Contenu du sommaire : Les territoires touristiques et sportifs en transition

Revue Géocarrefour Mir@bel
Numéro volume 95, no 2, 2021
Titre du numéro Les territoires touristiques et sportifs en transition
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les territoires touristiques et sportifs en transition - John Tuppen, Marc Langenbach accès libre
  • Articles

    • The Geographies and Psychologies of Global Transitions: Implications for Sport, Tourism, Climate, Health, Wellbeing and the Economy - Mike Weed accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette contribution traite des transitions à trois niveaux. Premièrement, les transitions mondiales : à la fois transitions temporaires vers et depuis les restrictions de comportements, de mouvements et de liberté requises pour combattre le COVID-19 ; les transitions mondiales permanentes attendues pour les sociétés, les organisations et les individus, dans l'objectif de combattre le changement climatique. Deuxièmement, les transitions des destinations qui se tournent vers les loisirs sportifs pour étendre, améliorer, diversifier ou adapter leur offre touristique. Troisièmement, les transitions des touristes sportifs qui recherchent un sentiment de mobilité vers ou à travers des lieux qui sont distincts de l'habituel, du banal ou de la routine, et qui découlent d'une interaction entre l'activité, les personnes et le lieu que les touristes sportifs perçoivent comme ne pouvant pas être vécu "chez eux". Cette contribution suggère donc que l'expérience des transitions mondiales vers et depuis les restrictions COVID-19, ainsi que les transitions mondiales attendues qui seront nécessaires pour lutter contre le changement climatique, ont créé un héritage qui pourrait entraîner une croissance du tourisme sportif quotidien, qui donne un sentiment de mouvement, de visite ou de transition à travers un voyage mental, plutôt qu'un voyage à l'échelle géographique. Les conséquences pour les destinations sont qu'elles devront de plus en plus rivaliser, non seulement avec d'autres destinations, mais aussi avec les touristes sportifs qui décident activement de ne pas voyager du tout et de rechercher plutôt des expériences qui améliorent la santé et le bien-être chez eux ou à proximité. Pour être compétitives, les destinations devront mettre l'accent sur le caractère véritablement unique des expériences liées à l'interaction spécifique entre l'activité, les personnes et le lieu qu'elles proposent.
      This commentary considers transitions at three levels. First, global transitions: both the temporary transitions to and from restrictions on behaviours, movement and freedom required to combat COVID-19; and the expected permanent global transitions for societies, organisations and individuals required to combat climate change. Secondly, destinations' transitions as they turn to sport to extend, enhance, diversify or adapt their tourism offer. Third, sports tourists' transitions in which they seek a sense of movement to or through places that are perceptually distinct from the usual, mundane or routine, and deriving from an interaction of activity, people and place that sports tourists perceive they cannot experience ‘at home'. The commentary suggests that the experience of global transitions to and from COVID-19 restrictions, together with the expected global transitions that will be required to combat climate change, have created a legacy that may result in a growth in everyday sports tourism, which delivers a sense of movement, visit or transition through a psychological journey, rather than a journey at geographical scale. The implications for destinations are that they will increasingly need to compete not only with other destinations, but with sports tourists' active decisions not to travel at all, and to instead seek experiences that enhance health and wellbeing at or closer to home. To compete effectively destinations will need to emphasise and articulate the genuine uniqueness of the experiences of the specific interaction of activity, people and place that their destination offers.
