Contenu du sommaire : La francophonie (II) : réseaux littéraires et circulations culturelles transnationales

Revue Relations internationales Mir@bel
Numéro no 189, avril-juin 2022
Titre du numéro La francophonie (II) : réseaux littéraires et circulations culturelles transnationales
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  • « Être considérés comme des égaux » : l'Association internationale des écrivains de langue française, esquisse d'une institution francophone (1932-1940) - Michel Lacroix p. 3-13 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le foisonnement d'institutions internationales fondées au cours de l'entre-deux-guerres, des écrivains et diplomates de plusieurs pays fondèrent une Association internationale des écrivains de langue française. Tendue entre la défense des intérêts professionnels des écrivains et la promotion de la langue française, comme entre la prédominance d'une conception unitaire, centrée sur les normes parisiennes, et la reconnaissance des « autres » littératures écrites en français, cette association fut la première manifestation « francophone » officielle et multilatérale, quarante ans avant l'émergence de la Francophonie.
    Forty years before the emergence of the “Francophonie” as a concept and a network of institutions, writers and diplomats of more than 15 countries created an International Association of French Language Writers (1932-1940). Caught up between the defense of their professional interest as writers and the promotion of the French language, as well as a unitary conception of French Literature based on Parisian norms, and the recognition of the plurality of French literatures, the association organized two world congress and put forward many measures facilitating the circulation, in France, of foreign works published in French.
  • « L'inconnu, demain » : la Francophonie pendant la Seconde Guerre mondiale - Silke Mende p. 15-29 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Bien que le terme de « Francophonie » soit souvent associé à la politique linguistique de la France à partir des années 1960, elle ne représente aucunement une nouveauté de l'histoire du temps présent. Après avoir résumé très brièvement la genèse de la Francophonie comme projet politique républicain dès le début de la IIIe République, l'article traite de la Francophonie pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'interroge sur le destin des acteurs et institutions francophones en guerre et en exil, et analyse la rivalité des « deux France » dans le domaine de la politique culturelle et linguistique, notamment dans le contexte de l'empire colonial français. Au prisme de ces discussions se laissent entrevoir les luttes pour un nouvel ordre international d'après-guerre dans laquelle la Francophonie ainsi que la France devront chercher leur place.
    Even if the term “Francophonie” is often associated with French linguistic politics since the 1960s, it is by no means a new phenomenon in contemporary history. After a short resumé of “la Francophonie” as a republican political project since the beginnings of the Third Republic, the article deals with “la Francophonie” during the Second Word War. It questions the destiny of francophone actors and institutions in war and in exile and analyses the rivalry between the “two France” in the sector of cultural and linguistic politics, particularly in the context of the French colonial empire. These debates allow a glimpse of the struggles for a new international post-war-order, where “la Francophonie” as well as France itself had to search for their place.
  • La création de l'AUPELF et la conception de l'université post-impériale dans l'espace francophone africain - Matthieu Gillabert p. 31-50 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    En tant que milieu international constitué de fonctionnaires et de recteurs, l'AUPELF (Association des universités partiellement ou entièrement de langue française) tente de s'arranger avec les inégalités en matière d'enseignement supérieur qui existent entre la « francophonie nordique » et les pays francophones décolonisés. Elle s'appuie sur un ensemble d'idées sur la langue qui légitime une identité commune. Ce métadiscours linguistique permet d'effacer l'ancien rapport colonial. Cet article montre comment l'AUPELF conçoit les relations académiques après les indépendances africaines. Elle fonctionne comme une enceinte où se discutent les manières de pallier les difficultés inhérentes aux inégalités. Ces négociations produisent un savoir oublié, sinon ignoré, qui éclaire cette première phase post-impériale.
