Contenu du sommaire : Idées de la guerre et guerre des idées
Revue | Revue Défense Nationale |
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Numéro | Hors-série no 3, 2022 |
Titre du numéro | Idées de la guerre et guerre des idées |
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- Préface : « D'urgence, essayons ! » - François-Xavier Polderman p. 9-16
Stratégie et nouvelles idées de la guerre
- L'urgence du temps : instantanéité et nouvelles formes de guerres conventionnelles - Pierre Rialland p. 19-40 L'idée de se faire la guerre entre puissances paraît corsetée, diminuée dans ses capacités d'expression maximale par l'étouffoir rationnel de la dissuasion nucléaire et amputée aussi par le fait que les coups pouvaient être portés par des stratégies hybrides qui contournent les champs de bataille. Et pourtant, les pays du monde entier ne cessent de s'équiper en armement dernier cri. C'est tout simplement que la perspective de la guerre reste un élément clé des rapports de force. En revanche, ce sont ses modalités qui ne cessent d'évoluer au gré des idées et des techniques. Cet article aborde deux aspects de la guerre qui se profile : son instantanéité croissante qui soumet les dirigeants à une urgence inédite et son évolution conceptuelle qui préfigure de nouveaux déséquilibres dans les affrontements.
- « Qui s'y frotte, s'y pique. » Une stratégie intégrale pour réduire la subversion cyber - Vincent Sébastien p. 41-57 « Qui s'y frotte s'y pique », ou comment convaincre les agresseurs qu'attaquer des cibles françaises dans le domaine cyber constituerait une expérience douloureuse ou coûteuse. Cet article analyse les différentes stratégies occidentales pour contrer et prévenir les activités cyber-malveillantes. Il propose de compléter la posture nationale par une stratégie intégrale afin que les coûts pour l'attaquant soient supérieurs aux gains attendus ou au moins supérieurs à ceux d'une attaque contre un autre pays cible. Enfin, il interroge le rôle militaire dans cette stratégie nationale et défend l'intérêt d'une plus grande contribution des armées à la défense cyber de la nation en temps de paix.
- Neurosciences et sciences cognitives : comment se préparer à la guerre des cerveaux ? - Olivier Pinard Legry p. 58-76 Le cerveau a toujours joué un rôle clé dans la conduite de la guerre, c'est un truisme de le dire. C'est aussi dans les esprits que les défaites sont reconnues, les victoires exploitées et les trêves acceptées. Il n'est donc pas nouveau que le cerveau humain occupe une place centrale dans la stratégie militaire. Pour autant, les actuelles avancées scientifiques dans le domaine cognitif permettent d'envisager, à horizon des prochaines décennies, des bouleversements majeurs en matière de contrôle et de manipulation des cerveaux. Certains compétiteurs étant très largement en avance sur la France, il convient de prendre la mesure des enjeux de la cognitique militaire pour éviter d'être demain déstabilisé par un agresseur dans ce nouveau domaine.
- Le contrôle quantique : catalyseur d'intelligibilité dans un univers stratégique en mutation - Olivier de France p. 77-92 La seconde révolution quantique est engagée. Elle porte en germe, à échéance 10-15 ans, de puissants bouleversements technologiques. Elle ouvre la voie à la possibilité de « modeler » la matière, de la simuler, de la reproduire, d'opérer des calculs hors normes et, plus globalement, de mieux appréhender notre environnement dans son infinie complexité. Le champ d'application est immense : de l'économie à l'industrie, en passant par la finance, la santé et, bien sûr, la Défense. Comme l'irruption du « fait nucléaire » en 1945 a ouvert une nouvelle ère géopolitique fondée sur la Dissuasion, la maîtrise et l'exploitation des principes de la physique quantique annoncent une modification profonde des rapports de force dans un espace de conflictualité en pleine mutation.
