SDR as the ultimate liquidity. This would, at last, establish monetary multilateralism by making the IMF the international lender of last resort. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • La responsabilité sociétale des banques centrales - Laurence Scialom accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La responsabilité sociétale des banques centrales fait écho à la responsabilité sociale des entreprises. La différence de qualificatif traduit le fait que les banques centrales sont responsables vis-à-vis de l'ensemble de la société et non simplement vis-à-vis de partenaires avec lesquels elles entretiennent des relations contractuelles. Nous nous attachons dans cet article à décrypter les forces à l'œuvre dans la déconstruction du mythe d'une banque centrale uniquement dédiée à la préservation de la valeur de la monnaie et déconnectée des grands enjeux et débats sociétaux. Nous développons l'idée que depuis la crise financière, les banques centrales réencastrent de leur politique dans la vie de la cité. Nous illustrons cette assertion à travers deux questions intensément débattues : d'une part, les effets en termes d'inégalités de la politique monétaire et, d'autre part, le rôle des banques centrales dans la transition écologique. Enfin, nous pointons des questions qui restent en suspens en matière de responsabilité sociétale des banques centrales. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      The societal responsibility of central banks echoes the social responsibility of companies. The difference in the term reflects the fact that central banks are responsible to society as a whole and not simply to the partners with whom they have contractual relations. In this article, we seek to decipher the forces at work in the deconstruction of the myth of a central bank solely dedicated to preserving the value of money and disconnected from major societal issues and debates. We develop the idea that since the financial crisis, central banks have been re-engaging their politics in the life of the city. We illustrate this assertion through two intensely debated questions: on the one hand, the effects of monetary policy in terms of inequality and, on the other hand, the role of central banks in the ecological transition. Finally, we point out some unresolved issues regarding the social responsibility of central banks. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
    • La Banque centrale européenne : quelle responsabilité devant le Parlement européen, corollaire de son indépendance pour assoir sa crédibilité et sa légitimité ? - Pervenche Berès accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'évolution de la politique monétaire et du rôle de la BCE après 2007 ré-ouvre le débat sur les conditions et les modalités de sa responsabilité démocratique devant le Parlement européen. Elle s'est construite à partir de 1998 sur la base du traité de Maastricht ; elle a évolué parallèlement au développement institutionnel des responsabilités de la BCE, mais la montée en puissance de politique monétaire non conventionnelle, de ses effets secondaires et l'élargissement de l'interprétation de son mandat posent de nouvelles questions. Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
      The development of monetary policy and the role of the ECB after 2007 reopen the debate on the conditions and modalities of its democratic accountability to the European Parliament. It was built from 1998 on the basis of the Maastricht Treaty; it has evolved in parallel with the institutional development of the ECB's responsibilities, but the rise of unconventional monetary policy, its side effects and the broadening of the interpretation of its mandate raise new questions. Classification JEL: E40, E50, E52, E58, E60
  • Chronique d'histoire financière

  • Articles divers

    • L'évolution des normes prudentielles affecte-t-elle le risque de non-conformité des banques de la CEMAC ? - Désiré Avom, Rodrigue Nana Kuindja accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous analysons, empiriquement, l'évolution des ratios prudentiels de Bâle I à Bâle III et apprécions son effet sur le niveau de risque de non-conformité des banques de la CEMAC. Pour y parvenir, nous spécifions et estimons, en recourant à la méthode des équations simultanées, sur la période 2000-2018, plusieurs variantes de la fonction de réaction des banques commerciales en panel dynamique sur un échantillon des six pays de la CEMAC. Nos résultats montrent : premièrement que la baisse de la marge d'intermédiation conduit les banques à sélectionner les projets les moins risqués afin de se conformer au respect des normes prudentielles, et, deuxièmement qu'une variation du niveau de risque contraint les banques à ajuster leur niveau de concurrence en tirant un avantage informationnel sur les emprunteurs. Par ailleurs, la procyclicité de la réglementation prudentielle est amplifiée alors que le risque de non-conformité est affaibli. Classification JEL : E44, G21, G28
      In this article, we empirically analyze the evolution of prudential ratio from Basel I to Basel III and assess its effect on the level risk of non-compliance banks in CEMAC countries. To achieve this, we specify and estimate, with resort the method of simultaneous equations, over the period 2000-2018, several variants of the reaction function of commercial banks in dynamic panel on a sample of 6 countries of CEMAC region. Our results show, firstly, that the drop in the intermediation margin leads banks to select the least risky projects in order to comply with prudential standards; and, second, that a change in the level of risk constrains banks to adjust their level of competition through an informational advantage over borrowers. In addition, the procyclicality of prudential regulation is amplified while the risk of non-compliance is weakened. Classification JEL: E44, G21, G28