    As an international community of officials and rectors, the AUPELF (Association des universités partiellement ou entièrement de langue française) attempted to accommodate the inequalities in higher education that existed between the “northern Francophonie” and the decolonized Francophone countries. It relied on a set of ideas about language that legitimized a common identity. This linguistic metadiscourse allows for the erasure of the old colonial relationship. This article shows how the AUPELF conceived academic relations after African independence. It functioned as a forum for discussing ways to overcome the difficulties inherent in inequalities. These negotiations produce a forgotten, if not ignored, knowledge that sheds light on this first post-imperial phase.
  • Francophonie et sciences sociales en Roumanie post-communiste. Convergences et recompositions autour de l'École doctorale régionale de Bucarest (1994-2007) - Dragos Jipa p. 51-66 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'article cherche à décrypter, à partir de son roman Ô pays, mon beau peuple !, le paradoxe de l'œuvre de Sembène Ousmane, écrivain de langue française, qui a à cœur de peindre au plus près les conditions d'existence du petit peuple sénégalais, ses luttes pour préserver ses coutumes et sa culture dans le contexte post-colonial. Il montre que la réponse est à chercher dans une subversion de cette langue française, naguère dominante bien que minoritaire, par l'introduction de tournures et d'expressions issues des langues africaines, une manière pour l'écrivain de libérer son peuple de la colonisation culturelle à travers la pratique de la littérature.
    The article seeks to decipher, from his novel Ô pays, mon beau people!, the paradox of the work of Sembène Ousmane, a French-speaking writer who is keen to portray the conditions of existence of the small Senegalese people, their struggles to preserve their customs and culture in the post-colonial context. He shows that the answer is to be found in a subversion of the French language, which was once dominant even though it was in the minority, by introducing turns of phrase and expressions from African languages, a way for the writer to free his people from cultural colonisation through the practice of literature.
  • Francophonie théâtrale et échanges artistiques : quelles circulations pour le spectacle vivant (années 1980-années 2000) ? - Pascale Goetschel, Amélie Thérésine p. 67-86 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le contexte postcolonial, la question du choix de la langue d'expression représente un enjeu primordial. En Algérie, plusieurs langues entrent en jeu, ce qui est source de tensions aiguës. Malgré les prévisions annonçant la disparition de la littérature écrite dans la langue de l'ancien colonisateur, celle-ci continue à être choisie et, de ce fait, à s'enrichir. Le présent article examine les motivations des écrivains algériens qui optent pour le français ainsi que les conséquences de leur choix. Nous nous concentrerons surtout sur le rôle émancipatoire du français. Comme la religion musulmane empêche le « Je » de se prononcer, de s'imposer, l'auteur maghrébin, saisi d'un malaise lié à la sacralité de l'arabe, a donc dans certains cas recours à la langue jadis dominante qui lui permet pourtant de se constituer en tant qu'individu.
    In the postcolonial context, the question of the choice of language of expression represents a primordial issue. In Algeria, where several languages come into play, this issue caused acute tensions. Despite predictions of the disappearance of literature written in the language of the former colonizer, French has continued to be chosen, flourishing in the process. This article examines the motivations of Algerian writers opting for French as well as the consequences of this choice. We will mainly focus on the emancipatory role of French. As the religion of Islam prevents the “I” from pronouncing itself and from imposing itself, the Maghrebian author, seized by a discomfort linked to the sanctity of Arabic, therefore in certain cases resorts to the once dominant language which nevertheless allows him to constitute oneself as an individual.
  • Le français, langue natale du « Je ». Le cas des écrivains algériens - Míla Janišová p. 87-97 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    La création, en France, de deux institutions dévolues à l'écriture dramatique et au théâtre en langue française, ainsi que les partenariats qui engagent celles-ci dans des coopérations artistiques avec d'autres scènes francophones dans le monde à partir des années 1980 ont concouru à l'élaboration d'une francophonie théâtrale de l'Europe à l'Afrique subsaharienne en passant par l'Amérique du Nord. La promotion d'un type de théâtre particulier, un théâtre de texte entendu au sens de littérature dramatique, et la circulation de pièces, de spectacles et d'artistes dessinent des réseaux transnationaux parallèles aux réseaux de théâtre établis, qu'ils soient nationaux ou internationaux, qui conduisent à la constitution d'une filière du spectacle vivant francophone qui est autonome mais marginale.