    • Dilemmes de transition. Les destinations françaises de sports d'hiver entre agir créatif, inerties et maladaptation - Philippe Bourdeau accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Confronté à de multiples injonctions de changement face aux crises climatique et sanitaire comme face aux évolutions des modes de vie et des pratiques récréatives, le tourisme de montagne est sommé de s'adapter, voire de se « réinventer ». A l'échelle des territoires, des filières et des métiers, des processus de transition et de transformation sont d'ores et déjà actifs. Dans le même temps des inerties et mésadaptations semblent primer dans une logique de mise à jour a minima du modèle de développement hérité de l'épopée des sports d'hiver au XXème siècle. Cette dualité porteuse de contradictions fonctionnelles et de conflits stratégiques peut être décrite comme un dilemme indécidable entre des dynamiques d'accélération et de ralentissement, d'ouverture et de verrouillage sociotechniques, qui s'opèrent sur des registres culturels, idéologiques, économiques et territoriaux. En s'appuyant sur des cas et illustrations diversifiées issues d'observations et de recherches conduites dans différentes configurations touristiques des Alpes françaises, la contribution proposée examinera les processus et conditions contradictoires dans lesquelles la transition soutenable du tourisme basé sur les sports d'hiver s'opère et ne s'opère pas. En définissant la transition comme un ensemble de processus, démarches et actions par lesquels les pratiques et politiques du tourisme se transforment en cohérence avec les enjeux de soutenabilité climatique, énergétique, culturelle et socioéconomique, cette perspective proposera une double grille de lecture : - tout d'abord des facteurs et acteurs de pratiques transformatrices qui peuvent être analysés comme des indicateurs de changement et leviers de transition. Il s'agit notamment de multiples pratiques, expériences et expérimentations qui relèvent de l'agir créatif engagé par les opérateurs au sein des filières touristiques (vélo, ski nordique, ski de randonnée) et des territoires (y compris en dehors des stations et espaces aménagés), lesquels jouent un rôle de « laboratoires récréatifs » ; - ensuite des facteurs économiques, sociologiques, politiques et territoriaux qui contribuent à expliquer les inerties, freins, « résistances » et verrous » qui illustrent la difficulté à changer de modèle, en relevant d'une logique extractiviste semblant s'attacher davantage à perfectionner le passé qu'à préparer l'avenir. Le double contexte du changement climatique et de la crise sanitaire sera mis en perspective comme un révélateur et un accélérateur de ré-interrogation du modèle de développement existant basé sur les sports d'hiver. Ceci non seulement dans une perspective de diversification interne au champ touristique (été-hiver, stations-hors station, sport-bien-être...), mais aussi dans une dynamique d'après-tourisme (Bourdeau, 2019) qui questionne le statut et la place du fait récréatif dans les territoires.
      Faced with numerous demands for change provoked by climatic and health crises as well as by changing lifestyles and recreational pursuits, there is a strong expectation that mountain tourism needs to ‘re-invent' itself. Processes of transition and transformation are already evident, but these are often limited in scope and characterised by inertia and mis-adaptation, leading to only minor adjustments to the winter sports model inherited from the heyday of winter sports development in the 20th century. This has produced functional contradictions and strategic conflicts which are evident from a cultural, ideological, economic and territorial point of view. Using a variety of examples from the French Alps, this article looks at the contradictory conditions and processes in which the sustainable transition of tourism based on winter sports either functions or does not function. By defining ‘transition' as a collection of processes, initiatives and actions by which tourist policies and pursuits change in a coherent manner in relation to the challenges of sustainability in the fields of climate, energy, culture, economy and society, the article proposes an analysis based on a twin approach. First, the characteristics and actors of transformation are examined as indicators of change and levers of transition. This relates to numerous creative initiatives concerning different sporting activities (MTB, biking in general, Nordic skiing, cross-country skiing) and to different territories, including those outside resorts, which have played the role of ‘recreational laboratories'. Second, economic, sociological, political and territorial factors are studied which have provoked inertia and represent a resistance to change and illustrate the difficulties of changing the pre-existing model with the apparent aim of perfecting the past rather than preparing the future. The twin context of climate change and public health crisis provides the opportunity to re-examine the existing model of development based on winter sports and accelerate its transformation. This concerns diversification within the tourist sector itself (winter-summer seasons; resorts-non-resort locations; sport-well-being) as well the perspective of the « after-tourism » phase which questions the status and place of recreational activities within territories.
    • Les trajectoires de reconversion post-touristiques des stations de ski fermées françaises - Pierre-Alexandre Métral accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les montagnes françaises comptent 186 domaines skiables alpins qui ont définitivement cessé d'être exploités. Ce phénomène de fermeture débuté dans les années 1950 a particulièrement touché les petits centres de ski de la moyenne montagne au potentiel de développement limité et dont la rentabilité fut mise à l'épreuve des vulnérabilités concurrentielles ou climatiques. La « détouristification » laisse planer une image figée et immobile incarnée par la friche touristique. Cependant, des initiatives variées émergent peu à peu pour redonner vie aux anciens sites. La transition s'incarne alors par ces métamorphoses complètes et radicales. La question centrale de cet article tiendra dans l'identification des différentes formes de reconversion des ex-centres de ski. Il s'appuiera sur une sélection d'anciens domaines skiables transformés et sur une série d'entretiens avec les acteurs des territoires. La conclusion de cette analyse expose trois logiques de reconversion distinctes. D'une part, la reconversion « planifiée » dès lors que le changement de fonctionnalité est anticipé avant la fermeture du domaine skiable. La reconversion « sous contrainte » lorsque les transformations font suite au deuil de la station de ski. Enfin, la reconversion par « laisser faire » quand les sportifs, les visiteurs et les habitants se réapproprient spontanément les sites.