- Doctrine interarmées : mission impossible ? - Carlos Javier Frias Sanchez p. 93-107 La doctrine détermine la culture des différentes armées. Chaque doctrine est issue d'une « théorie de la victoire », d'une façon particulière de comprendre la guerre et de s'imposer à l'adversaire. Chacune des armées a une « théorie » différente et, par conséquent, leurs doctrines sont aussi différentes. Le contrôle des parcours professionnels des officiers par leurs armées d'origine est un élément de freinage de toute réforme interarmées. Les nouveaux espaces de confrontation (information, cyber, Espace) peuvent donner lieu à la parution de nouvelles armées spécialisées, que découleront de « théories de la victoire » aussi différentes. À la fin, le chef militaire interarmées doit connaître les autres armées, leurs possibilités, leurs limitations et leurs façons d'opérer pour être capable de choisir le bon outil pour chaque problème militaire.
- Définir le rôle des ESSD dans un contexte de compétition stratégique - Gabriel Soubrier p. 109-122 L'externalisation au sein des armées françaises se limite actuellement aux activités de soutien pour des raisons de blocages culturels et de freins juridiques. Or, dans le contexte géopolitique actuel marqué par la compétition et en cohérence avec l'ambition stratégique de la France de remporter la victoire sur les nouveaux champs de bataille, l'emploi des Entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD) en appui direct des opérations militaires serait un démultiplicateur d'efficacité. Faire converger le besoin institutionnel identifié avec l'offre privée désormais structurée, dans un cadre économique, juridique et éthique pragmatique, est une nécessité pour affronter la guerre qui vient.
- Quel degré d'autonomie spatiale pour la France au sein de l'Europe sur l'échiquier international ? - Emmanuel Allain p. 123-138 Le monde vit aujourd'hui un véritable bouleversement dans le domaine spatial. Pour autant, l'infrastructure spatiale reste un « colosse aux pieds d'argile », avec des risques et des fragilités réels non maîtrisés au gré de l'évolution des menaces. Ainsi, pour garantir notre résilience et notre autonomie stratégique, pour faire face aux conflits possibles qui se préparent, sur terre et dans l'Espace, un nouvel élan est nécessaire : il s'agit de renforcer notre capacité à accéder à l'Espace, à voir, comprendre et agir dans, depuis et vers l'Espace. Cet article propose des pistes de réflexion pour renforcer encore le triptyque « autonomie-résilience-coopération » pour une meilleure maîtrise de l'Espace.
- L'urgence du temps : instantanéité et nouvelles formes de guerres conventionnelles - Pierre Rialland p. 19-40
Des enjeux de puissance renouvelés
- Le mythe de l'autonomie stratégique : une perspective de l'extérieur sur la capacité des puissances d'agir seules - George David p. 141-152 La politique militaire de la France sous la Ve République est profondément ancrée dans le concept d'autonomie stratégique. La signification du terme dépend, cependant, du contexte, du locuteur, de l'usage et du moment. Basé sur l'usage et l'histoire du terme ainsi que sur les actions conséquentes, un observateur n'a pas d'autre choix que d'analyser la politique étrangère française selon la théorie réaliste, notamment parce que la France a donné pour instruction de le faire plusieurs fois. Paradoxalement, la France n'a pas le poids dans les instruments de puissance nationale pour se comporter comme un pays purement réaliste, même avec les armes nucléaires. Néanmoins, elle est puissante dans le monde occidental et démocratique ; c'est le moment historique de choisir une autre terminologie plus productive pour la politique militaire future.
