Contenu du sommaire : Les droites extrêmes en Europe depuis 1945

Bien que l'on parle couramment d'« extrême droite » et que l'aspect autodescriptif de ce terme semble rendre sa définition évidente, il est en réalité difficile de conférer à cette notion un contenu conceptuel rigoureux. Comment délimiter réellement cet objet aux contours flous ? On peut également se demander, si l'on aborde la question à l'échelle européenne et sur une période de plus de 70 ans, quelles sont les différences de sensibilité, intimement liées aux histoires nationales et aux situations particulières, qui font varier le curseur de l'extrême d'un pays à un autre.

De 1952 à 1960, une organisation terroriste néofasciste nommée « la Main rouge » (MR) frappa dans divers pays d'Europe et d'Afrique. Depuis, enquêtes et témoignages ont affirmé que les services secrets français auraient inventé la MR. L'enquête de police effectuée lors des faits démontre pourtant que la manipulation d'État ne représentait pas toute la MR, et que les réseaux d'extrême droite y jouaient leur rôle.

Cet article propose une analyse de l'état des forces de la droite radicale européenne. Dans ses manifestations contemporaines, cette dernière s'impose bien au-delà des frontières de l'extrême-droite stricto sensu et il importe à ce titre de considérer les multiples recompositions à l'œuvre au sein de l'espace politique radical européen, ainsi que la variété d'itinéraires et de trajectoires qu'il est possible d'y discerner parmi les acteurs qui l'incarnent.

L'objet du présent article est de s'interroger sur les reconfigurations et métamorphoses de l'extrême droite espagnole dans le système démocratique mis en place au cours des années 1975-1982, en analysant les principales étapes de son évolution. Cette extrême droite apparaît alors comme une nébuleuse constituée par de nombreux groupuscules qui se disputent le leadership et l'héritage franquistes après la mort du général Franco, mais elle ne parvient pas à s'adapter au jeu électoral. Si elle s'est retrouvée marginalisée sur le plan politique, elle est tout de même parvenue à constituer une sérieuse menace pour la démocratie naissante en s'opposant systématiquement aux réformes démocratiques et en participant à l'agitation et à la violence politique et terroriste.

Cet article rappelle d'abord que, après avoir disparu du devant de la scène politique espagnole, les courants situés à l'extrême droite de l'éventail politique ont profité de la crise générale de 2008 et surtout de la tentative de sécession de la Catalogne de 2017 pour se réapproprier des thématiques traditionnelles comme l'unité à tout prix et la défense de la famille. Leur traduction politique est la plate-forme Vox, fondée en 2013, qui joue, dans un premier temps, le jeu des partis et professe le libéralisme en matière économique. Nous analysons donc ici les ressorts de la séduction de ce parti au regard du contexte spécifique de l'Espagne contemporaine.

En Autriche, jusque dans les années 1980, le discours sur la nation du parti d'extrême droite FPÖ se caractérise par la vision d'une nation ethnoculturelle panallemande. Dans les années 1990, il opère un revirement opportuniste avec l'idée d'une nation élective qui aboutit à une surenchère souverainiste. Le parti devient alors le porte-étendard de valeurs chrétiennes, pour ostraciser l'étranger.

Cet article éclaire les recompositions récentes de la droite radicale et extrême scandinave. Revenant sur les différentes mouvances qui l'ont composée, il vise, à partir d'une typologie, à identifier et cartographier les acteurs, les outils et les réseaux actuels et partant, interroge l'existence d'une nouvelle droite nordique.

Inquiète de la résurgence de l'extrême droite, activiste mais surtout intellectuelle et idéologique, la LDH décide de créer en 1980 une commission de travail sur l'extrême droite alors que le Front National est encore un groupuscule. Cette commission devient le lieu et le creuset de la mouvance antifasciste en France. Elle disparaît vingt ans plus tard, après la crise interne du FN.

Cet article revisite à partir d'une sélection d'une vingtaine d'affiches les campagnes électorales des années 1970 à 2000 dans une demi-douzaine de pays d'Europe de l'ouest et du sud (France, Belgique, Allemagne, Autriche, Grande Bretagne, Italie, Espagne, Grèce). On voit s'y dessiner convergences idéologiques et spécificités nationales.

Les extrêmes droites ne sont pas le courant politique le plus représenté dans les collections de La contemporaine, à fortiori dans la période après 1945. Pour autant, un tour d'horizon approfondi dans les divers types de fonds (archives, imprimés, affiches, collections audiovisuelles) permet de constater que de nombreuses sources s'offrent au chercheur, et que c'est justement leur croisement qui permet de multiplier les angles d'approche et les problématiques.