      There are now 186 alpine skiing areas which have definitively closed in the different mountain ranges of France. This results from the intensification of vulnerability factors and the obsolescence of certain recreational activities and, therefore, of the classic tourist area life cycle. If the phenomenon of closure has profoundly changed the national ski map, it concerns essentially small isolated ski centres, with only limited tourist functions, which ultimately were unprofitable. However, this sombre picture conceals certain forms of resilience, with the reconversion of old sites. New functions have been invented, sometimes representing a break with the original sporting vocation, and have contributed to giving a new lease of life to ‘ghost' ski resorts. Through the renewal of activities and the different forms of restructuring which have been implemented, these post-tourist resorts illustrate a wide range of territorial trajectories which characterise the recreational transition.
    • Transition touristique et patrimoine archéologique : le cas de l'art rupestre de Haute-Maurienne - Yoann Collange, Mélanie Duval, Christophe Gauchon, Hugues François accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Trente ans après que le concept de développement durable ait été formulé et se soit diffusé au point de former un nouveau paradigme (Diemer, 2017), le concept de transition est en passe de devenir un référentiel pour les territoires de montagne, notamment dans le domaine du tourisme. Pour les territoires de la montagne alpine, cette injonction au changement conduit à la mise en œuvre de stratégies de diversification, visant à sortir d'une logique mono-ressourciste autour de la ressource neige. L'objectif de cet article est d'interroger les dynamiques en cours à l'échelle de la Haute-Maurienne et d'interroger les choix effectués par les acteurs touristiques et politiques locaux concernant l'offre touristique actuelle, et vise à expliciter pourquoi les sites d'art rupestre, alors qu'ils pourraient être activés en tant que ressource dans des logiques de diversification touristique, restent en retrait de telles dynamiques.
      Thirty years after the concept of sustainable development was formulated and spread to the point of forming a new paradigm (Diemer, 2017), the concept of transition is becoming a reference for mountain areas, particularly in the field of tourism. For the territories of the Alps, this injunction to change leads to the implementation of diversification strategies, aiming to move away from a mono-resource logic based on the snow resource. The objective of this article is to examine the dynamics underway in the Haute-Maurienne and to question the choices made by local tourist and political actors concerning the current tourist activities on offer, and to explain why rock art sites, although they could be activated as a resource in the logic of tourist diversification, remain on the sidelines of such dynamics.
    • Transition du tourisme et improvisation. (Anti)-innovations sociales dans les vallées de la Valpelline et d'Ollomont (Vallée d'Aoste) - Yann Borgnet, Mathieu Le Touzé accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'analyse de l'itinéraire de l'association NaturaValp dans la Valpelline (Vallée d'Aoste) met en lumière l'importance de l'improvisation, dans les contextes d'émergence de la transition. La construction progressive d'une innovation sociale de niche est dépendante de nombreuses interactions, dont certaines ne lui sont pas favorables. Si le régime socio-politique impose des résistances au changement, l'innovation sociale peut rapidement devenir une anti-innovation, par le fait d'associations ou interactions subies. Dans notre étude de terrain, la niche et le régime représentent deux modèles touristiques distincts en termes d'emprises spatiales, de temporalité, de logique de construction et en raison des rôles divers joués par les acteurs impliqués. Nous mettons en évidence le fait qu'une forme de tourisme « par scalabilité » se réfère largement au régime socio-politique, par sa capacité à s'imposer quelles que soient l'échelle et le contexte, contrairement à une forme de tourisme « par contamination », qui se compose par élargissement relationnel et est intimement lié à la valorisation de ressources spécifiques.