- Otan, pour un partage plus juste du fardeau : enjeux et propositions pour une Alliance forte et solidaire - Arnaud Mozgawa p. 153-167 Le partage du fardeau (« Burden Sharing »), entendu comme un « engagement à la solidarité » visant à ce que chaque allié apporte une « juste contribution », est un enjeu qui s'inscrit dans l'histoire et la gouvernance de l'Alliance atlantique depuis 1949. Un temps considérée comme « obsolète » face aux nouvelles menaces, l'Alliance s'est remobilisée autour de sa mission originelle de défense collective depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022. Chaque allié s'est engagé dans un effort de défense inédit depuis la fin de la guerre froide. Pour autant les débats sur le partage du fardeau dans un sens plus équitable demeurent – entre idées fausses et vrais enjeux – et continuent d'interroger la solidarité de l'Alliance. Des propositions sont ainsi avancées pour soutenir les orientations retenues à l'occasion du sommet de l'Otan à Madrid en juin 2022.
- Vers un renforcement de la dissuasion nucléaire de l'Otan ? - Julien Fourneret p. 168-182 Depuis plusieurs décennies, sous le prisme des « dividendes de la paix » le concept stratégique de l'Otan a relativisé le rôle des armes nucléaires pour assurer la sécurité collective de l'Alliance. La guerre en Ukraine, déclenchée en février 2022, démontre qu'il serait illusoire et particulièrement risqué d'affaiblir ce pilier de la stratégie otanienne. Car la dissuasion nucléaire empêche la guerre sous ses formes les plus graves, c'est-à-dire celles qui pourraient conduire à l'anéantissement de notre Nation ou d'un membre de l'Alliance. Aussi, il semble intéressant d'étudier comment le concept français de dissuasion peut servir de modèle de réflexion et de renforcement de la crédibilité de la dissuasion nucléaire de l'Otan.
- Relations bilatérales de défense entre le Royaume-Uni et la France : enjeux et perspectives après la signature de l'alliance AUKUS - Xavier Rival p. 183-194 La signature de l'alliance AUKUS ainsi que le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne invitent à un réexamen de la relation de défense franco-britannique. Fruit d'une histoire longue et complexe ayant largement contribué à forger deux États encore profondément différents, cette relation doit être appréhendée à l'échelle mondiale. En Europe, parce que les intérêts essentiels de l'un des deux pays ne pourraient être menacés sans que les intérêts essentiels de l'autre ne le soient également, les relations de défense devront rester fortes et profondes, bien que soumises à l'arbitrage des États-Unis. En Indo-Pacifique, en revanche, la poursuite d'intérêts particuliers, notamment économiques, dans le cadre de l'exportation d'armement, pourrait amener Londres et Paris à être de nouveau en compétition.
- Au-delà d'AUKUS : coordonner les effets stratégiques britanniques et français dans la région indo-pacifique - Sean Cunniff p. 195-209 Si l'affaire AUKUS a indubitablement posé des défis à la relation anglo-française, les questions urgentes dans la région indo-pacifique peuvent fournir un point de mire clair pour une future coopération plus étroite. Le Royaume-Uni et la France sont deux puissances européennes qui ont une perspective véritablement mondiale, des capacités et une portée diplomatique, économique et militaire équivalentes, et qui ont chacune un intérêt profond pour l'Indo-Pacifique. Dans ce contexte, une coordination plus étroite des effets stratégiques du Royaume-Uni et de la France dans la région peut constituer non seulement un moyen de mieux relever les défis de la région, mais aussi un moyen de renouveler et d'approfondir les relations bilatérales.
- Mer de Chine méridionale : enjeux, menaces et choix stratégiques pour l'Australie et la communauté internationale - Mark Larter p. 210-230 Des changements profonds et sans précédent sont en cours en mer de Chine méridionale, qui sont susceptibles de s'étendre au-delà de cette frontière si la Grande stratégie de la Chine est mise en œuvre avec succès. Ces changements commencent déjà à affecter la stabilité régionale et mondiale, car l'équilibre des forces entre un hegemon établi (les États-Unis) et un hegemon potentiel (la Chine) est contesté au sein de l'architecture géostratégique indo-pacifique. La situation est précaire et nécessite une réponse réfléchie et ciblée de la communauté internationale. Si celle-ci ne parvient pas à freiner le comportement alarmant de Pékin, ses ambitions géostratégiques continueront de croître et le domaine maritime en Asie de l'Est sera probablement le « champ de bataille » des futurs défis stratégiques dans la région indo-pacifique.
