Contenu du sommaire : Perspectives économiques 2022

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 177, 2022
Titre du numéro Perspectives économiques 2022
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation générale - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 5-8 accès libre
  • Partie I. Prévision

    • L'économie mondiale sous le(s) choc(s) - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 9-44 accès libre avec résumé
      L'activité économique mondiale a progressé rapidement en 2021, comblant en partie la chute de 2020. Pourtant, à peine remise de la pandémie de Covid-19, l'économie mondiale doit faire face à une nouvelle série de chocs. La résurgence de l'inflation observée à partir de l'été dernier en est le premier symptôme. Cette inflation est d'abord liée à l'écart entre l'offre et la demande de produits énergétiques, ce qui a eu pour conséquence de faire augmenter non seulement le prix du pétrole mais également ceux du gaz et des biens alimentaires. Malgré l'amélioration de la situation sanitaire, le virus circule toujours entraînant des dysfonctionnements dans les chaînes de production. Il en résulte des difficultés d'approvisionnement qui alimentent également les tensions sur les prix.Depuis février, l'invasion de l'Ukraine par la Russie est venue amplifier le risque d'un ralentissement économique mondial, en amplifiant l'augmentation des prix énergétiques et alimentaires. De plus, ce conflit s'accompagne de tensions géopolitiques qui ont fortement accru l'incertitude en raison des menaces d'extension du conflit ou d'escalade des sanctions. Ainsi, outre les ménages qui subissent des pertes de pouvoir d'achat, les entreprises pourraient se montrer plus réticentes à investir au cours des prochains mois. Même si les gouvernements prennent des mesures pour amortir l'impact de la hausse des prix, la sortie du « Quoi qu'il en coûte » se traduit par la réduction des mesures budgétaire. Quant aux banques centrales, leur soutien ne peut plus être aussi facilement assuré que précédemment, dès lors que l'inflation dépasse largement leur cible. Elles ont même soit amorcé, soit annoncé, un resserrement de la politique monétaire. Dans la situation conjoncturelle actuelle, ces décisions contribueraient au recul de la demande.
    • La croissance à l'épreuve des chocs : Perspectives pour l'économie française 2022 - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 45-71 accès libre avec résumé
      En mai dernier, nous avons évalué l'impact des nouveaux chocs sur l'économie française (nouvelle vague épidémique, renforcement des difficultés d'approvisionnement avec la stratégie « Zéro-Covid » de la Chine, forte hausse des prix de l'énergie et guerre en Ukraine, montée de l'incertitude géopolitique et hausse attendue des taux face à la persistance de l'inflation) à -2,3 points de PIB en 2022 (par rapport à la situation de l'automne 2021) avec des mesures budgétaires pour répondre à la crise énergétique qui permettraient de préserver l'activité à hauteur de 0,8 point de PIB. Avec un acquis de croissance fin 2021 révisé de -0,3 point de PIB compte tenu de la révision des comptes trimestriels du 31 mai, notre prévision de croissance du PIB passe donc à 2,4 % pour l'année 2022 (contre 2,7 % dans la publication du 25 mai 2022 basée sur la première version des comptes trimestriels de l'Insee). La croissance du PIB serait de 0,2 % au deuxième trimestre 2022 puis de 0,3 % les deux trimestres suivants portant la croissance en glissement annuel à 0,7 % en fin d'année.L'inflation augmenterait en moyenne de 4,9 % en 2022 avec une hausse des prix de l'énergie de 22 % en moyenne sur l'année. L'inflation hors énergie augmenterait de 3,3 % en 2022 mais atteindrait 4,1 % en moyenne en glissement annuel au second semestre 2022. Les mesures budgétaires spécifiques pour amortir la hausse des prix de l'énergie permettraient de réduire l'inflation de 2,1 points en 2022 pour un coût budgétaire estimé à 1 point de PIB.Outre la dégradation de la balance commerciale, ce choc inflationniste va conduire à un recul du revenu réel des ménages de 0,4 % en 2022. Le pouvoir d'achat par unité de consommation se contracterait de 0,8 % en 2022 malgré les mesures de revalorisation cet été. En revanche, la revalorisation des prestations de 4 % dès juillet compenserait peu ou prou les pertes de pouvoir d'achat prévues en raison des méthodes d'indexation des prestations sociales perçues par une partie des ménages.Après un recul de 1,5 % au premier trimestre 2022, la consommation des ménages augmenterait de 2,5 % en moyenne en 2022 mais de 0 % en glissement annuel en fin d'année. Le taux d'épargne serait de 16,7 % en 2022, à un niveau supérieur à son niveau d'avant crise en raison notamment des effets liés à l'incertitude.L'emploi salarié dans le secteur marchand augmenterait de 0,9% en 2022 puis 0,2 % en 2023, après 3,1 % en 2021. Bien qu'en net ralentissement à partir du deuxième trimestre 2022, les créations d'emplois seraient suffisantes pour stabiliser le taux de chômage à 7,3 % sur le reste de l'année.Au total, l'État injecterait 260 milliards d'euros (10,5 points de PIB) sur la période 2020-22 pour amortir les effets de la crise sanitaire et ceux de la crise énergétique. Après un déficit public à 8,9 points de PIB en 2020 et 6,5 points en 2021, le solde public s'améliorerait en 2022 pour s'établir à 5,6 points de PIB malgré les nouvelles mesures budgétaires pour faire face à la crise énergétique. Avec une croissance à 2,4 % du PIB et une hausse du prix du PIB à 3 %, la dette publique au sens de Maastricht continuerait de se réduire légèrement pour atteindre 112,1 % du PIB en 2022 (après 112,5 % en 2021 et 114,6 % en 2020).
  • Partie II. Études spéciales