      The analysis of the itinerary of the NaturaValp association in Valpelline (Aosta Valley) highlights the importance of improvisation in the contexts of emergence of the transition. The progressive construction of a niche social innovation is dependent on numerous interactions, some of which are not favorable to it. If the socio-political regime imposes resistance to change, the social innovation can quickly become an anti-innovation, due to submissive associations or interactions. In our field study, the niche and the regime represent two distinct tourism models in terms of spatial holdings, temporality, logic of construction and because of the diverse roles played by the actors involved. We highlight the fact that a form of tourism “by scalability” refers largely to the socio-political regime, by its capacity to impose itself whatever the scale and the context, contrary to a form of tourism “by contamination”, which is composed by relational enlargement and is intimately linked to the valuation of specific resources.
    • Le sentier du littoral : une trace linéaire de l'adaptation des territoires touristiques - Jérôme Piriou accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que l'activité balnéaire était longtemps privilégiée sur le littoral, les touristes se sont progressivement approprié le chemin côtier, héritage du sentier des douaniers, pour se promener et profiter du paysage. Les pratiques pédestres sur le sentier du littoral dépassent aujourd'hui le seul désir de rivage puisqu'elles appellent à une activité plus physique, qu'il s'agisse de la randonnée ou de la course de trail. Compte tenu de la qualité des lieux, des questionnements sur la protection de l'environnement ou encore des conflits d'usage se posent avec acuité. À partir d'une enquête de terrain qualitative menée entre 2016 et 2019 en baie de Saint-Brieuc, sur le célèbre GR 34 qui longe la quasi-totalité du rivage de Bretagne, nous présenterons comment les politiques locales emploient ce sentier du littoral pour adapter le tourisme sur leur territoire.
      While traditional seaside activities (swimming, sun bathing…) have long been the dominant pursuits along the coast, tourists have increasingly taken over the coastal footpath, a heritage of the former customs path, to walk and enjoy the landscape. Today, however, the main activity of walking is being overtaken by the development of more physical sports such as hiking and trail running. Given the high quality of the natural environment, there is a growing questioning of the compatibility of these activities with environmental protection and with other forms of use of the footpath. Based on qualitative research carried out between 2016 and 2019 in the bay of St. Brieuc, on the famous « GR 34 » along the Brittany coast, the aim is to show how the different actors use this coastal footpath to adapt tourism on their territory.
    • Le tourisme sur le territoire des Plages du Débarquement : diversification et réorganisation spatiale par les pratiques ludo-sportives dans le contexte des changements globaux - Xavier Michel, Frédéric Dutheil, Jean-Marc Lemonnier accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'espace littoral des Plages du Débarquement de Normandie 1944 (Calvados et Manche) connaît, à partir d'aménagements spontanés, une fréquentation touristique et ludique marquée par les pratiques mémorielles, ludiques et sportives. Un processus de diversification des pratiques ludo-sportives existe dans un contexte de côtes en érosion ou accrétion. Nous mettons en évidence quatre éléments contemporains de transition et de recomposition spatiale entre pratiques mémorielles et ludo-sportives : (1) un développement de parcours pédestres aux abords des principaux sites de mémoire, (2) des itinérances douces en retrait du trait de côte, (3) des traversées ludo-sportives du patrimoine mémoriel, et (4) une amorce de mobilités douces à une échelle régionale pour accéder aux sites. Nous soulignons que le développement successif dans le temps de ces transitions correspond aussi à des espaces de plus en plus vastes. Tout en reposant en apparence sur des motifs locaux, ces transitions commencent déjà à donner lieu à des formes d'organisation spatiale révélatrices de changements dans le façonnement des destinations touristiques.
      As the result of a series of spontaneous actions, the coastal area of the D-Day landing beaches of Normandy 1944 (departments of Calvados and Manche) has experienced the development of tourist and leisure activities, motivated in particular by factors of remembrance, leisure and sport. Currently a process of diversification of leisure and sport uses exists in a context of coastal erosion or accretion. For several decades, remembrance, leisure and sports are juxtaposed. However, at the present time four contemporary elements of transition and spatial reordering can be identified: (1) the increasing development of pedestrian paths around the main remembrance sites, (2) slow itineraries back from the shoreline, (3) sport and recreational activities which use the memorial heritage, and (4) the beginnings of “slow mobilities” at a regional scale to access the coastal sites. It should be emphasised that these transitions over time correspond with an ever-widening spatial context. Transition seems to be based on local initiatives, but it also starts to give rise to forms of spatial reordering revealing more general changes in the shaping of tourist destinations.
