Contenu du sommaire : Des foyers de résidence surveillée
Revue | Plein droit |
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Numéro | no 132, mars 2022 |
Titre du numéro | Des foyers de résidence surveillée |
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Édito
Dossier. Des foyers de résidence surveillée
- Un continuum foyer-résidence et des discriminations qui perdurent - Claire Lévy-Vroelant, Aïssatou Mbodj-Pouye p. 3-6
- Lexique critique de la transformation des foyers - Claire Lévy-Vroelant, Aïssatou Mbodj-Pouye, Laura Guérin, Michael Hoare p. 7-10
- À Montreuil : reloger, desserrer, héberger, évincer - Élise Birchler, Claire Lévy-Vroelant p. 11-17 Sur les débris des foyers de travailleurs migrants sont inaugurées, à grand renfort médiatique, des résidences sociales. Par-delà cette transformation du paysage urbain montreuillois, c'est l'accès à l'espace social et politique qui se joue. Car « traiter » les foyers, c'est aussi disperser leurs habitants, défaire le collectif résidentiel, sélectionner ceux – solvables et dotés d'un droit de séjour – susceptibles d'être relogés et in fine reléguer les plus précaires dans les marges urbaines.
- « On nous a dit clairement : “vous n'êtes pas travailleur social” » - Laura Guérin p. 18-21 Laura Guérin a consacré sa thèse1 à la vie des habitants dans les nouvelles résidences et propose ici de revenir sur le parcours et le quotidien d'un gérant* de résidences sociales issues de foyers. Anonymisé, ce portrait souligne la transformation des relations entre les responsables d'hébergement, leurs hiérarchies et les habitants des résidences. Le regard porté sur l'évolution de ce métier d'encadrement révèle aussi les conséquences du plan de traitement des foyers de travailleurs migrants*.
- Face à la nouvelle donne, des bribes de résistances - Michael Hoare p. 22-25 La politique de « traitement » des foyers de travailleurs immigrés a suscité des résistances chez leurs habitants. On propose d'en examiner quelques exemples tout en interrogeant les raisons de leur faiblesse. Car, à une exception près, les projets n'ont pas été sérieusement bousculés. Au mieux ont-ils été un peu retardés ou réajustés. Plutôt qu'à une résistance forte et déterminée, c'est une multitude de réactions éphémères qu'on observe.
- À l'ombre du droit commun, les expulsions des foyers - Camille François p. 26-29 La transformation juridique des foyers en résidences sociales n'a pas été de pair avec une remise en cause du statut, depuis longtemps contesté, de « résident » ni des pratiques spécifiques appliquées à l'égard de leurs habitants par les institutions en charge des procédures d'expulsion locative. Dans ce cadre, les résidents continuent de connaître un traitement à part et défavorable qui, à l'ombre du droit commun, ne prend pas la même forme en justice et en préfecture. Décryptage des logiques institutionnelles qui sous-tendent ces trajectoires de délogement.
- La double stigmatisation des résidents des foyers - Ali El Baz, Pascaline Chappart p. 30-33 Contrôles à répétition de la « résidence effective », décisions arbitraires lourdes de conséquences au quotidien, pratiques discriminatoires : la vie des résidents des foyers est une vie sous surveillance soumise à des tracasseries administratives permanentes. Ali El Baz, ancien coordinateur de l'association des travailleurs maghrébins en France (ATMF), membre du collectif pour l'avenir des foyers (Copaf) et du Gisti, fait part ici de son expérience.
Hors-thème
- En Slovénie, les refoulements sonnent la fin de l'État de droit - Milou Borsotti, Priscille Duflos p. 34-38 En Slovénie, les personnes en quête d'asile sont confrontées depuis des années à un refus systémique d'enregistrement de leur demande de protection, et refoulées en moins de 72 heures vers la Croatie. De là, elles sont expulsées hors de l'Union européenne. Documentée depuis plusieurs années par les réseaux militants, cette pratique illégale est révélatrice d'une coopération policière transfrontalière bien rôdée. Érigée en politique, cette routinisation des refoulements signe la fin du droit d'asile dans l'indifférence complice des États membres de l'UE.
- En Slovénie, les refoulements sonnent la fin de l'État de droit - Milou Borsotti, Priscille Duflos p. 34-38
Mémoire des luttes
- Une Case de Santé dans tous les quartiers ! - Jérôme Host, Fabien Maguin p. 40-43 En 2006, la Case de Santé a vu le jour à Toulouse pour défendre un modèle innovant d'accès aux droits et à la protection sociale. Car les inégalités sociales nuisent à la santé ! Porté par une équipe professionnelle pluridisciplinaire, cet espace de soins communautaires est conçu comme un outil de travail coopératif, offrant à ses usagers et ses usagères la possibilité de s'en saisir collectivement. L'histoire de ce centre révèle les contradictions du système médical tel qu'institutionnalisé en France et, plus encore, l'impératif des luttes collectives pour rompre avec le déni des droits.
- Une Case de Santé dans tous les quartiers ! - Jérôme Host, Fabien Maguin p. 40-43
Le focus juridique
- Dispersion des campements : flagrant délit de détournement de la loi… par un procureur - Patrick Henriot p. 44-48