    • La hausse de l'inflation peut-elle modifier l'ancrage des anticipations ? - Christophe Blot p. 73-99 accès libre avec résumé
      Le processus de décision des agents économiques repose en partie sur leurs anticipations d'inflation. Avec la hausse récente de l'inflation se pose la question de leur évolution récente et d'un éventuel désancrage de ces anticipations relativement à la cible des banques centrales. Dans cet article, nous estimons l'ancrage du niveau des anticipations pour la zone euro et les États-Unis en testant la réaction des anticipations à différents horizons aux évolutions de l'inflation courante. Notre analyse tient également compte de non-linéarités potentielles. Les résultats suggèrent que les anticipations – de long terme – sont légèrement mieux ancrées dans la zone euro qu'aux États-Unis. Dans un deuxième temps, nous évaluons le rôle de ces mêmes indicateurs d'anticipation d'inflation sur la dynamique de l'inflation via l'estimation d'une courbe de Phillips hybride. L'analyse indique que la dynamique de l'inflation passée joue un rôle plus important que les anticipations d'inflation pour expliquer l'inflation courante. Dans ces conditions, le risque d'un cercle vicieux où les anticipations d'inflation augmentent avec l'inflation courante et alimentent en retour la hausse de l'inflation est limité. En effet, même s'il est significatif, l'impact d'un point de hausse de l'inflation sur les anticipations est modéré, en particulier à long terme. Ensuite, l'augmentation des anticipations ne contribue en retour que de façon limitée à la hausse de l'inflation.
    • Évaluation du choc d'approvisionnement - Magali Dauvin p. 101-115 accès libre avec résumé
      La reprise de l'économie mondiale en 2021 a été chahutée par des contraintes grandissantes sur les chaînes d'approvisionnement. Dans cette étude spéciale, nous détaillons la façon dont nous avons évalué l'impact de ces contraintes sur le PIB de trois pays (la France, l'Allemagne, et les États-Unis) de 2020 jusqu'à l'horizon de notre prévision de printemps, 2023. Nos résultats indiquent que les difficultés d'approvisionnement en 2021 ont pesé à hauteur de 0,7 point sur la croissance du PIB allemand, contre 0,2 point sur le PIB français et américain. Cela tient principalement à la part du secteur industriel en Allemagne (20 %), presque deux fois plus important que dans les deux autres pays. En 2022, l'impact sur la croissance du PIB reste élevé en Allemagne (-0,6 point) mais diminue par rapport en 2021. C'est également le cas aux États-Unis (-0,1 point). En revanche, le PIB français est légèrement plus affecté par les contraintes pesant sur l'offre, à hauteur de 0,3 point. Enfin, nous inscrivons un relâchement des contraintes à partir de la mi 2022 jusqu'à 2023 si bien que l'effet est soit nul soit positif sur la croissance du PIB dans les trois pays.
  • Liste des abrévations de pays - p. 121-123 accès libre