    • Transition récréotouristique et loisirs sportifs de plein air en espace périmétropolitain : Le Loiret au fil de l'eau comme dispositif d'intermédiation territoriale - José Chaboche, Sylvain Dournel accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Espace périmétropolitain, le Loiret opère sa transition récréotouristique sous l'égide du Conseil départemental au moyen d'un dispositif spatial légitime, Le Loiret au fil de l'eau, destiné à favoriser l'intermédiation territoriale grâce, notamment, aux loisirs sportifs de plein air. L'article cerne les pratiques et les représentations d'acteurs majeurs de cette conduite de projet selon une démarche qualitative nourrie, en particulier, d'entretiens libres. Les résultats montrent que des proximités socio-économiques sont activées, même en l'absence de consensus vis-à-vis du dispositif, mais que l'ancrage territorial de ces transformations territoriales et organisationnelles reste à assurer.
      The Department of Loiret is a peripheral metropolitan area currently involved in a process of transition in relation to tourist and recreational activities. This transformation is directed by the Departmental council in the context of the programme “Le Loiret au fil de l'eau – Loire et canaux” (The Loiret going with the flow - Loire and canals) with the aim of acting as a territorial intermediary notably in the development of outdoor sporting and recreational activities. The article aims to determine the actions and perceptions of the actors involved in this project, by using a qualitative research method based in particular on a series of interviews with public-sector stakeholders. The results show the emergence of close socio-economic relationships, even when there is not a consensus to support the project, as well as a movement in favour of territorial and organisational changes but for which a solid territorial base still needs to be achieved.
    • Activist Surfing-based Groups in the Tourism Transition: Localism and Universalism in the French Basque Country - Ludovic Falaix, Jérémy Lemarié, Jérôme Lafargue accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine les mobilisations citoyennes et politiques de deux collectifs de surfeurs concernés par le développement touristique et territorial à Biarritz, ville considérée comme la capitale européenne du surf. Ces collectifs (Sauvons Marbella et Rame pour ta planète) s'indignent des injustices territoriales et environnementales liées à l'aménagement du littoral et la gestion de l'environnement maritime et côtier. Les motifs de la contestation reposent sur une expertise profane inscrite en lien avec une connaissance spécifique du milieu océanique forgée dans le cadre de leurs pratiques sportives. Les deux études de cas soulignent que la justification environnementale et l'attachement à la nature constituent le registre argumentaire et émotionnel qui préside à la mobilisation collective. Cet article démontre également que les revendications politiques des surfeurs suggèrent aux pouvoirs publics d'engager un tournant paradigmatique dans la conduite de l'action publique. Dans le cadre du tourisme sportif, il est attendu des pouvoirs publics une transition qui puisse prendre en compte la crise environnementale d'une part, et proposer une nouvelle offre touristique locale d'autre part. De surcroît, cet article, fondé sur la sociologie de la contestation et des émotions, identifie le fait que l'attachement à la nature – qui constitue le socle identitaire commun aux deux types de mobilisations politiques étudiés – n'est pas incorporé dans les mêmes perspectives. En effet, et même si les mobilisations politiques étudiées soulignent la nécessité d'un réenchantement de la démocratie participative, le premier type de mobilisation politique, Collectif Sauvons Marbella, est avant tout l'expression de la défense d'intérêts particuliers. Le second cas, celui de Rame pour ta planète, témoigne du désir d'un renouvellement des liens entre les humains et les non-humains afin qu'émerge l'idée que l'océan constitue un bien commun à préserver d'urgence.
      The concept of tourism transition was developed in the 1990s and 2000s by researchers working on winter sports in Alpine resorts. It refers to the economic and social changes taking place in relatively small resort towns as the result of tourism development. While mountain tourism causes conflicts between stakeholder groups, this paper demonstrates that tourism in seaside resort towns can also be a source of controversy. In coastal cities of the French Basque Country, tourism development is primarily managed by local government representatives, yet contested by pressure groups. This paper analyzes the two activist groups Save Marbella (SMG) and Paddle-out For Your Planet (POFYP), founded by surfers in Biarritz, France. It is based on observation of and interviews with SMG and POFYP members. Whilst acknowledging the difference between these two groups, this work indicates that surfers' environmental activism often comes from their subjective and intimate relationship with the ocean. This paper argues that participants' emotional bond with nature fosters environmental awareness and that their intimate relationship with the ocean is the primary cause of political activism. As surfers report facing fear, disgust and anxiety when they encounter ocean pollution and environmental degradation resulting from mass tourism, research has also shown that they feel compelled to protest and demand that policymakers include their considerations in democratic decision-making processes.