- Réchauffement climatique en Arctique : une nouvelle donne géopolitique ? - Louis-Xavier Renaux p. 231-244 L'Arctique subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Au-delà des nouvelles opportunités économiques qui devraient bousculer la gouvernance régionale, la disparition progressive mais quasiment inéluctable de la banquise risque de rebattre profondément les cartes de la géopolitique mondiale. Dans un monde où les rivalités entre les puissances se multiplient, les grands acteurs ne laisseront pas passer la carte décisive qui peut faire pencher la balance en leur faveur : l'Arctique peut-il devenir cette carte ? La position d'équilibre de la France doit l'inciter à analyser ces évolutions avec lucidité pour décider en fonction de ses intérêts et de ses ambitions.
- Le mythe de l'autonomie stratégique : une perspective de l'extérieur sur la capacité des puissances d'agir seules - George David p. 141-152
Peser autrement
- « Gagner la guerre avant la guerre » : réviser la fonction prévention dans un contexte de compétition permanente - Fabrice Murat p. 247-262 « Gagner la guerre avant la guerre » nous impose de retrouver une capacité de prévention des conflits qui affirme notre détermination. Supplantée par les fonctions « intervention » au nom du devoir d'ingérence post-guerre froide et « protection » face à la montée inexorable du terrorisme islamique dans notre environnement proche, la prévention ne s'est pas adaptée au nouveau contexte stratégique, marqué par la compétition systémique entre États-puissances. Au sein d'une stratégie générale, la prévention doit dès lors se montrer plus agressive, plus assertive et proactive, ciblant chacun de nos compétiteurs par des modes d'actions civils et militaires, dans tous les champs et milieux de la conflictualité, et mieux partagés avec nos partenaires.
- Quelle contribution militaire à la stratégie d'influence de la France ? - Bertrand Debray p. 263-276 L'importance de l'influence comme outil de politique internationale apparaît comme un fait majeur du XXIe siècle. Alors que toutes les puissances développent des stratégies d'influence assorties de moyens financiers considérables, il est nécessaire que la France structure ses ambitions dans ce domaine, en s'appuyant sur les outils dont elle dispose. Le champ militaire lui offre à la fois des leviers importants déjà existants, ainsi que des capacités de développement de modes d'action novateurs. Ils doivent toutefois s'articuler résolument dans une approche interministérielle pour décliner une vision stratégique nationale qui doit gagner en efficacité pour produire des effets et permettre à notre pays de demeurer une puissance d'ambition.
- Les armées face aux normes : opportunités ou contraintes ? - Géraldine Borrel p. 277-289 Les normes sont omniprésentes. Elles permettent les échanges, offrent un cadre et des règles sécurisant les activités dans les champs matériels et immatériels. Dans les armées, la norme est utile et souvent indispensable pour garantir la capacité à opérer en environnement complexe, au sein d'alliances par exemple. Aujourd'hui, l'instabilité et l'incertitude du contexte international, mais aussi l'émergence du numérique et la régulation des nouveaux espaces de conflictualité (cyber, Espace, informationnel, grands fonds marins…) invitent à s'interroger sur le choix des normes et la manière de préserver la capacité des armées à opérer dans les conditions extrêmes. Les normes sont-elles alors pour les armées, des opportunités ou des contraintes ?
- Communication et influence à l'ère numérique : quels enjeux pour la Gendarmerie nationale ? - François-Xavier Lesueur p. 290-307 Pour répondre aux enjeux informationnels numériques, la Gendarmerie dispose d'une politique de communication éprouvée et d'une empreinte ancienne et cohérente dans le monde digital. La révolution numérique en marche nécessite toutefois de ne pas se contenter de ce constat et de suivre résolument les évolutions permanentes du cyberespace pour renforcer l'offre de la Gendarmerie. Cet effort, à inscrire dans une nouvelle stratégie nationale de communication, conditionnera l'influence de la Gendarmerie et demandera un engagement conséquent dans les domaines des ressources humaines, des technologies émergentes ainsi que de la recherche, en partenariat avec de nombreux acteurs publics et privés.