L'auteur retrace sommairement dans cet article la vie du grand historien israélien Zeev Strenhell, décédé au printemps 2020. Il y voit aussi bien dans son parcours d'historien attaché à la France que dans ses engagements civiques un exemple type du « juif hérétique », qui bouscule les pensées établies et permet de faire progresser notre savoir collectif.

Syndicat d'artisans et de petits commerçants de tendance néo-poujadiste, le Comité d'information et de défense (CID) de Gérard Nicoud se rend célèbre pour ses nombreuses activités spectaculaires dans les années 1968. La peur du déclassement social entraîne le syndicat dans une dérive d'actions violentes qui inquiètent les autorités. Le CID (bientôt renommé CID-UNATI à la suite d'une fusion avec un autre syndicat) en vient à interroger ses contemporains : s'agiraitil d'un syndicat « subversif » ?

Pourquoi Wilhelm Trapp, le commandant du bataillon 101 si bien décrit par l'historien américain Christopher Browning au seuil des années 1990, et déféré à la justice polonaise en 1948, n'a pas été jugé alors pour les crimes commis contre les Juifs mais pour ceux commis contre des paysans polonais ? La réponse tient à une perception commune des alliés britanniques et polonais d'après-guerre, qui avaient arrêté Trapp, et qui ne prennent pas en compte le meurtre des Juifs.

À l'occasion du quarantième anniversaire de l'Association des amis de La contemporaine, fondée en 1981 comme Association des amis de la BDIC, l'article propose quelques réflexions sur son fonctionnement original. Il développe une comparaison avec d'autres groupes d'amis de bibliothèques ou de musées, en lien étroit avec le projet d'un « laboratoire d'histoire internationale contemporaine » unique pour mieux comprendre le monde contemporain. Des documents issus des archives de l'association sont publiés.

Les étudiants en lettres profitent peu de la présence de La contemporaine sur le campus de Nanterre. En parallèle, la didactique est peu discutée par les enseignants universitaires. Face à cette réalité, cet article analyse le cours Archives internationales et contemporaines. Il démontre que les archives sont propices à une pédagogie dialogique et de libération qui développe des compétences transversales en Lettres.

Nous proposons une réflexion sur la place des hétérotopies ou utopies pratiques dans les luttes révolutionnaires, en référence aux travaux des philosophes Michel Foucault et Paul Ricoeur. Il s'agit d'appréhender leur fonction, leur rôle et leur efficacité en tant qu'outil de lutte des mouvements révolutionnaires à partir de l'exemple du féminisme autonome bolonais.

Cet article présente un résumé du mémoire Le théâtre émigré russe à Paris de 1917 à 1981, permettant une mise en contexte, puis se concentre sur la question de la presse émigrée russe, notamment le quotidien Dernières Nouvelles (Последние Новости), comme constituant le principal relais entre les activités théâtrales et la diaspora russe parisienne.

L'ouvrage retrace l'histoire d'une organisation pangermaniste autrichienne, le Deutscher Klub, depuis sa fondation à Vienne en 1908 jusqu'à sa dissolution en 1939, et même au-delà. En 1957 l'organisation a été ressuscitée sous le nom de Neuer Klub, et elle existe encore aujourd'hui. Ce livre propose une très bonne étude de l'histoire du pangermanisme et de l'extrême droite en Autriche sur le temps long.

Ce livre retrace l'histoire des débuts de l'extrême droite autrichienne dans les premières années de la Seconde République (1945 – 1958). L'auteur y aborde la fondation de la Fédération des Indépendants (Verband der Unabhängigen, VdU) en 1949, dont le FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs) est directement issu (1956). Si les deux partis comptaient dans leurs rangs des personnalités modérés, il est aussi avéré qu'ils ont servi de refuge aux anciens nazis.

L'auteur, à la fois militant courageux et spécialiste du phénomène de haine en ligne, propose ici une synthèse basée sur sa double expérience. Il démontre l'effet démultiplicateur d'Internet dans la diffusion des discours de haine, et le problème que pose dans le cas de certains réseaux l'absence de modération. Enfin son expérience des tribunaux atteste à quel point l'interdiction des prêcheurs de haine en ligne reste un processus long et difficile.

Cet ouvrage reprend en les complétant les Actes du colloque intitulé Pierre Renouvin, Jean-Baptiste Duroselle (1917 – 2017). La construction d'une discipline, l'histoire des relations internationales qui a eu lieu à Paris en 2017. La mise en contexte des années 1950 est un apport important de ce livre, l'impact des trois grandes guerres du XXe siècle ayant été décisif dans les orientations ou les réorientations des deux figures tutélaires de ce livre.

Le cinquantenaire de 1968 a donné lieu à cette réédition des mémoires de Pierre Grappin, germaniste et Doyen de l'université au moment des événements. L'ouvrage est agrémenté d'une préface de Daniel Cohn-Bendit et d'un cahier de documents originaux issus du fonds Grappin conservé à La contemporaine.