    • Disclosure of environmental sustainability activities by large ski lift firms - Martin Falk, Eva Hagsten accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette étude examine comment un groupe de six grands exploitants de remontées mécaniques à travers le monde (Compagnie des Alpes, CDA (France), Silvrettaseilbahn AG (Ischgl) (Autriche), Skistar (Suède/Norvège), Vail resorts (États-Unis), Whistler Blackcomb (Canada) et Zermatt (Suisse) communique sur les pratiques et les rapports en matière de durabilité environnementale. Différents types de pratiques sont évalués. Les résultats montrent que les exploitants de remontées mécaniques sont très actifs, même si l'étendue de la communication varie d'une station à l'autre. Les exploitants de remontées mécaniques cotés en bourse en France et en Suède fournissent un rapport détaillé sur la durabilité et ont également mis en œuvre des programmes de gestion environnementale. D'autres entreprises développent leurs propres stratégies de développement durable (Whistler Blackcomb, Vail resorts et Zermatt Bergbahnen AG). Ces pratiques vont de la surveillance des émissions de gaz à effet de serre, de l'électricité 100 % verte, des objectifs de zéro émission, de la réduction de la consommation d'énergie, du changement de combustible, de la consommation d'eau, de la gestion des déchets et des mesures d'adaptation aux changements climatiques. Deux exploitants de remontées mécaniques montrent une tendance à la baisse des émissions de CO2 par jour de skieur ou des coûts énergétiques. Certains exploitants signalent une consommation d'eau dans la fabrication de neige par visiteur, qui varie entre 250 et 1400 litres par jour de ski. La compensation carbone et le diesel écologique sont également des outils courants. Aucun exploitant de remontées mécaniques ne participe activement au programme mondial du Pacte des Nations Unies, tandis que trois fournissent un rapport sur la durabilité à la suite de l'Initiative mondiale pour la production de rapports sur l'environnement. L'accent est trop mis sur l'utilisation de sources d'énergie renouvelables facilement disponibles, tandis que d'autres préoccupations environnementales plus complexes, telles que le risque de changement climatique, sont négligées. Les informations sur la principale source d'émissions générées localement, la consommation de carburant des véhicules de piste et des motoneiges sont rares.
      This study investigates how environmental sustainability practices and reporting are disclosed by a group of six large ski lift operators across the world (Compagnie des Alpes, CDA (France), Silvrettaseilbahn AG (Ischgl) (Austria), Skistar (Sweden/Norway), Vail resorts (United States), Whistler Blackcomb (Canada) and Zermatt (Switzerland). Different types of practices are assessed. Results show that ski lift operators are highly active even if the extent of disclosure varies across resorts. Publicly listed ski lift operators in France and Sweden provide a detailed sustainability report and have also implemented environmental management programmes. Other firms develop their own sustainability strategies (Whistler Blackcomb, Vail resorts and Zermatt Bergbahnen AG). The practices range from monitoring of greenhouse gas emissions, 100 per cent green electricity, zero emission goals, energy reduction, fuel switching, water consumption, waste management and adaptation measures to climate change. Two ski lift operators show a decreasing trend in Co2 emissions per skier day or energy costs. Some operators report water usage in snowmaking per visitor which ranges between 250 to 1400 litres per skier day. Carbon offsetting and environmentally friendly diesel are also common tools. No ski lift operator actively participates in the UN global compact programme while three provide a sustainability report following the Global Environmental Reporting Initiative. There is an overemphasis on the use of easily available renewable energy sources, while other more complicated environmental concerns such as climate change risk are de-emphasised. Information on the main source of locally generated emissions, the fuel consumption of “piste” vehicles and snowmobiles is scarce.