    In France, the creation of two institutions devoted to dramatic writing and French language theater, as well as the partnerships that engaged them in artistic cooperation with other French-speaking scenes in the world since the 1980s, have contributed to the development of a theatrical francophonie from Europe to sub-Saharan Africa, via North America. The promotion of a particular type of theater, that emphasizes text in the tradition of a dramatic literature, and the circulation of plays, shows and artists have created transnational networks parallel to the established theatre networks, whether national or international. In turn, this has led to the creation of an autonomous but marginal French-speaking performing art sector.
  • Textualité et portée d'une écriture hybride dans Ô pays, mon beau peuple ! de Sembène Ousmane - Bocar Aly Pam p. 99-111 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    À partir de sources d'archives inédites, le texte retrace l'articulation entre les logiques académique, diplomatique et francophone qui ont été à la base de la fondation et du fonctionnement de l'École doctorale régionale en sciences sociales de Bucarest. Ouverte en 1994, dans le contexte des ateliers de l'EHESS en Europe centrale, l'École doctorale s'en est différenciée grâce à l'implication de l'AUPELF/AUF qui a financé la formation de plus de 250 étudiants et a favorisé la mise en place d'un réseau d'universités francophones de plusieurs pays (Belgique, Canada, France, Suisse). Au début des années 2000, l'AUF a imposé le principe de la régionalisation qui a conduit à des recompositions dans le réseau, par l'ancrage de l'École doctorale au sein de l'Université de Bucarest.
    Based on unpublished archival sources, this article retraces the articulation between the academic, diplomatic and Francophone logics which were at the basis of the founding and functioning of the Regional Doctoral School in Social Sciences of Bucharest. Opened in 1994, in the context of the EHESS workshops in Central Europe, the Doctoral School differentiated itself from them thanks to the involvement of the AUPELF / AUF which financed the training of more than 250 students and promoted the establishment of a network of French-speaking universities from several countries (Belgium, Canada, France, and Switzerland). In the early 2000s, the AUF imposed the principle of regionalization which has led to restructuring in the network, by anchoring the Doctoral School in the University of Bucharest.
  • L'espace littéraire francophone. Entre postcolonial et mondial - Jean-Marc Moura p. 113-122 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article se veut une réflexion sur les conditions d'une histoire littéraire francophone mondialisée. Après la présentation critique de quelques grandes conceptions de cette histoire, il aborde brièvement l'histoire littéraire actuelle avec sa dominante postcoloniale, pour enfin interroger les dimensions mondiales d'une telle historiographie.
    This article considers the conditions of a global francophone literary history. After a critical presentation of some major conceptions of francophone literary history, it briefly considers the current literary history with its postcolonial dominant. Ultimately, it questions the potentially global dimensions of this historiography.
  • Jean-Marc Le Page, La Bombe atomique. De Hiroshima à Trump, Paris, Passés Composés, 2021, 319 p., 22 euros. - Chloé Maurel p. 129-130 accès réservé
  • Mohamed Sassi, La Politique pétrolière de la France de 1861 à 1974 à travers l'exemple de Desmarais frères, Paris, Éditions SPM, 2018, 631 p. - Régine Perron p. 131-132 accès réservé
  • Laurence Badel, Diplomaties européennes, xixe-xxie siècles, Paris, Presses de Sciences Po, 2021, 539 p., 35 euros. - Stanislas Jeannesson p. 132-134 accès réservé
  • Isabelle Dasque, Les Diplomates de la République (1871-1914), Paris, Sorbonne Université Presses, 2020, 720 p. - Renaud Meltz p. 134-138 accès réservé