- La Direction générale de l'armement à l'ère des menaces hybrides - Damien Louise p. 308-319 Dans un contexte avéré de menaces hybrides, l'action de la Direction générale de l'armement reste discrète. Pour autant, dans le cadre de ses rôles principaux (acquisition d'armements, intégration de l'innovation, soutien à l'export, structuration et protection de la base industrielle et technologique de défense), la DGA contribue à fournir à l'État, et en particulier aux forces armées, les moyens d'être plus résistant aux menaces hybrides. Il serait ainsi souhaitable qu'elle s'insère plus dans une communication stratégique sur les performances des armements français, oriente mieux ses efforts d'influence à l'étranger, et surtout mette en avant la coordination entre ses différents modes d'action et d'autres au sein du ministère.
- La contribution du nouveau ComCyberGend à l'aune du triptyque compétition-contestation-affrontement dans le cyberespace - Karine Lejeune p. 320-334 Face à une évolution exponentielle des cyberattaques, la Gendarmerie nationale a souhaité formaliser une chaîne cyber, intégrée et unique, en créant, en février 2021, le « ComCyberGend » (Commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace). Dans un cyberespace où les frontières entre les actions criminelles et l'affrontement entre États se sont diluées, où certaines armes cyber sont les outils utilisés par la cybercriminalité, où les cybercriminels d'un jour deviennent des cybercombattants celui d'après, une coopération renforcée entre la Gendarmerie et les Armées doit être recherchée pour assurer la continuité de l'action de l'État dans les trois notions du triptyque « compétition–contestation–affrontement » dans le cyberespace.
- « Gagner la guerre avant la guerre » : réviser la fonction prévention dans un contexte de compétition permanente - Fabrice Murat p. 247-262
Agir autrement
- Le commandement stratégique des opérations face à un conflit majeur - Christophe de La Chapelle p. 337-350 Réorganisé à l'issue de la guerre du Golfe, dans les années 1990, le commandement interarmées des opérations doit aujourd'hui être optimisé pour faire face à un conflit de haute intensité, intégrant tous les milieux et champs de confrontation. Associée à l'essor continu des technologies depuis plus de 20 ans, cette optimisation doit permettre l'intégration des effets ainsi que la combinaison des actions dans les champs matériels et immatériels. À travers une réflexion historique, cette étude souhaite déterminer, à la lumière des grandes inflexions stratégiques et ruptures technologiques, les principaux enjeux du commandement interarmées des opérations avant d'en proposer des adaptations.
- Jeux de guerre : vers un nouvel essor - Yann Malard p. 351-367 Depuis quelques années, le Wargame bénéficie d'une nouvelle dynamique au sein des armées occidentales. Les jeux de guerre constituent un outil pédagogique qui permet d'embrasser les enjeux dans toute leur complexité et se les approprier de manière active. Ils offrent ainsi une alternative complémentaire peu coûteuse, flexible et évolutive aux méthodes de planification actuellement utilisées. En réduisant son aversion au risque et en se confrontant aux conséquences de ses propres décisions dans un temps contraint, le joueur développe son agilité intellectuelle, qualité indispensable au futur haut responsable militaire. La mise en place d'une organisation cohérente en France est une condition préalable indispensable au développement et à l'optimisation de cet outil.