    • Can staycations contribute to a territorial transition towards slow recreation? - Jean-Christophe Dissart accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article présente les origines du phénomène staycation (de « stay » et « vacation » ; littéralement rester chez soi pendant ses vacances) et ses impacts potentiels (économiques, sociaux, environnementaux) sur les territoires. Sur la base de chiffres récents et de tendances actuelles tant dans la société que dans le secteur du tourisme et des loisirs, le staycation va probablement connaître un intérêt croissant au fil du temps. En outre, le staycation semble, dans une large mesure, cohérent avec les principes du ‘slow tourisme' (tourisme doux). On pourrait en conclure que le staycation pourrait amener les territoires à une transition vers le tourisme et les activités récréatives douces, mais est-ce possible ? L'article présente les enjeux et défis auxquels sont confrontés les territoires dans une telle hypothèse, y compris les implications en termes de politique touristique et régionale.
      This article presents the origins of the staycation (from ‘stay' and ‘vacation'; literally to stay at home for one's vacation) phenomenon and its potential impacts (economic, social, environmental) on territories. Based on recent figures and current trends in both society and tourism and recreation, staycations are likely to experience increasing interest over time. In addition, to a significant extent staycations appear consistent with slow tourism principles. It might be concluded that staycations could lead territories to a transition towards slow tourism and recreation activity, but could it? The article discusses the issues and challenges faced by territories in such a hypothesis, including tourism and regional policy implications.
    • Digitalisation des pratiques de la nature à Banff National Park, Canada - Morgane Müller-Roux accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le parc national de Banff situé dans l'ouest canadien attire depuis près de 130 ans de nombreux visiteurs. Entre 2002 et 2012, le nombre de visiteurs des sites Parcs Canada chute ; face à cette baisse de fréquentation, l'agence gouvernementale décide de revoir ses plans touristiques et on observe depuis une tendance à la hausse du nombre de visiteurs. Nous verrons au long de cet article que la réinvention du territoire touristique par les autorités locales ne serait pas le seul facteur de la redynamisation du parc national. En effet, cette recherche repose sur deux hypothèses : premièrement, les espaces naturels sont représentés (au sein du discours commun) et via les acteurs touristiques locaux comme étant diamétralement opposés à « l'urbain », dans le sens où la nature représente un espace mystique et intact, au contraire de l'urbain perçu comme le lieu de l'extrême anthropisation. Les pratiques touristiques de la nature sont donc actuellement vues comme un moyen de rompre avec l'urbain et retrouver un rapport à une nature bienfaisante sur le corps et l'esprit. Cet imaginaire orphique de la nature encouragerait les pratiques touristiques tournées vers la contemplation de la nature. Deuxièmement, la digitalisation des pratiques touristiques de nature renouvelle les imaginaires et engendre la popularisation de certaines activités et performances touristiques. Nous verrons donc à travers cet article que la réinvention du territoire touristique ainsi que la digitalisation des pratiques de la nature ont des conséquences sur la diversification des pratiques proposées au sein du parc national de Banff.
      For nearly 130 years, Banff National Park, situated in western Canada, has attracted many visitors. Despite this popularity, the number of visitors has dropped at the national level over the past decade. Consequently, new marketing and communication strategieshave been implemented by the governmental agency, Park Canada, and the most recent ones have proved to be efficient at (some) local level sites as the numbers have seen an increase since 2009 (Agence Parcs Canada 2012). In this paper it is argued that the number of visitors has risen not only thanks to the actions mentioned before but also thanks to the actual representation of nature and the wilderness in common discourses. Indeed, this research is based on two main hypotheses: first, natural spaces are represented (within the common discourse) and via the local tourist actors as being diametrically opposed to “the urban environment”, as nature represents a space that should be mystical and intact, unlike the urban environment perceived as a place of extreme anthropization. As a consequence, nature tourism activities currently symbolise a break from the stress of daily life and therefore allow the tourist to create/maintain a relationship with nature that is beneficial to body and mind. This orphic imaginary of nature then creates new ways of engaging with it. Second, it will be shown how representations of this engagement with nature and “the wilderness” are produced in a very particular way in order to be shared with the rest of the world while still conforming to the mental images produced by social media and simultaneously reproduced by them. The aim of this contribution is to understand that the reinvention of a tourist territory as well as the digitization of nature-based recreation have consequences for the diversification of activities proposed within Banff National Park. Moreover, this study relies on an extensive investigation of tourist narratives produced in Banff National Park in Alberta, Canada.
  • Comptes rendus d'ouvrages