- De l'utilité de principes génériques d'organisation pour les armées ? - Valérie Morcel p. 369-386 Au sein de l'écosystème militaire, une variété importante d'organisations coexiste. Sédimentées au fil de l'Histoire ou créées récemment, elles reflètent la prise en compte des atouts et inconvénients de chacune des structures, la nécessité d'adopter des processus adaptés et l'énorme poids des relations humaines. Soumises aux influences de l'évolution de la conflictualité, des technologies et de la diffusion de l'information, elles doivent se conformer à des principes génériques : le respect de la finalité des armées et d'un équilibre cohérent entre diverses tentations antagonistes tout en réduisant au maximum les délais d'adaptation nécessaires pour faire face aux circonstances et à la transition entre les différents états stratégiques.
- Vers une stratégie des ressources humaines militaires moderne et durable adaptées aux défis pour l'Europe : l'exemple de la Bundeswehr - Markus Reinhardt p. 387-399 Ce travail met en lumière les principaux éléments du système des ressources humaines de la Bundeswehr en se concentrant sur le personnel militaire, afin d'identifier les points d'ancrage en matière de stratégie du personnel pour une éventuelle première coopération entre l'Allemagne et la France dans ce domaine également. La thèse centrale est qu'en raison de la pression au changement due aux conditions générales en matière de politique de sécurité, de société et de personnel, peut rendre judicieuse une extension des initiatives franco-allemandes, également au domaine de la RH. Il est recommandé d'adopter une approche qui pourrait conduire à des initiatives concrètes par le biais d'un nouveau format de dialogue binational.
- Les futures « armes de rupture » et leur emploi possible dans les armées françaises - Stanislas Michel p. 400-415 Les « armes à effet dirigé », réelles technologies de rupture, pourraient révolutionner l'art de la guerre. En prenant ce virage capacitaire, notre modèle consoliderait sa cohérence en élargissant les effets militaires tout en renforçant sa crédibilité, y compris dans le champ du signalement stratégique en phase de confrontation. Il est donc essentiel d'investir le domaine à l'heure où nos compétiteurs disposent déjà d'une gamme d'armes à effet dirigé en mesure de réduire drastiquement notre liberté d'action. D'où la nécessité d'avoir également une approche défensive avec les enjeux de protection face à ces armes. En revanche, l'intégration au sein d'un modèle d'armée à budget constant pourrait imposer des choix complexes au travers de certaines évictions.
- La guerre des clones aura-t-elle lieu ? Les systèmes autonomes dans le milieu aéroterrestre - Régis Anthonioz p. 416-429 L'arrivée de systèmes autonomes dans le combat aéroterrestre est déjà une réalité, en particulier s'agissant des facteurs de supériorité opérationnelle de la compréhension ou de la foudroyance. Au fur et à mesure des progrès technologiques, la rupture sera encore plus nette et pourra s'observer par la concrétisation ou le renforcement d'autres facteurs comme la masse, l'endurance, mais aussi la performance du commandement et l'agilité. Ces avancées dépendent cependant de la relève de défis non négligeables dans la technique, les applications de l'intelligence artificielle (IA), ou la confrontation avec des Systèmes d'armes létaux autonomes (Sala). L'armée de Terre doit s'engager résolument dans cette nouvelle transformation.
- Stratégie énergétique nationale et préparation des armées aux conflits de haute intensité - Pierre-Jean Rondeau p. 430-444 Du fait du dérèglement climatique mondial, la transition énergétique n'est plus une option. Et le domaine militaire n'y échappera pas. Mais à la volonté politique recherchée, à effets rapides, s'opposent des développements de technologies (hybride, biocarburant, hydrogène…) au développement sur le temps long et encore à ce jour bien fragiles pour le segment des équipements militaires (maturité, retour d'expérience comme endurance limités…). Aussi, il importe donc d'appliquer avec parcimonie et après une analyse globale poussée, tout processus vertueux qui consiste à vouloir réduire l'empreinte carbone des armées sous peine d'affaiblir ses performances lors des combats de haute intensité, paradoxalement synonymes de besoins énergétiques accrus.
- Le commandement stratégique des opérations face à un conflit majeur - Christophe de La Chapelle p. 337-350